De Jean-Piere Maugendre, président de Renaissance catholique :
Il en existe donc encore, bien que l’on ait politiquement et religieusement tout fait pour n’en plus avoir : de jeunes hommes prêts à faire le sacrifice de leur vie pour venir au secours des plus faibles. Les Français, stupéfaits et admiratifs, ont découvert que l’idéal chevaleresque n’était pas mort et que certains s’en réclamaient encore. Quelques années après le sacrifice d’Arnaud Beltrame, un autre jeune homme, mû par les mêmes idéaux, acceptait le risque de perdre la vie pour défendre des enfants agressés.
Le choc de deux mondes
Jamais en retard d’une récupération Emmanuel Macron faisait immédiatement part de sa fierté. Après avoir exalté la France éternelle au Mont Saint Michel le 5 juin le Président de la République louait à Annecy, le lendemain du drame, « ceux qui portent des valeurs », le jeune Henri n’ayant pas caché, bien au contraire, sa foi catholique, moteur de son action. Le « héros au sac à dos » a ainsi pu faire partager à un large public ses convictions sur la civilisation chrétienne, le catholicisme qui a fabriqué notre pays, le rôle de la prière, la nécessité de ne pas subir, etc.
Il se trouve que les vertus qu’a cultivées et mises en œuvre Henri d’Anselme sont aux antipodes de celles chantées par le macronisme triomphant et ses antécédents libéraux-socialistes. Deux mondes se font face. Une civilisation ayant pour maîtres mots : solidarité, coutumes, sacrifice, autorité, transmission, devoir, gratuité, stabilité, discipline, traditions, etc. Un simple système de pensée, une idéologie, régis par d’autres vocables : épanouissement personnel, plaisir, droits, indépendance, choix, inclusion, réduction des inégalités, bonheur, progrès, jeunesse, voyages, etc. L’une produit ceux qui se dressent contre les assassins, l’autre ceux qui se planquent, s’enfuient ou filment la scène. D’ailleurs les tenants de la déconstruction ne s’y sont pas trompés. Des articles fielleux ont été écrits dans Libération et Le Monde pour dénoncer la « récupération de l’extrême-droite », les « vautours bolloréens et zemmouroïdes ».
Les vertus civiques et traditionnelles de dévouement et d’oubli de soi existent donc encore chez quelques-uns. Il convient néanmoins pour que ces vertus prospèrent qu’elles soient cultivées, exercées avec patience et énergie, qu’elles soient encouragées et honorées. Il faut, mais l’Etat ne s’en occupe nulle part, le faire au niveau décisif : au niveau culturel et métapolitique, celui qui forme les intelligences, les consciences, les sensibilités. L’Etat ne le fait ni dans ses écoles, ni dans ses universités, ni dans ses discours, hormis en période électorale ou en situation de crise extrême. Quelque mois avant sa déclaration au Mont Saint Michel Emmanuel Macron choisissait, le 28 février, Thierry Tuot comme président de la section de l’Intérieur du Conseil d’Etat, celle qui s’occupe de la politique migratoire. Le personnage est connu pour ses déclarations affirmant qu’il n’y a pas de culture française, « notre culture étant celle que nous élaborons, pas un stock fini de cathédrales et de musées où périclite une identité nationale passée sans présent ni avenir », dénonçant « la célébration du passé révolu d’une France chevrotante et confite dans des traditions imaginaires », moquant « l’invocation rituelle, chamanique, des Grands Concepts et Valeurs Suprêmes ». Dans ce contexte, qu’il survive en France des vertus toujours prêtes au service de la communauté par le sacrifice de la vie, cela résulte de l’initiative de quelques familles, quelques écoles, quelques communautés religieuses, quelques troupes de scouts, dans l’âme hardie de quelques farouches garçons et filles en qui brûle sourdement la flamme de l’esprit chevaleresque. Ce même esprit qui anime les pèlerins de Chartres, chaque année plus nombreux à la Pentecôte.
