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Culture de mort : Euthanasie

“Une droiche de l’impôt et du progressisme sociétal”

“Une droiche de l’impôt et du progressisme sociétal”

De Philippe de Villiers dans le JD News :

La peur d’être accusé de conduire un gouvernement Manif pour tous l’a emporté sur toute autre considération. Le nouveau Premier ministre a rendu les armes. Il est allé à France 2 pour y confier « sa conviction intime » sur l’euthanasie et entend raccorder son projet de loi avec les travaux de la précédente mandature. L’air guilleret, on reprend le grand-œuvre. Le serment d’Hippocrate aura duré vingt cinq siècles. Voici que vient vers nous une nouvelle droite. Une droiche de l’impôt et du progressisme sociétal. La gauche est au balcon. Par un léger mouvement de recul, elle salue avec componction.

Dès l’installation de Michel Barnier à Matignon, j’ai pensé que la loi sur l’euthanasie serait une sorte de test au carbone 14, révélateur de la rupture ou de la continuité du nouveau gouvernement. Michel Barnier a rejoint la Macronie sémantique. On appelle « loi de fraternité » l’acte de tuer son prochain ; « aide active à mourir » le geste de l’euthanasie ; « mourir dans la dignité » le suicide assisté par un soignant ; « prolongement du soin » le meurtre. Nous sommes dans la société de l’esquive, où tout le monde apprend à mentir.

On ment par omission : tous les pays qui ont légalisé l’euthanasie sont pris dans les dérives de délires mortifères. Pourquoi est-ce un bouleversement anthropologique inouï ? Parce qu’il n’est pas conforme à la nature de confier à la médecine et aux soignants le soin d’administrer la mort. Et parce que c’est un changement majeur des repères de la vie commune.

Emmanuel Macron a forgé un oxymore, en osant parler de « fraternité ». La fraternité, c’est quand on sauve, pas quand on tue et qu’on ôte la vie.

Une société qui relativise l’acte de tuer est une société tribale. Une société complaisante à l’égard du suicide est une société suicidaire qui se suicide elle-même. L’indécence, c’est l’affirmation que cette loi prévoit des « conditions strictes ». On connaît la musique. La loi Veil était très restrictive et la digue a lâché. Dans les pays où l’euthanasie est légale – la Hollande, la Belgique – on pratique l’euthanasie d’enfants ; le Canada a abattu toutes les digues.

Cette loi va provoquer une triple rupture de confiance : avec les soignants, avec les proches, avec l’institution. On a recherché et imposé une sémantique de contournement. Pour ne pas avoir à affronter la vérité des horreurs à venir.

Un député, militant du suicide assisté, a avoué récemment que les partisans de l’euthanasie ne souhaitent pas utiliser cette « désignation trop chargée ». Sic. « Trop chargée » ? Oui… Trop chargée de souvenirs. Car, historiquement, elle rappelle son association avec un autre mot, l’eugénisme. L’élimination des êtres humains, par la médecine, a été un des titres de gloire du nazisme.

La loi du 14 juillet 1933 a prévu « l’aide active à mourir » et la prévention de toute descendance atteinte de maladie héréditaire. On sélectionne l’humanité à naître et à survivre. L’Allemagne nazie reste la référence d’une grande politique de l’eugénisme qui élimine les vieux et les enfants handicapés qui ont « un p’tit truc en plus ».

Ce qu’on nous présente comme un progrès l’était déjà pour Hitler en 1933. Tout un peuple l’a suivi. La sélection eugéniste nous entraîne sur le chemin de toutes les dérives, au nom du vieillard parfait et de l’enfant parfait. La marée montante de la culture de mort sape les fondements d’une société civilisée. On n’y reconnaît plus la loi morale objective, celle du Décalogue qui, en tant que loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme, était une référence normative infranchissable pour la loi civile.

Le sens du Bien et du Mal a été relativisé, puis inversé ; j’oserais dire : inverti. On a perdu le goût du Beau, du Vrai et du Bien. L’addition est lourde et on la paiera cher si on est encore là pour la payer.

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1 commentaire

  1. Je suis tout à fait d’accord. Cette loi est LE test de rupture avec l’idéologie antichrétienne ambiante ou non. Les gesticulations de Retailleau n’y changeront rien car c’est sur ces sujets sociétaux que se joue notre civilisation, bien plus que sur l’islamisation (qui n’est en fait qu’une conséquence de la repaganisation de nos sociétés en occupant le vide). Et pourtant, Barnier est censé être catho pratiquant… Avec des sujets comme l’euthanasie, on touche à l’humanité elle-même.

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