En 2025, Liberté politique lance un « Observatoire des parlementaires »
D’Olivier Frèrejacques, Président de Liberté politique :
Adieu 2024…
L’année écoulée était censée être celle des élections européennes. Elle aura finalement également été celle d’élections législatives qui ont révélé l’intensification du phénomène d’éclatement des forces politiques dans notre pays. Le retour de l’instabilité gouvernementale aura aussi marqué ce cru avec pas moins de quatre Premiers ministres en une année seulement : Élisabeth Borne, Gabriel Attal, Michel Barnier et enfin François Bayrou. Difficile d’imaginer que le dernier nommé parvienne à durer, mais le propre de notre vie politique depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron en 2017 est l’invraisemblable. Gardons-nous, pour une fois, d’enterrer trop vite le patron du MoDem.
2024, au niveau international, a marqué la progression fulgurante d’Israël face à ses ennemis régionaux, une percée allant de l’anéantissement de l’état-major du Hamas à celui du Hezbollah, et enfin à la chute de Bachar al-Assad, livrant la Syrie à un avenir incertain, aux mains d’islamistes soutenus par l’Occident. En Europe, la guerre en Ukraine s’est poursuivie avec un grignotage de terrain russe. Le conflit a semblé suspendu toute l’année à l’élection américaine. Et c’est là probablement le fait le plus marquant de 2024, avec la victoire du candidat républicain dans un « come-back » hollywoodien qui ouvre la voie à un avenir tout à fait incertain également.
Quant à l’Union européenne, elle a vu se confirmer la mainmise du Commissaire von der Leyen à la tête d’un exécutif de plus en plus décrié, à l’heure du Mercosur et des poussées nationalistes.
La France, elle, a poursuivi sa descente aux enfers en matière de rayonnement. Le pays perd pied en Afrique de l’Ouest, s’embourbe dans la crise politique en Nouvelle-Calédonie et voit ses faiblesses lui revenir en plein visage à Mayotte. L’hyperendettement et la crise politique laissent aussi augurer des jours sombres dans un espace européen décidément dans l’expectative puisque le Bundestag aussi a été dissous en fin d’année. L’Italie, réputée instable et négligée par les dirigeants européens successifs au profit d’un fantasmagorique couple franco-allemand, reprend des couleurs. La présidente du Conseil, Giorgia Meloni, a même annoncé une baisse d’impôts pour les classes moyennes et populaires du pays…
…Et en avant 2025 !
Le tableau est noir, mais nulle raison de s’enfoncer dans le pessimisme. Les partis de gouvernement, grandement menacés, pourraient être contraints de revoir leur copie et, faute d’agir pour le bien commun, s’en tenir au minimum d’actions – ce qui sera un moindre mal à considérer les décisions néfastes prises au cours des dernières décennies. Les changements nord-américains pourraient aussi avoir des conséquences en France. La poussée des droites anti-immigration en France et en Europe témoigne d’un changement profond alors que, parallèlement, et non sans une certaine contradiction, les idées libertariennes semblent progresser avec l’avènement de Javier Mileï en Argentine, qui bénéficierait d’un bilan plutôt flatteur après un an de présidence. Chez nous, certains hommes politiques, à l’image de David Lisnard, se mettent à rêver d’un Grand Soir anti-administration. Rien d’abouti ne devrait se dérouler du côté droit en 2025, mais des idées nouvelles semblent prendre dans l’opinion.
2025 devait être l’année sans élections avant 2026 et ses municipales, 2027 et sa présidentielle et ses très probables législatives, 2028 et ses élections départementales et cantonales, et 2029, avec le retour des européennes… Le calendrier pourrait bien être encore un peu plus rempli avec d’hypothétiques nouvelles élections législatives l’année qui vient, et pourquoi pas, surprise du chef, une élection présidentielle. Nous miserons ici, sans exclusive, sur l’organisation d’un référendum !
Dans ces temps politiquement instables et économiquement moroses, les initiatives nouvelles comme notre lettre « Observatoire des parlementaires », qui verra le jour dès le mois de janvier grâce à la générosité de nos donateurs, ainsi que la poursuite de nos travaux semblent plus que jamais nécessaires ! […]
2025 : centenaire de la canonisation du saint curé d’Ars
Le 31 mai 1925, le pape Pie XI canonisait Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars. Quatre ans plus tard, en 1929, il était déclaré “patron de tous les curés de l’univers”. Benoît XVI avait envisagé étendre son patronage à tous les prêtres mais il y avait finalement renoncé…
En cette année 2025, le célèbre curé est mis à l’honneur à Ars-sur-Formans pour le centenaire de sa canonisation. Le sanctuaire propose une année complète de festivités. Le point d’orgue de ce jubilé aura lieu les 31 mai et 1er juin lors de la fête de la canonisation, en présence du cardinal Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis. Le programme de ce jubilé est en ligne ici.
L’enseignement du curé d’Ars est toujours d’actualité. À l’époque où Jean-Marie Vianney fut nommé curé d’Ars, il y avait 4 cabarets pour 230 habitants. Plusieurs familles désargentées y dépensaient leurs maigres ressources. Il poussa à la fermeture des cabarets qu’il juge être des lieux de débauche, favorisant l’alcoolisme, mais envisage en même temps « l’après cabaret ». Pour cela, il y a 3 réalités à prendre en compte : l’homme, la famille et les cabaretiers. Il remet tout d’abord, la place de l’homme au sein de son foyer : de soutenir son épouse dans l’éducation des enfants. En parallèle, il veille à ce que femmes et enfants ne soient pas exploités dans les travaux de la ferme. Il a aussi le souci du reclassement des cabaretiers devant fermer boutique en leur procurant un autre plein emploi : les travaux de la ferme et des champs … Enfin, le Saint Curé lutte pour que soit respecté le repos dominical. Il n’interdit pas aux paysans de rentrer leur moisson si la pluie menace de tomber, mais il veut dissuader les propriétaires de faire travailler leurs salariés agricoles le dimanche.
57 ans avant l’école dite laïque, gratuite, obligatoire et républicaine, le curé d’Ars, qui constate le manque d’éducation des enfants de la paroisse et particulièrement celui des filles, fonde, en mars 1824, une école de filles gratuite « La Providence ». Au sein de l’établissement est dispensé une éducation humaine et religieuse. Les jeunes filles sont préparées à une vie domestique et pieuse tout en disposant des savoirs primaires pratiques : lire, écrire et compter. En 1827, l’école, qui est devenu pensionnat, est transformée en orphelinat (mais l’enseignement reste ouvert aux filles externes) et y accueille une soixantaine d’orphelines et de jeunes filles délaissées.
Animer le blog FDesouche c’est 12 à 13h chaque jour
Extrait d’un article de Marianne consacré à Pierre Sautarel, fondateur du site FDesouche, classé dans le top 100 des personnalités qui font l’opinion :
Jimmy Carter, RIP
Jimmy Carter, 39e président des États-Unis, est mort, à l’âge de 100 ans, dimanche 29 décembre. Ouvertement évangélique, il aura enseigné la Sunday School – une forme de catéchèse précédant au culte – dans sa paroisse baptiste en Géorgie, avec un passage par la Première Église baptiste de Washington lorsqu’il était à la Maison-Blanche entre 1977 et 1981.
Dès ses 18 ans, il s’engage comme diacre et professeur de Sunday School à l’Église baptiste Maranatha de sa petite ville géorgienne de 500 habitants. À Plains comme à Washington DC, Jimmy Carter aura enseigné plus de 1 000 fois l’école du dimanche, y compris pendant son temps comme gouverneur de la Géorgie (entre 1971 et 1975) puis comme 39e président des États-Unis.
S’affichant “personnellement” opposé à l’avortement, il soutient néanmoins la légalisation de l’avortement après la décision en 1973 de la Cour suprême dans l’arrêt Roe vs Wade. Pendant son mandat de gouverneur de Géorgie, Carter apporte son soutien aux programmes du Planning familial incluant les procédures d’avortement. Toutefois, une fois président, il n’a pas soutenu l’augmentation des dépenses fédérales pour les infrastructures procédant à des avortements.
Jimmy Carter n’a pas eu à proposer de candidats à la Cour suprême durant son unique mandat.
Candidat à un second mandat en 1980, il a été sèchement battu par Ronald Reagan, qui obtient 489 grands électeurs, contre 49 pour le président sortant.
Les frontières de Schengen placées au niveau de la mer Noire
Au 1er janvier 2025, l’espace Schengen intègre deux nouveaux pays : la Bulgarie et la Roumanie :
Pour les touristes, c’est l’assurance de pouvoir voyager plus facilement et d’en découvrir les richesses artistiques. Mais cela place également les frontières de Schengen au niveau de la mer Noire, espace crucial des circulations et des trafics illicites. Schengen aura également une frontière commune avec la Moldavie et étend sa frontière avec l’Ukraine, Odessa n’étant qu’à 540 km de Constanta, la station balnéaire roumaine des rives de la mer Noire. Schengen étant réputé pour laisser passer les trafics et les migrants illégaux, une telle extension de l’espace européen peut donc légitimement inquiéter. Plus que jamais, la mer Noire est l’un des épicentres de la conflictualité en Europe. Un enjeu crucial pour les années à venir.
“On s’arc-boute sur la loi de 1905, mais personne ne la respecte”
Stéphane Bern a été longuement interrogé dans Ouest-France. Extraits :
L’argent restant récupéré pour Notre-Dame pourrait-il servir à d’autres églises ?
Non, mais ça va servir à Notre-Dame. Depuis 2015 et 2016, je me bats pour qu’on sauve ses pinacles, ses arcs-boutants. On va les refaire ainsi que tous les contreforts de la voûte. On va s’occuper de l’extérieur et du parvis. Je plaide pour un musée de l’œuvre, déjà préfiguré par Charles Personnaz, pour raconter les coulisses, les œuvres, ou exposer le coq miraculeusement retrouvé. L’argent serait mieux utilisé ainsi que dans des vitraux contemporains à la place de ceux de Viollet-Le-Duc. Mais bon, c’est un souhait du Président. Donc ce que le Président veut, Dieu le veut, j’ai l’impression !
