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La mutation exigée depuis quatre ans aux « traditionalistes »

A la veille du pèlerinage de Paris à Chartres, l’association Notre-Dame de Chrétienté a publié un long manifeste “Pour la Vérité, la Justice et la Paix” pour répondre aux polémiques diffusées par certains médias et prélats. Nous avions cité quelques extraits de ce long texte de 6 pages. A l’occasion des congés, nous vous proposons de le lire en intégralité, à tête reposée, en plusieurs parties. 1ère partie :

Les questions soulevées récemment à propos de l’usage liturgique du Vetus Ordo (ou liturgie tridentine) au pèlerinage de Chrétienté sont l’occasion d’apporter un éclairage sur l’histoire et l’esprit de notre pèlerinage, et plus largement de notre famille spirituelle attachée « aux formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine1 ». Nous regrettons que cette polémique ait été lancée à quelques jours du pèlerinage, des exigences inédites nous parvenant alors que toutes nos équipes sont à l’évidence dans une période d’intense activité pour achever les ultimes préparatifs de ce grand événement spirituel. Nous regrettons surtout qu’elle puisse brouiller le message essentiel que le pèlerinage se propose d’apporter à nos contemporains, à savoir ce magnifique témoignage public de foi, joyeux et pénitent, d’une chrétienté portée par l’espérance du Règne du Christ et avide d’annoncer le Christ dans un monde qui s’éloigne de Lui. Nous regrettons que des demandes d’entretiens proposées depuis des mois n’aient pu aboutir. Cette absence de dialogue franc et direct nous inquiète. De nouvelles restrictions, qui n’avaient jamais été imposées depuis le Motu Proprio Traditionis Custodes, sont aujourd’hui mises en avant, sans attendre les orientations du nouveau pontificat sur ce chantier délicat qu’est la place de la liturgie tridentine dans l’Église, car c’est bien de cela dont il s’agit. Mais peut-être vivons-nous en effet un « kaïros », un moment particulier à saisir, pour dépasser les vaines querelles et rechercher ensemble la paix qu’invoquait le pape Léon XIV le jour de son élection, fruit du Saint-Esprit qui sait franchir les impasses apparentes, « guérir ce qui est blessé, assouplir ce qui est raide, rendre droit ce qui est faussé » (Séquence de la Pentecôte). C’est le vœu sincère que formule l’association Notre-Dame de Chrétienté en développant les réflexions suivantes.

Une certaine simplification médiatique laisse à croire que toute la question se résumerait à autoriser ou non certains prêtres à célébrer le Novus Ordo pour leurs messes personnelles au pèlerinage. Mais en fait, ce n’est pas d’abord de cela dont il s’agit. Les courriers reçus par l’association sont très clairs : il nous est demandé de transformer en profondeur l’esprit de notre pèlerinage traditionnel, en faisant du Novus Ordo la norme, et du Vetus Ordo l’exception tolérée, soumise à l’autorisation de l’évêque du lieu ou du dicastère pour le culte divin. Or, c’est cette même mutation qui est exigée depuis quatre ans à toute notre famille spirituelle que l’on désigne (assez mal d’ailleurs) par le mot de « traditionalistes ». Car il faut replacer cette récente polémique, qui peut sembler anecdotique pour beaucoup, dans la perspective d’autres évènements que nous avons refusé de médiatiser pour ne pas durcir le dialogue que nous espérons avoir avec les autorités hiérarchiques. Cette année, pour le pèlerinage de Chartres comme pour de nombreux pèlerins venus de toutes nos provinces, des restrictions à l’usage de la liturgie tridentine se multiplient pour endiguer l’élan formidable des apostolats qui veulent œuvrer au service de l’évangélisation missionnaire des régions de France. L’accès à certains sacrements selon l’ancien rituel est limité voire interdit dans une partie des diocèses. Bien sûr, la portée de ces restrictions varie, selon la bienveillance de l’évêque du lieu, preuve en est qu’une lecture tolérante de Traditionis Custodes est possible. Mais dans certains diocèses pleuvent les décrets et les interdits, selon une application ultra-restrictive du Motu Proprio, avec une froideur juridico-canonique bien éloignée du « soin pastoral et spirituel des fidèles » qu’évoque ce même texte (art 3, § 4). Ce que l’on nous dit aujourd’hui en fait, c’est que la liturgie tridentine, en son unité rituelle, sacramentelle et spirituelle est un mal, une anomalie, dont il faut que l’Église guérisse et se purifie.

La Russie ne sait pas comment terminer cette guerre

Certains s’étonnaient que le général Burkhard, alors chef d’état major des armées, affirme que la Russie pourrait connaître une victoire tactique mais une défaite stratégique. Après 3 années et demi de combats, le journaliste Jean-Dominique Merchet, généralement bien informé dans les milieux militaires, affirme dans L’Opinion que selon les dirigeants russes :

 l’invasion de l’Ukraine en 2022 a été « une énorme connerie » dont ils ne savent pas comment s’en sortir. L’opération militaire spéciale de Vladimir Poutine a échoué dès les premiers jours et a plongé la Russie dans une vraie guerre. Or, on ne voit, pour l’heure, aucune issue, malgré les ofres de paix de Donald Trump.

Selon une source très informée sur la réalité russe, qui souhaite rester anonyme, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aurait même récemment avoué, lors d’une réunion à huis clos dans la région de Moscou, qu’« on a créé en Ukraine un monstre pire que la Pologne [l’ennemi héréditaire de la Russie] dont on ne sait plus quoi faire ». Au-delà des slogans sur la « dénazification » et l’affirmation de Vladimir Poutine selon laquelle Russes et Ukrainiens forment « un seul peuple », la direction russe constate que les Ukrainiens résistent à leur domination les armes à la main.

Sur la longue durée, la perspective d’une Ukraine nationaliste et anti-russe, puissante militairement et alliée de l’Occident, inquiète les cercles dirigeants à Moscou. Ils envisagent même une Ukraine dotée de missiles à longue portée et d’armes nucléaires. Un cauchemar pour les Russes. « Ils sont coincés » constate notre source. Le déploiement d’un contingent militaire européen, proposé notamment par la France, est une « ligne rouge » pour Moscou: « Pas question pour eux d’accepter des troupes de l’Otan » que Moscou considère comme la menace principale.

Méconnue en Occident, cette inquiétude pourrait expliquer le refus du Kremlin d’accepter les propositions de cessez-le-feu et de paix de Donald Trump. « Ils veulent la capitulation [de l’Ukraine] ou rien », assure notre source, selon laquelle le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov défend cette ligne dure, contrairement aux élites économiques ou au SVR, le service de renseignement extérieur, plus modéré. « L’offre de paix de Trump a fait l’objet de débats internes. Ils ont beaucoup hésité avant de refuser finalement. Pour Vladimir Poutine, le gel de la situation n’est pas une victoire. » Or, le Kremlin la veut, cette victoire. « Il estime que ce n’est pas le moment d’arrêter » alors que la dynamique militaire sur le terrain lui est plutôt favorable […]

6 août 1945, Hiroshima le compte à rebours – Les 116 jours qui ont changé le cours de l’histoire

1945-2025 il y a 80 ans, le monde basculait.

12 avril 1945, J-116 : Harry Truman, le Vice-président des Etats-Unis, reçoit un appel : Franklin D. Roosevelt est mort. Aux commandes de la première puissance mondiale, il découvre le projet Manhattan, mis en place pour développer la bombe atomique.
8 mai 1945, J-90 : Harry Truman annonce la capitulation de l’Allemagne. La guerre en Europe est terminée, mais le Japon continue de lutter.
28 mai 1945, J-70 : La pression monte pour Robert Oppenheimer, directeur scientifique du projet Manhattan : la bombe doit être testée avant la conférence de Potsdam, qui réunira Harry Truman, Winston Churchill et Joseph Staline, pour obtenir la capitulation du Japon.
16 juillet 1945, J-21 : Au Nouveau-Mexique, un spectaculaire champignon atomique s’élève à près de 12 000 mètres d’altitude. Le premier essai nucléaire est réussi.
28 juillet 1945, J-17 : Le Japon rejette l’ultimatum des Etats-Unis.
4 août 1945, J-2 : Hideko Tamura, 10 ans, attend avec impatience de rentrer chez elle à Hiroshima après des mois passés loin des attaques aériennes.
6 août 1945, 7 h 05 : le colonel Paul Tibbets se prépare à décoller à bord d’Enola Gay.

6 août 1945, 2 h 15 : l’équipage d’Enola Gay apprend ce qu’il transporte.
6 août 1945, 8 h 15 : Un éclair inonde l’avion d’une lumière blanche. Un gigantesque champignon nucléaire s’élève au-dessus de la ville qui est « anéantie. Trois jours après, une deuxième bombe atomique est larguée sur la ville de Nagasaki. Ces deux bombes portent un coup final à l’empire du Japon qui capitulera le 2 Septembre 1945. La seconde Guerre Mondiale est terminée, Les Etats-Unis sont alors propulsés au rang de super puissance. Et le XX° siècle vivra dans un régime de guerre froide, paralysé par la peur d’une nouvelle attaque atomique…

L’humanité ne sera plus jamais la même.

Stephen Vallet dans l’Homme Nouveau du 30 mai 2025 nous donne une recension intéressante. ” Il y aura quatre-vingts ans le 6 août prochain, la première bombe atomique au monde explosait au-dessus de la ville japonaise d’Hiroshima. Le 9 août suivant, une seconde bombe ravageait Nagasaki, faisant là aussi des milliers de morts, et détruisant tout l’environnement

Les deux auteurs de ce livre sont des journalistes qui savent merveilleusement faire vivre leur sujet, celui-ci fût-il aussi tragique que le déchaînement atomique. Ils débutent leur récit au moment où Harry Truman succède au président Roosevelt qui vient de mourir. C’est alors qu’il découvre le projet de fabrication d’une arme atomique.

Jour après jour, Chris Wallace et Mitch Weiss plongent leur lecteur dans les conciliabules militaires ou politiques, le font vivre dans le centre de recherche le plus secret au monde ou participer aux négociations entre Alliés, jusqu’à la décision finale du président Truman d’ordonner l’utilisation de la bombe atomique. Minute par minute, le lecteur suit enfin l’équipage dans sa mission sur Hiroshima. Très vivant et documenté, cet ouvrage n’en balaie pas moins un peu facilement les considérations morales et épouse sans recul ni regard critique la thèse du jusqu’auboutisme japonais. Dommage !

Plus d’informations et commandes sur LIVRES EN FAMILLE :
https://www.livresenfamille.fr/deuxieme-guerre-mondiale/28781-hiroshima-le-compte-a-rebours-les-116-jours-qui-ont-change-le-cours-de-l-histoire.html

Hiroshima, le compte à rebours, de Chris Wallace et Mitch Weiss, Editions Alisio, 384 pages, 23.90 €

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

Scouts de France : Marine Rosset se met en retrait de la présidence

Présidente des Scouts et Guides de France depuis juin 2025, Marine Rosset a été confrontée dès le mois suivant à une situation politique inattendue : l’annonce d’une élection législative partielle dans la 2ᵉ circonscription de Paris, à laquelle elle est liée en tant qu’élue locale et ancienne candidate.

Par ailleurs son militantisme LGBT faisant tâche dans un mouvement que se veut catholique, Marine Rosset a souhaité démissionner de la présidence des Scouts et Guides de France. Le conseil d’administration a pris acte de cette décision.

Pour accompagner cette période, une gouvernance collégiale a été élue par le conseil d’administration. Elle est composée de Pierre Monéger, président, et de Julie Lefort et Charles Le Gac de Lansalut, vice-présidents.

Marine Rosset reste membre du bureau associatif aux côtés de la nouvelle présidence.

L’épiscopat est, d’une certaine façon, la pire chose qui me soit arrivée

Extrait d’un entretien donné par Mgr Macaire, dominicain de la province de Toulouse, archevêque de la Martinique, à La Nef :

On ne cesse pas d’être dominicain quand on devient évêque. On l’est même un peu plus. D’abord parce que c’est au nom de l’obéissance qu’on est évêque. Jamais, le vœu d’obéissance que j’ai prononcé jadis au couvent de Marseille en 1995, n’a été aussi présent dans ma vie que pendant ces dix ans. Je reconnais que j’ai eu une vie (enfance, adolescence, vie professionnelle, vie religieuse) relativement idyllique. J’étais très conscient comme dominicain que j’étais en train de « manger mon pain blanc » dans la vie conventuelle et qu’un jour je devrais sacrifier ce bonheur.

