Universitaire, essayiste et réalisatrice proche de l’extrême gauche, Maria Poumier vient de publier aux éditions Le retour aux sources Marchandiser la vie humaine. Elle est interrogée par Anne Isabeth dans Présent. Extrait :
"Comme plus de la moitié des Français, je me suis réveillée en 2013 avec la Manif pour tous. Il était inadmissible pour moi que l’on puisse légiférer sur un « mariage » homosexuel. J’étais indignée que le gouvernement veuille en faire une option possible parmi d’autres. En outre, j’ai eu tout de suite l’impression que cette loi n’était qu’une étape vers autre chose. J’ai donc cherché à voir ce qu’il y avait derrière. De par ma formation, je suis habituée à faire une analyse marxiste de la société et donc à chercher une analyse capitaliste derrière les faits. Ma formation marxiste et mon expérience vécue à Cuba m’ont appris à valoriser les valeurs viriles. Aussi suis-je d’autant plus scandalisée que les valeurs que revendiquent aujourd’hui les pro-GPA passent pour des valeurs de gauche. Cela n’a aucun sens.
Quand est née l’idée de faire ce livre ?
J’ai très vite fait la connaissance de Farida Belgoul. Nous avons décidé de réaliser un documentaire, Le Fruit de nos entrailles, qui parle justement de l’explosion de l’infertilité et, en parallèle, de l’explosion du business autour de la procréation. Au fur et à mesure que nous travaillions sur ce documentaire, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses à dire. D’où ce livre.
[…] Si la jeune génération accepte d’avoir des enfants avant 30 ans, le problème pourra être réglé. Car d’où vient qu’il y a un tel essor de tout ce qui touche le marché de la procréation ? Du fait que beaucoup de couples n’arrivent plus à concevoir sans aide médicale. Il y a une baisse de la fécondité naturelle, certes, mais il y a aussi le fait que les couples ont des enfants de plus en plus tard.
[…] La prise de conscience actuelle permet d’envisager une victoire. Le phénomène est mondial : l’Inde et la Thaïlande, après l’avoir acceptée, reviennent sur leur position à la suite de gros scandales qui prouvent que cette voie est une impasse. C’est une mise en esclavage générale et totale ! J’ai donc beaucoup d’espoir. La crise que nous vivons est énorme : c’est le moment où les choses peuvent se retourner brusquement. En outre, des faits commencent à être révélés. Aux Etats-Unis, des jeunes femmes mènent des grossesses contre de l’argent de façon répétée, alors que le procédé est très mauvais pour la santé. Elles doivent prendre des hormones très cancérigènes. Une mère porteuse, militante, qui en était à sa cinquième grossesse contre argent, vient justement d’en mourir. C’est la preuve que ce n’est pas anodin. […]"