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Tribune libre

Arte oublie le passé chrétien de l’Arabie et de la Kaba de La Mecque

Arte oublie le passé chrétien de l’Arabie et de la Kaba de La Mecque

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De nombreux éléments de l’histoire officielle de la religion islamique sont remis en question par le documentaire “Le Coran : aux origines du Livre”, diffusé par Arte, dont on peut louer le courage à l’heure ou cela peut leur coûter très cher.

Cependant, quelques détails ne peuvent éviter de sauter aux yeux des amoureux de l’histoire et de la vérité.

Si le documentaire mentionne timidement quelques tribus chrétiennes et juives, il ne remet pas en question l’histoire officielle de l’islam s’agissant du passé polythéiste de La Mecque et Médine. Ces données sont pourtant des légendes contredites par la recherche archéologique. Le narrateur du documentaire de déclamer : “L’oasis de La Mecque abritait la Kaba, un sanctuaire ou on vénérait encore de multiples dieux, des idoles de pierre”. Un peu plus tard :

“Les Mecquois se montrèrent tout d’abord indifférent aux prédications de Mahomet. Mais quand le prophète (de l’Islam, ndlr) a renoncé au culte païen des idoles, ils se mirent à le persécuter.”

Dans l’excellent “Controverses sur les écritures canoniques de l’islam”, sous la direction de Daniel de Smet et Mohamed Ali Amir-Moezzi, le spécialiste M.F. van Reeth vient nous éclairer sur ce sujet en réfutant l’idée des idoles de pierre dans la Kaba.

“Pendant le siècle qui précède l’islam, la tribu des Ǧurhum est venue occuper La Mecque. En tant que chrétiens, il semble qu’ils aient transformé son vieux temple en le christianisant : le ḥiǧr (…) Il paraît aussi que la tradition musulmane ultérieure aurait totalement défiguré le rôle historique des Ǧurhum, en englobant leur activité dans la légende des origines du temple mecquois, au temps d’Abraham et d’Ismaël.” (…) Un grand nombre de détails, que la plupart des historiens ont tendance à minimaliser, acquièrent alors une tout autre signification. Ainsi, le grand-père du Prophète (de l’Islam), ʿAbd al-Muṭṭalib, qui aurait eu un « siège » dans le ḥiǧr, a exercé une fonction importante dans le temple, précisément à l’époque où les Ǧurhum y exerçaient leur contrôle. Ces Ǧurhum auraient introduit le culte de la croix ; quand Muḥammad entra victorieux dans la Kaʿba, on y trouva aux murs des fresques, représentant entre autres Abraham, Jésus, Marie, ainsi que des anges.”

En effet, l’Arabie avant l’invention et l’imposition de l’islam n’était pas polythéiste, mais “presque entièrement sous domination chrétienne”, pour reprendre les mots de Françoise Briquel-Chatonnet, spécialiste du sujet.

L’auteur décrit un lieu

“très importante de l’Eglise de Perse et le lieu d’origine de beaucoup d’écrivains et de penseurs. Le christianisme s’était également implanté dans l’actuel Yémen. Un épisode est demeuré célèbre : le martyre de chrétiens par un roi juif en Arabie du Sud un siècle avant la naissance de l’islam et le renversement de ce même roi par une expédition du souverain d’Ethiopie qui rétablit le christianisme en Arabie heureuse.

La présence de traditions chrétiennes dans le Coran, aussi bien bibliques que théologiques, et l’influence de mouvements chrétiens divers a aussi été soulignée. Depuis une trentaine d’années, des fouilles archéologiques sur la côte occidentale du golfe arabo-persique ont révélé la présence de bâtiments de culte chrétien, églises et monastères, mais dont la date semble plus tardive que ce qui ressortait des textes.

Des prospections récentes dans le Sud-Ouest de l’Arabie saoudite ont révélé des inscriptions chrétiennes et permis de poser des hypothèses sur les voies de pénétration du christianisme dans cette région de l’Arabie. Il en ressort que l’Arabie fut à une époque presque entièrement sous domination chrétienne.”

Mohamed Arbi Nsiri, Doctorant en histoire ancienne, rapporte que

“La présence chrétienne dans la presqu’île de l’Arabie remonte probablement à la fin du IIIᵉ siècle. (…) Si les sources écrites n’y mentionnent la présence de diocèses et de monastères que jusqu’au VIIe siècle, l’archéologie atteste, quant à elle, la présence de communautés chrétiennes jusqu’au IXe siècle. Aux Émirats Arabes Unis, au moins trois sites chrétiens étaient encore occupés au début de la période abbasside : Al-Qusûr au Koweït, Khârg en Iran et Sîr Banî Yâs”

Le doctorant de citer Christian Robin Salim Tayran et leur article “Soixante-dix ans avant l’Islam : l’Arabie toute entière dominée par un roi chrétien”, publié en 2012 dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.

M.F. van Reeth, précédemment cité, détaille que

“les sources musulmanes sont extrêmement vagues et confuses quant à cette présence chrétienne au Hedjaz avant l’islam, ce qui amena le Père Lammens à la minimaliser. Or, une autre voie pour expliquer ce silence presque complet pourrait être envisagée : les auteurs, narrateurs et théologiens musulmans ultérieurs ont délibérément obscurci l’arrière-fond et les origines chrétiennes du Coran. La tradition nous conserve pourtant des détails déconcertants qui pourraient être des indications précieuses, bien que la plupart des historiens aient tendance à les reléger dans le domaine des légendes.”

Une chose est sûre : l’image de l’Arabie préislamique polythéiste est une construction de l’apologétique musulmane pour souligner la déchéance de la Jahiliyya (l’ère pré-islamique) et l’opposer à l’action salvatrice du prophète de l’islam.

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6 commentaires

  1. Encore une déconstruction… mais cette déconstruction du mythe du coran et de l’islam entamée au XXº siècle par des chercheurs de grande qualité est des plus salutaires car elle s’allie aux progrès de la technique et de la science archéologique. Espérons qu’elle puisse ainsi désagréger pierre par pierre cette croyance guerrière qui propage bien des malheurs dans le monde aujourd’hui.

  2. Islam = paix : Faux !

    Islam = Soumission : Vrai !

    Chasse aux fausses informations (Fake news en anglais) : Qu’on se mette bien une fois pour toutes cela dans la tête, surtout chez beaucoup de politiques et dans bien des médias.
    “L’islam (en arabe : الإسلام ; Alʾislām, « la soumission »)” Wikipedia.

  3. Cela confirme que l’Islam est bien un dévoiement du christianisme.
    De même que le diable singe le Créateur sans parvenir à créer comme Lui, le Coran singe la Bible et la pervertit (changement du sens initial).

  4. le titre dit “oublier” le passé chrétien, mais il s’agit simplement d’occulter et de propager des légendes
    de même hier une émission sur le laogai chinois, on n’évoque que la persécution du thibet et des ouighours, mais rien sur les persécutions anti chrétiens.. c’est bien une politique typique d’arte (et d’autres chaines d’ailleurs)

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