Michel nous annonçait hier une nouvelle avancée : des cellules souches adultes (de souris) modifiées pour se comporter comme des cellules embryonnaires.
Quelle est la portée réelle de cette nouvelle ? Le spécialiste américain de bioéthique Yuval Levin répond – et c’est assez encourageant.
Il y a deux ans, dans un rapport, le Conseil présidentiel [américain] sur la bioéthique [dont Levin était membre, NDHV] a étudié plusieurs manières [de reproduire les potentialités des cellules embryonnaires sans détruire d’embryons], et depuis cette date les pistes qu’il avait envisagées ont connu de réels progrès. La plus attrayante des techniques étudiées était la reprogrammation chimique de cellules adultes pour qu’elles se comportent comme des cellules embryonnaires […].
Dans le rapport de 2005, le Conseil sur la bioéthique considérait que cette "reprogrammation somatique cellulaire" était, parmi les alternatives étudiées, la plus attrayante d’un point de vue éthique mais la moins scientifiquement réalisable. Mais, sur ce dernier point, ils se trompaient. Dans les mois qui ont suivi le rapport, des études ont commencé à émerger montrant de réels progrès dans la reprogrammation. Une équipe à Harvard a franchi un cap important en août 2005, et une autre, au Japon, a publié des résultats impressionnants l’été dernier, et des informations ont commencé à venir de plusieurs laboratoires, au goutte-à-goutte, faisant état de résultats similaires.
Aujourd’hui, le goutte-à-goutte est devenu un cours d’eau. Le prochain numéro de la revue Nature, en ligne [hier] matin, contient plusieurs rapports détaillés d’avancées surprenantes et significatives vers une reprogrammation pleine et entière.
Est-ce que cela va calmer les ardeurs des zélotes de la recherche destructrice d’embryons ? Pas sûr, car Yuval Levin constatait lui-même tristement en 2005 que certains ne l’approuvaient pas malgré la destruction de ces derniers, mais "la soutiennent avec enthousiasme précisément parce qu’elle implique le fait de tuer des embryons."