Blogs avec images

Islamisation : la Syrie sur les traces de l’Afghanistan ?

Le Dr. Dina Lisnyansky, expert en géopolitique du Moyen-Orient et de l’Islam, affilié au Centre Moshe Dayan pour les études du Moyen-Orient, Université de Tel-Aviv, est interrogé dans Conflits à propos du nouveau gouvernement syrien. Extrait :

Que pensez-vous du fait que Hayat Tahrir al-Sham, anciennement connu sous le nom de Jabhat al-Nusra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, se présente à nouveau comme un groupe islamiste modéré. S’agit-il d’une façade pour consolider leur pouvoir en Syrie avant de revenir à leurs vieilles habitudes djihadistes, ou sont-ils sincères ?

Tout d’abord, rappelons ce qui s’est passé avec les talibans en 2021, lorsqu’ils ont reconquis l‘Afghanistan. Ils ont insisté sur le fait qu’ils s’étaient réformés, affirmant que les droits des minorités et des femmes seraient protégés et que le pays ne servirait pas de plaque tournante aux groupes terroristes. Mais au bout d’un certain temps, ils ont clairement opprimé les femmes et les minorités, et permis à des organisations terroristes d’opérer sur leur sol.

Dans le cas de la Syrie, je crains que la situation ne soit similaire. Je ne sais pas si elle sera exactement la même ou si la radicalisation de la société sera aussi grave qu’en Afghanistan, mais je vois certains parallèles, notamment en ce qui concerne le traitement des femmes et des minorités.

Par exemple, il y a quelques jours, juste après la chute de Damas, nous avons assisté à un nouveau phénomène dans la capitale syrienne. Des personnes ont déclaré avoir reçu des tracts ou les avoir trouvés épinglés sur les vitres de leur voiture. Ces tracts indiquaient que les gens devaient se conformer à un nouvel ordre : les hommes et les femmes ne devaient pas être vus ensemble en public et les femmes devaient se couvrir les cheveux avec un foulard. Nous ne savons pas si cela a été fait sur ordre de Jolani, mais probablement pas. Il s’agit probablement de l’initiative d’individus agissant sans instructions directes de sa part. Cependant, personne n’est intervenu, ce qui signifie que de telles choses commencent à se produire.

Nous devons également tenir compte de l’entourage de Jolani et des groupes les plus importants qui l’entourent lorsque nous essayons de comprendre à quoi ressemblera son règne. Il ne s’agit pas seulement du HTS, qui était auparavant affilié à Al-Qaïda, mais aussi d’autres groupes salafistes et jihadistes. L’idéologie de ceux qui ont rejoint Jolani dans sa conquête de la Syrie provient principalement de la région post-soviétique. Je parle de personnes originaires de pays comme l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, ainsi que d’endroits comme le Daghestan et la Tchétchénie au sein de la Fédération de Russie. Ces personnes sont des islamistes radicaux au sens le plus extrême du terme.

Je le mentionne parce que je suis leurs chaînes Telegram depuis un certain temps, avant même qu’ils ne commencent à retourner en Syrie. Une autre observation intéressante dans ce contexte est la façon dont la Turquie a facilité l’établissement d’un nouveau camp militaire près d’Afrin, accueillant ces nouveaux arrivants qui ont l’intention de rejoindre Jolani et de combattre le régime d’Assad.

En outre, avant de rejoindre Jolani, nombre de ces individus avaient combattu aux côtés d’ISIS, ou en tant que membre, en Syrie et en Irak. Ils croient donc toujours à l’idée du califat et de l‘expansionnisme islamique, et leur vision d’une Syrie unie est indubitablement islamiste. Ainsi, entre ces idées radicales et la façade apparemment pragmatique de Jolani, il ne nous reste plus qu’à attendre de voir ce qui se passera réellement.

