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Culture de mort : Avortement

Avortement : témoignage d’une ex-employée du Planned Parenthood

Suite à mon appel à contribution pour traduire les propos d'une ancienne employée du Planning Familial, voici le travail d'une lectrice, que je remercie :

"Je suis bénie d'être ici en cette fin de semaine, dans ce pays si beau, partageant tout ce que nous avons vécu ce week-end. Vraiment, on peut penser que l'on va quelque part pour donner, mais j'ai reçu beaucoup, et cela m'a donné beaucoup de force pour continuer et persévérer dans ce que je fais, dans la défense de la vie. Vous, plus que quiconque,  savez combien c'est difficile, que quelquefois l'on peut être découragé. Alors, cette fin de semaine a été merveilleuse, je veux remercier les organisateurs et les personnes qui m'ont amenée ici.

Mon histoire est crue, douloureuse, beaucoup de personnes se sentent mal quand ils entendent ce que j'ai vécu à la clinique de « Planet Parenthood » (Planning familial), ce que j'ai vécu après mes trois avortements, j'ai eu des personnes qui se sont évanouies pendant mes conférences, mais il est nécessaire d'écouter ce qu'est la vérité, d'écouter ce qui se passe avec ces femmes, ce qui se passe avec ces enfants non nés, et le mensonge que l'on vous sert dans les différents parties du monde.

Malheureusement pour cause d'ignorance, j'ai avorté, j'ai beaucoup souffert ; en travaillant dans cette clinique j'ai fait beaucoup de mal à un grand nombre de femmes, à beaucoup d'hommes, à ma famille et à moi-même également.

Je livre ma vie dans ce témoignage, j'ai beaucoup de honte à raconter cela, pour moi c'est pénible d'être debout ici avec le micro, mais c'est nécessaire pour ne pas que d'autres personnes tombent dans cette tromperie.

Je vais commencer mon histoire à l'époque où j'étais toute jeune. Quand j'étais petite fille, je ne savais pas ce qu'était la souffrance. J'étais très heureuse avec ma famille, et pour moi, j'ai eu les meilleurs parents du monde : ma maman très affectueuse, très tendre, mon papa, un homme travailleur, qui donnait tout pour sa famille, mais ce qui manquait, c'était la foi. Ce qui manquait à ma famille c'était Dieu et ses valeurs. Dans ma maison, on se préoccupait seulement d'avoir la meilleure maison du quartier, les derniers modèles de voitures, les plus jolis vêtements …

(doute sur le son)

Nous étions très matérialistes, nous nous laissions porter par la société, par le qu'en dira-ton, et chez moi, on n'a jamais parlé de la chasteté. Mon père me disait simplement « Ma fille marie-toi, cherche-toi un homme avec une bonne situation, qui gagne de l'argent, et absorbe-toi dans ta carrière, pour toi aussi gagner ton argent, parce qu'ici, aux États Unis, si tu n'obtiens pas de bons crédits, si tu ne fais pas de bonne carrière, tu n'est personne : le succès est très important. C'était cela la valeur que j'avais dans mon cœur.

Ma mère, comme je vous l'ai dit, était une femme très douce, pour moi la meilleure mère du monde, mais le défaut qu'elle avait était la vanité. Et depuis petite fille, ma mère me disait tout simplement : « Ma fille, je me suiciderai à 40 ans, je me couperai les veines parce que je préfère mille fois mourir que d'avoir des rides sur le visage ! » Et je me rappelle que la première fois que ma mère m'a dit cela, j'ai été épouvantée : « Maman, comment se fait-il que tu vas te tuer pour ne pas avoir de rides sur ta figure ! ». Mais pour ma mère, la vie n'avait de valeur qu'avec la beauté et la jeunesse. Les valeurs de la vie que j'avais dans mon foyer, pour être quelqu'un d'important, pour avoir une identité, étaient que je devais avoir la beauté, la jeunesse, du succès et une belle carrière. C'étaient les valeurs que j'avais. Ce n'était pas « Ma fille, respecte-toi, tu vaux beaucoup, trouve-toi un homme qui te mette sur un piédestal. Tu es vierge, prends soin de ce trésor que tu possèdes, cette pureté ; viens à l'église vêtue de blanc… » Je n'avais pas ces espérances.