Avouons-le franchement… l’épiscopat est, d’une certaine façon, la pire chose qui me soit arrivée. Mais il faut bien que l’Église demande ce sacrifice à certains ! Oui, mon regard a changé sur l’Église et sur le clergé. Je suis à la fois bien plus conscient de l’action de l’Esprit Saint dans l’Église, plus clairvoyant sur les faiblesses humaines de l’institution et totalement admiratif de ces hommes qui assument aujourd’hui la mission sacerdotale séculière, prêtres ou évêques. C’est là une forme singulière de martyre. On y risque sa vie (comme dans tous les martyres) mais on y risque aussi « sa peau », c’est-à-dire son équilibre psychologique, spirituel et même moral!

En termes de bilan, c’est difficile à dire. C’est vaste. J’ai davantage la certitude que l’Église est belle et détient les clés du Salut de ce monde. Elle est un phare pour la génération présente, les individus, les familles, les communautés… Mais elle reste parfois traversée par les fumées de Satan (comme l’a dit saint Paul VI) qui profite de la pusillanimité de ses membres, de ses divisions idiotes et de l’immaturité de certaines de ces structures.

Incendie près de Lagrasse

Un sérieux et très violent feu de forêt s’est déclenché dans l’Aude, dans le secteur de Lagrasse et Ribaute.
Plus de 1000 hectares ont déjà été brûlés.

Des évacuations sont en cours en urgence alors que des habitations et un camping sont menacés.

L’évolution du feu est “très rapide”, alerte la préfecture. Des centaines de pompiers combattent les flammes, qui se dirigent vers Tournissan et Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse et des centaines d’autres arrivent en renfort. Les autorités appellent à éviter le secteur et “ne pas surcharger les lignes d’urgence inutilement”.

“Le front de feu se compte désormais en kilomètres”, indique le sous préfet de l’Aude.

Les chanoines demandent de prier.

Le mystère de l’Abbé Pierre

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:

Récemment, j’ai eu l’occasion de me rendre à Paris, où j’ai pu goûter à l’une des villes que j’aime le plus. Mon amour pour Paris est lié à mon attachement à la culture française, à sa tradition catholique, à l’héritage musical que la France a offert au monde.
J’ai aussi pu visiter les nombreuses librairies qui parsèment les rues de Paris, ce qui fut pour moi une joie profonde, étant un bibliophile passionné. Dans l’une de ces librairies, j’ai acheté un livre récemment paru, intitulé Abbé Pierre : La fabrique d’un saint, écrit par les journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin.
Je dois dire que je connaissais la figure de l’Abbé Pierre de réputation, mais je ne l’avais jamais vraiment approfondie. J’ai également tendance à me méfier des livres qui cherchent à salir des figures célèbres, surtout lorsqu’elles sont entourées d’une réputation de sainteté. Je ne connais pas les auteurs de ce livre ni leur position à l’égard de l’Église catholique, mais face aux documents présentés et aux déclarations officielles — même catholiques — on est bien obligé de s’incliner.
Henri (ou Henry) Grouès (1912-2007), connu en religion comme l’Abbé Pierre, fut une figure centrale de l’Église catholique en France, inspirateur d’œuvres caritatives majeures au service des plus marginalisés, fondateur du mouvement Emmaüs. À l’Abbé Pierre, de nombreuses personnes désespérées doivent un nouveau départ, un logement, un emploi. À partir de 1988, et pendant 17 années consécutives, il est élu personnalité préférée des Français. En somme, une véritable icône, un modèle pour beaucoup.
Mais il y a un autre Abbé Pierre. Celui qui abusait de femmes venues à lui, pour satisfaire ses pulsions sexuelles incontrôlables. Il y a le jeune Abbé Pierre amoureux d’un enfant de chœur, puis d’un confrère au temps où il était capucin. Il y a l’Abbé Pierre qui, en voyage aux États-Unis en 1955, dut écourter son séjour à la demande de l’ambassadeur de France — le célèbre philosophe Jacques Maritain — car son comportement sexuel posait problème.
Il y a donc une sorte de mystère autour de cet homme capable de s’élever si haut, mais aussi de tomber si bas. Certes, certaines de ses relations sexuelles ont pu être consenties, mais beaucoup, selon les témoignages, ont été imposées à des victimes, parfois mineures.
Interrogé par un journaliste du Monde lors du vol retour de Singapour, le pape François a dû admettre que le Vatican connaissait les « débordements » de l’Abbé Pierre, du moins depuis sa mort en 2007. Mais le pape ajouta ne pas savoir si cette connaissance remontait à une période antérieure.
Le livre, s’appuyant sur une documentation assez détaillée, offre une réponse : le Vatican était informé depuis des décennies des comportements privés de l’Abbé Pierre, tout comme les évêques français. Il faut reconnaître que certains ont tenté de l’arrêter, mais sans succès. Cette affaire me fait penser à une expression du monde économique : too big to fail, trop important pour être inquiété. En effet, l’Abbé Pierre était une personnalité trop en vue pour être touchée.
Cela soulève évidemment des questions éthiques majeures, qui concernent non seulement la respectabilité de l’Abbé Pierre, mais aussi celle de l’Église catholique qui, de fait, a couvert celui que l’on peut qualifier — selon moi — de « prédateur », en le laissant poursuivre ses abus sexuels.
Une question posée par l’une des victimes, citée dans le livre, m’a profondément marqué. Elle est d’ailleurs reprise par les autrices en quatrième de couverture : comment un homme qui a fait tant de bien a-t-il pu faire le mal ?
Tout d’abord, il faut dire que cette question est mal posée. Même les plus saints peuvent commettre des actes injustes, faire du mal. Les plus saints doivent eux aussi affronter les conséquences du péché originel.
Je crois qu’il vaudrait mieux poser la question ainsi : comment un homme qui a fait tant de bien a-t-il pu faire tant de mal ?
Car le problème de l’Abbé Pierre, si l’on en croit les témoignages, n’est pas celui d’une chute occasionnelle, mais bien d’un comportement prédateur, répété sur des décennies, et souvent imposé à des personnes qui le considéraient comme un homme de grande sainteté.
Comment, alors, regarder le bien incontestable qu’il a fait à la lumière de ce que nous savons désormais ?
Dans un communiqué du 17 juillet 2024, Emmaüs International a reconnu que l’Abbé Pierre avait commis des abus sexuels de 1970 à 2005 — soit sur 35 ans — mais le livre mentionne des faits antérieurs à cette période. Il est inconcevable que ses proches n’aient rien su. Le même communiqué indique que les accusations n’étaient connues que depuis 2023, et que cela avait changé la manière dont le fondateur était perçu au sein du mouvement.
Je comprends à quel point il est difficile de sortir d’une affaire aussi scabreuse, mais je pense que la réflexion ne doit pas concerner uniquement Emmaüs : elle doit s’élargir à l’Église toute entière, qui connaissait les comportements de ce prêtre, ses pulsions incontrôlables, pour lesquelles il avait même été hospitalisé dans une clinique suisse. En réalité, les troubles sexuels de l’Abbé Pierre s’apparentent moins à une recherche volontaire de relations, qu’à des compulsions pathologiques. Cela dit, le fait qu’il n’ait pas été empêché de nuire reste très grave.
Une réflexion sérieuse s’impose donc : comment un homme de cette renommée a-t-il pu agir ainsi pendant plus de 50 ans ?
Voyons les choses du point de vue des victimes. Beaucoup témoignent d’un conflit intérieur entre le rejet de ce qu’elles subissaient et l’aura quasi mystique de l’Abbé Pierre. Elles se trouvaient face à un dilemme émotionnel qui, souvent, les réduisait au silence. Cela peut sembler étrange, mais il est difficile de comprendre ces réactions si l’on n’a pas soi-même vécu une telle situation. Malheureusement, ce conflit intérieur conduit presque à l’impossibilité d’agir.
De l’autre côté, il y a les organisations (l’Église catholique, Emmaüs, etc.) qui auraient dû intervenir pour empêcher ces situations. Dans ce cas, il n’y a évidemment pas de facile absolution.
Je pense comprendre que le choix de ne pas agir visait à protéger l’œuvre si précieuse que l’Abbé Pierre avait construite. Était-ce une bonne décision ? Peut-être pas. Mais intervenir dans de telles situations est toujours extrêmement complexe.
Ce qui est sûr, c’est que l’on éprouve de la répugnance à l’idée que si peu ait été fait pour empêcher cet homme d’abuser autant de femmes.
Là encore, un autre conflit émotionnel se présente à nous : d’un côté, notre attachement à l’Église catholique, de l’autre, la constatation de ses limites, du moins humaines.
Malheureusement, l’histoire de l’Abbé Pierre est loin d’être un cas isolé. L’Église doit faire face à l’indignité de bon nombre de ses enfants, et le successeur de Pierre doit gouverner une barque secouée par la tempête, tout en affrontant aussi l’indignité de certains de ses collaborateurs.

La Transmission …une faillite française

Depuis la guerre de 1870, la France n’a eu de cesse d’appuyer l’éducation des générations à venir sur les dangers du passé. Elle éveillait les consciences et formait les esprits dans une transmission. Les uns parlaient de cette guerre aux générations qui durent subir celle de 1914-1918. Celles-ci transmirent le danger de la guerre aux futurs combattants de 1940-1945. Ceux-là même transmirent à leur tour, éduquèrent à leur tour à ma génération. C’était facile. Le nombre astronomique de soldats tués, l’holocauste, le comportement des combattants japonais …et celui de l’armée rouge lors de sa reconquête de la Pologne et surtout de l’Allemagne nous firent prendre conscience des méfaits et des crimes dont les hommes et les idéologies sont capables.

Quant à nous …Nous avons transmis le ‘Plus jamais ça !’ Et il le fallait faire, ô combien !

Nous avons transmis aussi la crainte de l’expansionnisme soviétique et communiste …mais sans en subir grandement les effets. Pire, parallèlement à cette crainte, la décolonisation, le Concile Vat II, la laborieuse construction européenne et celle de l’État d’Israël occupaient l’actualité.

Et nous avons failli.

Nous avons failli parce que hormis le ‘Plus jamais ça !’, des forces de gauche niaient nos autres craintes, nos points de structuration de l’esprit. Elles niaient que le communisme soit une horreur absolue… Elles affirmaient que toutes les civilisations ou toutes les religions se valent, etc. Elles ont participé et même crée la déstructuration des consciences.

Notre faute à nous, la Droite, est de l’avoir laissé agir : Nous leur avions laissé la culture et l’éducation. Nous avons laissé aux pieds rouges et aux mouvements marxistes la possibilité d’éduquer et d’enseigner. Culpabilisés par la colonisation au lieu que d’en être fiers, nous avons ouvert les portes de notre maison et abaissé la herse de la conscience des générations suivantes. La herse qui dût les prémunir contre le communisme, contre le ‘tout se vaut’, contre ‘l’interdit d’interdire’. Nous l’avons aussi baissée contre la barbarie de la charia dans les sociétés où régnait l’Islam …et contre son antisémitisme congénital.

La herse qui nous fit nous révulser devant tout cela …n’était plus. L’espérance de la Paix, les ‘bénéfices de la Paix’, chers à Fabius et à d’autres, avait désarmé les consciences.

Nous n’avions pas de pétrole …mais des idées, disait-on. Des idées de lutte contre des moulins à vent peut-être ? L’idée de ne pas laver trop souvent son linge de corps ? De comprendre qu’un encombrant ne part pas par magie à la déchetterie… Quel riche enseignement ! Nous avions aussi l’idée de nous laver les mains plus souvent ? De ne pas trop chauffer sa maison ? De… Ah oui, nous en avions une qui gouvernait tout et gouverne tous encore : lutter contre le réchauffement climatique. Quelle crétinerie quand on sait que seul le soleil et les volcans sont à l’origine des cycles de froidure et de chaleur ! La parole scientifique, la réalité anatomique des êtres vivants, …l’académie des sciences, celles de médecine elle-mêmes étaient mises au rebut de la transmission.

