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Culture de mort : Euthanasie

“Vous allez adopter une loi qui va tuer”

“Vous allez adopter une loi qui va tuer”

Lundi soir, alors que les discussions sur le projet de loi fin de vie se poursuivaient, le député RN Laure Lavalette a électrisé l’Assemblée nationale :

Madame la ministre, vous n’avez que le mot « liberté » à la bouche pour légitimer le choix de ne pas parler de suicide assisté ni d’euthanasie. J’abonde dans le sens de ma collègue Annie Genevard. En faisant croire que vous respectez l’ultime liberté de la personne, vous piétinez la politique de prévention du suicide.

Mme Natalia Pouzyreff : Cela n’a rien à voir ! C’est hors sujet !

Mme Laure Lavalette : Il y a quand même un certain nombre de médecins dans l’hémicycle. Chers collègues, quand les pompiers ou le Samu arrivent sur une scène de défenestration, par exemple lorsqu’une personne s’est jetée du quatrième étage parce qu’elle voulait mourir, que font-ils ? Est-ce qu’ils regardent la personne, disent qu’il faut respecter sa liberté, qu’elle voulait se suicider, et repartent sans la réanimer ? (Vives exclamations sur les bancs des groupes LFI-NUPES et Écolo-NUPES et sur plusieurs bancs du groupe RE. – Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

Mme Sandrine Rousseau : De tels propos sont scandaleux !

Mme Laure Lavalette : Évidemment, la réponse est non.

Mme la présidente : Chers collègues, préservons la dignité de nos débats. Que chacun fasse un effort, s’il vous plaît.

Mme Laure Lavalette : Il ne me semble pas que ce soit à l’orateur de faire un effort… On sait très bien que quand cette personne arrive à l’hôpital, tout est fait pour la sauver, alors que sa liberté est de mourir. Soyez donc cohérents !

M. Éric Alauzet : Hors sujet !

Mme Laure Lavalette : Votre projet de loi touche à la substantifique moelle de la mission du médecin, qui n’est pas de tuer, mais de sauver. En ne prononçant pas certains mots, vous essayez de faire une entourloupe, de passer à côté. Assumez ! Vous tous qui êtes ici, lorsque Badinter est mort, vous êtes allés pleurer sur sa tombe. Pourtant, n’est-ce pas lui qui a dit que, grâce à la suppression de la peine de mort, la justice ici ne tuerait plus ? En l’espèce, vous allez adopter une loi qui va tuer.

[…]

Mme Émilie Bonnivard (LR) : Je suis allée à la rencontre des équipes de soins palliatifs de l’hôpital de Chambéry, et j’espère que chacun d’entre nous en a fait de même dans sa circonscription. Telle était la première chose à faire, dans chaque département où cela est possible, avant d’entamer ce débat, car l’expérience est éclairante. Ceux qui ont qualifié d’immondes les propos de Mme Lavalette – que je ne suis pas en train de défendre –, devraient également dire aux médecins des soins palliatifs de Chambéry que j’ai rencontrés qu’ils tiennent des propos immondes, car ils m’ont dit exactement la même chose : confrontés à un suicidé – que la tentative de suicide soit la première, la deuxième ou la troisième –, ils ont l’obligation de tenter de le réanimer. Telle est la réalité.

Mme Laure Lavalette : Exactement !

Mme Émilie Bonnivard : Vous allez mettre l’hôpital dans une situation d’injonction paradoxale…

M. Pierre Meurin : Tout à fait !

Mme Émilie Bonnivard : …incompréhensible. Ces problèmes nous sont exposés par les médecins et nous les exposons à notre tour dans l’hémicycle. Je ne crois donc pas que vous ayez le droit de qualifier de tels propos d’immondes. Nous soulevons tous les problèmes qui se posent très concrètement aux personnels soignants comme à ceux qui accueillent des personnes ayant fait des tentatives de suicide et qui devront mettre en œuvre les dispositions contenues dans ce projet de loi. Les injonctions paradoxales comme celles-là portent atteinte au sens que nos soignants donnent à leur engagement.

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5 commentaires

  1. Où était madame Laure Lavette et nombre de ses collègues parlementaires le 4 mars dernier lorsque le Congrès réuni à Versailles a permis à sa très grande majorité (780 pour – 72 contre) l’inscription dans la constitution de la liberté de recourir à l’IVG ? Madame Lavette s’est exprimée avec une vraie conviction : ni oui, ni non, ni abstention, mais plus courageusement ABSENTE. Ne vous posez pas en défenseur de la vie, madame !

  2. Quel est le pourcentage de ‘malade” dépressif ou suicidaire, qui reprenne le dessus sur leur destiné ? Dans un état correct, du moins autonome, donc supportable dignement et objectivement, pour eux, les Leurs (entourage) et pour le systéme de soins … Le syndrome du Saint Bernard est une réalité ! La sirène des marchands du Temple aussi … Les dégâts sociétaux d’une longue maladie, sont pires qu’un Deuil, digne ou pas ? Sur l’individu, sa Famille, son entourage, le systéme de soins … Faut t’il privilégier le quoi qu’il en coute, afin de faire déambuler 1 beefsteak ou réserver les forces vives à des projets viables, durables et pérennes ?

  3. Nous pouvons en dire autant de l’avortement : les médecins seront particulièrement vigilants à sauver l’embryon chez une femme enceinte ayant subi un accident et parallèlement pourront pratiquer le lendemain un avortement. Schizophrénie professionnelle assurée

  4. Hélas, ce n’est pas aussi parfait. Je connais une jeune fille asthmatique à qui un chef hospitalier a dit qu’à son troisième coma asthmatique, elle ne serait pas réanimée. Elle a 20 ans.
    Question de coût.

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