Le tabou autour de la fin de vie ne concerne pas seulement nos dirigeants, il s’étend jusque dans l’Église, dont l’enseignement sur l’impossibilité de se déterminer après la mort est trop souvent obscurci ou mal compris. Extrait d’un article de Claves :
[…] Que la mort fixe définitivement la volonté dans le bien ou le mal, l’amour ou la haine de Dieu, c’est pourtant une vérité que l’Écriture Sainte enseigne résolument. « Qu’un arbre tombe au nord ou au midi, là où il est tombé, il restera » lit-on au livre de l’Ecclésiaste[3], tandis que le psalmiste proclame « très mauvaise la mort des pécheurs »[4] et « précieuse aux yeux du Seigneur la mort de ses saints »[5], parce que l’une et l’autre ratifient pour l’éternité l’état dans lequel se trouve l’homme à l’heure de sa mort. Les paraboles sont également nombreuses où Notre-Seigneur insiste sur la nécessité de se convertir dans cette vie, avant qu’il ne soit trop tard : les vierges sages et les vierges folles[6], le serviteur infidèle[7], le voleur de nuit[8], etc. Leur conclusion commune revient comme un leitmotiv dans les Évangiles : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure[9]. » En effet, un temps vient pour chacun où il ne sera plus possible de se convertir : « Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où nul ne peut travailler. »[10]
Le Magistère se fait l’interprète authentique de l’Écriture lorsqu’il affirme l’impossibilité pour les damnés de se convertir[11] et la rétribution éternelle et immédiate dès la mort[12]. Le Catéchisme de l’Église catholique résume l’enseignement de l’Église :
Chaque homme dans son âme immortelle reçoit sa rétribution éternelle dès sa mort en un jugement particulier par le Christ, juge des vivants et des morts.[13]
Il n’y a, certes, pas eu de définition solennelle de l’immutabilité de la volonté après la mort, comme il y a eu une définition solennelle de l’Infaillibilité pontificale ou de l’Assomption. Plutôt que d’y voir un signe de faible assurance de la doctrine en question, on peut observer que c’est au contraire un indice de sa réception ancienne, universelle et constante dans l’Église.
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