Et je crois que c’est quelque chose que le temps va révéler assez rapidement. Nous ne tarderons pas à voir quelles forces politiques gagneront en influence au sein de son gouvernement. D’après ce que je peux comprendre, nous assisterons à une islamisation définitive du pays quoiqu’il arrive, ce qui signifie que la Syrie deviendra un pays islamique. Cela ne fait aucun doute, même si les minorités non sunnites sont représentées au parlement, comme Jolani prétend le souhaiter. […]

[…] Jolani est soutenu par au moins une superpuissance régionale qui s’efforce d’être le protecteur de tout l’islam, en particulier de l’islam sunnite. Je parle bien sûr de la Turquie. Cela signifie que si quelqu’un tente de renverser Jolani en disant : « Vous n’êtes pas assez islamiste pour nous. Nous voulons nous séparer et établir une entité islamiste, comme le califat tel qu’il était en 2014-2015 », cela ne se fera pas facilement, parce que Jolani a tous les pouvoirs et qu’il est soutenu par la Turquie. Pour l’instant, la seule façon de le renverser est que la Turquie décide de soutenir quelqu’un d’autre.

À cet égard, nous ne devrions pas considérer la situation en Syrie uniquement comme une rébellion du peuple syrien qui a abouti à une guerre civile. Il s’agit également d’un conflit local, régional et même international, car de nombreuses puissances – telles que l’Iran, la Russie, les États-Unis et la Turquie – se sont rapidement impliquées en Syrie en 2011-2012. Depuis, le régime d’Assad n’a pu rester en place que grâce au soutien de l’Iran et de la Russie.

Mais après que l’influence de Moscou et de Téhéran a commencé à s’estomper, Ankara a entrepris une action géopolitique très sérieuse en Syrie afin d’accroître son influence. Ce mouvement a été mené par Jolani et les islamistes. Voici donc mon opinion : Je pense que sans l’approbation de la Turquie, rien d’important ne se produira en Syrie à l’heure actuelle. […]

Il y a deux choses que nous devons prendre en considération lorsque nous parlons du mouvement jihadiste transnational, en particulier le mouvement jihadiste sunnite. Tout d’abord, ils ont deux ennemis principaux. Le premier est, bien sûr, la mondialisation de l’Occident, comme ils l’appellent, et le second est l’axe iranien chiite, qu’ils prétendent avoir vaincu en Syrie en supprimant le régime Assad.

Leur prochaine étape consistera à essayer d’établir un État islamique en Syrie, ce qui signifie qu’ils essaieront de faire du pays un nouveau centre pour le type d’islam qu’ils aimeraient introduire dans le monde. Cela ne signifie pas que la Syrie deviendra un deuxième Afghanistan. Cela pourrait se passer différemment.

Mais lorsque nous parlons de djihadistes radicaux en Europe – et non de musulmans modérés, bien sûr -, nous devons reconnaître que tous les réfugiés syriens arrivés en Europe sont maintenant invités par Jolani à retourner en Syrie, y compris les extrémistes. En outre, le gouvernement turc affirme également que le pays est sûr et qu’ils peuvent retourner en Syrie. Ils y seront accueillis et se sentiront chez eux, car nous parlons surtout des sunnites qui ont dû fuir la Syrie à l’époque. […]

Fête de la Sainte Famille : vivre saintement le quotidien en famille

La vie de famille est rythmée par la routine mais aussi par les surprises, ponctuée de joies et de peines, de rapprochements et d’incompréhensions, de sérénité et d’énervements, tout cela vécu avec les talents et les imperfections de chacun.

Pour vous extraire du tourbillon de vos vies bien occupées, Hozana vous propose, à l’occasion de la Sainte Famille que nous fêtons aujourd’hui, de prendre un peu de recul en écoutant de courts audios réalisés par les conseillers conjugaux et familiaux du CLER, sur un thème concret de la vie de famille, pour la vivre plus saintement !

Lien

Baisse d’impôts : c’est possible en Italie

Le nouveau ministre français de l’Economie, Eric Lombard, s’est dit favorable à des hausses d’impôts “très limitées” dans le budget qu’il prépare pour 2025. Alors que la France est déjà la championne des prélèvements et des taxes en tout genre.