La transmission …une faillite française ! Charles Rojzman, un grand philosophe juif et enseignant, en fit le constat amer. Je le cite :

“𝘓𝘢 𝘱𝘭𝘶𝘱𝘢𝘳𝘵 𝘥𝘦 𝘮𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘴-𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵𝘴 𝘢𝘥𝘩𝘦̀𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘶 𝘳𝘦́𝘤𝘪𝘵 𝘥𝘰𝘮𝘪𝘯𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘗𝘢𝘭𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯𝘦. 𝘜𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵𝘦𝘴 𝘧𝘪𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘢 𝘮𝘪𝘴 𝘶𝘯 𝘥𝘳𝘢𝘱𝘦𝘢𝘶 𝘱𝘢𝘭𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯𝘪𝘦𝘯 𝘦𝘯 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘪𝘭 𝘍𝘢𝘤𝘦𝘣𝘰𝘰𝘬. 𝘔𝘢 𝘯𝘪𝘦̀𝘤𝘦 𝘥𝘰𝘶𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘫𝘶𝘴𝘵𝘦𝘴𝘴𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦 𝘥’𝘐𝘴𝘳𝘢𝘦̈𝘭 𝘦𝘵 𝘴’𝘪𝘯𝘥𝘪𝘨𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 « 𝘨𝘶𝘦𝘳𝘳𝘦 𝘪𝘯𝘩𝘶𝘮𝘢𝘪𝘯𝘦 » 𝘲𝘶𝘦 𝘮𝘦̀𝘯𝘦 𝘛𝘻𝘢𝘩𝘢𝘭 𝘢̀ 𝘎𝘢𝘻𝘢.
𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦 𝘶𝘯𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴𝘴𝘦 𝘰𝘤𝘤𝘪𝘥𝘦𝘯𝘵𝘢𝘭𝘦 𝘢𝘪𝘵 𝘱𝘶 𝘴𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦𝘳, 𝘯𝘰𝘯 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭’𝘪𝘥𝘦́𝘰𝘭𝘰𝘨𝘪𝘦, 𝘤𝘦 𝘮𝘰𝘵 𝘦𝘴𝘵 𝘵𝘳𝘰𝘱 𝘯𝘰𝘣𝘭𝘦, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘳𝘦𝘭𝘪𝘨𝘪𝘰𝘯 𝘮𝘰𝘭𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘭’𝘪𝘳𝘳𝘦́𝘦𝘭, 𝘰𝘶̀ 𝘭𝘦 𝘳𝘦́𝘦𝘭 𝘯𝘦 𝘴’𝘪𝘮𝘱𝘰𝘴𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴, 𝘰𝘶̀ 𝘭’𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘯’𝘦́𝘤𝘭𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴, 𝘰𝘶̀ 𝘭𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘥𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘤𝘦 𝘧𝘢𝘯𝘵𝘢𝘴𝘮𝘦 𝘦́𝘨𝘢𝘭𝘪𝘵𝘢𝘳𝘪𝘴𝘵𝘦 𝘰𝘶̀ 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘴𝘦 𝘷𝘢𝘶𝘵, 𝘰𝘶̀ 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘯’𝘢 𝘳𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯, 𝘴𝘢𝘶𝘧 𝘤𝘦𝘭𝘶𝘪 𝘲𝘶𝘪 𝘤𝘳𝘪𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘧𝘰𝘳𝘵 ?
𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶’𝘦𝘯 𝘶𝘯 𝘥𝘦𝘮𝘪-𝘴𝘪𝘦̀𝘤𝘭𝘦, 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘰𝘺𝘰𝘯𝘴 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦́𝘴 𝘥𝘶 𝘵𝘳𝘢𝘨𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘢𝘶 𝘴𝘭𝘰𝘨𝘢𝘯, 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘭𝘶𝘤𝘪𝘥𝘪𝘵𝘦́ 𝘪𝘯𝘲𝘶𝘪𝘦̀𝘵𝘦 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘴𝘰𝘶𝘮𝘪𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘦𝘶𝘨𝘭𝘦, 𝘲𝘶’𝘶𝘯𝘦 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴𝘴𝘦, 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘦́𝘥𝘶𝘲𝘶𝘦́𝘦, 𝘧𝘰𝘳𝘮𝘦́𝘦, 𝘰𝘶𝘵𝘪𝘭𝘭𝘦́𝘦, 𝘱𝘶𝘪𝘴𝘴𝘦 𝘳𝘦𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘢̀ 𝘭’𝘶𝘯𝘪𝘴𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴 𝘥’𝘰𝘳𝘥𝘳𝘦 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘯𝘦 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥 𝘱𝘢𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘧𝘪𝘨𝘶𝘳𝘦𝘴 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘯𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘯𝘢𝘪̂𝘵 𝘱𝘢𝘴, 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘢𝘶𝘴𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘯𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘭’𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦 𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦́𝘦 𝘥’𝘶𝘯 𝘯𝘪𝘩𝘪𝘭𝘪𝘴𝘮𝘦 𝘣𝘪𝘦𝘯-𝘱𝘦𝘯𝘴𝘢𝘯𝘵 ?”

On répondra à Monsieur Rojzman que “Non, la jeunesse n’est pas formée ni outillée !” Elle ne l’est plus car la société a refusé de transmettre.

Il est temps que ceux qui savent retrouvent le courage de parler… D’enseigner… Et de dénoncer les balivernes wokistes et nihilistes, les foutaises et les malfaisances wokillistes. Voilà mon appel : Sauver en transmettant ce que l’on croit et qui nous structure.

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

La prière ou le don des larmes : savoir pleurer !

Chronique scoute d’Hermine qui paraît dans la livraison d’Europa Scouts de l’été 2025 :

Si (sou)rire est le propre de l’homme (1), pleurer certainement aussi. Non les larmes de crocodile ou celles, indignes, du lâche et du pleutre ! Mais celles, authentiques, d’émerveillement ou de chagrin, qui montent aux yeux de l’animal spirituel en certaines occasions, comme une prière (2). Larmes indissociables de désolation et de consolation, les premières appelant les secondes (3). Elles le renvoient alors à sa dimension d’être vulnérable, précaire, blessé par le péché originel, capable d’une pieuse émotion dans ses bonheurs et ses malheurs terrestres ainsi assumés. Charles Baudelaire lui-même le reconnaît de cette manière édifiante :

« Car c’est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
« Que nous puissions donner de notre dignité
« Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
« Et vient mourir au bord de votre éternité ! »

(Les Fleurs du Mal, “Les Phares”)

Les larmes des hommes touchent le Cœur de Dieu, dont le nom est Miséricorde, car elles lui appartiennent, commente le père Jean-François Thomas (dans Aleteia). On évoque justement le mot qu’Ernest Hello attribue à sainte Rose de Lima : « Les larmes sont à Dieu, et quiconque les verse sans songer à lui, les lui vole » (Paroles de Dieu, “Les larmes dans l’Écriture”). « La Providence est un Pactole de larmes », qui pèse sans mesure dans « la balance du Juge des douleurs humaines », traduit autrement Léon Bloy …

Dans ces véritables moments d’exception, ne retiens pas tes larmes par fausse pudeur ou respect humain ! C’est en effet une force, dont se prive l’orgueil, de bien vouloir admettre qu’on a besoin d’être consolé par un Amour supérieur. Les larmes ne sont pas l’apanage des femmes. Jésus lui-même, à plusieurs reprises, nous en a donné l’exemple. Et Il nous a confié cette béatitude révélatrice, qui arrose en quelque sorte toutes les autres en cette vallée de larmes baignée par son amour rédempteur : – Heureux ceux qui pleurent car ils seront consolés !

– Ne pleure pas (Lc 7, 13), anticipe pour ainsi dire Notre Seigneur à la vue de la veuve de Naïn, en deuil de son fils unique qu’Il ressuscite et « remet à sa mère », touché de compassion pour elle ; comme Il le sera aussi pour Jaïre implorant la guérison de sa fille (Lc 8, 40-56). « Dans notre exil, nous soupirons, mais nous rencontrons parfois des compagnons qui ont vu la cité sainte (où Dieu essuiera toute larme, il n’y aura plus ni deuil, ni plainte, ni fatigue : Ap 21,4) et qui nous invitent à y courir », explique pour sa part saint Augustin.

« Celui qui sème dans les larmes récoltera dans la joie », nous prévenait déjà le psaume 125. Saint Pierre en a fait l’expérience singulière dans sa déloyauté même, à la différence de Judas. En entendant le chant du coq, il a eu honte et s’est repenti aussitôt : la source de ses larmes jaillit d’un cœur de chair broyé mais déjà pardonné, réconcilié au Cœur transpercé de Jésus. Qui donnera le premier chef de l’Eglise et le martyr que l’on sait.

On pourrait dire de ce don des larmes ce que nous disions du don des mérites dans la communion des saints (cf. Europa Scouts n° 156) : comme aucun de nos sacrifices, aucune de ces larmes précieuses (qu’elle soit versée pour une souffrance crucifiante ou pour une joie illuminée) n’est perdue ni perdante. « Elle est recueillie et versée dans le calice du Sang du Maître comme cette goutte d’eau de l’offertoire qui nous rend participants à la divinité de Celui qui a épousé notre humanité » (P. Thomas). Mystérieuse confraternité des larmes !

Paradoxalement, au lieu de nous rebeller ou de nous désespérer, ces sanglots libérateurs qui nous échappent parfois des entrailles peuvent apaiser et purifier notre cœur de pierre bien friable, dans une étonnante correspondance tant immanente que transcendante. Ces larmes nous font redevenir comme des petits enfants fragiles et transparents, ces “tout-petits” au sens évangélique du terme, confiants et dépendants dans leur affection, pleins d’abandon et d’humilité. Elles expriment une compréhension imperceptible, une intuition indicible aussi fugitive soit-elle, comme une conscience infuse, du lien intime de nos amours terrestres avec ce souverain Bien trinitaire : Père maternel, Verbe fraternel et Esprit consolateur, cet Amour infini, personnel et créateur, qui nous a aimés le premier (I Jn 4,19). Comme un morceau angélique de très belle musique, ces larmes adoucissent nos trop dures et parodiques mœurs humaines. Le don des larmes est une grâce. Une grâce de communion. Un échange de dons…

Une école de conversion

Des lamentations des psaumes aux larmes de Notre Dame dans ses apparitions, en passant par les pleurs des plus grands saints (de Marie-Madeleine à Monique sans oublier François et Dominique…), les larmes douces ou amères, de peine ou de joie, de déréliction ou de contemplation (devant la beauté de la créature ou de l’œuvre d’art), de nostalgie ou de retrouvailles, de componction ou de contrition… sont une école de conversion. Comme « il est nécessaire de faire l’éducation de nos sourires » (Clément d’Alexandrie), il faut faire celle de nos larmes. Apprendre à pleurer, c’est quelque part apprendre à mourir, se convertir, « mouiller à la grâce » (Péguy), c’est-à-dire se disposer à bien rencontrer notre Rédempteur.

Même s’ils ne se distribuent pas de la même manière et à égalité, les deux (sourires et larmes) sont au reste du même genre de “discipline”, d’ascèse et de spiritualité, par leur vertu d’apaisement et de calme, de force et de douceur. Dans leur volonté d’apporter le Christ, les « porteurs de sourire » (Guy de Larigaudie) ne tardent jamais à être de vrais porteurs de larmes et inversement. Leur bonheur a inévitablement une croix. Pensons notamment à notre petite sœur louvette Anne-Gabrielle Caron (morte d’un cancer osseux), dont le sourire radieux et légendaire répondait à combien de larmes versées sur fond de joie chrétienne. « Seule une larme coule au moment où elle quitte ce monde. Une larme de joie ? En voyant le Ciel, sublime fin de son calvaire offert avec tant de charité et de courage », a écrit Daniel-Ange.