Vous êtes opposé aux six vitraux contemporains, pour lesquels l’artiste Claire Tabouret vient d’être choisie ?
Je n’ai rien ni contre Claire Tabouret ni contre les vitraux contemporains. Il y en a à la cathédrale de Chartres (Eure-et-Loir) et j’ai participé à la collecte. Mais je leur suis favorable quand les anciens sont détruits ou détériorés. On ne peut pas enlever des vitraux classés Monument historique. Sinon, je vais faire la même chose pour mon musée : enlever ce qui est monument historique et faire des choses contemporaines que j’aime beaucoup. Soyez sûr que la Direction régionale des affaires culturelles me mettrait une amende.
Ça vous agace ?
Ah oui. Pourquoi l’État s’affranchit-il des règles qu’il impose aux autres ? Juste parce que le Président le veut ? La Commission nationale du patrimoine et de l’architecture a voté unanimement contre. S’opposer à cela, avec l’aval de la ministre de la Culture, ça veut dire qu’il y aura des recours. Je pense qu’on n’est pas près de voir ces vitraux. Et puis 4 millions d’euros, est-ce que la France les a maintenant ?
Quelle est votre position sur le fait de faire payer l’entrée à Notre-Dame pour les touristes – et non pour les fidèles?
D’abord, Notre-Dame est déjà partiellement payante. Vous voulez voir le trésor, les tours, la crypte ? Vous payez. Mais je ne suis pas pour qu’on fasse payer l’entrée. Je comprends la position de l’Église.
Vous avez changé de position…
J’ai changé parce que je considère que toute personne qui veut entrer dans Notre-Dame, doit le pouvoir. Même si partout dans le monde, il y a une file pour ceux qui visitent et une pour les fidèles. Mais vous savez ce que l’Église m’a avoué ? Au fond, ils ne sont pas contre le fait que les gens payent, mais contre le fait que les gens payent à l’État. Autre exemple : qui va bénéficier des revenus des boutiques ? C’est l’Église. J’espère qu’elle reversera quelque chose à l’État, qui est propriétaire de la cathédrale. Car l’État, c’est nous.
Que faire ?
Je veux mettre à plat toutes les dérogations qui existent sur les financements. Je fais un double constat. D’une part, on trouve 850 millions pour Notre-Dame de Paris, et je ne trouve pas les 85 premiers euros pour n’importe quelle petite église de campagne, alors qu’elles s’effondrent les unes après les autres. Est-ce normal alors qu’elles sont aussi anciennes que Notre-Dame ? D’autre part, on s’arc-boute sur la loi de 1905, mais personne ne la respecte. Elle dispose qu’en échange de la confiscation des biens de l’Église, les cathédrales appartiennent à l’État et les églises aux communes. Est-ce que les communes entretiennent les églises ? Non. Donc la loi de 1905 est caduque. Elle n’est pas respectée, donc elle n’existe plus. C’est un jeu de dupes, tout ça.
[…]
La France souffre-t-elle de son centralisme ?
Oui, mon point de vue a encore plus changé depuis que je vis à la campagne. Même si j’en ai pris conscience depuis une dizaine d’années avec le Village préféré des Français par exemple. Je ne tourne quasiment rien à Paris à part les grands événements, mes émissions se font dans les territoires. Où chaque restauration de monument peut faire revivre un village.
C’est le cas ici, à Thiron-Gardais ?
Ici, on restaure le collège royal, l’église, et immédiatement les touristes viennent. Il y a trois restaurants dans ce village de 980 habitants. Le patrimoine fait la richesse et la vie des villages. J’ai un angle de vue purement rural et, je le reconnais, il y a un mépris des élites parisiennes envers les campagnes. Beaucoup nous regardent comme des bouseux.
Et les décideurs politiques parisiens ?
J’en parle au Président, mais j’ai l’impression qu’il m’écoute sans m’entendre.
Et beaucoup l’accusent d’être déconnecté…
Je crains qu’il le soit vraiment. Ce n’est pas faute de lui expliquer la ruralité. Mais vous savez, tout est pensé, dirigé depuis Paris. Un exemple : les grands médias sont faits à Paris, sans ancrage local. Aussi, la boboïsation de l’élite intellectuelle créé une déconnexion.
[…]
Certains reprochent au Président une attitude de monarque. Ça pourrait vous séduire.
Oui, ça peut me séduire, mais dans ce cas-là, il faut rester au-dessus des partis et non pas rentrer dans l’arène politique. Présider, c’est incarner. Gouverner, c’est le rôle du Premier ministre. En France, le Président se prend pour le Premier ministre et le Premier ministre rêve d’être Président. Emmanuel Macron avait les meilleures intentions quand il est arrivé, mais, tout de suite, il a mis les mains dans le cambouis de la politique politicienne et c’était foutu. […]
In Natali Domini et la Vierge toujours intacte
D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
“La Mère, comme on l’a noté, et comme je l’ai moi-même expérimenté, se découvre plus tard, lorsque l’on entre dans l’intimité avec le Fils et que celui-ci vous fait pénétrer « à l’intérieur de la maison ».”
“Nous nous trouvons dans la Basilique Saint-Pierre à cette heure inhabituelle. Nous avons pour toile de fond l’architecture dans laquelle des générations entières, au fil des siècles, ont exprimé leur foi dans le Dieu incarné, suivant le message apporté ici, à Rome, par les apôtres Pierre et Paul. Tout ce qui nous entoure nous fait entendre la voix des deux millénaires qui nous séparent de la naissance du Christ. Le deuxième millénaire avance rapidement vers son terme. Permettez que, tels que nous sommes, dans ces circonstances de temps et de lieu, j’aille avec vous vers cette grotte des environs de Bethléem, au sud de Jérusalem. Faisons en sorte d’être tous ensemble plutôt là-bas qu’ici : là où, ‘dans le silence de la nuit’, se sont fait entendre les vagissements du nouveau-né, expression perpétuelle des enfants de la terre. Et, en même temps, s’est fait entendre le ciel, ce ‘monde’ de Dieu qui habite dans le tabernacle inaccessible de la Gloire. Entre la majesté du Dieu éternel et la terre-mère qui se manifeste avec le cri de l’Enfant nouveau-né, s’entrevoit la perspective d’une nouvelle Paix, d’une Réconciliation, d’une Alliance : ‘Voici que le Sauveur du monde est né pour nous’. ‘Les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu’.”
“Le Dieu de la Révélation entre dans les histoires blessées et ratées pour faire avancer « son » histoire de salut. Une histoire de salut qui utilise des matériaux que les hommes considèrent toujours comme du rebut, mais qui, à ses yeux, sont précieux et indispensables, même s’ils sont malades (cf. 1 Co 1,28).”
Islamisation : la Syrie sur les traces de l’Afghanistan ?
Le Dr. Dina Lisnyansky, expert en géopolitique du Moyen-Orient et de l’Islam, affilié au Centre Moshe Dayan pour les études du Moyen-Orient, Université de Tel-Aviv, est interrogé dans Conflits à propos du nouveau gouvernement syrien. Extrait :
Que pensez-vous du fait que Hayat Tahrir al-Sham, anciennement connu sous le nom de Jabhat al-Nusra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, se présente à nouveau comme un groupe islamiste modéré. S’agit-il d’une façade pour consolider leur pouvoir en Syrie avant de revenir à leurs vieilles habitudes djihadistes, ou sont-ils sincères ?
Tout d’abord, rappelons ce qui s’est passé avec les talibans en 2021, lorsqu’ils ont reconquis l‘Afghanistan. Ils ont insisté sur le fait qu’ils s’étaient réformés, affirmant que les droits des minorités et des femmes seraient protégés et que le pays ne servirait pas de plaque tournante aux groupes terroristes. Mais au bout d’un certain temps, ils ont clairement opprimé les femmes et les minorités, et permis à des organisations terroristes d’opérer sur leur sol.
Dans le cas de la Syrie, je crains que la situation ne soit similaire. Je ne sais pas si elle sera exactement la même ou si la radicalisation de la société sera aussi grave qu’en Afghanistan, mais je vois certains parallèles, notamment en ce qui concerne le traitement des femmes et des minorités.
Par exemple, il y a quelques jours, juste après la chute de Damas, nous avons assisté à un nouveau phénomène dans la capitale syrienne. Des personnes ont déclaré avoir reçu des tracts ou les avoir trouvés épinglés sur les vitres de leur voiture. Ces tracts indiquaient que les gens devaient se conformer à un nouvel ordre : les hommes et les femmes ne devaient pas être vus ensemble en public et les femmes devaient se couvrir les cheveux avec un foulard. Nous ne savons pas si cela a été fait sur ordre de Jolani, mais probablement pas. Il s’agit probablement de l’initiative d’individus agissant sans instructions directes de sa part. Cependant, personne n’est intervenu, ce qui signifie que de telles choses commencent à se produire.
Nous devons également tenir compte de l’entourage de Jolani et des groupes les plus importants qui l’entourent lorsque nous essayons de comprendre à quoi ressemblera son règne. Il ne s’agit pas seulement du HTS, qui était auparavant affilié à Al-Qaïda, mais aussi d’autres groupes salafistes et jihadistes. L’idéologie de ceux qui ont rejoint Jolani dans sa conquête de la Syrie provient principalement de la région post-soviétique. Je parle de personnes originaires de pays comme l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, ainsi que d’endroits comme le Daghestan et la Tchétchénie au sein de la Fédération de Russie. Ces personnes sont des islamistes radicaux au sens le plus extrême du terme.
Je le mentionne parce que je suis leurs chaînes Telegram depuis un certain temps, avant même qu’ils ne commencent à retourner en Syrie. Une autre observation intéressante dans ce contexte est la façon dont la Turquie a facilité l’établissement d’un nouveau camp militaire près d’Afrin, accueillant ces nouveaux arrivants qui ont l’intention de rejoindre Jolani et de combattre le régime d’Assad.
En outre, avant de rejoindre Jolani, nombre de ces individus avaient combattu aux côtés d’ISIS, ou en tant que membre, en Syrie et en Irak. Ils croient donc toujours à l’idée du califat et de l‘expansionnisme islamique, et leur vision d’une Syrie unie est indubitablement islamiste. Ainsi, entre ces idées radicales et la façade apparemment pragmatique de Jolani, il ne nous reste plus qu’à attendre de voir ce qui se passera réellement.