Le budget 2025 a été adopté par le Sénat italien, avec des mesures chiffrées à 30 milliards d’euros, dont plus de la moitié sont des baisses d’impôts et des cotisations sociales pour les revenus bas et moyens. Le gouvernement de Giorgia Meloni s’est engagé à ramener le déficit public à 3,3% du PIB en 2025, après un taux de 3,8% prévu cette année.

Giorgia Meloni a étendu la baisse des charges sociales ou fiscales aux salaires annuels allant jusqu’à 40.000 euros, mesure qui s’appliquait auparavant à titre temporaire aux revenus allant jusqu’à 35.000 euros. Autre mesure, le gouvernement a pérennisé la fusion des deux premières tranches d’impôt pour faire bénéficier les revenus annuels allant jusqu’à 28.000 euros d’un taux allégé de 23% au lieu de 25%.

Le gouvernement italien, qui souhaite aussi relancer la natalité, compte accorder une prime de 1.000 euros aux parents d’un nouveau-né qui disposent de revenues annuels jusqu’à 40.000 euros.

Les entreprises qui réinvestissent 80% de leurs bénéfices et embauchent des salariés peuvent bénéficier d’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés qui passe de 24% à 20%.

Dans Centesimus annus, Jean-Paul II rappelait à juste titre, et c’est toujours valable :

Cependant, au cours de ces dernières années en particulier, des excès ou des abus assez nombreux ont provoqué des critiques sévères de l’Etat du bien-être, que l’on a appelé l’« Etat de l’assistance ». Les dysfonctionnements et les défauts des soutiens publics proviennent d’une conception inappropriée des devoirs spécifiques de l’Etat. Dans ce cadre, il convient de respecter également le principe de subsidiarité: une société d’ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d’une société d’un ordre inférieur, en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l’aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun (100).

En intervenant directement et en privant la société de ses responsabilités, l’Etat de l’assistance provoque la déperdition des forces humaines, l’hypertrophie des appareils publics, animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d’être au service des usagers, avec une croissance énorme des dépenses. En effet, il semble que les besoins soient mieux connus par ceux qui en sont plus proches ou qui savent s’en rapprocher, et que ceux-ci soient plus à même d’y répondre. On ajoutera que souvent certains types de besoins appellent une réponse qui ne soit pas seulement d’ordre matériel mais qui sache percevoir la requête humaine plus profonde.

Fermez les “Haut-Commissariats” et ouvrez des commissariats

François Bayrou, nommé Premier ministre, avait pris la tête du Haut-commissariat au Plan en 2020. Ce Haut-commissariat au Plan a été créé le 1er septembre 2020 à la demande d’Emmanuel Macron et se définit comme

« une instance chargée d’éclairer les choix collectifs que la Nation doit prendre au regard des grands enjeux contemporains et de sensibiliser l’opinion publique à ces sujets […] visant à appréhender, selon une approche globale et transversale, les défis présents et futurs qui se posent à notre pays ».

Ses collaborateurs, ainsi que le haut-commissaire, organisent des échanges, des réunions, et se rendent sur le terrain pour recueillir des données et formuler des propositions. L’instance est chargée de concevoir des plans d’action à long terme à destination des pouvoirs publics. En 2023, l’instance a travaillé sur la souveraineté alimentaire et le sens du travail.

En 2023, le budget alloué à cette instance s’élevait à 350 000 euros pour l’année. Quant au haut-commissaire, il ne percevait aucune rémunération pour cette fonction. Le décret nommant François Bayrou à la tête de l’instance précisait qu’il exerçait son rôle « à titre gratuit ».

Avec un budget de fonctionnement de 1,9 million d’euros en 2023 et 2024, une équipe équivalent à presque 14 personnes employées à temps plein, le HCP a produit 18 notes stratégiques, ainsi que trois autres rapports.

“Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu”

Dans un article publié sur Res Novae, l’abbé Barthe évoque la déclaration épiscopale « sur les lois dites de laïcité et les mesures à prendre pour les combattre » du 10 mars 1925 :

[S]ur le point de la laïcité, elle attaquait de fait la matrice de la Révolution :

« Les lois de laïcité sont injustes d’abord parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu. Elles procèdent de l’athéisme et y conduisent dans l’ordre individuel, familial, social, politique, national, international. Elles supposent la méconnaissance totale de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de son Évangile. Elles tendent à substituer au vrai Dieu des idoles (la liberté, la solidarité, l’humanité, la science, etc.) ; à déchristianiser toutes les vies et toutes les institutions. Ceux qui en ont inauguré le règne, ceux qui l’ont affermi, étendu, imposé, n’ont pas eu d’autre but. De ce fait, elles sont l’œuvre de l’impiété, qui est l’expression de la plus coupable des injustices, comme la religion catholique est l’expression de la plus haute justice. »

Et d’énumérer quatre ensembles législatifs de laïcisation :

  • la loi scolaire qui « enlève aux parents la liberté qui leur appartient » en même temps qu’elle trompe l’intelligence des enfants, pervertit leur volonté, fausse leur conscience ;
  • la loi de Séparation, qui dépouille l’Église des biens qui étaient nécessaires à son ministère, « sans compter qu’elle entraîne la rupture officielle, publique, scandaleuse de la société avec l’Eglise, la religion et Dieu » ;
  • la loi du divorce qui « autorise juridiquement l’adultère » ;
  • et l’ensemble des dispositions qui laïcisent les hôpitaux et privent les malades de consolations spirituelles en les exposant à mourir sans sacrement.

Venait alors le cœur du propos : c’est non seulement un droit mais un devoir de leur désobéir.

« Les lois de laïcité ne sont pas des lois. Elles n’ont de loi que le nom, un nom usurpé ; elles ne sont que des corruptions de la loi, des violences plutôt que des lois, dit Saint Thomas[3] […]. Après avoir ruiné les principes essentiels sur lesquels repose la société, elles sont ennemis de la vraie religion qui nous ordonne de reconnaître et d’adorer, dans tous les domaines, Dieu et son Christ, d’adhérer à leur enseignement, de nous soumettre à leurs commandements, de sauver à tout prix nos âmes, il ne nous est pas permis de leur obéir, nous avons le droit et le devoir de les combattre et d’en exiger, par tous les moyens honnêtes, l’abrogation. »

Les prélats français, libérés des liens concordataires, fort du sacrifice des prêtres, religieux et séminaristes durant la guerre, et non encore bridés par la condamnation de l’Action française, étaient clairement combattifs, presque subversifs.

Deux tactiques sont possibles expliquaient-ils. « La première consisterait à ne pas heurter de front les législateurs laïcs ; à essayer de les apaiser et d’obtenir qu’après avoir appliqué leurs lois dans un esprit de modération, ils finissent par les laisser tomber en désuétude. » Mais elle présente, continuait-elle, des inconvénients graves :

  1. « Elle laisse les lois debout. À supposer qu’un ministère ou plusieurs ministères n’en usent qu’avec bienveillance, ou cessent d’en user contre les catholiques, il dépendra d’un nouveau gouvernement de les tirer de l’oubli ». Les effets du laïcisme sont atténués provisoirement, mais le principe subsiste. « On dira qu’une attitude de conciliation nous a valu quelques faveurs particulières. Petits avantages quand on songe à l’immense courant d’erreur qui envahit les âmes et les entraîne à l’apostasie ! »
  2. « Les plus malfaisantes de ces lois continuent à agir, quelles que soient les intentions des ministères successifs. »
  3. « Cette politique encourage nos adversaires, qui, comptant sur notre résignation et notre passivité, se livrent chaque jour à de nouveaux attentats contre l’Église. »

C’est donc une deuxième tactique qui était prônée, « plus militante et plus énergique ». Elle voulait que « sur tous les terrains, dans toutes les régions du pays, on déclare ouvertement et unanimement la guerre au laïcisme et à ses principes jusqu’à l’abolition des lois iniques qui en émanent », avec « toutes les armes légitimes », énumérées ici encore en trois points, comme dans un bon sermon :