Une persécution larvée
Non seulement les autorités politiques et religieuses ne soutiennent pas ces initiatives mais ils les combattent. Les Scouts d’Europe auquel appartint Henri ont été longtemps tenus à l’écart et marginalisés par les évêques de France. Quant à l’école catholique indépendante, Saint-Dominique, au Pecq (78), dans laquelle Henri a fait ses études, sa réussite éclatante ne doit rien, tant s’en faut, au soutien de l’enseignement catholique des Yvelines. De son côté la puissance publique met en œuvre la déclaration du président Macron selon laquelle la vocation de l’école est de « faire des républicains ». Le ministre de l’Education nationale, Pap N’Diaye, applique ce programme multipliant les inspections académiques à l’encontre des écoles catholiques indépendantes. Il s’agit alors, trop souvent, de véritables descentes de police s’apparentant plus aux méthodes de la Stasi qu’à la mise en œuvre d’une vigilance bienveillante. Que penser de ces élèves reçus individuellement par des inspecteurs qui leur demandent : « Est-ce que vos parents s’entendent bien ? Avez-vous la télévision chez vous ? » Pour aboutir à cette synthèse sans appel à l’issue d’une inspection : « Vous êtes un danger pour la République ». S’attirant cette réponse de la directrice de l’école : « A ma connaissance aucune ancienne élève de l’école n’a agressé un policier ni égorgé un professeur… » Il y a quelque chose de pathétique dans cette persécution des rares îlots où se transmettent encore les valeurs qui ont fait la grandeur de notre civilisation au regard de la situation générale de l’enseignement public ou privé sous contrat.
Une autre chevalerie naîtra
En 1949 Jean Madiran publiait sous le titre Une autre chevalerie naîtra un appel solennel à sortir du monde clos du mensonge et à renouer avec l’essentiel. Son sévère constat n’a pas pris une ride :
« Sans doute, les hommes sont las et le monde est morne. Tous les phares semblent éteints, sur nous règne une nuit poisseuse ; poisseuse de sang, poisseuse d’hypocrisie, poisseuse de bêtise, poisseuse d’ennui. La vérité est toujours hors la loi, exilée plus que jamais. Mais la vérité reste la vérité : il faut la rétablir, la maintenir et la vivre, pour incarner la nécessité d’un tenace refus, pour accomplir un acte de confiance en l’avenir que Dieu nous réserve pour préparer les voies d’une autre Chevalerie. »
Quand Henri affirme tranquillement : « Ce que j’ai fait tout le monde aurait pu le faire » et « J’ai suivi mon instinct » il témoigne de la puissance d’un système éducatif qui, avec la grâce de Dieu et le rôle déterminant de l’exemple des parents, permet que des vertus, par nature difficiles à acquérir, deviennent comme de secondes natures. Cependant, même la meilleure éducation ne fabrique pas des héros, elle les prépare afin que les âmes à l’instant décisif se révèlent. « Vous n’aurez plus de pouvoir que par la qualité de vos âmes » écrivait Jean de La Varende. Demeure toujours la liberté de faire face ou de se défiler, et donc le mérite personnel de celui qui a été à la hauteur de ce qu’on lui avait transmis.
On a beaucoup traité au siècle précédent de la « banalité du mal ». L’heure ne serait-elle pas venue d’aspirer aussi à la banalité du bien, guidés par la phrase de conclusion de l’ouvrage déjà cité de Jean Madiran :
« Le paysan sur son champ, lorsque monte l’orage continue de tracer son sillon droit devant lui, parce qu’il sait bien qu’il n’a pas d’autre chose à faire que de tracer son sillon, à la grâce de Dieu » ?
D'Haussy
Vrais héritiers des nobles francs, fidèles à Dieu et au Roy, la lutte pour nos descendants remplit nos esprits de joie ❤️
zongadar
En ‘même temps’, le Salon Beige ne devrait pas oublier de se poser des questions telles que : Pourquoi cette opération ? Qu’a t-on cherché en créant de l’émotion ?…une soumission à la reconnaissance faciale ? Que cache-t-on pendant le battage médiatique ?….des sujets qui fâchent ? Qui aurait bien pu la commanditer ?….
Janot
Très bel article, qui ne devrait pas manquer d’en faire s’étrangler certains. Et comme quoi une propagande même vicieuse, sournoise et permanente ne parvient jamais à avoir le dernier mot.