Et je crois que c’est quelque chose que le temps va révéler assez rapidement. Nous ne tarderons pas à voir quelles forces politiques gagneront en influence au sein de son gouvernement. D’après ce que je peux comprendre, nous assisterons à une islamisation définitive du pays quoiqu’il arrive, ce qui signifie que la Syrie deviendra un pays islamique. Cela ne fait aucun doute, même si les minorités non sunnites sont représentées au parlement, comme Jolani prétend le souhaiter. […]
[…] Jolani est soutenu par au moins une superpuissance régionale qui s’efforce d’être le protecteur de tout l’islam, en particulier de l’islam sunnite. Je parle bien sûr de la Turquie. Cela signifie que si quelqu’un tente de renverser Jolani en disant : « Vous n’êtes pas assez islamiste pour nous. Nous voulons nous séparer et établir une entité islamiste, comme le califat tel qu’il était en 2014-2015 », cela ne se fera pas facilement, parce que Jolani a tous les pouvoirs et qu’il est soutenu par la Turquie. Pour l’instant, la seule façon de le renverser est que la Turquie décide de soutenir quelqu’un d’autre.
À cet égard, nous ne devrions pas considérer la situation en Syrie uniquement comme une rébellion du peuple syrien qui a abouti à une guerre civile. Il s’agit également d’un conflit local, régional et même international, car de nombreuses puissances – telles que l’Iran, la Russie, les États-Unis et la Turquie – se sont rapidement impliquées en Syrie en 2011-2012. Depuis, le régime d’Assad n’a pu rester en place que grâce au soutien de l’Iran et de la Russie.
Mais après que l’influence de Moscou et de Téhéran a commencé à s’estomper, Ankara a entrepris une action géopolitique très sérieuse en Syrie afin d’accroître son influence. Ce mouvement a été mené par Jolani et les islamistes. Voici donc mon opinion : Je pense que sans l’approbation de la Turquie, rien d’important ne se produira en Syrie à l’heure actuelle. […]
Il y a deux choses que nous devons prendre en considération lorsque nous parlons du mouvement jihadiste transnational, en particulier le mouvement jihadiste sunnite. Tout d’abord, ils ont deux ennemis principaux. Le premier est, bien sûr, la mondialisation de l’Occident, comme ils l’appellent, et le second est l’axe iranien chiite, qu’ils prétendent avoir vaincu en Syrie en supprimant le régime Assad.
Leur prochaine étape consistera à essayer d’établir un État islamique en Syrie, ce qui signifie qu’ils essaieront de faire du pays un nouveau centre pour le type d’islam qu’ils aimeraient introduire dans le monde. Cela ne signifie pas que la Syrie deviendra un deuxième Afghanistan. Cela pourrait se passer différemment.
Mais lorsque nous parlons de djihadistes radicaux en Europe – et non de musulmans modérés, bien sûr -, nous devons reconnaître que tous les réfugiés syriens arrivés en Europe sont maintenant invités par Jolani à retourner en Syrie, y compris les extrémistes. En outre, le gouvernement turc affirme également que le pays est sûr et qu’ils peuvent retourner en Syrie. Ils y seront accueillis et se sentiront chez eux, car nous parlons surtout des sunnites qui ont dû fuir la Syrie à l’époque. […]
Fête de la Sainte Famille : vivre saintement le quotidien en famille
La vie de famille est rythmée par la routine mais aussi par les surprises, ponctuée de joies et de peines, de rapprochements et d’incompréhensions, de sérénité et d’énervements, tout cela vécu avec les talents et les imperfections de chacun.
Pour vous extraire du tourbillon de vos vies bien occupées, Hozana vous propose, à l’occasion de la Sainte Famille que nous fêtons aujourd’hui, de prendre un peu de recul en écoutant de courts audios réalisés par les conseillers conjugaux et familiaux du CLER, sur un thème concret de la vie de famille, pour la vivre plus saintement !
Baisse d’impôts : c’est possible en Italie
Le nouveau ministre français de l’Economie, Eric Lombard, s’est dit favorable à des hausses d’impôts “très limitées” dans le budget qu’il prépare pour 2025. Alors que la France est déjà la championne des prélèvements et des taxes en tout genre.
Le budget 2025 a été adopté par le Sénat italien, avec des mesures chiffrées à 30 milliards d’euros, dont plus de la moitié sont des baisses d’impôts et des cotisations sociales pour les revenus bas et moyens. Le gouvernement de Giorgia Meloni s’est engagé à ramener le déficit public à 3,3% du PIB en 2025, après un taux de 3,8% prévu cette année.
Giorgia Meloni a étendu la baisse des charges sociales ou fiscales aux salaires annuels allant jusqu’à 40.000 euros, mesure qui s’appliquait auparavant à titre temporaire aux revenus allant jusqu’à 35.000 euros. Autre mesure, le gouvernement a pérennisé la fusion des deux premières tranches d’impôt pour faire bénéficier les revenus annuels allant jusqu’à 28.000 euros d’un taux allégé de 23% au lieu de 25%.
Le gouvernement italien, qui souhaite aussi relancer la natalité, compte accorder une prime de 1.000 euros aux parents d’un nouveau-né qui disposent de revenues annuels jusqu’à 40.000 euros.
Les entreprises qui réinvestissent 80% de leurs bénéfices et embauchent des salariés peuvent bénéficier d’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés qui passe de 24% à 20%.
Dans Centesimus annus, Jean-Paul II rappelait à juste titre, et c’est toujours valable :
Cependant, au cours de ces dernières années en particulier, des excès ou des abus assez nombreux ont provoqué des critiques sévères de l’Etat du bien-être, que l’on a appelé l’« Etat de l’assistance ». Les dysfonctionnements et les défauts des soutiens publics proviennent d’une conception inappropriée des devoirs spécifiques de l’Etat. Dans ce cadre, il convient de respecter également le principe de subsidiarité: une société d’ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d’une société d’un ordre inférieur, en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l’aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun (100).
En intervenant directement et en privant la société de ses responsabilités, l’Etat de l’assistance provoque la déperdition des forces humaines, l’hypertrophie des appareils publics, animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d’être au service des usagers, avec une croissance énorme des dépenses. En effet, il semble que les besoins soient mieux connus par ceux qui en sont plus proches ou qui savent s’en rapprocher, et que ceux-ci soient plus à même d’y répondre. On ajoutera que souvent certains types de besoins appellent une réponse qui ne soit pas seulement d’ordre matériel mais qui sache percevoir la requête humaine plus profonde.
Fermez les “Haut-Commissariats” et ouvrez des commissariats
François Bayrou, nommé Premier ministre, avait pris la tête du Haut-commissariat au Plan en 2020. Ce Haut-commissariat au Plan a été créé le 1er septembre 2020 à la demande d’Emmanuel Macron et se définit comme
« une instance chargée d’éclairer les choix collectifs que la Nation doit prendre au regard des grands enjeux contemporains et de sensibiliser l’opinion publique à ces sujets […] visant à appréhender, selon une approche globale et transversale, les défis présents et futurs qui se posent à notre pays ».
Ses collaborateurs, ainsi que le haut-commissaire, organisent des échanges, des réunions, et se rendent sur le terrain pour recueillir des données et formuler des propositions. L’instance est chargée de concevoir des plans d’action à long terme à destination des pouvoirs publics. En 2023, l’instance a travaillé sur la souveraineté alimentaire et le sens du travail.
En 2023, le budget alloué à cette instance s’élevait à 350 000 euros pour l’année. Quant au haut-commissaire, il ne percevait aucune rémunération pour cette fonction. Le décret nommant François Bayrou à la tête de l’instance précisait qu’il exerçait son rôle « à titre gratuit ».
Avec un budget de fonctionnement de 1,9 million d’euros en 2023 et 2024, une équipe équivalent à presque 14 personnes employées à temps plein, le HCP a produit 18 notes stratégiques, ainsi que trois autres rapports.
“Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu”
Dans un article publié sur Res Novae, l’abbé Barthe évoque la déclaration épiscopale « sur les lois dites de laïcité et les mesures à prendre pour les combattre » du 10 mars 1925 :
[S]ur le point de la laïcité, elle attaquait de fait la matrice de la Révolution :
« Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu. Elles procèdent de l’athéisme et y conduisent dans l’ordre individuel, familial, social, politique, national, international. Elles supposent la méconnaissance totale de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de son Évangile. Elles tendent à substituer au vrai Dieu des idoles (la liberté, la solidarité, l’humanité, la science, etc.) ; à déchristianiser toutes les vies et toutes les institutions. Ceux qui en ont inauguré le règne, ceux qui l’ont affermi, étendu, imposé, n’ont pas eu d’autre but. De ce fait, elles sont l’œuvre de l’impiété, qui est l’expression de la plus coupable des injustices, comme la religion catholique est l’expression de la plus haute justice. »
Et d’énumérer quatre ensembles législatifs de laïcisation :
- la loi scolaire qui « enlève aux parents la liberté qui leur appartient » en même temps qu’elle trompe l’intelligence des enfants, pervertit leur volonté, fausse leur conscience ;
- la loi de Séparation, qui dépouille l’Église des biens qui étaient nécessaires à son ministère, « sans compter qu’elle entraîne la rupture officielle, publique, scandaleuse de la société avec l’Eglise, la religion et Dieu » ;
- la loi du divorce qui « autorise juridiquement l’adultère » ;
- et l’ensemble des dispositions qui laïcisent les hôpitaux et privent les malades de consolations spirituelles en les exposant à mourir sans sacrement.
Venait alors le cœur du propos : c’est non seulement un droit mais un devoir de leur désobéir.
« Les lois de laïcité ne sont pas des lois. Elles n’ont de loi que le nom, un nom usurpé ; elles ne sont que des corruptions de la loi, des violences plutôt que des lois, dit Saint Thomas[3] […]. Après avoir ruiné les principes essentiels sur lesquels repose la société, elles sont ennemis de la vraie religion qui nous ordonne de reconnaître et d’adorer, dans tous les domaines, Dieu et son Christ, d’adhérer à leur enseignement, de nous soumettre à leurs commandements, de sauver à tout prix nos âmes, il ne nous est pas permis de leur obéir, nous avons le droit et le devoir de les combattre et d’en exiger, par tous les moyens honnêtes, l’abrogation. »
Les prélats français, libérés des liens concordataires, fort du sacrifice des prêtres, religieux et séminaristes durant la guerre, et non encore bridés par la condamnation de l’Action française, étaient clairement combattifs, presque subversifs.
