D’Antoine de Lacoste sur Boulevard Voltaire :
Le 9 novembre 1989, nous assistions, avec un rare bonheur, à la chute du mur de Berlin, symbole de l’oppression communiste. Les dizaines de millions de morts victimes de cette idéologie mortifère ne sauraient être oubliés, mais une page s’est définitivement fermée.
Le 11 septembre 2001, c’est une autre qui s’est ouverte, mortifère elle aussi : celle du terrorisme islamiste. L’Amérique, ce pays qui s’est toujours pris pour la nouvelle terre promise à « la destinée manifeste », était frappée au cœur.
L’ironie de l’histoire est qu’elle fut agressée par ceux-là mêmes qu’elle avait créés, en les armant et finançant des années durant, pour combattre l’ennemi soviétique en Afghanistan. Ben Laden s’est ensuite retourné contre son soutien numéro un, ce qui était tout de même vaguement prévisible.
Ce n’était pas la première fois que l’Amérique organisait des maquis islamistes afin de servir ses intérêts : la Bosnie fut, ainsi, le théâtre du deuxième djihad international de l’Histoire. Il s’agissait de faire éclater la Yougoslavie pour affaiblir la Serbie et, ainsi, chasser la Russie des Balkans. Ben Laden y apprendra beaucoup, tout comme quelques Français, notamment les premiers « convertis » avec Lionel Dumont et son « gang de Roubaix ». C’est le début d’une nouvelle ère pour la France : Mohammed Merah, les frères Kouachi et les tueurs du Bataclan sont les héritiers de Lionel Dumont, des maquis bosniaques et afghans. Ensuite, l’Amérique ira jusqu’au bout de l’ignominie avec l’agression de la Serbie pour lui arracher sa province du Kosovo et en faire un État islamo-mafieux avec l’active complicité de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne. La plus grande base américaine d’Europe se trouve, aujourd’hui, au Kosovo où des églises sont régulièrement détruites.
Cet aveuglement sur l’islamisme est confondant et il aura des conséquences terribles. Pour venger le 11 septembre, Bush envahit l’Afghanistan afin de chasser les talibans et de tuer Ben Laden, l’ancien ami. Ce dernier se réfugie chez ses amis pakistanais, tout le monde le sait, mais on ferme les yeux au nom d’une alliance jugée stratégique. Il sera tué dix ans plus tard alors qu’il ne servait plus à rien. Les talibans sont chassés, l’Amérique essaye d’implanter la démocratie en Afghanistan, ce qui relève du gag. On connaît la suite.
Cerise sur le gâteau : Bush décide de prendre le pouvoir en Irak. Il faut lui voler son pétrole, bien sûr, mais surtout renforcer l’implantation américaine au Proche-Orient. Le 11 septembre a, en effet, montré que l’Arabie saoudite n’était pas un allié totalement sûr. La fable des armes de destruction massive ne trompe que les gogos et Saddam Hussein, qui avait pourtant gentiment déclaré la guerre à l’Iran pour faire plaisir à l’Occident, est chassé puis pendu. Au nom des droits de l’homme, bien sûr.
Les Américains décidèrent ensuite de licencier les fonctionnaires et officiers sunnites membres du parti Baas, c’est-à-dire à peu près tous. Ils seront, par pure vengeance, les cadres de Daech aux côtés de Baghdadi et ses amis, libérés par ces mêmes Américains.
La litanie des erreurs et des ignominies se poursuit : destruction de la Libye (demandée et obtenue par Sarkozy) qui s’enfonce dans l’anarchie et provoque un afflux de migrants africains inégalé en Europe, puis tentative de destruction de la Syrie. La CIA ainsi que les services secrets français, anglais et allemands (toujours d’accord pour les mauvais coups) aideront longtemps les milices islamistes financés également par la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar. Rien que du beau monde.
C’est alors que se produit le retour de la Russie qui sauvera, par son intervention, la Syrie de la barbarie islamiste. Mais qu’on se rassure : Bachar reste le méchant et la Syrie s’effondre, broyée par les sanctions occidentales.
La piteuse retraite américaine d’Afghanistan est dans la logique de ce que nous venons de résumer. Des erreurs stratégiques confondantes agrémentées d’un insupportable cynisme moralisateur.
Qu’a changé le 11 septembre ? Rien. L’Amérique n’a rien appris de l’islamisme et vient de lui livrer l’Afghanistan. Car il y a mieux à faire, maintenant, et un nouvel ennemi est désigné : la Chine, coupable de vouloir dépasser l’Amérique. Tous les efforts devront se porter contre elle, maintenant.
En attendant, l’islamisme continue sa progression implacable et l’Europe occidentale, avec des dirigeants aveugles et veules, se retrouve en première ligne.
Le pire est devant nous.