ENCADRE

« Un jour, alors qu’elle contemple une image du Christ en croix, elle s’écrit : “Non, c’est trop !” Sa maman, croyant qu’elle a un accès de douleur, s’approche. Mais Anne-Gabrielle lève alors la tête, des larmes pleins les yeux et la regarde avec détresse, elle explicite : “Jésus. Il a trop souffert.”(…)

Quand, la voyant si malheureuse de perdre ses cheveux, je lui dis : “Très sincèrement, ma chérie, si je pouvais perdre mes cheveux à ta place, je le ferais tout de suite”, elle sourit, touchée. Honnêtement, je continuai : “Je ne peux pas dire que je voudrais être malade à ta place car je ne sais pas si je pourrais supporter tout ce que tu supportes (surtout, ce que je ne lui dis pas, c’est que j’étais sûre, moi, de ne pas être prête du tout à paraître devant Dieu – contrairement à elle).” Elle sourit encore.

“ Mais cela me rend vraiment malheureuse de voir que l’on ne peut rien faire pour toi.

  • Mais vous faîtes déjà beaucoup.
  • Que fait-on, ma chérie ?
  • Vous m’aimez. » (…)

Les derniers jours, elle est paralysée, ne peut plus bouger, ni voir. Elle ne peut même plus sourire complètement. Son plus grand regret est de “ne plus pouvoir faire de vrais baisers”. Quand elle se croit seule : “Jésus, Jésus, j’ai mal partout.” Elle appelle Jésus à son secours, doucement, comme un ami. »

(D’après le journal intime de ses parents)

Sans en abuser dans un sentimentalisme, un romantisme ou un misérabilisme de mauvais aloi, apprenons donc à pleurer sincèrement quand les larmes montent aux yeux (fenêtres) de l’âme et viennent comme une prière et une offrande spirituelle. Si la guide ou le scout peuvent être des « semeurs de joie » (Larigaudie), c’est parce qu’ils donnent et se donnent en souriant mais aussi, quelque fois et plus rarement, en pleurant hardiment.

Hermine (Rémi Fontaine)

  • « Semer du sourire » dans Parole de scout, éditions Sainte-Madeleine, p. 133.
  • Dans Une larme m’a sauvée (Les Arènes), Angèle Lieby témoigne comment une larme précisément peut témoigner de la dignité inamissible de l’être humain, fut-il plongé dans un état comatique prétendument “végétatif ”.
  • « Seigneur, je pleure très souvent. Est-ce de tristesse en songeant à ce que je souffre ? Est-ce de joie en me souvenant de vous ? Comment démêler cela et comment ne pas pleurer en essayant de le démêler ? » Léon Bloy.

La fausse affaire des fosses canadiennes

Editorial de Yann Le Coz dans la revue de l’AFS :

En mai 2021, un an avant la visite pastorale de François au Canada, la révélation d’un “scandale” enflammait les médias internationaux : l’Église en était l’accusée. En 2025, tout tombe à l’eau, sans rectification des médias de grand chemin ou des politiciens exploiteurs de la veine. C’était l’affaire des “pensionnats autochtones”.

• La fausse fosse

Un radar à pénétration de sol avait permis, était-il affirmé, la découverte sous terre d’une fosse contenant les corps de 215 écoliers à proximité d’un pensionnat autrefois tenu par des religieux catholiques canadiens. Quelques semaines plus tard, était annoncée la découverte de quelques 700 tombes anonymes près d’un autre pensionnat… Aussitôt, dans une déclaration télévisée, Justin Trudeau, alors chef du gouvernement, avait déclaré :

Je demande aux catholiques à travers le pays de parler à leurs prêtres, de parler à leurs évêques, de passer le message qu’il est temps que l’Église catholique reconnaisse sa responsabilité, sa part de culpabilité.

Il n’en fallait pas plus pour que l’hallali soit sonné. L’Église était coupable de crimes : « extinction culturelle des autochtones », « rapt des enfants amérindiens », « fosses communes de la honte », « génocide culturel »… Dans la foulée, s’ensuivirent incendies d’églises et vandalisme contre le patrimoine catholique. Si bien qu’un an plus tard, la visite pastorale de François devint, sous la férule de Trudeau, un parcours “repentance” auprès des familles des disparus et des anciens des pensionnats pour des crimes sans réalité. En effet le gouvernement canadien a mis fin le 31.03.2025 au financement du National Advisory Committee mis en place par Trudeau pour enquêter, après une dépense en trois ans de plus de 200 millions de dollars. Ni charnier, ni fosse commune….

Des précisions sont ici nécessaires pour des lecteurs européens, qui n’ont peut-être pas entendu parler de cette nouvelle charge lancée contre l’Église que lorsque les médias de grand chemin ont vu l’occasion de la salir une fois de plus.

• En finir avec le problème indien

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le gouvernement canadien d’Ottawa mit en œuvre une politique d’assimilation forcée des populations indigènes. L’éducation fut choisie pour en être une des voies privilégiées ; confiée aux institutions religieuses, leurs pensionnats (Residential schools) accueillirent les enfants amérindiens au nom de l’État, qui en assurait le financement. En quelques 130 ans, près de 150 000 enfants furent accueillis dans les établissements religieux des provinces. Pour les autorités religieuses, il s’agissait, en christianisant, de faciliter l’accès à la société eurocanadienne aux amérindiens (inuits, métis). Selon les autorités publiques canadiennes, l’éducation permettait de régler le problème indien, objectif brutalement énoncé par Duncan Campbell Scott en 1920, qui pensait ainsi “tuer l’Indien au cœur de l’enfant”. Bien des voix catholiques s’étaient insurgées au XIXe siècle contre le fait de retirer les enfants de leurs familles. Mais, ainsi que l’écrit un de nos correspondants québécois, en les coupant ainsi de leur culture et de leurs traditions, « le Canada a contrevenu à la loi naturelle en forçant l’acculturation des enfants. L’Église n’a pas considéré l’importance de maintenir l’attache à la culture autochtone et cela s’est retourné contre elle. »

Par ailleurs, le gouvernement fédéral, par un sous-financement, de plus sporadique, établi en fonction du nombre d’élèves, encouragea le gonflement des effectifs avec les conséquences inévitables sur les conditions de vie des enfants. Au point que :

En 1907, le Dr Peter Henderson Bryce, médecin hygiéniste en chef du Canada, soumet un rapport au ministère des Affaires indiennes (souvent appelé “Rapport Bryce”, mais officiellement “Report on the Indian Schools of Manitoba and the North-West Territories”), qui révèle que les conditions de vie insalubres et surpeuplées dans les pensionnats promeuvent la prolifération des maladies. C’est notamment le cas de la tuberculose, qui tue de nombreux élèves autochtones. Malgré ces révélations-chocs, Duncan Campbell Scott ignore le Rapport. En 1920, il modifie la Loi sur les Indiens pour forcer tous les enfants autochtones de 7 à 15 ans à fréquenter les pensionnats autochtones.

• Leçons d’un montage politico-médiatique

“L’affaire des pensionnats autochtones” et du traitement des populations indigènes ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la fin du siècle dernier, les autorités tant politiques que religieuses avaient fait amende honorable, reconnaissant des erreurs et des pratiques qu’aujourd’hui on ne peut comprendre et accepter. Mais il semble bien qu’elle ait été pour Trudeau l’occasion de masquer bien des difficultés personnelles – qui expliqueraient son récent départ – en faisant porter à l’Église les conséquences d’une décision qui était du ressort de l’État canadien.

À partir d’un événement d’importance réelle, l’affaire des pensionnats aujourd’hui est une remarquable orchestration de tous les procédés de désinformation et propagande. Malheureusement, François, en battant la coulpe de ses prédécesseurs, a joué le rôle de caisse de résonance au mensonge et à la calomnie, à la grande joie des ennemis de l’Église.

Ainsi que le note le correspondant québécois :

La réalité est que nous avons une population qui peine à se retrouver sur le plan identitaire (…). Les protestants ont continuellement cherché à diviser le pays, voire à détruire les identités catholiques et autochtones (…). Le Canada se trouve donc toujours avec son incapacité à unir les divers peuples sous une bannière, ce que seule l’Église peut faire.

Cela ne paraît pas possible aujourd’hui !

Pour l’heure, aucune repentance envers l’Église n’est en vue de la part du successeur de Justin Trudeau, Mark Carney, nouveau chef du gouvernement. Pourtant, malgré les erreurs qui ont pu être faites, les témoignages des services qu’elle a rendus sont innombrables. Mais les médias de grand chemin n’en parleront pas, aveuglés par l’idéologie ou la paresse d’y voir de plus près.

Yann Le Coz

Paris vaut bien une messe

D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Ces dernières semaines, j’ai eu la chance de séjourner à Paris, de visiter ses magnifiques musées et de profiter d’une des villes qui me tiennent le plus à cœur.
Le dimanche, je suis allé à la messe dans des paroisses ordinaires, et dans chacune de ces célébrations il y avait un organiste très compétent — manifestement un professionnel — ainsi qu’un chantre qui guidait le chant de l’assemblée.
J’ai visité de nombreuses églises à Paris et j’ai été impressionné par leur beauté et leur grandeur. Toutes possédaient un orgue à tuyaux fonctionnel, parfois même deux.
On m’a dit que la participation aux sacrements en France, comme un peu partout d’ailleurs, est en déclin. En effet, les églises n’étaient pas pleines, mais dans les deux messes auxquelles j’ai assisté, il y avait plus d’une centaine de personnes. À Rome, on dépasse rarement les trente fidèles à la messe.
Comme je l’ai dit, l’orgue était très bien joué et le chantre chargé de guider l’assemblée avait une belle voix et remplissait sa mission avec discrétion. Dans les deux paroisses où j’ai assisté à la messe, l’assemblée participait activement au chant. Lors de ces célébrations, à la fin du mois de juillet, il n’y avait pas de chœur, ce qui n’est pas étonnant en pleine saison estivale.
La qualité des chants m’a semblé très bonne et tout le service musical était assuré par des laïcs. Les prêtres se consacraient à leur rôle de ministres de l’autel. Bien sûr, cela ne veut pas dire que la France n’a pas de problèmes en ce qui concerne la foi catholique ou la liturgie, mais je dois dire que la différence avec ce que je vis à Rome est vraiment frappante.
Il suffit de penser qu’à ces messes, il n’y avait qu’un bon organiste et un bon chantre. Et pourtant, malgré la simplicité des moyens, tout fonctionnait parfaitement. Ce qui m’a frappé, c’est que les anciens organistes sont parfois commémorés par des inscriptions gravées dans l’église ou mentionnés dans les descriptifs destinés aux visiteurs. On sent que l’organiste est considéré comme une véritable institution.
J’ai peut-être eu de la chance d’assister à deux messes où le service musical était assuré avec une telle dignité, mais il est rare que je vive une expérience semblable à Rome.

Une réédition très attendue : le Missel de Dom Gaspar Lefebvre – Tirage limité

LE MISSEL DOM LEFEBVRE :

” En 1920, Dom Gaspar Lefebvre lance en fascicules son Missel quotidien et vespéral, dont la première édition en volume paraît en 1921. Il va réaliser progressivement dix-huit versions adaptées chacune à des publics différents. Le succès est énorme : en trois ans, plus de 100 000 exemplaires de la première édition se vendent. Il y aura en tout plus de quatre-vingts éditions, ainsi que des versions en langues étrangères (anglaise en 1924, espagnole en 1930, polonaise en 1931, italienne en 1936, portugaise en 1939, etc.). Il existera aussi de nombreuses éditions avec le propre diocésain, ou avec celui de telle ou telle congrégation. Il est ainsi possible que, sous ses diverses formes, les ventes du Missel Dom Lefebvre se soient chiffrées en millions.

Ce missel a pour objet de faire connaître et aimer la liturgie, selon son sens traditionnel et avec toutes ses richesses théologiques et spirituelles, et d’aider à mieux s’unir au mystère du Christ s’immolant sur l’autel pour la gloire de son Père et le salut des âmes. La présentation en est claire et très pédagogique, ce qui explique son succès durable et sa popularité, malgré la profusion d’autres missels qui parurent dans son sillage, sans atteindre cependant sa qualité.” Source : Fraternité Saint Pie X.

Voilà donc une réédition très attendue !

Une nouvelle édition soignée, entièrement recomposé, revue et mise à jour selon les rubriques de 1955 (Saint Pie X) avec en annexes les changements ultérieurs jusqu’en 1958 (Semaine Sainte réformée de Pie XII, fête de St Joseph Artisan…)

Latin-français
Musique en notation Grégorienne (carrée)
Propre de France, du Canada et de la Belgique.