Deux tactiques sont possibles expliquaient-ils. « La première consisterait à ne pas heurter de front les législateurs laïcs ; à essayer de les apaiser et d’obtenir qu’après avoir appliqué leurs lois dans un esprit de modération, ils finissent par les laisser tomber en désuétude. » Mais elle présente, continuait-elle, des inconvénients graves :
- « Elle laisse les lois debout. À supposer qu’un ministère ou plusieurs ministères n’en usent qu’avec bienveillance, ou cessent d’en user contre les catholiques, il dépendra d’un nouveau gouvernement de les tirer de l’oubli ». Les effets du laïcisme sont atténués provisoirement, mais le principe subsiste. « On dira qu’une attitude de conciliation nous a valu quelques faveurs particulières. Petits avantages quand on songe à l’immense courant d’erreur qui envahit les âmes et les entraîne à l’apostasie ! »
- « Les plus malfaisantes de ces lois continuent à agir, quelles que soient les intentions des ministères successifs. »
- « Cette politique encourage nos adversaires, qui, comptant sur notre résignation et notre passivité, se livrent chaque jour à de nouveaux attentats contre l’Église. »
C’est donc une deuxième tactique qui était prônée, « plus militante et plus énergique ». Elle voulait que « sur tous les terrains, dans toutes les régions du pays, on déclare ouvertement et unanimement la guerre au laïcisme et à ses principes jusqu’à l’abolition des lois iniques qui en émanent », avec « toutes les armes légitimes », énumérées ici encore en trois points, comme dans un bon sermon :
- Action sur l’opinion par une propagande persévérante, notamment par des journaux et conférences, et aussi par des « manifestations extérieures ».
- Action sur les législateurs, essentiellement en ne votant que pour des hommes politiques adversaires de la laïcité. La déclaration, se référant à l’avis d’« hommes graves », réfutait la tactique du « moindre mal » en matière de vote, consistant, à défaut d’un bon candidat, de voter pour le moins mauvais.
- Action sur le gouvernement : imiter les manifestants qui « se rendent en masse aux portes des mairies, des préfectures, des ministères », envoient aux gouvernants des protestations, délégations, ultimatums, déclenchent des grèves.
Une préparation des voies de l’encyclique Quas primas
La déclaration de l’ACA [Assemblée des Cardinaux et Archevêques, qui deviendra la CEF en 1964] suscita des tempêtes à la Chambre des députés. Herriot interpellé par un député du Cartel des Gauches, sur l’attitude que comptait prendre le gouvernement, répondit de manière très mesurée, mais dénonça, notamment comme source idéologique du texte épiscopal, la doctrine du Séminaire français de Rome, où se recrutait largement les évêques de France (Herriot visait le P. Henri Le Floch, spiritain, son supérieur, une des hautes figures du catholicisme intégral). Et surtout il dénonçait l’aspect le plus subversif du texte des évêques : « La déclaration des archevêques et des cardinaux dit non pas qu’il faut réformer la loi, mais qu’il faut la violer. » […]
Le général de CASTELNAU, soldat de la foi
Dans l’émission Les Belles Figures de l’Histoire, Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier ont reçu Benoit CHENU, auteur de « 1918 : Le piège de l’Armistice » :
En Quête d’esprit : Dieu dans le désert
Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier reçoivent :
- Nicolas Diat, éditeur et écrivain
- Arnaud de BEAUCHEF, consultant et auteur
- Carol SABA, avocat, porte-parole de l’Assemblée des évêques orthodoxes
Terres de mission : L’écologie intégrale de Benoît XVI
Terres de mission reçoit l’abbé Eric Iborra, vicaire à l’église Saint-Roch à Paris, qui vient d’introduire un livre édité par Artège et regroupant des textes de Benoît XVI sur l’écologie: “L’Homme au coeur de la création”.
Puis, l’abbé Matthieu Raffray, supérieur pour l’Europe de l’Institut du Bon Pasteur, nous parle (par Skype) des développements de l’Institut, notamment en France – en particulier, les travaux en cours au séminaire de Courtalain, près de Chartres, pour accueillir davantage de séminaristes.
Autocentré, l’Occident a perdu le courage et la raison
Retour sur le numéro de décembre 2023 de la revue Livr’Arbitre, consacré à Alexandre Soljenitsyne. Extrait du portrait d’un prophète engagé :
Vous pouvez commander ou vous abonner à Livr’Arbitres ici ou le retrouver chaque mois sur Le Club de la Presse.
Dimanche dans l’octave de Noël : la prophétie de Siméon
Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.
La messe du dimanche dans l’octave de Noël prolonge les trois messes de la fête ; elle reprend même l’Alléluia et l’Offertoire de la messe de l’Aurore. Mais elle ouvre en même temps une première perspective sur la mission rédemptrice du Sauveur, pour laquelle il a voulu venir sur terre : on trouve à l’Évangile la prophétie du vieillard Siméon annonçant à la Sainte Vierge le glaive de douleur qui transpercerait son âme, tandis que la Communion, nous le verrons, se rapporte à l’épisode de la fuite en Égypte.
► Introït : Dum medium silentium
L‘Introït nous replace tout à fait dans l’ambiance mystérieuse de la sainte nuit et du grand événement qui s’y accomplit. Le texte est tiré du livre de la Sagesse dans un passage qui, parmi les manifestations de la sagesse dans l’histoire d’Israël, raconte la dixième plaie d’Égypte, l’extermination des premiers nés des Égyptiens, qu’on appelle la Pâque, c’est à dire le passage du Seigneur.
Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens sermo tuus, Domine, de cælis a regalibus sedibus venit.
Tandis que toutes choses se tenaient en silence et que la nuit était parvenue au milieu de son cours, votre parole toute puissante, Seigneur, est descendue de votre trône royal qui est dans les cieux.
Cette parole toute puissante, que Dieu n’a qu’à prononcer pour qu’elle s’accomplisse, c’est aujourd’hui le Verbe, qui est une personne, et qui descend du ciel sur la terre au milieu de la nuit en se faisant petit enfant pour nous sauver. La mélodie de cet Introït commence dans le grave, évoquant de façon mystérieuse le silence de la nuit, puis elle s’élève progressivement de plus en plus affirmative jusqu’à la fin calme et pleine d’assurance. Le verset est formé du début du psaume 92 qui chante la beauté et la puissance du Christ Roi, et que nous retrouverons à l’Alléluia.
Dominus regnavit, decorem indutus est : indutus est Dominus fortitudinem, et præcinxit se.
Le Seigneur est Roi revêtu de splendeur et il s’est ceint de puissance.
► Graduel : Speciosus forma
Le Graduel du dimanche dans l’octave de Noël reprend une image qui figurait dans le psaume de l’Introït, celle du Seigneur revêtu de beauté. Le texte est pris cette fois dans le psaume 44, le grand cantique nuptial qui chante les noces mystiques du Christ et de l’Église et qui est utilisé à plusieurs reprises au temps de Noël. Ici le psalmiste s’adresse au roi d’Israël figure du Messie.
Speciosus forma præ filiis hominum : diffusa est gratia in labiis tuis.
Vous êtes le plus beau des enfants des hommes, la grâce est répandue sur vos lèvres.
Les lèvres sont avec le sourire l’un des éléments principaux de la beauté du visage de l’être humain, mais les lèvres c’est aussi le siège de la parole par laquelle le Seigneur révèle sa sagesse et sa toute puissance.
La deuxième partie de ce Graduel reprend le début du psaume où le psalmiste exprime son enthousiasme d’avoir à chanter les louanges d’un tel roi :
Eructavit cor meum verbum bonum : dico ego opera mea Regi : lingua mea calamus scribæ velociter scribentis.De mon cœur jaillit un beau discours car je dédie mes œuvres au Roi. ma langue est comme la plume d’un scribe à l’écriture rapide.
La mélodie, comme c’est toujours le cas pour les Graduels, est très ornée, mais elle ne contient pas de grandes vocalises. Elle reste assez douce et paisible, déroulant de souples ondulations dans une ambiance de contemplation mystique. Ces formules assez originales se répètent dans les deux parties.
► Alléluia : Dominus regnavit, decorem
L‘Alléluia et l’Offertoire du dimanche dans l’octave de Noël reprennent ceux de la messe de l’aurore de la fête, messe à laquelle les fidèles ont très rarement l’occasion d’assister, et ils ont ainsi au moins la possibilité d’entendre ces deux pièces ; on y trouve le même thème que dans l’Offertoire de la messe du jour : la contemplation des attributs divins du petit enfant qui vient de nôtre, qui contrastent avec sa faiblesse : beauté, force, puissance… Ils sont tirés du psaume 92, psaume » théocratique » célébrant la royauté de Dieu sur son peuple, s’appliquant aujourd’hui au Christ Roi ; on en trouve dans l’Alléluia le premier verset, qui accompagnait déjà l’Introït :
Dominus regnavit, decorem induit : Induit Dominus fortitudinem et præcinxit se virtute.
NB : Vous aurez remarqué que le texte de l’introït est : Dominus regnavit, decorem indutus est : Il est légèrement différent car nous avons là deux versions de la Vulgate utilisées l’une dans le Propre, l’autre dans le Psautier.Le Seigneur est Roi, il est revêtu de splendeur : Le Seigneur s’est revêtu de force et ceint de puissance.
On retrouve donc le thème de la beauté, que chantait déjà le Graduel, associé à celui de la toute puissance créatrice qui sera celui de l’Offertoire. La mélodie exprime notre admiration pour ces qualités du Seigneur par une mélodie solennelle, très ornée, bien que sans grandes vocalises, et pleine de mouvement, bien que sans grands écarts. Alors que celles des deux autres messes de Noël sont des mélodies type, celle-ci est originale.
