Valeurs actuelles lance cette semaine son premier dossier concernant le programme de 2012. Il est consacré à l'école. Fabrice Madouas résume le problème :
"De médiocres résultats pour un système qui consomme d’énormes moyens. Les candidats à la présidentielle s’empareront-ils de ce sujet ? Les recettes de la gauche sont connues. Ce sont celles que la droite applique avec constance depuis trop longtemps : le baccalauréat pour tous ou presque (86 % de réussite cette année) à l’issue d’un parcours où, de la maternelle au lycée en passant par le collège unique, l’enfant grimpera de classe en classe sans que l’on tienne compte – sauf à de rares exceptions – de ses connaissances ni de ses compétences. La principale différence réside dans l’octroi de moyens. La gauche en réclame toujours plus, la droite veut les diminuer."
Pour proposer des solutions, plusieurs intervenants :
Marc Lebris plaide pour la liberté pédagogique :
"En 2012, il faudra :
- Faire qu’aucun élève qui ne sait pas lire n’entre au CE1.
- Engager une campagne de formation aux méthodes d’enseignement efficaces – méthode alphabétique, calcul et problèmes, orthographe et grammaire…
- Organiser la publication des résultats des élèves et des écoles – au moins entre enseignants.
- Préparer une modification du statut des inspecteurs de l’Éducation nationale et des conseillers pédagogiques, qui ne devraient pas être des permanents mais les meilleurs enseignants, reconnus par les résultats désormais affichés de leur école, pour une période de trois ou cinq ans. Puiser alors dans ce nouveau corps les formateurs des IUFM.
- Autoriser les redoublements – qui doivent rester très peu nombreux. La nécessité d’un effort scolaire ainsi générée est une structure libérale de progrès. De plus, cette possibilité ramène à des classes de niveau si nécessaires à l’enseignement de masse.
- Recréer des filières de niveau au collège.”
Natacha Polony demande un changement des méthodes pédagogiques. Florent Montillot, maire adjoint d'Orléans, explique les initiatives prises par sa ville, montrant ainsi la nécessite de relocaliser la gestion de l'instruction :
"Dès 2001, nous avons municipalisé et rendu gratuite l’aide aux devoirs d’une large majorité d’enfants. Nous avons également mis en place un ambitieux Programme de réussite éducative (avec l’aide de l’État), pour apporter un soutien individualisé aux enfants et jeunes adolescents les plus fragiles […]. Le bilan parle de lui-même : près de 90 % des enfants repérés en retard de lecture au début du CP atteignent le niveau moyen voire supérieur en fin d’année et poursuivent leurs études sans difficulté. […] Outre les économies considérables générées par cette situation, le dispositif orléanais de soutien éducatif est réalisé à budget constant : la ville d’Orléans a ainsi transféré une partie des subventions versées à des associations qui déclaraient s’occuper de soutien scolaire vers les dispositifs municipaux."
Chantal Delsol défend l'idée du chèque scolaire :
"L’urgence consiste à décentraliser et à libéraliser. Il s’agit de limiter drastiquement le pouvoir de l’État et de le réduire à la solidarité, au contrôle et à la garantie. C’est pourquoi je défends le système du chèque-scolaire. L’État dans ce cas continue à financer l’enseignement de tous, c’est son rôle s’il veut garantir l’égalité des chances et ne pas lier l’instruction à la classe sociale. Cependant, au lieu de dépenser l’argent à diriger lui-même des établissements sur tout le territoire, il distribue un bon scolaire aux familles, au prorata du nombre d’enfants. Les parents choisissent l’établissement qui leur convient. Un établissement plébiscité par nombre de familles est ainsi davantage financé par l’État, et un établissement peu demandé, finit par disparaître.
L’État s’occupe de vérifier que l’hygiène et les bonnes mœurs sont respectés dans les établissements autonomes. […] Mais ce n’est pas lui qui dirige les établissements. Ceux-ci sont autonomes, ils embauchent leurs enseignants selon leurs besoins, payent les enseignants selon leurs mérites et peuvent les renvoyer en cas de négligence ou de fainéantise."