Plus d’informations – Photos intérieur et extérieur-, sur LIVRES EN FAMILLE :
https://www.livresenfamille.fr/10508_dom-gaspar-lefebvre

La librairie au service de la famille…

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

“Je vais devoir vivre avec ce corps mutilé toute ma vie”

Trompée par les idéologues du genre, Lyo est ce qu’on appelle une femme “detrans”, c’est-à-dire qu’elle a transitionné, puis arrêté sa transition “de genre” pour finalement accepter son sexe de naissance. Elle raconte son parcours afin d’alerter sur les dangers des transitions de genre :

Le clergé angevin face à la Constitution civile du clergé

Extrait de la Petite chronique historique de l’Anjou chrétien consacrée aux prêtres confesseurs de la foi sous la Révolution :

Lors de la Révolution, les membres du clergé, premier ordre du royaume de France, vont, en l’espace de trois ans, être assujettis à un serment envers la Constitution civile du clergé et, pour les réfractaires, être destitués, pourchassés, persécutés, exilés et finalement mis à mort. Les prêtres constitutionnels eux-mêmes sont contraints d’abandonner l’exercice du culte à partir du 7 novembre 1793.

Le clergé angevin face à la Constitution civile du clergé

Dans le diocèse d’Angers, les trois quarts des mille cinq cents prêtres refusent de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Mais le clergé régulier est beaucoup moins résistant : les deux tiers abandonnent la vie religieuse, minée depuis longtemps par la commende, le jansénisme et sa répression, la philosophie et surtout l’œuvre de la Commission des réguliers (1766-1780). À Angers, à l’abbaye Saint-Aubin, quatorze religieux sur seize prêtent le serment, à Bellefontaine, trois sur quatre, à Fontevrault et Notre-Dame des Gardes, la totalité. Dans les Mauges, la quasi-totalité des prêtres séculiers refuse le serment. Ils sont soutenus par la grande majorité des fidèles qui s’oppose à leur remplacement par les « intrus », élus par les nouvelles autorités. Le pape Pie VI, dans son bref du 13 avril 1791, recommande aux fidèles de n’avoir avec eux aucune communication dans les choses sacrées ! Aussi sont-ils souvent, dès le printemps de 1791, installés par la force armée. Dans le département du Maine-et-Loire, le 3 septembre 1791, les administrateurs demandent à la nouvelle Assemblée législative une loi pour écarter les prêtres réfractaires. Après l’acceptation par Louis XVI de la Constitution civile du Clergé, ils reviennent sur leur décision et, le 16 septembre 1791, ils libèrent les détenus de la rue Courte, à Angers. Mais le 4 novembre, ils dénoncent des rassemblements de trois ou quatre mille hommes armés qu’ils attribuent aux prêtres réfractaires, traités de fanatiques. Le 21 novembre, un décret de l’Assemblée législative considère tous les prêtres insermentés comme des révoltés passibles de la prison. Par un arrêt du 1er février 1792, leur rassemblement et leur enregistrement quotidien à Angers est exigé. Logés au début chez l’habitant, ils sont, à partir du dimanche 17 juin, enfermés au nombre de trois-cents-soixante-dix au petit séminaire. Cent trente réussissent à échapper à cet enfermement, tel Élie Beurrier, vicaire à Chanzeaux. Les mêmes administrateurs réclament ensuite une loi de déportation. […]

De Rome à la France, une jeunesse catholique de plus en plus décomplexée

Du père Danziec dans Valeurs actuelles :

En ce premier dimanche du mois d’août, le pape Léon XIV accueille plus d’un million de jeunes à l’occasion de l’année jubilaire. Devenue minoritairedans un Occident apostat, la génération catholique des 18-25 ans n’en affiche que plus sa foi.

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ! » Par ces paroles chaleureuses et engageantes, tirées de l’Evangile, le pape Léon XIV a tenu à rappeler aux centaines de milliers de jeunes, venus à Rome bénéficier des grâces du Jubilé, que l’Eglise toute entière comptait sur eux. Le nouveau Souverain Pontife sait que l’avenir du catholicisme se trouve entre leurs mains et il ne peut ignorer les grands défis qui les attendent. L’univers postmoderne, plein de lui-même et désabonné de Dieu, s’attache volontairement à faire fi detoutes réalités surnaturelles. L’influence de l’Eglise ne cesse de s’étioler tandis que le nombre de catéchisés s’effondre. Jamais en Occident la culture chrétienne n’avait semblé aussi fragile. Qui connaît encore la signification de la fête du 15 août à venir, jour de l’Assomption de Notre Dame au Ciel ? Dans une société davantage préoccupée par la vie économique que par la vie mystique, il n’y a pas que le trou de la dette qui continue de se creuser, les âmes elles-mêmes sont reléguées aux catacombes.

Une jeunesse « vide et avide »

De cet impensé existentiel, il en ressort une jeunesse certes déboussolée mais aussi assoiffée. Comment combler son appétit d’infini ? Orpheline de repères, analphabète desprincipes religieux, l’écrasante majorité des jeunes s’interroge sur cette verticalité qui leur fait défaut et qu’on ne leur a pas transmise. « Vide et avide » résumera un prêtre parisien pour qualifier ces étudiants en quête de sens et qui n’hésitent plus à franchir les portes des églises. C’est que la foi chrétienne, désormais minoritaire dans son expression authentique, recèle plus que jamais une dimension transgressive. A l’heure de Tik-Tok, de la téléréalité et du wokisme lancinant, le message de l’Evangile dénote franchement. Suivre le Christ n’est pas tant has been que punk pour cette jeunesse décomplexée.

Hier soir, dans la banlieue de Rome, à Tor Vergata, Léon XIV s’est appuyé lors de sa prise de parole avant l’adoration eucharistique sur la vie de saint Augustin qui, après avoir mené une jeunesse dissolue, a découvert le grand bonheur de l’amitié avec Dieu. Cette rencontre décisive possède son capital d’absolu. Saint Augustin « cherchait la vérité qui ne déçoit pas, la beauté qui ne passe pas » et les a trouvées « en rencontrant celui qui le cherchait déjà : Jésus-Christ ». A un jeune qui lui partageait ses difficultés à croire en la présence de Dieu « au milieu des épreuves et des incertitudes », le pape lui indiquera un chemin tout intérieur : « Adorez le Christ dans le Saint Sacrement [l’adoration de l’hostie consacrée, présence réelle du Seigneur Jésus sous les apparences du pain], source de la vie éternelle. » Au milieu du vacarme du monde, le pape invitait non pas la jeunesse à faire davantage de bruit mais, au contraire, à gagner en intériorité.

Les Troubadours de la miséricorde : des jeunes audacieux, comédiens et apôtres

Cet appel au silence et à la vie spirituelle, de plus en plus de jeunes s’en font l’écho. A 1300 km de là, une joyeuse bande de 25 jeunes comédiens volontaires écume durant ce début du mois d’août les parvis des églises, de Vannes à Carnac en passant par Josselin. A l’image des multiples initiatives missionnaires qui existent en France durant la période estivale,afin de porter le Christ aux inconnus, la troupe des Troubadours de la miséricorde organise des spectacles gratuits et ouverts à tous. Lancée lors des JMJ à Lisbonne en 2023, ces jeunes témoignent de leur foi en proposant aux badauds des scénettes spirituelles où s’alternent dialogues aux messages évangéliques, chants sacrés, sons d’instruments, danses médiévales et tapements de mains, le tout dans une ambiance bon enfant. Directement inspirés des “Mystères” du Moyen-Âge – pièces de théâtre religieux qui cherchaient à toucher et catéchiser un public plus large – les Troubadours de la Miséricorde vont ainsi aux périphéries prêcher la bonne parole. En s’adressant aux vacanciers, davantage à la recherche de glaces ou de cartes postales que d’aventures spirituelles, ils souhaitent, aidés par leur insolente jeunesse,rappeler plaisamment à tous et chacun que « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4). Après un premier spectacle sur Jeanne d’Arc puis un autre sur le bon larron, cet été c’est la vie de François d’Assise qui ambitionne d’édifier le public. Au fur et à mesure de la représentation, les passants s’arrêtent, les enfants s’asseyent, l’assistance écoute, la musique interprétée par la troupe fait le reste.

Ces comédiens amateurs touchent par leur enthousiasme et leur élan. Ils sont à l’image de la jeunesse catholique française : sans peur et sans complexe. A la fin du spectacle, tout le parvis est invité à entrer dans l’église attenante. Un temps d’adoration silencieuse les attend et des prêtres se tiennent à leur disposition pour échanger, discuter ou leur offrir le pardon divin dans la confession. Les larmes coulent souvent, les mains se joignent parfois et, toujours, Dieu seul distingue ce qui se trame dans les cœurs.

De Rome aux provinces de France, la jeunesse catholique reste, pour reprendre la formule du pape Léon XIV, « le signe qu’un monde différent est possible ». Raison de plus pour l’écouter et lui donner une place de choix.

Saintonge : à peine rénovée, une église vandalisée

Selon Sud Ouest, l’église Saint-Pierre d’Aulnay-de-Saintonge, joyau roman du XIIIe siècle, a été vandalisée dans la soirée du vendredi 1er août.

Les malfaiteurs ont détérioré un pupitre et tenté de forcer la porte de la sacristie sans y parvenir. L’édifice a été provisoirement fermé le temps de remplacer la serrure et a rouvert le lendemain.

Une plainte sera déposée et une enquête est en cours. L’église avait achevé sa restauration le 5 juillet dernier.

“Restons unis à Jésus, restons dans son amitié, toujours, en la cultivant par la prière, l’adoration, la communion eucharistique, la confession fréquente, la charité généreuse”

Homélie du pape prononcée ce matin à Tor Vergata, près de Rome, devant un million de jeunes :

Très chers jeunes,

après la Veillée vécue ensemble hier soir, nous nous retrouvons aujourd’hui pour célébrer l’Eucharistie, sacrement du don total de Soi que le Seigneur a fait pour nous. Nous pouvons imaginer revivre, dans cette expérience, le chemin parcouru le soir de Pâques par les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35) : d’abord, ils s’éloignaient de Jérusalem, effrayés et déçus ; ils partaient convaincus qu’après la mort de Jésus, il n’y avait plus rien à attendre, plus rien à espérer. Et pourtant, ils l’ont précisément rencontré, ils l’ont accueilli comme compagnon de voyage, ils l’ont écouté pendant qu’il leur expliquait les Écritures, et enfin ils l’ont reconnu à la fraction du pain. Alors leurs yeux se sont ouverts et l’annonce joyeuse de Pâques a trouvé place dans leur cœur.

La liturgie d’aujourd’hui ne nous parle pas directement de cet épisode, mais elle nous aide à réfléchir sur ce qu’il raconte : la rencontre avec le Ressuscité qui change notre existence, qui éclaire nos affections, nos désirs, nos pensées.

La première lecture, tirée du Livre de Qohelet, nous invite à faire, comme les deux disciples dont nous avons parlé, l’expérience de notre limite, de la finitude des choses qui passent (cf. Qo 1, 2 ; 2, 21-23) ; et le psaume responsorial, qui lui fait écho, nous propose l’image d’une     « herbe changeante : elle fleurit le matin, elle change ; le soir, elle est fanée, desséchée » (Ps 90, 5-6). Ce sont deux rappels forts, peut-être un peu choquants, mais qui ne doivent pas nous effrayer, comme s’il s’agissait de sujets “tabous” à éviter. La fragilité dont ils nous parlent fait en effet partie de la merveille que nous sommes. Pensons au symbole de l’herbe : n’est-ce pas magnifique, un pré en fleurs ? Certes, elles sont délicates, faites de tiges fines, vulnérables, susceptibles de se dessécher, de se plier, de se briser, mais en même temps, elles sont immédiatement remplacées par d’autres qui poussent après elles, et dont les premières deviennent généreusement nutriments et servent d’engrais, en se consumant sur le sol. C’est ainsi que vit le champ, se renouvelant continuellement, et même pendant les mois froids d’hiver, quand tout semble silencieux, son énergie frémit sous terre et se prépare à exploser, au printemps, en mille couleurs.

