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Le flot continu, quelle que soit l’époque, des récriminations contre les gouvernants (et je l’alimente aussi…), risque de ne jamais se tarir car, à mon sens, on ne considère pas un élément crucial qui le génère en profondeur. Au risque de paraitre ingénue et puérile, cette réflexion se veut aucunement démonstration magistrale d’un dysfonctionnement constitutionnel avec maintes considérations politico-historiques, mais simple constat d’incohérence.
Pour ce faire, parlons de responsabilité, d’aptitude, de compétence de garantie.
Certaines professions sont lourdes de responsabilités, allant même jusqu’à l’enjeu vital des personnes qui bénéficient de leurs services.
Je pense par exemple aux chauffeurs de bus, aux pilotes d’avion, aux médecins, aux architectes du génie-civil, aux maçons, aux personnes qui préparent et conditionnent les aliments, etc etc.
Ainsi, la société s’est organisée pour assurer à la population, une garantie d’aptitude de ces professionnels à travers des études, des évaluations, sanctionnées par un diplôme et c’est heureux!
Le bon déroulement de ces prestations repose sur la compétence des travailleurs reconnue officiellement.
Les corps de métiers ou les emplois dans lesquels les responsabilités n’ont pas un enjeu vital pour les populations sont également soumises à une obligation de résultats, les compétences sont éprouvées, attestées officiellement et, encore une fois, c’est heureux!
Nous arrivons à présent à cette incohérence qui devrait sauter aux yeux.
Un constat: la personne qui occupe la plus haute fonction de l’Etat: le président de la République (en l’occurrence, de la France)
-Responsabilité: environ 65 millions de personnes.
-Formation spécifique à l’exercice du pouvoir sanctionné par un diplôme officiel:
AUCUNE.
-Evaluation de l’« Aptitude physique et psychologique à l’exercice des fonctions » obligatoire pour les professions à grandes responsabilités » qui font du reste l’objet d’article de loi: AUCUNE.
Le voilà le paradoxe! Et il est de taille . Il y a là un étrange vice de forme constitutionnel qui valide la science infuse chez les tenants des plus hautes fonctions de l’Etat et la considère donc implicitement comme faisant partie de la réalité.
Dans la Constitution, rien n’est prévu pour garantir leur compétences et aptitudes, contrairement à ce qui est mis en place obligatoirement pour tous les autres citoyens quant à la fonction qu’ils occupent. (Même pour pouvoir aller au lycée, il faut avoir obtenu son Brevet des Collèges…)
Par voie de conséquence, le gouvernement est composé d’amateurs, d’autodidactes, de passionnés peut-être, de compétents par un heureux hasard, mais aucunement de personnes dont la population peut être certaine qu’elles sont qualifiées pour l’exercice du pouvoir. C’est le règne de l’irrationnel, et, s’est construit de toute pièce dans l’inconscient collectif, une sorte de fatalité qui consiste à tolérer cet intolérable. Il s’agit d’une sorte de « pensée magique » qui confère à une personne aptitude, compétence, connaissance à toute épreuve pour sa nouvelle fonction, dès lors qu’elle est élue.
Ainsi, une personne avec, comme « formation », cinq-cent signatures de maires par exemple, qui a pu se présenter aux élection présidentielles et qui est élue devient « l’Elu à la SCIENCE INFUSE ». Et voilà que l’on se demande pourquoi, diable, elle ne sait pas diriger le pays mieux que vous et moi qui n’avons jamais été formés pour cela, pas plus qu’elle… L’irrationnel a opéré!
Les personnes élues aux plus hauts postes de l’Etat y travaillent de la même manière qu’opéreraient des chirurgiens sans diplôme et dont personne ne se serait même assuré qu’ils ne s’évanouissent pas à la vue du sang.
Choquant? Non, factuel!
Pourquoi trouver aberrant et refuser à tout prix de nous faire opérer par un « proclamé » chirurgien car il n’aurait pour seule formation un certain nombre de signatures en sa faveur et ne voir aucun inconvénient à confier le pays à une personne qui n’aurait que quelques paraphes pour attester de sa compétence?
Ainsi, statistiquement, les chances d’avoir des gouvernants compétents existent, mais elles sont purement de l’ordre du hasard, faute d’exigences officielles, d’aptitudes vérifiées, comme il est d’usage dans tous les domaines professionnels.
A défaut, hélas, de reconnaissance officielle d’aptitudes sérieusement établie à l’exercice du pouvoir des candidats pendant la dernière campagne présidentielle, avant le premier tour, j’imaginais ne serait-ce que de ceci:
« Mise à l’épreuve des candidats avec, en tout et pour tout comme matériel, une copie et un stylo, dans une salle d’examen, afin que chacun d’eux disserte pendant quatre heures (coupé de son directeur de campagne et de toute autre influence), et qu’il expose son projet pour le pays. Pour un tel enjeu, on pourrait même les faire plancher une journée entière… Puis, dissertation sur un ou des sujets de philosophie, toujours dans les mêmes conditions d’examen (le candidat seul devant sa copie qui découvre le sujet sans pouvoir s’y préparer). Et enfin, diffusion des dissertations à toute la population au lieu des tracts et programmes électoraux « préfabriqués ».
Et si la première erreur constitutionnelle, qui se cache aux yeux de tous, était d’avoir accepté de faire rimer « art de gouverner » avec « science infuse »?
Et si la deuxième était la naïveté puérile quasi « magique » de croire que cela était acceptable et même viable pour diriger un pays?
En quoi cela altérerait-il l’idée de démocratie que de n’accepter que se présentent aux élections des plus hautes fonctions de l’Etat, uniquement des candidats ayant été évalués et jugés aptes et compétents à l’exercice du pouvoir?
Dans l’armée, la montée en grade s’étale sur plusieurs années voire plusieurs décennies. Les généraux le sont devenus après avoir commencé par faire de nombreux parcours du combattant dans la boue et autres épreuves harassantes tout au début de leur formation (même en école d’officiers). L’apprentissage est rude. Si les maitrise de soi, abnégation, sens aigus des responsabilités, leur font défaut, cela est lourd de conséquences sur les vies des populations qu’ils défendent et celles des troupes qu’ils dirigent.
Est-il normal et raisonnable de pouvoir propulser n’importe quel quidam, n’ayant pas même effectué son service militaire, « chef des armées » du pays dés lors qu’il est élu chef de l’Etat?
L’incohérence que représente la tolérance de la science infuse pour les plus hauts postes de l’Etat est autant évidente qu’étrangement elle semble « faire partie des meubles ». Le danger qu’elle représente ne peut être démasqué afin d’être enrayé.
Irishman
J’aimerais parler d’ un âge minimum requis pour exercer certaines fonctions, mais je crains que mon propos soit mal perçu 😁…
PaulBlaise
Pour être président de la République, il faut avoir 23 ans minimum, d’après mes lointains souvenirs de lycée.
Collapsus
Oui mais il y a l’ENA, voyons ! La même école qui nous a pondu un ministre de l’agriculture ne sachant pas combien il y avait de m2 dans un hectare. Oui, c’est bien celui qui est garant de nos comptes publics et de notre économie aujourd’hui…
AnneR
…et nous avons un chefaillon d’Etat qui, parce qu’il est adoubé pour cela, se retrouve chef des armées.
Et voilà que, stupeur, il reproduit “en vrai” les épopées qu’il invente quand lui prend l’envie régulière de jouer aux petits soldats de plomb.
Ce n’est plus de son âge, mais d’aucuns se disent que ça vaut mieux que s’il suçait encore son pouce.
Nous, on préférerait!