  1. Action sur l’opinion par une propagande persévérante, notamment par des journaux et conférences, et aussi par des « manifestations extérieures ».
  2. Action sur les législateurs, essentiellement en ne votant que pour des hommes politiques adversaires de la laïcité. La déclaration, se référant à l’avis d’« hommes graves », réfutait la tactique du « moindre mal » en matière de vote, consistant, à défaut d’un bon candidat, de voter pour le moins mauvais.
  3. Action sur le gouvernement : imiter les manifestants qui « se rendent en masse aux portes des mairies, des préfectures, des ministères », envoient aux gouvernants des protestations, délégations, ultimatums, déclenchent des grèves.

Une préparation des voies de l’encyclique Quas primas

La déclaration de l’ACA [Assemblée des Cardinaux et Archevêques, qui deviendra la CEF en 1964] suscita des tempêtes à la Chambre des députés. Herriot interpellé par un député du Cartel des Gauches, sur l’attitude que comptait prendre le gouvernement, répondit de manière très mesurée, mais dénonça, notamment comme source idéologique du texte épiscopal, la doctrine du Séminaire français de Rome, où se recrutait largement les évêques de France (Herriot visait le P. Henri Le Floch, spiritain, son supérieur, une des hautes figures du catholicisme intégral). Et surtout il dénonçait l’aspect le plus subversif du texte des évêques : « La déclaration des archevêques et des cardinaux dit non pas qu’il faut réformer la loi, mais qu’il faut la violer. » […]

Le général de CASTELNAU, soldat de la foi

Dans l’émission Les Belles Figures de l’Histoire, Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier ont reçu Benoit CHENU, auteur de « 1918 : Le piège de l’Armistice » :

En Quête d’esprit : Dieu dans le désert

Aymeric Pourbaix et Véronique Jacquier reçoivent :

  • Nicolas Diat, éditeur et écrivain
  • Arnaud de BEAUCHEF, consultant et auteur
  • Carol SABA, avocat, porte-parole de l’Assemblée des évêques orthodoxes

Terres de mission : L’écologie intégrale de Benoît XVI

Terres de mission reçoit l’abbé Eric Iborra, vicaire à l’église Saint-Roch à Paris, qui vient d’introduire un livre édité par Artège et regroupant des textes de Benoît XVI sur l’écologie: “L’Homme au coeur de la création”.

Puis, l’abbé Matthieu Raffray, supérieur pour l’Europe de l’Institut du Bon Pasteur, nous parle (par Skype) des développements de l’Institut, notamment en France – en particulier, les travaux en cours au séminaire de Courtalain, près de Chartres, pour accueillir davantage de séminaristes.

Autocentré, l’Occident a perdu le courage et la raison

Retour sur le numéro de décembre 2023 de la revue Livr’Arbitre, consacré à Alexandre Soljenitsyne. Extrait du portrait d’un prophète engagé :

Vous pouvez commander ou vous abonner à Livr’Arbitres ici ou le retrouver chaque mois sur Le Club de la Presse.

Dimanche dans l’octave de Noël : la prophétie de Siméon

Nous remercions l’association Una Voce de nous autoriser à publier des extraits des excellents commentaires des cinq pièces grégoriennes du dimanche ou de la fête à venir.
Vous aurez la totalité des textes sur le site et nous ne pouvons que vous encourager à vous abonner à la newsletter hebdomadaire en cochant dans la case adéquate sur la page d’accueil.

La messe du dimanche dans l’octave de Noël prolonge les trois messes de la fête ; elle reprend même l’Alléluia et l’Offertoire de la messe de l’Aurore. Mais elle ouvre en même temps une première perspective sur la mission rédemptrice du Sauveur, pour laquelle il a voulu venir sur terre : on trouve à l’Évangile la prophétie du vieillard Siméon annonçant à la Sainte Vierge le glaive de douleur qui transpercerait son âme, tandis que la Communion, nous le verrons, se rapporte à l’épisode de la fuite en Égypte.