Nous aussi, chers amis, nous sommes ainsi faits : nous sommes faits pour cela. Non pour une vie où tout est acquis et immobile, mais pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour. Et ainsi, nous aspirons continuellement à un “plus” qu’aucune réalité créée ne peut nous donner ; nous ressentons une soif si grande et si brûlante qu’aucune boisson de ce monde ne peut l’étancher. Face à cette soif, ne trompons pas notre cœur en essayant de l’apaiser avec des substituts inefficaces ! Écoutons-la plutôt ! Faisons-en un tabouret sur lequel nous pouvons monter pour nous pencher, comme des enfants, sur la pointe des pieds, à la fenêtre de la rencontre avec Dieu. Nous nous trouverons face à Lui, qui nous attend, qui frappe même gentiment à la vitre de notre âme (cf. Ap 3, 20). Et il est beau, même à vingt ans, de Lui ouvrir grandement notre cœur, de le laisser y entrer, pour ensuite nous aventurer avec Lui vers les espaces éternels de l’infini.

Saint Augustin, parlant de sa recherche intense de Dieu, se demandait : « Quel est donc l’objet de notre espérance […] ? Est-ce la terre ? Non. Est-ce quelque chose qui vient de la terre, comme l’or, l’argent, l’arbre, la moisson, l’eau […] ? Ces choses plaisent, elles sont belles, elles sont bonnes » (Sermon 313/F, 3). Et il concluait : « Cherche celui qui les a faites, c’est Lui ton espérance » (ibid.). Puis, repensant au chemin qu’il avait parcouru, il priait en disant : « Tu [Seigneur] étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais […]. Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi j’ai goûté [cf. Ps 33, 9 ; 1 P 2, 3] et j’ai faim et j’ai soif [cf. Mt 5, 6 ; 1 Co 4, 11] ; tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix » (Confessions, 10, 27).

Frères et sœurs, ce sont de très belles paroles, qui rappellent ce que le Pape François disait à Lisbonne, lors de la Journée Mondiale de la Jeunesse, à d’autres jeunes comme vous : « Chacun est appelé à se confronter à de grandes questions qui n’ont pas […] une réponse simpliste ou immédiate, mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin […], à un décollage sans lequel il n’y a pas de vol. Ne nous alarmons pas alors si nous nous trouvons assoiffés de l’intérieur, inquiets, inachevés, avides de sens et d’avenir […]. Ne soyons pas malades, soyons vivants ! » (Discours pour la rencontre avec les jeunes universitaires, 3 août 2023).

Il y a une question importante dans notre cœur, un besoin de vérité que nous ne pouvons ignorer, qui nous amène à nous      demander : qu’est-ce vraiment que le bonheur ? Quel est le véritable goût de la vie ? Qu’est-ce qui nous libère des marécages de l’absurdité, de l’ennui, de la médiocrité ?

Ces derniers jours, vous avez vécu de nombreuses expériences enrichissantes. Vous avez rencontré des jeunes de votre âge, venus de différentes parties du monde et appartenant à différentes cultures. Vous avez échangé vos connaissances, partagé vos attentes, dialogué avec la ville à travers l’art, la musique, l’informatique, le sport. Au Circo Massimo, vous vous êtes approchés du sacrement de la pénitence, vous avez reçu le pardon de Dieu et vous avez demandé son aide pour mener une vie bonne.

Dans tout cela, vous pouvez trouver une réponse importante : la plénitude de notre existence ne dépend pas de ce que nous accumulons ni, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, de ce que nous possédons (cf. Lc 12, 13-21). Elle est plutôt liée à ce que nous savons accueillir et partager avec joie (cf. Mt 10, 8-10 ; Jn 6, 1-13). Acheter, accumuler, consommer ne suffit pas. Nous avons besoin de lever les yeux, de regarder vers le haut, vers « les réalités d’en haut » (Col 3, 2), pour nous rendre compte que tout a un sens, parmi les réalités du monde, dans la mesure où cela sert à nous unir à Dieu et à nos frères dans la charité, en faisant grandir en nous « des sentiments de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur » (Col 3, 12), de pardon (cf. ibid., v. 13), de paix (cf. Jn 14, 27), comme ceux du Christ (cf. Ph 2, 5). Et dans cette perspective, nous comprendrons toujours mieux ce que signifie « l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

Très chers jeunes, notre espérance, c’est Jésus. C’est Lui, comme le disait saint Jean-Paul II, « qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, […] pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle » (XVe Journée mondiale de la Jeunesse, Veillée de prière, 19 août 2000). Restons unis à Lui, restons dans son amitié, toujours, en la cultivant par la prière, l’adoration, la communion eucharistique, la confession fréquente, la charité généreuse, comme nous l’ont enseigné les bienheureux Piergiorgio Frassati et Carlo Acutis, qui seront bientôt proclamés saints. Aspirez à de grandes choses, à la sainteté, où que vous soyez. Ne vous contentez pas de moins. Vous verrez alors grandir chaque jour, en vous et autour de vous, la lumière de l’Évangile.

Je vous confie à Marie, la Vierge de l’espérance. Avec son aide, en retournant dans les prochains jours dans vos pays, dans toutes les parties du monde, continuez à marcher avec joie sur les traces du Sauveur, et contaminez tous ceux que vous rencontrez avec votre enthousiasme et le témoignage de votre foi ! Bonne route !

8e dimanche après la Pentecôte : la parabole de l’économe infidèle

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir. Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

Les chants du propre de la messe du huitième dimanche après la Pentecôte sont à nouveau tous extraits du livre des psaumes, et nous allons trouver comme le dimanche précédent à l’Introït et à l’Alléluia un psaume de louange et d’action de grâces au Seigneur pour tous les bienfaits dont il nous a comblés. Dimanche dernier c’était le psaume 46, et aujourd’hui le psaume 47 qui lui fait suite, et qui est encore une acclamation triomphale, accompagnant l’entrée de l’arche d’alliance dans la cité sainte de Jérusalem…

► Introït : Suscepimus

L‘Introït est le même que celui du 2 février, fête de la Présentation de l’Enfant Jésus au temple (ou de la Purification de la Sainte Vierge, ou de la Chandeleur) ; ce jour-là l’entrée de l’Arche d’Alliance, présence symbolique de Dieu, préfigure l’entrée réelle de Dieu dans son temple en la personne d’un petit enfant. En ce temps après la Pentecôte, qui représente la vie de l’église sur la terre, nous remercions le Seigneur pour toutes les grâces reçues chaque fois que nous entrons dans une église

Suscepimus, Deus, misericordiam tuam in medio templi tui. Secundum nomen tuum, Deus, ita et laus tua in fines terræ, justitia plena est dextera tua.
Dieu nous avons reçu votre miséricorde au milieu de votre temple. Comme votre nom, votre louange est répandue jusqu’aux extrémités de la terre, car votre main droite est pleine de justice.

Nous trouvons déjà dans ce texte un thème qui reviendra souvent dans les derniers dimanches après la Pentecôte, celui des deux attributs divins qui se complètent : la justice, perfection de la volonté divine, que nous acclamons, et la miséricorde, pour laquelle nous rendons grâces.

La mélodie est vraiment celle d’un chant d’action de grâces. Elle s’élève dès le début en un grand élan plein d’enthousiasme, puis elle s’élève encore plus haut dans la deuxième phrase jusqu’à l’extrême aigu sur le mot nomen, le nom de Dieu, dont la louange s’étend jusqu’aux extrémités de la terre. Puis cet enthousiasme se calme peu à peu et la dernière phrase se fait plus calme et plus intérieure, s’inclinant avec recueillement devant la justice divine.

Cet Introït est accompagné par le premier verset du psaume 47, que nous retrouverons dans l’Alléluia :

Magnus Dominus et laudabilis nimis in civitate Dei nostri, in monte sancto ejus.
Le Seigneur est grand et très digne de louange, dans la cité de notre Dieu, sur sa montagne sainte (c’est-à-dire Jérusalem).

► Graduel : Esto mihi

Entre les acclamations triomphales de l’Introït et de l’Alléluia, tirés l’un et l’autre du psaume 47, le Graduel du huitième dimanche après la Pentecôte constitue une pause de prière confiante et d’abandon à la divine Providence. Nous y retrouvons le psaume 30, qui revient souvent dans la liturgie : c’était déjà celui de la Communion de dimanche dernier et de l’Alléluia du dimanche précédent ; la deuxième partie de ce Graduel reprend d’ailleurs le premier verset du psaume, par lequel commençait cet Alléluia. Quant à la première partie, nous en avons déjà trouvé le texte dans l’Introït du dimanche de la Quinquagésime :

Esto mihi in Deum protectorem et in locum refugii, ut salvum me facias. Deus, in te speravi, Domine non confundar in æternum.
Soyez pour moi un Dieu protecteur et un lieu de refuge pour me sauver. Mon Dieu, j’espère en vous, Seigneur je ne serai pas confondu à jamais.

Le texte est le même que celui de l’Introït de la Quinquagésime. La mélodie était simple et légère et est évidemment très différente en ce dimanche : ici on retrouve des formules habituelles aux Graduels beaucoup plus ornées, avec de grandes vocalises. Le début se tient dans le grave, plein de calme et de paix, puis la mélodie s’élève en un bel élan sur le mot : facias. La deuxième partie est plus courte, et ne comporte pas de vocalise très développée, seulement deux formules bien connues, qui s’adaptent parfaitement au texte dans une ambiance d’assurance joyeuse.

***

► Alléluia : Magnus Dominus

Nous retrouvons dans l’Alléluia du huitième dimanche après la Pentecôte le psaume 47 d’où était tiré l’Introït, et nous avons ici le premier verset du psaume, comme c’est presque toujours le cas, nous l’avons remarqué les dimanches précédents, pour les Alléluias de ce temps liturgique.

Magnus Dominus et laudabilis valde in civitate Dei, in monte sancto ejus.
Le Seigneur est grand et très digne de louange dans la cité de Dieu, sur sa montagne sainte.

La cité de Dieu sur sa montagne sainte, c’est Jérusalem, nous l’avons dit à propos du verset de l’Introït. Cette acclamation accompagnait l’entrée de l’arche d’alliance, présence symbolique de Dieu. Nous devons la faire notre chaque fois que nous entrons dans une Église, où Dieu est réellement présent, en nous prosternant devant sa majesté : le Seigneur est grand…

La mélodie est vraiment celle d’une acclamation, avec une jubilation et un enthousiasme extraordinaire ; sa légèreté et son rythme très allant l’ont fait comparer à une danse.

► Offertoire : Populum humilem

Le chant de l’Offertoire du huitième dimanche après la Pentecôte s’harmonise bien avec les prières que le prêtre récite à ce moment de la messe, présentant son offrande in spiritu humilitatis. Le texte est tiré du psaume 17, que nous avons déjà trouvé à la Communion du quatrième dimanche ; c’est un cantique d’action de grâces de David, délivré d’un grand péril, et remerciant le Seigneur d’avoir protégé sa faiblesse, et d’avoir abattu les orgueilleux qui ne comptaient que sur leur force :

Populum humilem salvum facies, Domine, et oculos superborum humiliabis : quoniam quis Deus præter te Domine ?
Seigneur, vous sauvez le peuple qui s’abaisse, et vous abaissez les yeux des orgueilleux, car qui est Dieu si ce n’est vous, Seigneur ?

Ces derniers mots rappellent le cri de saint Michel Quis ut Deus ? Qui est comme Dieu ? La mélodie exprime admirablement cette humble soumission à la toute puissance divine, cette adoration reconnaissante. Elle commence calmement, puis s’élève en un grand élan de ferveur sur les mots salvum facies, et continue ensuite par des ondulations très expressives ; on remarquera la descente finale sur le mot Domine, où l’on s’incline profondément devant le nom du Seigneur par un motif répété trois fois.

