Claire, une jeune pélerine de Juventutem, nous envoie ses carnets de voyage au jour le jour.
Mardi 9 août
Une joyeuse animation règne autour des quelques 400 jeunes de Juventutem qui partent de Paris. Ils sont jeunes, très jeunes, autour de 18 ans en moyenne. 5 séminaristes béninois et un kenyan sont là, un peu fatigués par leur voyage. Flottent les soutanes blanches et noires des nombreux prêtres, religieux et séminaristes qui nous accompagnent. Rapidement les groupes s’organisent, reconnaissables aux rubans noués aux gros sacs : rassemblement saint Padre Pio, route saint Georges de l’Association Scoutisme Résurrection, chapitre sainte Madeleine, route saint Maximilien du chapitre saint Martin.
Après un retard règlementaire, on grimpe dans les cars en une joyeuse bousculade. Une terrible nouvelle vient briser l’euphorie : une jeune cycliste d’une route Paris-Cologne est morte écrasée. Beaucoup la connaissaient. Que la Volonté de Dieu soit faite ; mais qu’Il nous donne la force de l’accepter.
On tente de s’installer tant bien que mal pour dormir. Après quelques heures inconfortables et froides, l’aube nous surprend au milieu des Houblonnières d’Alsace, noyés dans le brouillard.
Mercredi 10 août
Enfin, après 11h de voyage, nous voici arrivés en Bavière, à Ottobeuren. Cette bourgade abrite une abbaye cistercienne. La visite de l’abbatiale nous console de la longueur du trajet. La nef, immense et lumineuse, est couverte de fresques baroques. C’est le triomphe de la ligne courbe, du stuc doré, de l’angelot joufflu.
Un premier enseignement nous est donné pour lancer le thème de ces JMJ : "Nous sommes venus L’adorer" , thème qui rappelle les Rois Mages dont les reliques sont conservées à Cologne et l’esprit que notre vénéré Pape Jean-Paul II voulait donner à ces rassemblements. Il voulait mettre l’accent sur la contemplation intérieure du Dieu-Hostie. Cette méditation relie l’attitude des Mages à la liturgie traditionnelle: la prosternation et l’offrande de présents aussi splendides qu’inutiles pour un nouveau-né rappellent la magnificence de l’action liturgique qui éduque l’attitude intérieure des fidèles. Il souligne l’importance du latin, langue sacrée, catholique, c’est à dire universelle, qui permet de prier le Seigneur una voce.
Et la messe pontificale d’ouverture dans l’abbatiale en est un magnifique exemple: monseigneur Riffan, évêque de Campos au Brésil, qui la célèbre, s’adresse aux fidèles de tous les continents en latin: "carissimi fratres", puis donne son semon en sept langues successives. Chacun s’entend dire dans son propre langage la beuté et l’importance de la Messe. Nous retenons notre souffle quand les petits Canteurs de Saint charles et la Juventutem Pilgrims Choir, chorale internationale de très haut niveau, dirigée par Richard Llewellyn*, exécute la Messe du Couronnement de Mozart.
Après la messe, les participants du rassemblement sont organisés en équipes d’une dizaine de personnes, tandis que ceux des routes s’apprêtent au départ. Nous gagnons le camp situé à une centaine de mètres du séminaire de la Fraternité de Wigratzbad. L’équipe 1 dont je fais partie à la joie de servir des spaghettis bolognaises dans toutes les langues. Fous-rires garantis. Une extraordinaire bonne humeur règne portée par les séminaristes et les prêtres. Quand vient l’heure du coucher, personne ne rechigne à se glisser dans son sac de couchage sous la glaciale lueur des étoiles de Bavière.
Claire
*Erratum : un lecteur nous précise que l’ensemble était en fait dirigé par Jean-François Bétis, chef de choeur des Petits Chanteurs de Saint-Charles.