Dans la très délicate affaire Vincent Lambert, le Père Brice de Malherbe, prêtre du diocèse de Paris et spécialiste des questions de bioéthique livre quelques éléments de réflexion. Extrait :
"Les personnes en état végétatif ou en état de conscience minimale sont des personnes « certes lourdement handicapées et totalement dépendantes mais non atteintes d’une maladie particulière évolutive ou en phase terminale ». Ils appellent une prise en charge spécifique qui ne relève pas des soins palliatifs. On peut donc s’étonner que Vincent L. soit « à l’unité d’hospitalisation de soins palliatifs du CHU de Reims, dans une sous-unité de soins de suite et de réadaptation, qui accueille des patients en état pauci-relationnel ». La confusion des deux types d’unité est sans doute source de difficultés dans l’accompagnement.
Dans sa réponse à la saisine du Conseil d’État, l’Académie Nationale de Médecine a d’ailleurs demandé que les Agences Régionales de Santé veillent à ce qu’il y ait suffisamment d’unités d’accueil à long terme adaptées aux patients en « état végétatif chronique » comme l’avait demandé une circulaire ministérielle de 2002. Le séjour dans ces unités dédiées n’est pas limité en durée et si la famille le souhaite un retour au domicile est possible avec le soutien requis.
Pour ce qui est de l’alimentation et de l’hydratation par voies artificielles, nous pouvons certes considérer abusif leur classification dans la catégorie des « traitements » alors même qu’elles répondent à un besoin de base de tout être humain sans prétendre à une visée thérapeutique.
Mais plus que la distinction entre traitement et soin, la question est de savoir si l’alimentation et l’hydratation répondent à l’objectif d’apporter un confort au patient ou non, voire si elles nuiraient à sa qualité de vie. Selon l’Association Professionnelle « France Traumatisme Crânien », si « L’EVC/EPR est une situation chronique où des limitations thérapeutiques peuvent être discutées en cas de complications médicales graves dans le cadre de la Loi Léonetti pour éviter tout acharnement thérapeutique », en revanche « l’alimentation et l’hydratation, comme les soins d’hygiène et de confort, font partie…des soins de base dus à tout patient dans cette situation de stabilité clinique ». L’Académie Nationale de Médecine, quant à elle, a rappelé que le droit des patients d’accès à l’alimentation ne saurait être conditionné par leur capacité relationnelle. On ne peut déduire de la grande faiblesse de cette capacité que le soin porté à ces personnes relève du « maintien artificiel de la vie ».
Ces recommandations rejoignent les conclusions formulées par des instances ecclésiales. Conclusions qui sont le fruit de plusieurs années de réflexion éthique fondée sur des travaux scientifiques internationaux. Nous pouvons citer les recommandations de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de 2007 et la déclaration commune juive/catholique signée par l’Archevêque de Paris et le Grand Rabbin de Paris la même année."