► Introït : Dum medium silentium

L‘Introït nous replace tout à fait dans l’ambiance mystérieuse de la sainte nuit et du grand événement qui s’y accomplit. Le texte est tiré du livre de la Sagesse dans un passage qui, parmi les manifestations de la sagesse dans l’histoire d’Israël, raconte la dixième plaie d’Égypte, l’extermination des premiers nés des Égyptiens, qu’on appelle la Pâque, c’est à dire le passage du Seigneur.

Dum medium silentium tenerent omnia, et nox in suo cursu medium iter haberet, omnipotens sermo tuus, Domine, de cælis a regalibus sedibus venit.

Tandis que toutes choses se tenaient en silence et que la nuit était parvenue au milieu de son cours, votre parole toute puissante, Seigneur, est descendue de votre trône royal qui est dans les cieux.

Cette parole toute puissante, que Dieu n’a qu’à prononcer pour qu’elle s’accomplisse, c’est aujourd’hui le Verbe, qui est une personne, et qui descend du ciel sur la terre au milieu de la nuit en se faisant petit enfant pour nous sauver. La mélodie de cet Introït commence dans le grave, évoquant de façon mystérieuse le silence de la nuit, puis elle s’élève progressivement de plus en plus affirmative jusqu’à la fin calme et pleine d’assurance. Le verset est formé du début du psaume 92 qui chante la beauté et la puissance du Christ Roi, et que nous retrouverons à l’Alléluia.

Dominus regnavit, decorem indutus est : indutus est Dominus fortitudinem, et præcinxit se.
Le Seigneur est Roi revêtu de splendeur et il s’est ceint de puissance.

► Graduel : Speciosus forma

Le Graduel du dimanche dans l’octave de Noël reprend une image qui figurait dans le psaume de l’Introït, celle du Seigneur revêtu de beauté. Le texte est pris cette fois dans le psaume 44, le grand cantique nuptial qui chante les noces mystiques du Christ et de l’Église et qui est utilisé à plusieurs reprises au temps de Noël. Ici le psalmiste s’adresse au roi d’Israël figure du Messie.

 Speciosus forma præ filiis hominum : diffusa est gratia in labiis tuis.
Vous êtes le plus beau des enfants des hommes, la grâce est répandue sur vos lèvres.

Les lèvres sont avec le sourire l’un des éléments principaux de la beauté du visage de l’être humain, mais les lèvres c’est aussi le siège de la parole par laquelle le Seigneur révèle sa sagesse et sa toute puissance.

La deuxième partie de ce Graduel reprend le début du psaume où le psalmiste exprime son enthousiasme d’avoir à chanter les louanges d’un tel roi :

Eructavit cor meum verbum bonum : dico ego opera mea Regi : lingua mea calamus scribæ velociter scribentis.De mon cœur jaillit un beau discours car je dédie mes œuvres au Roi. ma langue est comme la plume d’un scribe à l’écriture rapide.

La mélodie, comme c’est toujours le cas pour les Graduels, est très ornée, mais elle ne contient pas de grandes vocalises. Elle reste assez douce et paisible, déroulant de souples ondulations dans une ambiance de contemplation mystique. Ces formules assez originales se répètent dans les deux parties.

► Alléluia : Dominus regnavit, decorem

L‘Alléluia et l’Offertoire du dimanche dans l’octave de Noël reprennent ceux de la messe de l’aurore de la fête, messe à laquelle les fidèles ont très rarement l’occasion d’assister, et ils ont ainsi au moins la possibilité d’entendre ces deux pièces ; on y trouve le même thème que dans l’Offertoire de la messe du jour : la contemplation des attributs divins du petit enfant qui vient de nôtre, qui contrastent avec sa faiblesse : beauté, force, puissance… Ils sont tirés du psaume 92, psaume  » théocratique  » célébrant la royauté de Dieu sur son peuple, s’appliquant aujourd’hui au Christ Roi ; on en trouve dans l’Alléluia le premier verset, qui accompagnait déjà l’Introït :

Dominus regnavit, decorem induit : Induit Dominus fortitudinem et præcinxit se virtute.
NB : Vous aurez remarqué que le texte de l’introït est : Dominus regnavit, decorem indutus est : Il est légèrement différent car nous avons là deux versions de la Vulgate utilisées l’une dans le Propre, l’autre dans le Psautier.