► Communion : Gustate et videte

Le texte de l’antienne de Communion du huitième dimanche après la Pentecôte est tiré du psaume 33, qui revient souvent en ce temps liturgique : nous l’avions déjà trouvé au Graduel du septième dimanche. De plus on le chantait dans les premiers siècles tous les dimanches au moment de la Communion, et c’est probablement à cause du verset que nous chantons aujourd’hui qu’il avait été choisi. Le Graduel de dimanche dernier unissait deux grandes étapes de la vie spirituelle, la crainte de Dieu et l’illumination ; nous arrivons avec le texte de cette Communion au sommet de la vie spirituelle, la sagesse. Ce mot vient du latin sapere qui veut dire goûter, et c’est justement de goûter qu’il s’agit ici :

Gustate et videte, quoniam suavis est Dominus, beatus vir qui sperat in eo.
Goûtez et voyez comme le Seigneur est doux : heureux l’homme qui met en lui son espérance.

Goûter, c’est dans l’ordre des sens le mode de connaissance le plus profond et le plus intime. La sagesse nous fait goûter la douceur de l’amour divin en nous unissant à lui cœur à cœur ; elle nous prépare à la vision béatifique : gustate et videte, et c’est ce bonheur éternel qui est l’objet de la vertu d’espérance.

La mélodie exprime bien ce mouvement par l’élan de l’intonation vers le mot videte, sommet de la pièce, toute la suite se déroulant en une douce ondulation contemplative. Il n’est pas besoin de souligner à quel point ce chant convient au moment de la Communion.

Un début de pontificat marqué par un souci de l’apaisement

Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois dresse un premier bilan des 100 premiers jours du pontificat de Léon XIV, “sous le signe de l’unité et de l’apaisement”. Extrait :

Annie Genevard (LR) veut «déloger la gauche partout». Y compris au sein de LR ?

Ministre de l’Agriculture et présidente de la commission nationale d’investiture des Républicains, Annie Genevard veut une “vague bleue” aux municipales. Elle déclare dans Le Figaro :

Nous sommes la première force politique dans les communes de plus de 30.000 habitants en métropole, c’est factuel. Dans les 284 villes en question, la droite et le centre en dirigent 174. Parmi celles-ci, on compte 74 maires LR. Il faut donc conforter notre position sortante. De plus, la gestion de certaines villes par une gauche radicale, la dégradation de la sécurité ou de ridicules polémiques comme l’interdiction des sapins de Noël ont entraîné un profond rejet. Nous sommes une alternative. L’un des enjeux pour nous est la reconquête des grandes villes partout où nous avons des candidats potentiels issus ou proches de notre famille politique. J’ai récemment vu Martine Vassal, une femme expérimentée. Je crois en sa victoire à Marseille. À Lyon, il y a des personnalités puissantes capables de rassembler, comme Jean-Michel Aulas et Pierre Oliver. Quant à Paris…

Et “en même temps“, comme dirait l’autre,

Le parti Les Républicains lance une procédure d’exclusion contre Marie-Claude Berly, maire de Montauban

Se serait-elle alliée à la gauche ? Non, elle est candidate suppléante aux prochaines élections législatives partielles sous la bannière de l’UDR, le parti d’Éric Ciotti. De son côté, le parti Les Républicains précise qu’il “a désigné Bernard Pecou comme candidat dans la première circonscription du Tarn-et-Garonne.” De nouvelles élections législatives doivent être organisées les 5 et 12 octobre dans cette circonscription. Brigitte Barèges, député sortant, a été déclarée inéligible pour une durée d’un an après le rejet de ses comptes de campagne et s’est donc vue contrainte de démissionner. La droite va-t-elle offrir un boulevard à la gauche ?

Une cathédrale et un baptistère du Ve siècle découverts à Vence

Une cathédrale et un baptistère du Ve siècle conservés dans un état exceptionnel ont été découverts par hasard à Vence, près de Nice, à l’occasion de la réfection des halles marchandes de la ville.

Outre les fondations, un baptistère extérieur a également été découvert, ainsi qu’une trentaine de sépultures, celles d’évêques, de chanoines ou de notables. Au total, l’ensemble architectural s’étend sur une trentaine de mètres de longueur. Franck Sumera, conservateur général du service archéologie à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) de la région Paca, indique :

«Nous avons été sollicités par la ville à l’occasion de la réfection de ses halles marchandes et, lors du démontage des sols, nous avons eu la surprise de découvrir que le bâtiment épousait les formes de l’ancienne cathédrale que l’on imaginait jusqu’à présent sous la cathédrale construite au XIe siècle». «C’est essentiel pour comprendre ces premiers temps chrétiens, dans une région qui a joué un rôle majeur dans l’implantation du christianisme en France, via notamment les évêques de Saint-Honorat, dans les îles de Lérins, à Cannes»«Aujourd’hui, avec la découverte de ces sépultures, on se prend à rêver de pouvoir mettre des noms sur certains des individus exhumés grâce aux biographies, que l’on connaît de certains évêques. C’est faisable, c’est d’ailleurs ce qui a été fait à Notre-Dame , à Paris».

Au terme du chantier de fouilles, la ville va poursuivre son projet de halles marchandes en valorisant une partie du patrimoine découvert.

Chronique des cinglés

Louis-Georges Tin, fondateur de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, s’élève contre la volonté de Brigitte Macron de porter plainte contre ceux qui affirment qu’elle est un homme. Louis-Georges Tin croit-il que Brigitte Macron est un homme ? Selon lui, en portant plainte, Brigitte Macron nuit aux intérêts du lobby transexuel et alimente la “transphobie”… :

Depuis quelques années, nombreuses sont les personnes affirmant sur Internet que Brigitte Macron était autrefois un homme. Ces rumeurs sont devenues une véritable campagne, virale, planétaire, alimentée par des influenceurs au niveau national (comme Natacha Rey et Amandine Roy), et international (notamment Candace Owens, aux Etats-Unis). Brigitte Macron a décidé de porter plainte. En première instance, le tribunal correctionnel de Paris lui a donné gain de cause, et a condamné Natacha Rey et Amandine Roy pour diffamation. Mais dans l’arrêt du 10 juillet 2025, la Cour d’appel de Paris a prononcé la relaxe pour les deux femmes. Brigitte Macron a annoncé qu’elle se pourvoirait en cassation.

Journées mondiales du migrant

Le Vatican vient de publier un message en préparation des journées mondiales du migrant et du réfugié qui doivent se tenir les 4 et 5 octobre prochains. Ne connaissant pas trop Léon XIV, j’ai lu avec beaucoup d’attention ce premier texte officiel abordant le thème hypersensible de l’émigration pour me faire ma petite idée sur ses opinions à ce sujet !

Allait-il marcher dans les pas de son prédécesseur, réputé pour défendre la cause des migrants parfois au détriment des populations d’accueil comme j’ai déjà eu l’occasion de l’évoquer dans un précédent article ? * *

Allait-il au contraire nous surprendre en cherchant à se démarquer du pape François dès le début de son tout nouveau ministère ?

Après une longue introduction sur l’état chaotique de notre planète, Léon XIV nous rappelle les motivations des migrants :

« C’est certainement la recherche du bonheur et la perspective de le trouver ailleurs qui est l’une des principales motivations de la mobilité humaine contemporaine. Beaucoup de migrants, de réfugiés sont des témoins privilégiés de l’espérance dans la perspective d’un avenir où ils entrevoient l’approche du bonheur et du développement humain intégral. »

En lisant cela, on ne peut qu’être d’accord avec cette analyse de la situation : les migrants quittent leurs conditions de vie misérables dans l’espoir de trouver une vie plus agréable dans nos pays où règnent encore un peu de prospérité et de sécurité. Le vrai problème, c’est le nombre !

A force d’immigration non contrôlée, c’est la prospérité et même la sécurité des pays d’accueil qui se trouvent remises en question. Comme le chantait si bien Georges Brassens, l’Auvergnat accueillerait bien l’Étranger « quand dans sa vie il ferait froid », mais de là à accueillir toute la misère du monde, il y a des limites bien compréhensibles !
Aussi, quelque chose me gène dans la suite de son discours :

« Dans un monde assombri par les guerres, les migrants se dressent comme des messagers d’espérance. Leur courage est le témoignage héroïque d’une foi qui voit au-delà de ce que nos yeux peuvent voir et leur donne la force de défier la mort sur les routes migratoires. »

L’air de rien, Léon XIV à la manière d’un magicien transfigure le Migrant à la recherche d’un bonheur purement matériel en une sorte de pèlerin porté par une foi héroïque. Pire, il lui prête en plus le pouvoir d’instruire l’Église par son exemple :

« les migrants et les réfugiés rappellent à l’Église sa dimension pèlerine, perpétuellement tendue vers l’atteinte de la patrie définitive. »

Comme si la recherche d’une sécurité matérielle pouvait se comparer à la recherche du Royaume de Dieu !

On devine chez le pape une volonté d’enjoliver la cause des migrants comme s’il voulait justifier leur démarche. Par un tour de passe-passe à la limite de l’honnêteté, il prend même le prétexte de quelques migrants d’origine chrétienne pour généraliser à l’ensemble d’entre eux un rôle d’évangélisation auprès des populations occidentales empêtrées dans le matérialisme !
Et sa conclusion en forme de bénédiction est du même acabit :

« A l’occasion de cette journée jubilaire où l’Église prie pour tous les migrants et les réfugiés, je voudrais confier tous ceux qui sont en chemin à la protection de la Vierge Marie afin qu’elle garde vivante dans leur cœur l’espérance, et les soutienne dans leur engagement à construire un monde qui ressemble toujours plus au Royaume de Dieu. »

Malheureusement, l’actualité contredit chaque jour davantage ces paroles pleines de bons sentiments !

D’ailleurs, Jésus-Christ n’a jamais demandé à ses disciples de construire un monde qui ressemble toujours plus au Royaume de Dieu, même avec l’aide des migrants. Il leur a juste dit que son royaume passait par les cœurs de tous ceux qui le reconnaissent pour roi !

* * Journal d’un croyant de 2024 – Un pape mondialiste

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John Henry Newman, proclamé Docteur de l’Église : la consécration d’un basculement théologique

Ce 31 juillet 2025, le pape François a proclamé Saint John Henry Newman Docteur de l’Église. L’annonce a été faite à Rome en présence de nombreux fidèles anglophones, mais sa portée dépasse largement les frontières du monde anglican ou universitaire. C’est une décision hautement symbolique, voire stratégique. Car en élevant Newman à ce rang, le Saint-Siège canonise bien plus qu’un intellectuel de génie ou un converti exemplaire : il entérine un tournant ecclésiologique majeur, amorcé bien avant Vatican II et consolidé par celui-ci.

Newman, en effet, incarne une figure charnière entre le monde classique de la foi comme réception d’un dépôt intangible, et une nouvelle ère théologique où la conscience individuelle devient un point de départ, voire une norme du discernement ecclésial. Dans Lettre au Duc de Norfolk, il écrit : « Ma conscience est le premier vicaire du Christ ». Une formule audacieuse, devenue pierre angulaire de la nouvelle théologie postconciliaire. Car dans ce renversement silencieux, ce n’est plus l’Église qui enseigne la vérité à l’homme, mais c’est de l’homme — sa dignité, sa conscience, ses droits — que découle la compréhension du divin.

On comprend dès lors pourquoi Vatican II — en particulier dans Gaudium et Spes ou Lumen Gentium — a trouvé en Newman un précurseur. On y lit une anthropologie chrétienne centrée sur la personne humaine, sa liberté, ses aspirations, ses expériences. Une Église dialogale, moins enseignante que accompagnante, se dessine. Or, comme l’avait perçu un certain courant de théologiens classiques (et aujourd’hui des penseurs dits “traditionalistes”), ce changement n’est pas anodin. Il marque un déplacement du magistère depuis la Révélation reçue vers la conscience collective de l’humanité. Et Newman, malgré lui, devient l’un des inspirateurs de ce basculement.

Nul ne conteste sa piété, sa rigueur intellectuelle, sa quête de vérité. Mais c’est précisément cette honnêteté intérieure qui, dans une culture déjà travaillée par les Lumières, a produit une théologie aux accents plus protestants que patristiques. Le paradoxe est saisissant : c’est son anglicanisme — qu’il n’a jamais totalement renié dans la structure de pensée — qui l’a mené à Rome, mais c’est aussi ce fond anglican, cette insistance sur la conscience privée, qui a préparé le terrain à certaines fractures postconciliaires.