Frédéric Guillaud propose de refonder l'école primaire :
"Rien d’autre. C’est là que tous les problèmes que nous connaissons se forment, avant de s’étendre à tout le système (40 % des élèves entrent au collège avec des bases fragiles). […] Mon programme tiendrait donc en six points :
- Mobilisation des recteurs, qui seraient évalués et révoqués en fonction du pourcentage de lecteurs en fin de CP (critères de progression adaptés en fonction des académies, évidemment).
- Évaluation nationale du niveau en fin de CP par un organisme indépendant.
- Généralisation des méthodes efficaces expérimentées à Grenoble et à Lyon [apprentissage systématique du code alphabétique et les exercices répétitifs], par le biais d’un plan de formation continue.
- Augmentation des heures consacrées aux matières fondamentales à l’école primaire (en clair : suppression des heures d’activités parascolaires qui parasitent l’école).
- Création d’un sas d’entrée au collège, CM3, pour faire rattraper leur retard aux élèves qui n’ont pas le niveau suffisant pour suivre au collège.
- Recrutement des professeurs selon des critères de connaissance des disciplines beaucoup plus rigoureux (un professeur des écoles ne doit pas faire de faute de français et doit connaître l’histoire de France).”
Enfin, Anne Coffinier milite pour des écoles vraiment libres :
"Il ne sert à rien d’avoir un bon ministre car le ministère ne lui obéit plus. Tout le problème est là. Pour être crédible, le plan de sauvetage de l’école doit prendre en compte ce fait ; car la difficulté ne réside pas dans l’identification des solutions à la crise de l’institution scolaire […] mais dans l’incapacité à faire entrer en vigueur quelque réforme scolaire que ce soit. […] Le plan de sauvetage de l’école doit se fonder sur la réalité : le cadre bureaucratique et idéologisé de l’Éducation nationale est devenu un fardeau pour les professeurs alors que l’infrastructure administrative devrait plutôt être légère et mise au service des enseignants, pour le bien des élèves.
Refondons notre système scolaire sur des établissements à taille humaine et autonomes dans leur gestion : les professeurs choisiront librement leur établissement et leurs méthodes mais seront tenus comptables des résultats de leurs élèves. Donnons à chaque enfant les moyens d’accéder à l’école de son choix grâce à la création d’un pass éducation : une somme allouée par l’État à toute famille qui le désire pour scolariser ses enfants dans une école privée indépendante, si c’est son choix. Ce sera source de qualité, d’économie – car l’école privée est bien moins coûteuse car mieux gérée – et de justice – car ce sont les plus démunis que l’on sacrifie aujourd’hui."
PK
Je suis à fond pour la solution d’offrir une réelle alternance à l’EN…
Comme il est écrit, ce machin est irréformable, sauf à envoyer la Légion nettoyer le tout en force…
Bref, une réelle alternative la réformera automatiquement : soit elle crèvera sous la concurrence bien supérieure sur tous les plans (enseignement, prix de revient, etc.), soit elle sera mécaniquement obligée de s’adapter pour ne pas crever…
Mais pour cela, il faut aussi donner l’indépendance aux écoles publiques et un vrai pouvoir aux directeurs… pour leur laisser une chance.
Ceci dit, nazes comme ils sont, ils sont capables de le refuser… mais alors, vae victis !
Marc
J’ajouterai qu’il faudrait sortir des logiques purement comptables. Il ne sert à rien de se focaliser sur le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux (ça, c’est pour le gouvernement actuel), tout comme vouloir créer à tout prix dix, trente ou cent milles postes (ça, c’est pour le PS).
Etant prof dans le privé sous contrat (donc non-fonctionnaire : si je n’ai pas mon temps plein, je ne suis pas payé à 100% du salaire académique), après avoir travaillé en entreprise, j’ai pu voir des situations ubusesques :
– des postes fermés au concours, pour ne recruter que des vacataires/suppléants (payés 30% de moins),
– des directeurs d’établissement ne pouvant choisir réellement leurs profs,
– des “grèves” suivies par 3 profs sur 150 (c’était le cas dans mon établissement actuel en septembre dernier),
– etc.