Le Seigneur est Roi, il est revêtu de splendeur : Le Seigneur s’est revêtu de force et ceint de puissance.

On retrouve donc le thème de la beauté, que chantait déjà le Graduel, associé à celui de la toute puissance créatrice qui sera celui de l’Offertoire. La mélodie exprime notre admiration pour ces qualités du Seigneur par une mélodie solennelle, très ornée, bien que sans grandes vocalises, et pleine de mouvement, bien que sans grands écarts. Alors que celles des deux autres messes de Noël sont des mélodies type, celle-ci est originale.

► Offertoire : Deus enim firmavit

L‘Offertoire du dimanche dans l’octave de Noël reprend, comme l’Alléluia, celui de la messe de l’aurore de la fête, et le texte est la suite de celui de verset de l’Alléluia, au début de psaume 92 :

Deus enim firmavit orbem terræ, qui non commovebitur ; parata sedes tua, Deus, ex tunc, a sæculo tu es.
En effet (par sa puissance) Dieu a solidement établi le globe terrestre qui ne sera pas ébranlé. Votre trône, ô Dieu, est préparé depuis toujours, et à jamais vous êtes.

Ce petit enfant que nous adorons est le créateur qui fait sans cesse exister toutes choses, et nous lui retournons le nom que Dieu s’était donné en se manifestant à Moïse :  » Je suis  » avait-il dit,  » Vous êtes  » lui redisons-nous.

La mélodie de cet Offertoire est comme il convient très affirmative et pleine d’assurance ; ses tenues sur la même note et ses intervalles majeurs (il n’y a presque pas de demi-tons) expriment parfaitement la solidité et la plénitude dont parle le texte

► Communion : Tolle puerum

L‘année liturgique se déroule sur plusieurs plans qui avancent simultanément à des vitesses différentes. Nous sommes encore à quelques jours de l’Épiphanie, mais déjà la Communion de ce dimanche se rapporte à la fuite en Égypte, et l’antienne à Magnificat des Vêpres évoque les 30 ans de vie cachée à Nazareth. Cette antienne de Communion nous fait entendre les paroles de l’ange à saint Joseph, alors que la Sainte Famille se trouve en Égypte :

Tolle puerum et matrem ejus, et vade in terram Israël ; defuncti sunt enim qui quærebant animam pueri.
Prends l’enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël ; en effet ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant sont morts.

C’est la mission rédemptrice du petit enfant qui est ici évoquée, avec la mention des persécutions qu’elle va entraîner et qui le conduiront à donner sa vie pour notre salut. La mélodie est pleine d’élan, avec deux phrases qui se ressemblent et se terminent par la même cadence ; mais la deuxième monte plus haut, culminant sur le mot quærebant, qui exprime les mauvaises intentions des persécuteurs.

Augmentation de 17% du nombre d’avortements pratiqués en Angleterre et au Pays de Galles

Lu sur Gènéthique :

En 2022, 252 122 avortements ont été pratiqués en Angleterre et au Pays de Galles, ce qui représente une augmentation de 17% par rapport à l’année précédente. C’est le nombre le plus élevé recensé depuis la légalisation de la pratique. Ces chiffres sont issus d’une mise à jour du rapport de mai sur les chiffres de l’avortement en Angleterre et au Pays de Galles, pour l’année 2022, qui a été publiée le 18 décembre. Les données sont transmises par les cliniques et les hôpitaux.