► Offertoire : Deus enim firmavit
L‘Offertoire du dimanche dans l’octave de Noël reprend, comme l’Alléluia, celui de la messe de l’aurore de la fête, et le texte est la suite de celui de verset de l’Alléluia, au début de psaume 92 :
Deus enim firmavit orbem terræ, qui non commovebitur ; parata sedes tua, Deus, ex tunc, a sæculo tu es.
En effet (par sa puissance) Dieu a solidement établi le globe terrestre qui ne sera pas ébranlé. Votre trône, ô Dieu, est préparé depuis toujours, et à jamais vous êtes.
Ce petit enfant que nous adorons est le créateur qui fait sans cesse exister toutes choses, et nous lui retournons le nom que Dieu s’était donné en se manifestant à Moïse : » Je suis » avait-il dit, » Vous êtes » lui redisons-nous.
La mélodie de cet Offertoire est comme il convient très affirmative et pleine d’assurance ; ses tenues sur la même note et ses intervalles majeurs (il n’y a presque pas de demi-tons) expriment parfaitement la solidité et la plénitude dont parle le texte
► Communion : Tolle puerum
L‘année liturgique se déroule sur plusieurs plans qui avancent simultanément à des vitesses différentes. Nous sommes encore à quelques jours de l’Épiphanie, mais déjà la Communion de ce dimanche se rapporte à la fuite en Égypte, et l’antienne à Magnificat des Vêpres évoque les 30 ans de vie cachée à Nazareth. Cette antienne de Communion nous fait entendre les paroles de l’ange à saint Joseph, alors que la Sainte Famille se trouve en Égypte :
Tolle puerum et matrem ejus, et vade in terram Israël ; defuncti sunt enim qui quærebant animam pueri.
Prends l’enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël ; en effet ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant sont morts.
C’est la mission rédemptrice du petit enfant qui est ici évoquée, avec la mention des persécutions qu’elle va entraîner et qui le conduiront à donner sa vie pour notre salut. La mélodie est pleine d’élan, avec deux phrases qui se ressemblent et se terminent par la même cadence ; mais la deuxième monte plus haut, culminant sur le mot quærebant, qui exprime les mauvaises intentions des persécuteurs.
Augmentation de 17% du nombre d’avortements pratiqués en Angleterre et au Pays de Galles
Lu sur Gènéthique :
En 2022, 252 122 avortements ont été pratiqués en Angleterre et au Pays de Galles, ce qui représente une augmentation de 17% par rapport à l’année précédente. C’est le nombre le plus élevé recensé depuis la légalisation de la pratique. Ces chiffres sont issus d’une mise à jour du rapport de mai sur les chiffres de l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles, pour l’année 2022, qui a été publiée le 18 décembre. Les données sont transmises par les cliniques et les hôpitaux.
En Angleterre et au Pays de Galles, l’avortement est légal jusqu’à 24 semaines de grossesse. Au-delà le fœtus est considéré comme « viable en dehors du corps de la mère ». Une femme peut toutefois subir une IVG après ce délai quand sa vie est en danger ou si l’enfant à naitre risque d’être « gravement handicapé ». On a dénombré 260 avortements pratiqués après 24 semaines de grossesse en 2022.
Les avortements médicamenteux très majoritaires
Selon le rapport gouvernemental, le taux d’avortement est de 20,6 pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans. L’augmentation la plus forte a été observée pour les femmes de 25 à 29 ans, passant de 21,8 pour 1000 en 2012 à 31,4 pour 1000 en 2022. Depuis 2012, le pourcentage des avortements médicamenteux a augmenté de 38 points, pour atteindre 86%. Un pic avait été observé entre 2020 et 2021, lors de la crise du Covid-19.
Par ailleurs, 41% des femmes ayant avorté en 2022 avaient déjà subi une ou plusieurs IVG. Ce taux est lui aussi en hausse. Il était de 37% de 2012. En outre, 3124 avortements ont été pratiqués en raison d’une anomalie fœtale, les anomalies chromosomiques représentant 27% des affections mentionnées.
Enfin, il faut noter que 98% des avortements ont été financés par le NHS. Le 29 juin 2017, le Gouvernement avait annoncé qu’il financerait, via le Government Equalities Office (GEO), les avortements pour les femmes résidant en Irlande du Nord où les IVG ne sont autorisées que dans des cas plus restreints. Cette disposition est toujours d’actualité malgré une dépénalisation de l’avortement en Irlande du Nord en 2022. 745 avortements pratiqués en Angleterre et au Pays de Galles cette année-là concernaient des femmes qui n’y résidaient pas.
“Il est temps aussi que nos évêques sortent de la torpeur dans laquelle les ont plongés un irénisme politique et une volonté servile d’adhésion aux “valeurs” de la République”
Mgr David Macaire, dominicain et archevêque de Fort-de-France depuis 2015, et l’abbé Christian Venard, aumônier militaire durant 22 ans et aujourd’hui responsable de la communication du diocèse de Monaco et aumônier de la Force Publique de Monaco, échangent face à face de Libres propos sur l’Église d’aujourd’hui, ses crises, ses abus, ses remèdes, le nombre croissant de prêtres ou d’évêques en burn-out, la diminution des vocations, des prêtres médiatisés parfois à outrance… A propos de la laïcité, l’abbé Vénard n’hésite pas à affirmer qu’il est temps de dire à la République dite française que le divorce est acté, afin que l’Eglise reprenne toute sa liberté. Liberté de marier des couples sans qu’ils passent d’abord en mairie, liberté d’instruction dans les écoles au risque de perdre le contrat d’association, etc :
Je sais que de tels mots peuvent paraître rudes? Bien entendu, il faut acter cette séparation dans le respect, car la grande tradition du catholicisme, c’est le respect des autorités légitimes ; mais en prenant en compte l’enseignement de Jean-Paul II sur les sphères d’autonomie, nous, catholiques, devons demander un peu plus de respect pour notre sphère. Si la République, qui semble plus soucieuse de comprendre le monde de l’islam que celui du catholicisme qui a pourtant forgé ce pays, a oublié comment fonctionnait l’Eglise, nous, catholiques, sommes en droit de dire avec respect : “Apprenez comment nous fonctionnons, et ensuite nous discuterons.” Il est temps aussi que nos évêques sortent de la torpeur dans laquelle les ont plongés un irénisme politique et une volonté servile d’adhésion aux “valeurs” de la République…
Mais est-ce seulement la conséquence d’un irénisme et d’une volonté servile ? N’est-ce pas aussi la conséquence de la politique du Ralliement initié par le pape Léon XIII, de la condamnation de l’Action française par le pape Pie XI, de la nouvelle liberté religieuse demandée par le Concile Vatican II, qui a eu notamment pour conséquences la révision par le pape Paul VI des Concordats encore en place ?
“Résurrection du Christ ou faux du Moyen-âge : Qui a créé le Linceul de Turin ?”
Voila le replay du débat contradictoire sur le Linceul de Turin organisé le 16 décembre. Sommaire :
- 0:00 Début
- 0:32 Présentation du contexte du débat
- 3:21 Argumentation d’Olivier Bonnassies, fondateur des 1000 raisons de croire
- 27:20 Argumentation de Noé Gouttés, YouTubeur de la chaîne Absinners
- 38:25 Réponse de Tristan Casabianca, spécialiste du Linceul de Turin
- 55:26 Réponse de Benjamin Driquez (Techniquement), docteur en physique
- 1:12:35 Échanges de questions : d’abord sur la superficialité de l’image
- 1:28:15 Question sur le vermillon et l’ocre retrouvés par Walter Mc Crone sur le linge
- 1:36:45 Question sur la bilirubine qui permet que le sang reste rouge
- 1:43:35 question sur la répartition du carbone 14 croissante vers le centre
- 2:00:45 Arbre logique pour la détermination de la cause à l’origine du Linceul
- 2:04:53 Le scénario cohérent proposé et la demande d’un éventuel scénario alternatif
- 2:09:15 3 questions pour le Linceul et le 1 M$ challenge proposé depuis 2022
“Ministre des habitants des quartiers « politique de la ville » pour mettre la République au cœur des quartiers”
Juliette Méadel est le ministre de la ville, du gouvernement Bayrou. Cette avocate fut porte-parole du Parti socialiste de 2014 à 2016 et secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes de 2016 à 2017 sous la présidence de François Hollande. En mars 2020, sans étiquette, elle est candidate aux élections municipales à Montrouge et entre au conseil municipal, avant de rejoindre la Fédération progressiste en 2022.
Foncièrement hostile à la préférence nationale, elle travaille dur pour favoriser la grand remplacement. En revanche, pour la langue française, on attendra :
▶️ Juliette Méadel avait signé une tribune dans Le Monde contre la loi immigration
💬 “Je suis viscéralement hostile à la préférence nationale dans le droit français. François Bayrou aussi, je lui fais confiance.” affirme @juliettemeadel, nouvelle ministre en charge de la ville pic.twitter.com/KmVhSJzh2B
— LCI (@LCI) December 24, 2024
Pour mon premier déplacement je me rends en Seine Saint Denis, à Clichy sous Bois chez @OlivierKlein93 . Je suis la ministre des habitants des quartiers « politique de la ville », pour mettre la République au cœur des quartiers.L’accès au service public est ma priorité. pic.twitter.com/TYpbAEFHQ6
— Juliette Méadel (@juliettemeadel) December 27, 2024
Si tant de théologiens ont peur d’affirmer la royauté sociale du Christ, c’est qu’ils voient le pouvoir comme le conçoivent Machiavel, Hobbes ou Rousseau
De Thibaud Collin dans L’Appel de Chartres :
S’il est un sujet qui divise les catholiques aujourd’hui, c’est paradoxalement celui du titre de roi donné à Jésus-Christ. On peut en voir un signe dans un article publié le 24 novembre 2024 par l’hebdomadaire Famille chrétienne intitulé « Solennité du Christ Roi : le royaume de Dieu est-il d’actualité ? » La journaliste s’appuyant sur deux ouvrages publiés cette année, celui du prêtre assomptionniste et journaliste Dominique Lang Alors, tu es roi ? (L’Escargot) et celui du prêtre diocésain du Havre enseignant à la faculté (jésuite) Loyola (Paris) Maintenant, le Royaume (DDB).