Quand j'ai eu douze ans, dans mon collège, on nous a dit « Les enfants, vous allez avoir un cours sur la sexualité, vous devrez avoir la permission de vos parents pour y assister ». Je me rappelle que j'en ai parlé à ma mère en revenant : « On va avoir un cours sur le sexe. Tu me donnes la permission d'y aller ? ». Et ma mère me répond : « C'est fabuleux que ces gens intelligents viennent vous faire ce cours ! » Mais je sentais que ma mère éprouvait de la honte de me parler de sexualité, mon père également, et cela me rendait moi-même honteuse que mes propres parents me parlent de sexualité. Je préférais mille fois aller au cours, et que ces personnes m'en parlent. Je pourrais poser toutes les questions que je voudrais librement. Arrive le jour du cours, on nous amène 30 bananes, 30 préservatifs, on nous montre comment mettre la capote sur la banane… « Les enfants, on va vous dire comment pratiquer le sexe de manière sécurisée (safe sex en anglais) » On nous a donné des contraceptifs en nous disant que c'était destiné à éviter une grossesse et les maladies sexuellement transmissibles, ce qui est un mensonge.

C'est scientifiquement prouvé que les moyens anticonceptionnels sont abortifs, ils n'évitent aucune grossesse de même que le préservatif qui n'évite pas non plus les MST. Mais lors de ce cours on nous disait : à 100 % sexe sans risque.

On nous y a parlé de la pornographie : « les enfants, ce n'est rien, vous regardez seulement », ils nous ont parlé de la masturbation : « la masturbation ce n'est pas grave !  Nous préférons que vous vous masturbiez plutôt que d'avoir des relations sexuelles avec de multiples partenaires. Comme cela, vous les filles, vous ne tombez pas enceintes et vous ne serez pas contaminées par des MST. Ils nous ont dit :« Les filles, vous aimerez plutôt des garçons, ou peut-être aussi des filles. Les garçons, vous allez être attirés par les femmes ou peut-être par les hommes, et c'est complètement normal ».

Nous, on a posé des questions sur l'homosexualité, sur la masturbation, ils nous disaient que la masturbation était très saine, qu'elle nous libérait du stress, toutes ces choses déformées.

Alors, quand je suis sortie de ce cours, je me souviens avoir pensé « Quelle bonne chose, que je puisse avoir des relations sexuelles. La seule chose que j'ai à faire c'est de me protéger, on me montre même comment être « responsable » et pratiquer le « sexe sécurisé ». C'est le concept que j'avais à propos de la sexualité : des valeurs totalement négatives, mauvaises, un leurre.

Je me rappelle cette même année de mes douze ans, nous n'avions aucune foi, nous n'étions pas unis comme une famille, on n'allait pas à la messe, mes parents ont divorcé. Ce divorce a été si douloureux pour moi que je commençai à avoir un trouble du comportement qui s'appelle la trichotillomanie. Ce trouble atteint beaucoup de jeunes garçons et filles et consiste à se tirer les cheveux. Et je me tirais énormément les cheveux, parce que je ne savais pas comment lutter contre cette souffrance.

Ma mère s'en va au Mexique et moi je reste vivre avec mon père. Je lavais le linge, je cuisinais, je faisais le ménage, et mon père me faisait toute confiance puisque je faisais tout ce que ma mère faisait. Alors, il me laissait sortir, il n'y avait pas de discipline. J'allais tous les week-ends aux bals avec des amies, j'étais vaniteuse, égoïste, présomptueuse, je devais être la meilleure, la plus jolie, avoir les plus beaux vêtements, j'étais prise au jeu. Seuls comptaient mes succès, mes rêves, mes études, et c'était tout ce que j'avais dans le cœur.

Quand j'ai eu 19 ans, j'ai connu mon premier fiancé, il avait 25 ans. Nous avons commencé à avoir des relations sexuelles. Je pensais que le vrai amour c'était : « bon, c'est mon fiancé, nous sommes amoureux, nous nous aimons, quand une personne aime autant quelqu'un, on se donne totalement » ; cela pour moi c'était l'amour. Maintenant je sais que cela est un faux amour, car il en découle des conséquences graves quand on a des relations sexuelles en dehors du mariage.