Le déclarer Docteur aujourd’hui, en 2025, c’est donc bien plus qu’un hommage : c’est l’officialisation d’une herméneutique de la continuité qui fait de Vatican II non une rupture, mais l’aboutissement logique d’un développement organique — dont Newman devient la figure tutélaire. Une telle lecture sera saluée par ceux qui, depuis Ratzinger et Wojtyła, cherchent à harmoniser Tradition et modernité. Elle sera critiquée, à juste titre, par ceux pour qui l’Église n’a pas à se réconcilier avec les catégories du monde.

Mais à l’heure où Rome semble vouloir fixer une fois pour toutes l’interprétation de Vatican II, cette canonisation doctrinale de Newman est un acte lourd de signification. Elle vient, dans une Église fracturée, désigner un axe : celui de la conscience, de l’expérience, du dialogue — non plus comme moyens vers la vérité, mais parfois comme substituts.

Newman, en homme du XIXᵉ siècle, cherchait Dieu au cœur des tourments modernes. Il ne savait pas, peut-être, qu’il poserait la première pierre d’une Église nouvelle — pas hérétique, mais autre. Le déclarer Docteur en 2025, c’est peut-être enfin lui donner raison — ou lui faire dire plus qu’il n’a voulu.

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Nevers, la ville aux 77 nationalités

Selon l’Insee, 77 nationalités sont représentées à Nevers. David Brion, responsable des études à l’Insee Bourgogne-Franche-Comté, explique :

« Parmi les 33.200 habitants, selon le recensement en 2022, environ 3.800 n’ont pas la nationalité française, ce sont donc 3.800 étrangers, soit 11,5 % de la population ». « C’est plus qu’à Épinal et Bourges (autour de 9 %) et surtout Montluçon (7 %). C’est supérieur à la moyenne française qui est de 8 % ».

La renaissance de l’abbaye Notre-Dame des Neiges

Aujourd’hui, partons dans les montagnes de l’Ardèche pour rejoindre l’abbaye Notre-Dame des Neiges. Fondé en 1850, ce monastère a vu passer de grands noms comme Charles de Foucauld, et revient dans l’actualité depuis 2022, avec le remplacement des moines trappistes par des sœurs cisterciennes, venues de l’abbaye de Boulaur, et qui débordent d’énergie ! Dans cet article, Divine Box vous présente l’histoire de cette abbaye, la communauté actuelle des cisterciennes, ainsi que leur nouvelle production. En avant !

L’abbaye Notre-Dame-des-Neiges à gauche, et à droite les huit premières sœurs venues de Boulaur © Abbaye ND des Neiges

Au départ, un monastère de moines trappistes

L’abbaye des Neiges a été créée en 1850 par sept moines de l’abbaye d’Aiguebelle, envoyés sur place pour fonder un nouveau monastère. Ils arrivent alors au cœur de l’Ardèche, dans une ancienne ferme de pierre et de chaume, un 5 août, jour de la fête de Notre Dame des Neiges, d’où le nom qu’ils choisissent pour baptiser ce lieu !

Ces moines sont des “cisterciens de la stricte observance”, surnommés plus communément “trappistes”. Cet ordre monastique marqué par la sobriété et le travail manuel, est très en vogue à l’époque. Les vocations sont donc nombreuses à Notre-Dame des Neiges, et les moines doivent construire de nouveaux bâtiments dès 1854, quatre ans seulement après leur arrivée !

Parmi les nombreuses vocations de l’époque, on trouve notamment le frère Marie-Albéric, futur saint Charles de Foucauld, qui entre au monastère en 1890. Pour goûter à la rigueur monastique et à la profondeur du silence contemplatif, il choisit alors l’abbaye Notre-Dame des Neiges, réputée pour être la plus pauvre et la plus reculée de France. Pourtant, sa soif d’absolu le pousse plus tard vers une vie encore plus dépouillée et solitaire : d’abord à la Trappe d’Akbès en Syrie sept mois après son entrée aux Neiges, puis ensuite en 1897 pour commencer à dessiner son grand projet : vivre en ermite dans le désert…

Mais revenons à nos moutons ! En janvier 1912, un incendie détruit le monastère, mais ce dernier est reconstruit dans la foulée, ce qui, paradoxalement, donne une nouvelle impulsion à la communauté ! D’ailleurs, en 1949, l’abbaye se lance dans la vinification, une activité importante qui durera jusqu’aux années 2000, et apportera à la communauté une belle renommée et d’importants revenus.

Mais avec le temps, la communauté s’affaiblit, et les moines trappistes quittent les lieux en décembre 2021, pour “passer le flambeau de leur vie de prière en ce lieu aux moniales de l’abbaye de Boulaur”.

Illustration de l’Abbaye Notre-Dame-des-Neiges, 1862 – © Wikipedia

2022 : la renaissance de l’abbaye

Fin 2022, ce sont donc huit pétillantes sœurs de l’abbaye de Boulaur qui arrivent depuis le Gers dans ces belles montagnes ardéchoises. Bientôt rejointes par de jeunes sœurs, elles sont déjà 12 début 2024 !

Une de leurs premières tâches a été de poursuivre l’accueil à l’hôtellerie qui n’a pas désempli. Et pour cause : l’abbaye est située sur le GR70, aussi appelé “chemin de Stevenson”, en référence au célèbre écrivain qui l’a parcouru et qui est venu trouver refuge à l’abbaye en 1878, qui est est une route très fréquentée qui sillonne l’Ardèche en direction du Puy-en-Velay.

Comme les frères sur place avant elles, les sœurs sont cisterciennes, mais cette fois “de la commune observance” (et non de la “stricte” observance), et ne sont donc pas trappistes. En pratique, leur spiritualité est proche et leur vie est contemplative, alternant entre la prière et le travail manuel, comme le demande saint Benoît dans sa règle écrite en 529. En plus de la messe quotidienne, elles chantent donc chaque jour en grégorien les sept offices de la journée, des Vigiles à 5h15 jusqu’aux Complies à 20h30, et poursuivent leur prière dans le silence, la méditation et l’oraison.

Pour subvenir à leurs besoins, équilibrer leur quotidien et accomplir leur vie monastique, elles travaillent de leurs mains et ont lancé à Pâques 2024 un petit atelier de produits d’entretien naturels à base de plantes, dont on vous parlera dans quelques lignes. Une nouveauté parmi les produits monastiques ! Les sœurs ont également un jardin potager, une exploitation agricole d’environ 150 hectares, sans oublier toutes les tâches qui font tourner la maison : ménage, buanderie, couture, administratif etc…

Les sœurs de Notre-Dame des Neiges, par leur jeunesse, sont à l’aise sur les réseaux sociaux, et n’hésitent pas à partager leur joie sur internet ! En janvier 2024 par exemple, elles s’étaient fait remarquer dans une vidéo pour leur proposition, humoristique bien sûr, de vendre des bonhommes de neige par correspondance.

Les communautés de Boulaur et des Neiges, réunies ! – © Abbaye des Neiges

Les bons produits “Air des Neiges”

À partir de Pâques 2024, les sœurs ont initié une petite fabrication de produits d’entretien naturels, à base de plantes issues de l’agriculture biologique et d’eau de source de l’abbaye, qu’elles vendent sur place et à travers quelques revendeurs. Elles sont accompagnées dans ce projet par une entreprise amie spécialiste du domaine, mais aussi par des juristes, graphistes et comptables. En moins de deux ans, les sœurs de l’abbaye des Neiges sont donc à la tête d’une petite entreprise aux allures de start-up : amusant, non ?

“Air des Neiges”, voilà le nom de leur marque, qui se décline en 5 produits :

Des nettoyants pour le sol : carrelage, terre cuite, et parquet (vitrifié ou verni);
Des gels nettoyants pour WC, pour faire briller vos toilettes en 10 minutes;
Des sprays nettoyant pour les vitres, pour votre maison, votre voiture et vos miroirs;
Des sprays nettoyants multi-surfaces, pour la cuisine ou la salle de bain;
Des sprays désodorisants pour éliminer les mauvaises odeurs.
Lavande, agrumes, sapins… Quatre ou cinq parfums sont disponibles à chaque fois, pour donner à votre maison une touche monastique et le doux parfum des montagnes ardéchoises !

Leurs produits sont déjà notés 4,9/5 sur près de 550 avis vérifiés. Pas mal, non ?

Les produits nettoyants “Air des Neiges”, trônant fièrement devant l’abbaye des Neiges – © Abbaye des Neiges

Où se procurer les produits “Air des Neiges”

Pour acheter les produits d’entretien “Air des Neiges”, vous pouvez bien sûr aller sur place : 850 route de l’Abbaye, 07590 Saint Laurent Les Bains Laval D’Aurelle. Mais si cela fait trop loin pour vous, vous pouvez acheter en ligne les produits “Air des Neiges” sur le site de Divine Box. Bonnes emplettes !

Pas d’homme pour les épreuves féminines d’athlétisme

La Fédération internationale d’athlétisme a validé, mercredi 30 juillet, la mise en place de tests pour déterminer génétiquement le genre des athlètes souhaitant participer à des compétitions féminines comptant pour le classement mondial. Une mesure qui entrera en vigueur juste avant les Mondiaux, à Tokyo (du 13 au 21 septembre).

Sebastian Coe, président de World Athletics, indique :

« Il est essentiel, dans un sport qui s’efforce en permanence d’attirer davantage de femmes, qu’elles s’engagent dans cette discipline en étant convaincues qu’il n’existe pas de plafond de verre biologique. Le test de confirmation du sexe biologique est une étape essentielle pour garantir ce fait. Nous affirmons qu’au niveau élite, pour concourir dans la catégorie féminine, il faut être biologiquement une femme. »

Cette décision de la Fédération internationale fait suite à celle, prise en mai, par World Boxing, qui a instauré ces dépistages obligatoires pour tous les boxeurs, dans la foulée de la polémique qu’avait entraîné la participation d’Imane Khelif aux Jeux olympiques de Paris.

Le lobby LGBTQXYZ contre la SNCF

L’association Mousse est membre du lobby LGBTQXYZ, gavé de subventions, qui passe son temps à déposer plainte et à poursuivre les honnêtes gens.

Sa dernière lubie consiste à interdire la pratique de SNCF Connect «qui oblige systématiquement ses clients à indiquer leur civilité» lors de l’achat de billets sur internet. La SNCF, via son site internet ou son application SNCF Connect, «ne peut pas imposer à ses clients de communiquer leur civilité» («Monsieur» ou «Madame»), a jugé le Conseil d’État dans une décision publiée jeudi, conformément à un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Mousse avait déposé une réclamation auprès de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), qui avait rejeté cette réclamation en mars 2021. Mousse s’était alors tournée vers le Conseil d’État.

Le Conseil d’Etat avait interrogé la CJUE. Dans sa décision du 9 janvier 2025, la Cour européenne a jugé que «si la collecte de la civilité des clients d’une entreprise de transport a pour seul objectif de personnaliser la communication commerciale, elle ne peut pas être considérée comme nécessaire à l’exécution du contrat entre l’usager et l’entreprise». Et «si certains services, tels que les compartiments couchettes réservés aux femmes seules, impliquent la prise en compte des données relatives au sexe, cela ne justifie pas que la collecte de la civilité soit obligatoire pour l’ensemble des services proposés par la SNCF Connect».

Le Conseil d’État «a donc pris acte de ce que le traitement systématique de données à caractère personnel relative à la civilité des clients dans le seul but de personnaliser la relation commerciale ne pouvait être considéré comme nécessaire à l’exécution du contrat de transport de voyageurs par une entreprise ferroviaire».

Le Conseil d’État condamne l’État à verser 3000 euros à l’association Mousse, qui pourra ainsi poursuivre quelqu’un d’autre.

Le cardinal Newman, bientôt Docteur de l’Eglise

Par décision de Léon XIV, le cardinal britannique John Henry Newman (1801-1890), intellectuel anglican converti au catholicisme, sera prochainement proclamé « Docteur de l’Église ».

Au cours d’une audience ce jeudi avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour les Causes des saints, le pape Léon XIV a approuvé un vote du dicastère en faveur de la proclamation du cardinal Newman comme Docteur de l’Église.

37 saints sont actuellement Docteur de l’Église.

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