Il convient de revenir sur les assertions de cet article tant il reflète l’air ecclésial ambiant sur un tel sujet. Il permet de repérer les présupposés et les raccourcis du traitement de cette doctrine. Tout d’abord la doctrine enseignée par Pie XI dans son encyclique Quas primas (1925) est réduite à son contexte historique et reste marquée, selon le Père Lang, par l’ambiguïté de croire que « tous nos problèmes politiques seront résolus le jour où le Christ prendra le pouvoir ou lorsque tous les rois ou tous les gouvernements politiques actuels accepteront la royauté du Christ ». Cette croyance entretiendrait le malentendu que Jésus serait venu « rétablir la royauté en Israël ». On reste pantois devant de telles erreurs de lecture (si tant est que l’encyclique ait été réellement lue) ! Pie XI manifeste au contraire très bien que Jésus n’est pas roi à la manière du monde et ne tire pas sa royauté de celui-ci mais qu’en tant que Créateur et Sauveur, il est le Législateur suprême du monde humain. Récriminer devant une telle vérité dogmatique à l’heure où nos sociétés postchrétiennes s’enfoncent dans le nihilisme sociétal en confirmant, hélas, la pertinence de cette doctrine relève de la cécité. Notre hypothèse est que celle-ci repose sur l’acceptation d’un présupposé : une conception moderne du politique. Si, en effet, tant de théologiens ont peur d’affirmer la royauté sociale du Christ, c’est qu’ils voient le pouvoir comme le conçoivent Machiavel, Hobbes ou Rousseau. Or il est bien évident que le Christ n’a pas à « prendre le pouvoir » identifié à une force de coercition permettant de faire vivre ensemble des individus égoïstes mus par leurs seuls intérêts et désirs. La politique au sens noble et vrai du terme est le service du bien commun, dont la clef de voûte est la justice. Celle-ci a pour mesure les droits et les devoirs que le Créateur a inscrits dans la nature humaine.
Voyant que le Christ ne peut être politique au sens moderne du terme, ils en concluent que le royaume du Christ ne peut s’identifier qu’à sa faiblesse et qu’il consiste exclusivement dans l’engagement envers les pauvres. Ils restent ainsi enfermés dans une dialectique stérile glorification/ misérabilisme, au lieu de prendre de la hauteur et comprendre que le moyen principal de combattre l’injustice dont les pauvres sont effectivement les premières victimes est au contraire une conversion des cœurs et des structures sociales et politiques ; les deux dimensions, personnelle et collective, étant distinctes mais inséparables. Loin donc que cette doctrine soit datée, elle est d’une parfaite actualité et d’ailleurs… continue à être enseignée par le Magistère récent ! Nous lisons en effet dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992) :
« Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là ” la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ ” (DH 1). En évangélisant sans cesse les hommes, l’Église travaille à ce qu’ils puissent ” pénétrer d’esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent ” (AA 10). Le devoir social des chrétiens est de respecter et d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaître le culte de l’unique vraie religion qui subsiste dans l’Église catholique et apostolique (cf. DH 1). Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde (cf. AA 13). L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines (cf. Léon XIII, enc. ” Immortale Dei ” ; Pie XI, enc. ” Quas primas “).
La Marche pour la Vie a besoin de bénévoles
Chaque vie est précieuse, et chaque voix compte pour la défendre. Cette année encore, nous avons besoin de vous pour faire de la Marche pour la Vie un événement fort et marquant.
La Marche pour la Vie aura lieu le 19 janvier à Paris, et pour garantir son succès, nous recherchons encore 500 bénévoles pour nous prêter main-forte dans diverses missions :
- Logistique
- Sécurité
- Animation
- …
Donner de votre temps lors de cette journée, c’est contribuer directement à une cause qui nous unit et qui porte un message d’espoir et de dignité.
Pour participer, il vous suffit de vous inscrire via ce lien
En relisant Maurice Druon : François Bayrou et la belle vertu béarnaise
De Marion Duvauchel :
Maurice Druon n’est pas seulement l’auteur du Chant des partisans, il est aussi l’auteur d’un livre au titre très actuel : Ordonnances pour un État malade, publié en 2002. La maladie n’est pas récente, on s’en doutait, mais cela va mieux en le disant.
Octogénaire, Druon tint pendant quatorze mois une chronique dans Le Figaro, qu’il intitula : le franc-parler. On trouve ces chroniques rassemblées dans un livre paru sous ce même titre aux éditions du Rocher.
L’une d’elles s’intitule « Père, gardez-vous au centre », en référence à la bataille de Poitiers où Philippe le Hardi ne cessait de crier à Jean le Bon : « père, gardez-vous à droite…, père, gardez-vous à gauche ».
Les octogénaires sont des hommes de la longue mémoire, cela a du bon. Maurice Druon nous donne un bref rappel de la capacité à nuire de ce qui depuis soixante ans, fut toujours le ventre mou de la République. Cela commença très tôt, à Alger, en 1942 et 43, avec les giraudistes qui voulaient libérer la France mais qui voulaient aussi sauver Pétain et son gouvernement.
« Au début de 46, se joignant aux socialistes et aux communistes, ce furent les centristes qui refusèrent à de Gaulle les moyens de gouverner efficacement et l’amenèrent à démissionner. Ils accouchèrent de la navrante IVe république, frappée d’instabilité congénitale et qui s’empêtra dans deux guerres coloniales aussi contraires à l’histoire que désastreuse pour la France. L’UDSR, première formation de François Mitterrand, était centriste ».
Les centristes giscardiens furent responsables de l’échec du référendum de 69 et du départ du Général.
Il en est des centristes comme des surréalistes : ils ne sont devenus de grands poètes que lorsqu’ils ont cessé de croire aux bêtises d’André Breton. Les centristes ne deviennent vraiment bons que lorsqu’ils sortent du marais pour se placer sur des terrains un peu fermes. On est bien d’accord avec vous monsieur Druon, le centrisme a ses vertus, mais à l’échelon cantonal, à Pau par exemple, là où il faut faire adhérer sur des problèmes ponctuels à des solutions médianes. « Il ne peut être la forge d’une ardente politique nationale ».
En 2002, François Bayrou s’était déjà taillé la réputation à laquelle il est resté fidèle jusqu’à aujourd’hui et que la plume acérée de Druon restitue avec une âpre lucidité.
« Que veut-il ? Exister. C’est un programme un peu bref pour la France. M. Bayrou s’est accroché au veston un dossard marqué 2007 (les élections présidentielles). Il prend le départ vraiment de très loin. Le désir ne gage ni le talent ni le succès. (…) Je ne suis pas grand stratège mais j’ai les yeux bien ouverts. J’aimerais que M. Bayrou les eût aussi et que son avenir ne lui fit pas écran avec le présent. (…) Il y a au moins 16% d’électeurs d’extrême-droite et autant d’extrême gauche qui ne veulent plus de notre régime. Ils semblent irréductibles. Le débat est donc restreint entre la gauche sortante et la droite républicaine. En divisant celle-ci et en provoquant, comme on dit des triangulaires qui aboutiraient à l’élection de candidats socialistes, M Bayrou, à quelques sièges près pourraient nous condamner à une nouvelle cohabitation, d’où résulterait une crise grave ».
Ce ne sont plus 16% d’électeurs d’extrême-droite et autant pour l’extrême-gauche qui ne veulent plus de ce régime corrompu à tous niveaux. C’est, à l’exception d’une petite caste de bobos parisiens et d’une population inintégrable, à peu près toute la nation qui rejette les idéologies qui se sont imposées, lentement, sournoisement, puis avec violence. Et qui ont ruiné ce qui était une grande puissance et une nation dont nous avions tout lieu d’être fiers.
Il y a plus de vingt ans, l’essentiel de ce que nous pouvons espérer a été formulé dans cette courte chronique :
« Si François Bayrou dans une belle tradition béarnaise faisait passer l’union avant ses propres sentiments, il rendrait tout à la fois service à la France, et nous rendrait confiance en sa personne ».
Il suffit de mettre le mot « France » à la place du mot « union ». Mais je ne vois pas que dans sa longue carrière, François Bayrou ait jamais révélé dans sa conduite quoi que ce soit de « cette belle tradition béarnaise ». Quand bien même aujourd’hui son ambition ne fait plus écran avec le présent, il n’y aucune raison de croire que l’âge lui aura donné l’envergure qui lui a toujours fait défaut et les qualités d’homme d’État dont notre nation, ou ce qu’il en reste, a cruellement besoin. Qualités que devrait cimenter une chose essentielle et largement oubliée : l’honneur. À commencer par celui de la France.
La gauche en veut au monde entier de son échec. Infiltrée de trotskisme depuis des décennies, elle a recouru à la vieille méthode marxiste qui consiste à déshonorer les mots pour déshonorer les idées qu’ils représentent. Dévoyer le vocabulaire est une spécialité des communistes : ils ont abusé les peuples pendant soixante-dix ans avec ce procédé-là, et ils n’ont pas fini. Par exemple, quand on proteste aujourd’hui contre l’immigration imposée aux peuples de l’Europe, ce sont des « émeutes raciales ». Quand voudra-t-on bien comprendre que de la même manière qu’on ne dialogue pas avec les marxistes, on ne dialogue pas avec les nouveaux idéologues : on leur obéit ou on est éliminé. La réalité du pouvoir politique, depuis plusieurs décennies, est détenue par les syndicats de la fonction publique. Quand cessera-t-on de trembler devant eux ? Depuis Philippe le Bel, Louis XI, Richelieu, la grande règle française a été très simple : « Pas d’État dans l’État ». Les syndicats de la fonction publique sont un État dans l’État. Mais ils partagent désormais cette prérogative avec d’autres forces nouvelles : le lobby LGBT, les écologistes, l’islam, les féministes. Ça en fait du monde, et qui veut la même chose : le pouvoir.
Mais avec François Bayrou, nous pouvons être tranquilles. En bon centriste, il rappellera comme un credo son attachement au dialogue social. Sa diction embarrassée, la mollesse de son propos, son ton de vieux professeur à la retraite nous garantissent une chose s’il nous venait l’idée de l’écouter : l’ennui.