Donc nous avons utilisé le préservatif, et cela a échoué. Le préservatif échoue à 25 % lors de la première année, à 50 % la deuxième année, donc il n'évite aucune grossesse. Et c'est ce qui m'est arrivé : je suis tombée dans le piège. Je me suis sentie très mal un matin, avec des nausées. J'en ai parlé à ma cousine qui m'a ramené un test de grossesse, et quand je l'ai vu positif, immédiatement ce qui entra dans mon cœur ce fut la peur.

Que vais-je devenir ? Mon père va se mettre en colère, il va me mettre à la porte ! Mes études, le succès ? Ici il n'y a pas de succès : 19 ans et enceinte, ma vie est terminée, je n'arriverai jamais à rien. Et la deuxième chose qui m'est passée par la tête est : mon corps va changer ! J'étais si vaniteuse, je m'éclatais au gymnase…Je ne veux pas parce que si on n'est pas belle, on ne vaut rien, pas vrai ? C'est ce que j'ai appris. Alors, je vais être défigurée, je ne veux pas ! Je plaignais mon père : que vont dire les gens de moi, que va dire ma famille de moi ? Alors ma cousine me dit « Patricia, tu dois avorter, je pense vraiment que tu devrais te focaliser sur tes études, avorter, et tirer les leçons de cette histoire ». Ma cousine m'aimait beaucoup, elle pleurait elle aussi et avait très peur. Elle ne me voulait pas de mal et pensait me donner le meilleur conseil, nous étions ignorantes. J'ai dit que j'allais en parler d'abord avec mon fiancé. Quand je lui ai parlé, mon fiancé était tout heureux d'être papa : « Patricia, je te soutiens, ne t'inquiètes pas, je suis avec toi, je vais prendre soin de toi ».

Vous ne vous imaginez pas combien ces mots d'un homme : « je te protège, je m'occupe de toi, je suis avec toi… » consolent le cœur d'une femme angoissée et enceinte. L'appui de l'homme disant « tu sais, oui nous allons l'accueillir » me donnait beaucoup de courage. Peu importe ce qui se passe, je ne suis pas seule. Je pense que beaucoup d'avortements se produisent suite à l'abandon de l'homme, parce que l'homme fuit. 66 millions d'avortements sont pratiqués aux Etats Unis, cause n°1 : l'absence de l'homme. Et comme lui me soutenait autant, j'ai dit oui !

Je me rappelle qu'à ma première échographie, à deux mois de grossesse, à l'écran, j'ai vu la tête formée, les bras, et je me rappelle avoir vu les battements du petit cœur : je pouvais voir littéralement le cœur qui palpitait. Je voyais le début de sa formation, je commençais à voir la vie. Et quand je suis sortie de cet endroit, je me suis mise à parler à mon ventre, à lui chanter des chansons ; la nuit, je mettais mes bras autour, je sentais que je protégeais une vie dans mon ventre, je me sentais heureuse.

Deux mois passent, et quelques unes de mes « meilleures amies » passent me voir, angoissées, elles pleuraient. Elles me disaient : « Qu'est-ce que tu fais Patricia ? Tu es folle ! Tu prends la pire décision de ta vie ! Regarde : il n'est pas complètement formé, pas vrai, si tu regardes cette échographie ?! Pour le moment ce n'est pas un bébé, il n'est pas formé, c'est un amas de cellules (litt. : une poche, un sac de cellules). Tu dois avorter avant 5 mois, car là, à 5 mois ce sera un bébé. Mais pour l'instant tu n'est qu'à 4 mois, et tu as là une opportunité. Tu dois terminer tes études, réussir... ». Et la peur est revenue : bien sûr elles ont raison, je suis folle, qu'est-ce que je fais ?

Je pense que la racine de l'avortement est la peur. Je sais que c'est aussi l'égoïsme mais à la racine de l'égoïsme on trouve aussi la peur. J'avais très peur, alors j'ai dit oui, elles ont raison, je vais avorter. Mais je ne peux pas dire à mon fiancé que je vais avorter, lui est heureux. Alors je vais lui sortir un mensonge. Les Latinos n'avortent pas, les Mexicains n'avortent pas ! C'est pour les Américains ! Donc, je vais avorter, je lui mentirai, mon problème sera résolu. C'est un problème : maintenant ce n'est pas un bébé dans mon ventre. Je cessai de lui parler, de chanter pour lui ; au moment où j'ai décidé d'avorter, je me suis totalement déconnectée de lui. Pour moi, j'avais décidé, je ne sais comment, de me dire dans ma tête « amas de cellules », parce que c'était l'égoïsme qui avait gagné dans mon cœur, c'étaient mes réussites, mon père, ce que diraient les gens, mes objectifs. C'étaient les pensées qui régnaient dans mon cœur.