Enfin, j’attire l’attention qu’il ne sert à rien, pour connaître le nombre d’élèves par classe, de diviser le nombre d’élèves par le nombre de profs : le temps de présence des élèves et celui des profs n’est pas le même, et chaque classe n’a pas un seul prof (et vice-versa) ; tout comme j’ai pu apprécier la différence entre privé sous contrat et public (au moins 7 à 8 élèves de plus dans le premier cas que dans le second).
aude
L’ultra-libéralisme en matière d’enseignement n’est pas une solution, car les sectes risquent d’en profiter. Mais l’interdiction envisagée de l’école à la maison est une provocation pour les parents, à qui l’Etat envisage de se substituer intégralement. Si cela est réellement envisagé, il faudra absolument se mobiliser!
Dans ma famille, l’école à la maison a été la norme : personne n’a fait de primaire. Les résultats sont là : études très brillantes, un ou deux ans d’avance pour tout le monde quand nous sommes rentrés au collège, aucun problème d’orthographe, et des valeurs familiales transmises sans aucun problème. Une assistante sociale était passée de temps à autres vérifier notre niveau, histoire d’éviter les dérives.
mare
irreformable!!! qui en 1945 a donné a la gauche l’education , les ports, etc etc on a
la suite de langevin wallon
Le Morvan
Il faut lire le dernier livre de Jean de Viguerie sur les pédagogues, cela donne une excellente idée des idéologies utopistes qui ont influencé la pseudo éducation nationale au 20ème siècle.
Les pédagogues
essai historique sur l’utopie pédagogique
Ed. du Cerf Paris
Rom Dyli
@ Aude:
Vous utilisez une réthorique de gauche en employant des mots tels que “ultra liberalisme”. Cela ne fait pas avancer le débat.
Merci Madame Coffinier. Vous êtes la seule à proposer des écoles totalement indépendantes de l’Etat.
La proposition de Madame Delsol, c’est de la liberté “tiède”: des écoles libres, mais pas trop.
L’Etat n’a rien à faire dans l’education, ce n’est pas sa vocation, il n’y a aucune raison qu’il s’occupe de ce domaine.
En outre, l’argument “egalité des chances”, c’est une notion gauchiste et utopiste. On sait très bien quelles ont été les conséquences qu’ont créées les gouvernements qui ont voulu rendre tous les hommes égaux (le communisme, le socialisme et dans une moindre mesure le fascisme).
En réalité, il n’y a qu’un moment où nous sommes ègaux: lors du jugement devant Dieu.
Amelie
Aude, avez-vous un lien pour la suppression envisagée de l’école à la maison?
PG
C’est toujours avant les élections que les journaux et associations droitiers et proches de l’UMp lancent des idées novatrices et des débats : mais ensuite, après l’élection, ils se taisent et surtout ne réclament pas aux gouvernements dits de droite d’appliquer ne serait-ce que le dixième des idées novatrices issues des dits débats.
Comme si cette agitation des méninges n’était en réalité que qu’une énième tentative pour faire croire que qq idées de droits seraient susceptibles d’être mises en oeuvre……..après les prochaines élections.
VA aurait été mieux inspiré de réclamer ces réformes DURANT le quinquennat du ”miracle de 2007”. Maintenant, cela fait qq peu rattrapage in extremis.
C.B.
“L’éducation publique doit se borner à l’instruction”
Condorcet – extrait des “Cinq mémoires sur l’instruction publique”
Cet auteur serait-il suspect d’être un “intégriste catho-facho”?
Marc
D’accord avec vous, PG. On entend beaucoup parler des sujets chauds juste avant les élections, mais plus après.
Tout comme je constate que ceux (toutes tendances confondues) qui critiquent les profs, responsables de leur malheur, incapables de se dévouer, fainéants ou que sauis-je encore, se gardent bien de proposer des solutions… Ou même de participer.