PS : Lors de la messe du jour de Noël célébrée dans ma paroisse, on nous a demandé de prier pour que notre politique permette un « dialogue social équilibré ». Entrevoyant enfin la folie pure des idéologies de la gauche, les Églises deviennent centristes. Ô pôvre comme on dit chez nous. Supprimons la prière universelle. Nous cesserons ainsi de donner une tribune à la sottise bonasse qu’il est de bon ton d’exhiber dans les milieux diocésains.
La “disparition” des saints Maccabées
Christophe Eoche-Duval, juriste, haut-fonctionnaire exerçant au sein de la Justice, essayiste, artiste, auteur metteur en scène, s’est passionné de revisiter la Bible. Lors du confinement, il s’est penché sur le deuxième Livre des Maccabées, un des livres de la Bible tombés dans l’oubli. Il s’agit pourtant d’une histoire véridique, et fondamentale dans l’aventure d’Israël. C’est le récit de la révolte, à l’initiative de la famille des Maccabées (en 167 av. J.-C.), des Israélites restés fidèles à la foi de Moïse contre l’idéologie qui risquait de les engloutir, dénommée hellénisme (que l’auteur propose de traduire par « sécularisme »). Ce récit a galvanisé la résistance juive, du ghetto de Varsovie à la libération du Mur du Temple. C’est encore un récit que fêtent, chaque année, les Israéliens (croyants ou non), avec la fête de Hanoucca. Alors même que ce livre n’est pas reconnu dans le canon biblique des Juifs.
Maillon essentiel entre l’Ancien et le Nouveau Testament, c’est un livre passionnant, moderne par ses leçons. Car la « résistance » juive, d’hier, n’annonce-t-elle pas des lendemains ? L’auteur discerne aussi dans le deuxième livre des Maccabées une clé de lecture du Noël chrétien. Mais si ces livres sont intégrés dans le canon des Ecritures reconnues par l’Eglise, combien de catholiques les connaissent ?
Combien même d’extraits des deux premiers livres des Maccabées l’Eglise catholique tire-t-elle pour édifier ses fidèles dans la liturgie ? En première lecture de messe, un extrait du premier ou du deuxième livre des Maccabées n’intervenait dans l’ancien Ordo que trois fois l’an, chaque samedi des quatre-temps, aux lectures de la fête de Saint Louis puis du 1er août, fête des “saints Maccabés” ; plus à la liturgie de la messe d’anniversaire d’un décédé. Depuis 1970, c’est toujours trois fois mais sur un cycle de trois ans, zéro fois l’année liturgique A (tombée en 2020), deux fois l’année liturgique B (année 2021), une fois l’année liturgique C (année 2022). Comment un fidèle peut-il en conserver souvenir, du fait de ce caractère très occasionnel ? […]
Depuis environ 362, leur mémoire au Martyrologue romain était fêtée chaque 1er août (couleur liturgique rouge). Je n’ai pas trouvé la raison du choix de cette date aoûtienne, commune dès l’origine à l’Eglise romaine et orthodoxe. Cette fête était importante comme en témoignent des Pères de l’Eglise qui leur ont consacré des homélies. Elle est inscrite au sacramentaire gélasien (Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae) qui date d’environ 550. […] Depuis 1970, ils ont “disparu” du sanctoral du calendrier liturgique, le calendrier des saints fêtés le 1er août, nouvelle forme d’injustice. Car cette mémoire dite “obligatoire” de leur fête, en disparaissant, a fait disparaître la diffusion de la connaissance de leur récit auprès du “peuple des fidèles”. […] Cette “disparition” intervient avec la révision dans l’Eglise latine du missel à la suite de la constitution apostolique Missale Romanum du 3 avril 1969, entré en vigueur à partir du 30 novembre 1969.
La fin de la Syrie, le début du chaos
D’Antoine de Lacoste dans Politique Magazine :
« Le régime de Bachar al-Assad s’est effondré » clament haut et fort l’occident, ses médias dociles à la pensée unique et sa classe politique à l’ignorance crasse. Or ce n’est pas un régime qui s’est effondré mais un pays qui, dans un acte suicidaire incompréhensible, a choisi de se livrer sans combattre à ses pires ennemis : les islamistes.
Toutefois, indépendamment du suicide syrien, un certain nombre d’acteurs ont favorisé cette tragédie. Les trois principaux sont facilement identifiables : la Turquie, Israël et les Etats-Unis.
La Turquie a joué à l’évidence un rôle majeur dans ces évènements qui sont le début de l’aboutissement de sa stratégie proche-orientale. Dès le début de la guerre de Syrie, en 2012, elle a activement soutenu les milices islamistes. Son intérêt était double : favoriser l’émergence d’un pouvoir sunnite et contrôler, pour ne pas dire plus, les Kurdes.
C’était un jeu bien périlleux d’aider les milices sunnites. L’Occident eu beau faire des efforts considérables pour les affubler des termes délicats de « rebelles », ou « rebelles modérés » voire dans les grands moments d’ « islamistes modérés » (une belle trouvaille tout de même), il s’agissait bel et bien d’islamistes. Leurs multiples exactions contre les chrétiens et les alaouites en témoignent largement.
L’Arabie Saoudite et le Qatar aidèrent également les islamistes pendant plusieurs années. Mais avec l’intervention russe et l’apparition de l’Etat islamique, issu d’une scission avec le front al-Nosra, ils se retirèrent du jeu. La Turquie continua et fit même mieux : elle envahit partiellement le nord de la Syrie pour en chasser les Kurdes. L’Occident protesta à peine et Erdogan rappela qu’après tout la Syrie avait longtemps appartenu à l’Empire ottoman. Mais il dut ensuite freiner ses ambitions sous la double pression russe et américaine. Les Russes lui intimèrent l’ordre de ne pas descendre plus au sud et les Américains s’installèrent au nord-est et à l’est créant de facto une nouvelle entité abritant les kurdes et leur milice armée YPG. Les Turcs furent fermement invités par Washington à mettre en sourdine leur projet anti-kurde.
Bien installés dans le nord, les Turcs bénéficièrent d’un cadeau inespéré des Russes : la gestion de la province d’Idleb située au nord-ouest de la Syrie. Malgré la présence des célèbres villes mortes byzantines et des somptueuses ruines de la basilique Saint Siméon le Stylite (qu’en reste-t-il ?), cette région est très majoritairement peuplée de sunnites et en particulier de Turkomans, par définition proches des Turcs. Lors de l’avancée triomphale de l’armée syrienne à partir de 2017, l’armée russe eut l’idée de permettre aux islamistes de se rendre et d’être transférés dans cette province avec leurs familles et leurs armes légères. Des milliers de combattants islamistes s’y installèrent, venant notamment des banlieues de Damas et des vergers de la Ghoutta. Plusieurs dizaines de « Français » djihadistes y trouvèrent également refuge.
L’arc sunnite
L’idée russe avait un avantage : permettre à l’armée syrienne de reconquérir son territoire (hormis les annexions turques et américaines) sans subir trop de pertes, alors que la saignée des premières années avait été terrible. Pourquoi pas ? Mais laisser une région entière aux mains d’islamistes censés être surveillés par la Turquie relevait d’un audacieux pari. La province d’Idleb fut finalement peu contrôlée. L’ex Front al-Nosra a quitté son affiliation à al-Qaïda et a changé de nom pour s’appeler Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Il a absorbé d’autres groupes islamistes pour constituer une milice de 20 000 combattants. Ce sont eux qui ont envahi la Syrie et pris Alep en trois jours, provoquant l’effondrement improbable de l’armée syrienne.
Dans le même temps, l’armée turque attaquait les Kurdes. La concordance des actions ne relève évidemment pas du hasard : tout cela était tout à fait coordonné. HTC a gagné la bataille, l’avenir dira si elle est une alliée ou une vassale de la Turquie.
Mais tout cela n’aurait pas été possible sans Israël. Après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, le Hezbollah libanais réagit avec prudence. Au grand dam du Hamas il ne se lança pas dans une guerre totale mais de faible intensité. Israël de son côté donna la priorité à la destruction de Gaza. 45 000 morts plus tard, dont une écrasante majorité de civils, l’effort militaire hébreu se porta contre la milice chiite. Après avoir détruit le commandement du Hezbollah à Beyrouth sud, l’armée envahit le Liban pour la énième fois et de durs combats terrestres eurent lieu. Son écrasante supériorité aérienne fit rapidement la différence mais on ne sait pas aujourd’hui si le Hezbollah est encore militairement fort et pourra se reconstituer après le départ israélien.
Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’y avait plus de combattants chiites pour aider l’armée syrienne. Il faut bien se rappeler que pendant toutes les années de la guerre, l’apport des combattants du Hezbollah fut décisif. Ces redoutables combattants colmatèrent bien des brèches lorsque les soldats syriens étaient vaincus ou en fuite. Leur absence a pesé lourd.
Israël joua également un rôle néfaste important en bombardant régulièrement les combattants iraniens, irakiens, afghans, pakistanais et libanais chiites présents en Syrie. Car de même que l’offensive djihadiste sunnite contre la Syrie fut internationale, la défense chiite de la Syrie le fut aussi. La haine séculaire entre chiites et sunnites est une donnée fondamentale pour comprendre la guerre en Syrie. En protégeant Bachar al-Assad, l’Iran défendait l’arc chiite est-ouest du Proche-Orient. En faisant sauter le verrou syrien, les sunnites, qu’ils fussent turcs ou d’autres pays, permettait l’accomplissement d’un arc sunnite nord-sud.
Le jeu d’Israël
C’est pour cela que les services secrets américains et leurs valets occidentaux ont soutenu le djihad : l’Amérique est alliée aux sunnites et ennemie des chiites.
Pendant toute la guerre syrienne, Israël a prétendu ne pas choisir. En réalité, elle a constamment et discrètement aidé les islamistes sunnites dans le sud. Des milliers de combattants d’al-Nosra et même de Daech ont par exemple été soignés dans des hôpitaux israéliens.