J'arrive à la clinique, avec beaucoup, beaucoup de honte : la plus grande partie des femmes y viennent en baissant la tête, je ne reverrai personne d'ici, je veux entrer et sortir le plus vite possible. Je me rappelle que passée la porte d'entrée, je ne pouvais éviter de voir la salle d'attente : que des chaussures de jeunes, des baskets. Et quand je me retourne vers l'arrière, 20 à 30 jeunes de 13 à 17 ans, prêtes à avorter. Cela m'a énormément surprise de voir tant de jeunes. La réceptionniste m'a dit : « Ici en Californie, et dans beaucoup d'autres états d'Amérique, une fille de 13 ans peut avorter sans le consentement du père. Je crois qu'ici en Espagne, c'est à partir de 16 ans, mais en Californie, c'est 13 ans seulement : impossible pour le père de savoir que sa fille a avorté. En Californie, si une fille de 20 ans a mal à la tête et veut acheter en pharmacie un cachet contre les maux de tête, elle doit attendre d'avoir 21 ans. Mais si une fille de 13 ans veut entrer en clinique pour avorter et qu'on pratique sur elle un acte de chirurgie, d'anesthésie, elle peut le faire et personne n'en saura rien. Les lois sont ainsi.

Donc, je rentre dans la salle d'opération, très nerveuse parce qu'on ne nous dit jamais ce qui se passe durant l'avortement ni ce qui se passe après. J'étais assise sur la civière et la doctoresse me dit « Ah Patricia, ne sois pas nerveuse ! Moi même j'ai subi un avortement, j'en ai pratiqué deux sur ma fille. Je vais bien, ma fille a bien, et toi aussi tu iras bien. Tu ne fais rien de mal, c'est un amas de cellules ». Alors je regardais cette doctoresse, très jolie, très professionnelle, et je me suis dit bon, elle a eu un avortement, elle en a fait deux durant l'année passée sur sa fille, donc tout va bien, je ne fais rien de mal, c'est une doctoresse qui me le dit, et les médecins veulent le bien de leur patients. Donc je me suis dit cela dure cinq minutes, ne t'en fais pas. Là dessus entre l'infirmière, avec l'échographe, pour me faire, comme m'en informe la doctoresse, la dernière échographie pour savoir à quel mois de grossesse je suis. Allongée avec l'appareil sur l'abdomen, quelque chose en moi disait : regarde l'écran. Je me disais en me rappelant la première échographie : si le bébé s'est développé, je ne le fais pas. « Madame l'infirmière, je peux voir l'écran ? – Pourquoi veux-tu voir l'écran ? – Eh bien je veux voir si mon bébé s'est développé, s'il est grand ! – Bébé?! Mais Patricia, clairement, ce n'est pas un bébé, c'est un amas de cellules, tu ne fais rien de mal, ce n'est pas la peine de regarder l'écran ».

Pendant l'avortement je me dis : j'ai décidé de faire comme cela, l'avortement ne me traumatisera pas, je suis plus forte. Je me suis raidie et j'ai dit : je ne vais pas me mettre à pleurer ; je vais rester ici et je vais survivre aux cinq minutes que durera cet avortement, ça va vite passer. J'ai dû me bloquer pour pouvoir survivre à cet avortement : je ne me rappelle ni les instruments, ni la douleur, ni rien, seulement que mon cœur est devenu si dur, et je suis devenue ainsi parce que je ne voulais pas m'angoisser.

Avant de sortir de la clinique, la doctoresse m'a donné des contraceptifs « pour que tu prennes soin de toi et que tu puisses continuer à avoir des rapports sexuels protégés ». La seule chose que j'allais ressentir par la suite d'après elle serait des « coliques, un saignement et c'est tout : demain tu peux reprendre ton travail sans problème ».

A suivre

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