Mais Israël n’avait que très rarement bombardé des miliciens chiites pour ne pas déplaire à la Russie avec qui elle entretenait de bonnes relations. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les bombardements israéliens ont considérablement augmenté, les priorités russes s’étant déplacées. Ils se sont encore intensifiés après le 7 octobre, désorganisant toute la logistique chiite, notamment iranienne et irakienne. Et lorsque l’offensive islamiste de HTC fut déclenchée après le feu vert turc et que des combattants irakiens et iraniens commencèrent à faire mouvement pour secourir l’armée syrienne, Israël avertit qu’ils seraient détruits en route. Ils firent demi-tour car si la puissance militaire terrestre de l’armée israélienne est discutable, sa puissance de feu aérien est irrésistible.
Depuis la chute de Bachar, Israël s’en donne à cœur joie. Bombardements massifs, y compris de groupes de soldats syriens, et invasion du sud de la Syrie. Le Plateau du Golan est annexé « pour l’éternité » a déclaré le doux Netanyahou et la Syrie sombre dans le chaos, soit un adversaire potentiel de moins pour Israël et un allié de l’Iran qui disparaît.
Les Américains ont joué aussi leur rôle mais il fut plus modeste. Après s’être installés dans le nord-est, riche en gaz et en pétrole, et en avoir confié la gestion aux Kurdes, décision fut prise d’écraser la Syrie sous les sanctions. Sans ressources, le pays ne pouvait que sombrer dans le marasme économique. Il faut être la Russie pour rendre les sanctions inopérantes. Certes, Bachar n’a pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour surmonter ces mortifères sanctions, mais il est tellement facile d’écraser les faibles et l’Amérique aime ça.
Devant ce désastre, certains diront que puisqu’il s’agit avant tout d’un conflit sunnite-chiite, devions-nous en tant que chrétiens prendre nettement parti ? La réponse est hélas évidente et l’histoire nous l’enseigne : les sunnites sont beaucoup plus intolérants que les chiites. Pas une seule église n’a été saccagée par les chiites pendant la guerre, les sunnites en ont détruit des centaines et massacré des milliers de chrétiens.
Avec Bachar, malgré ses multiples défauts et sa pitoyable fuite, les chrétiens ne risquaient rien. Aujourd’hui, le pire est à craindre.
Antoine de Lacoste
26 décembre 1994 : le GIGN lance l’assaut pour mettre un terme à la prise d’otage
Récit par Conflits :
Le 24 décembre 1994, quatre islamistes issus du GIA prennent le contrôle de l’avion d’Air France stationné à l’aéroport d’Alger.
Un Airbus A300 composé de 220 passagers (dont 100 Algériens et 72 Français) et 12 membres d’équipage est immobilisé par les islamistes. La prise d’otage s’est faite grâce à la complicité d’un inspecteur de la police aux frontières, qui a permis aux islamistes de s’emparer d’un véhicule d’Air France afin de s’approcher de l’avion et d’y entrer.
À 11h05, ils entrent dans l’appareil en se présentant aux membres d’équipage comme des policiers, puis vérifient les passeports des passagers. Puis les quatre hommes révèlent leurs intentions et prennent le contrôle de l’avion. Ils demandent à l’avion de décoller vers Paris. Leur objectif est de transformer l’avion en bombe en s’écrasant contre la tour Eiffel ou la tour Montparnasse.
Édouard Balladur, alors Premier ministre, doit dans un premier temps négocier avec le gouvernement algérien qui, refusant de laisser partir l’avion, menace la vie des otages. Alger envisage de donner un assaut rapide, ce qui se traduirait par un carnage.
À 13h30, un premier otage est abattu. Au total, quatre otages seront tués à Alger, dont le cuisinier de l’ambassade de France.
Édouard Balladur permet que des femmes et des enfants soient libérés. Le 25 décembre à 13h, ce sont ainsi 65 passagers qui sont libérés. Mais Alger continue de laisser partir l’avion ainsi que de permettre l’intervention du GIGN français. Finalement, Edouard Balladur menace le gouvernement algérien de couper les aides de la France. Alger se couche et accepte de laisser partir l’avion.
Par manque de carburant, celui-ci se pose sur l’aéroport de Marignane. Les islamistes veulent faire le plein de carburant pour se rendre à Paris, mais le gouvernement français est bien décidé à ne pas laisser repartir l’avion.
Le vol AF 8969 se pose à Marignane le 26 décembre à 3 h 12 du matin. Fatigués par la prise d’otage, les membres du commando maintiennent le silence radio et en profitent pour dormir.
Le GIGN propose au commando d’organiser une conférence de presse à l’avant de l’appareil. Le commando accepte, vide l’avant de l’avion de ses passagers, ceux-ci étant amenés vers l’arrière de l’appareil. L’organisation de la conférence doit permettre non seulement de gagner du temps pour préparer l’offensive et vérifier que les portes de l’avion ne sont pas piégées avec des explosifs, mais aussi d’accentuer la fatigue du commando.
À 17h12, le commandant du GIGN donne le signal de l’assaut.
Trois passerelles motorisées s’approchent de l’avion, deux vers les portes arrière avec 11 hommes de chaque côté, et une passerelle de 8 hommes à l’avant de l’appareil. Ils ouvrent avec difficulté la porte avant droite de l’appareil, car la passerelle est trop haute et bloque l’ouverture de la porte. Elle est reculée puis avancée à nouveau, une fois la porte ouverte, blessant un homme du GIGN. Les membres du commando terroriste, réfugiés dans le cockpit, tirent à travers la cloison.
Le premier gendarme à pénétrer dans l’avion est Éric Arlecchini, dit « Arlé » (blessé par balles au cours de l’assaut, il décédera accidentellement en service deux ans plus tard avec un autre gendarme) qui se met en appui face à l’arrière de l’appareil pour couvrir le reste du groupe. Il est suivi de Thierry Prungnaud qui s’approche du cockpit et parvient, sous l’effet de la surprise, à tuer deux terroristes et à en blesser un troisième, avant de recevoir un feu nourri.
L’échange de tirs se poursuit entre les hommes du GIGN et le dernier preneur d’otages, caché sous la tablette de navigation de l’appareil. Celui-ci lance une grenade qui atterrit à 80 cm de Thierry Prungnaud, toujours au sol, et qui a le réflexe de tourner le dos à l’objet pour se protéger de l’explosion, qui génère un trou de 20 cm dans le plancher de l’avion. Thierry Prungnaud reçoit des éclats dans le bas du dos et les jambes et perd connaissance pendant quelques secondes.
À 17 h 18, l’ensemble des passagers et du personnel navigant commercial est évacué par les portes arrière de l’appareil via les toboggans de secours. Malgré la violence de la fusillade, moins de trente personnes sont blessées. Avec les sirènes des ambulances comme fond sonore, le commandant Favier envoie un message radio laconique à la tour de contrôle : « Opération terminée, pertes limitées ».
À 17 h 29, soit vingt minutes après le début de l’assaut, le dernier terroriste est abattu d’une balle dans le cœur. Plus de 1 000 munitions ont été tirées au cours de l’assaut.
30 ans après, la gendarmerie tire les leçons de cet assaut.
[…] Si l’assaut de Marignane est considéré comme un succès à juste titre, il marque aussi un tournant pour l’unité. Les enseignements qui en ont été tirés sont nombreux et omnidirectionnels, que ce soit en matière d’équipement (armes, véhicules, protection balistique), de doctrine d’emploi (stratégie de négociation, gestion des médias, approche de l’assaut) ou de formation (intégration à l’écosystème aérien). « En premier lieu, avec l’arrivée des chaînes d’information en continu et, plus largement, de la communication en temps réel, nous avons mené une réflexion sur la façon de mieux travailler avec les médias, c’est-à-dire sur la manière d’intégrer le fait que l’adversaire ait connaissance de notre dispositif, voire de nos intentions, dans nos modes opératoires. Partant de ce postulat, cela a eu des conséquences sur notre stratégie de négociation, sur celle de décision d’emploi, de même que sur l’assaut proprement dit », explique le général de division Ghislain Réty, arrivé pour la première fois au Groupe en 1995 et actuellement à sa tête. La deuxième ligne d’opération est l’enseignement technique. À ce titre, l’année 1995 a marqué un véritable tournant. À Marignane, on voit un opérationnel monter armé d’un revolver, ce qui nous paraît complètement dépassé aujourd’hui. »
À partir de là, le GIGN revoit en effet tout son équipement, de la protection balistique au sens large, avec l’arrivée des boucliers et la réflexion sur les gilets pare-balles, à l’armement, en passant par les vecteurs de mobilité. Des armes plus puissantes font ainsi leur apparition au sein du groupe, avec des calibres permettant de tirer de plus loin, de percer plus facilement des matériaux tels que les pare-brise d’avion, et d’avoir moins de déviation par rapport au vent. Pour pallier le manque de protection conférée par les passerelles utilisées à Marignane, le GIGN travaille également sur des véhicules quasi dédiés à l’assaut des avions, mais qui pourront également être utilisés pour mener un assaut au deuxième ou au troisième étage d’un bâtiment. […]
Rennes : la cathédrale fermée à cause d’actes de dégradations répétées
« En raison d’actes de dégradation répétés, nous nous voyons dans l’obligation temporaire de fermer la cathédrale du lundi au vendredi, de 12 h à 15 h. Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser. »
Le message est affiché à l’entrée de la cathédrale Saint-Pierre.
La mesure n’empêche pas le bon déroulement des offices pendant la période des fêtes. Les messes ont pu être célébrées normalement, en particulier le jour de Noël.
Montpellier : l’église Sainte-Thérèse victime d’un cambriolage durant la nuit de Noël
Le jour de Noël, les fidèles de l’église de Sainte-Thérèse à Montpellier ont constaté un vitrail cassé et des troncs dégradés. Sans compter l’échelle retrouvée à l’extérieur.
Un des troncs a été vidé, quelques heures après la messe de minuit. Deux autres ont été vandalisés.
Aziliz Le Corre chez les Éveilleurs : les origines philosophiques et idéologiques de l’hiver démographique
Les Éveilleurs ont reçu Aziliz Le Corre, journaliste au JDD et auteur de l’essai L’enfant est l’avenir de l’homme, pour un entretien passionnant. Elle décrypte les origines philosophiques et idéologiques de l’hiver démographique sans précédent vécu par l’Occident et ses conséquences pour l’avenir de l’humanité.