En Angleterre et au Pays de Galles, l’avortement est légal jusqu’à 24 semaines de grossesse. Au-delà le fœtus est considéré comme « viable en dehors du corps de la mère ». Une femme peut toutefois subir une IVG après ce délai quand sa vie est en danger ou si l’enfant à naitre risque d’être « gravement handicapé ». On a dénombré 260 avortements pratiqués après 24 semaines de grossesse en 2022.

Les avortements médicamenteux très majoritaires

Selon le rapport gouvernemental, le taux d’avortement est de 20,6 pour 1000 femmes âgées de 15 à 44 ans. L’augmentation la plus forte a été observée pour les femmes de 25 à 29 ans, passant de 21,8 pour 1000 en 2012 à 31,4 pour 1000 en 2022. Depuis 2012, le pourcentage des avortements médicamenteux a augmenté de 38 points, pour atteindre 86%. Un pic avait été observé entre 2020 et 2021, lors de la crise du Covid-19.

Par ailleurs, 41% des femmes ayant avorté en 2022 avaient déjà subi une ou plusieurs IVG. Ce taux est lui aussi en hausse. Il était de 37% de 2012. En outre, 3124 avortements ont été pratiqués en raison d’une anomalie fœtale, les anomalies chromosomiques représentant 27% des affections mentionnées.

Enfin, il faut noter que 98% des avortements ont été financés par le NHS. Le 29 juin 2017, le Gouvernement avait annoncé qu’il financerait, via le Government Equalities Office (GEO), les avortements pour les femmes résidant en Irlande du Nord où les IVG ne sont autorisées que dans des cas plus restreints. Cette disposition est toujours d’actualité malgré une dépénalisation de l’avortement en Irlande du Nord en 2022. 745 avortements pratiqués en Angleterre et au Pays de Galles cette année-là concernaient des femmes qui n’y résidaient pas.

“Il est temps aussi que nos évêques sortent de la torpeur dans laquelle les ont plongés un irénisme politique et une volonté servile d’adhésion aux “valeurs” de la République”

Mgr David Macaire, dominicain et archevêque de Fort-de-France depuis 2015, et l’abbé Christian Venard, aumônier militaire durant 22 ans et aujourd’hui responsable de la communication du diocèse de Monaco et aumônier de la Force Publique de Monaco, échangent face à face de Libres propos sur l’Église d’aujourd’hui, ses crises, ses abus, ses remèdes, le nombre croissant de prêtres ou d’évêques en burn-out, la diminution des vocations, des prêtres médiatisés parfois à outrance… A propos de la laïcité, l’abbé Vénard n’hésite pas à affirmer qu’il est temps de dire à la République dite française que le divorce est acté, afin que l’Eglise reprenne toute sa liberté. Liberté de marier des couples sans qu’ils passent d’abord en mairie, liberté d’instruction dans les écoles au risque de perdre le contrat d’association, etc :

Je sais que de tels mots peuvent paraître rudes? Bien entendu, il faut acter cette séparation dans le respect, car la grande tradition du catholicisme, c’est le respect des autorités légitimes ; mais en prenant en compte l’enseignement de Jean-Paul II sur les sphères d’autonomie, nous, catholiques, devons demander un peu plus de respect pour notre sphère. Si la République, qui semble plus soucieuse de comprendre le monde de l’islam que celui du catholicisme qui a pourtant forgé ce pays, a oublié comment fonctionnait l’Eglise, nous, catholiques, sommes en droit de dire avec respect : “Apprenez comment nous fonctionnons, et ensuite nous discuterons.” Il est temps aussi que nos évêques sortent de la torpeur dans laquelle les ont plongés un irénisme politique et une volonté servile d’adhésion aux “valeurs” de la République…

Mais est-ce seulement la conséquence d’un irénisme et d’une volonté servile ? N’est-ce pas aussi la conséquence de la politique du Ralliement initié par le pape Léon XIII, de la condamnation de l’Action française par le pape Pie XI, de la nouvelle liberté religieuse demandée par le Concile Vatican II, qui a eu notamment pour conséquences la révision par le pape Paul VI des Concordats encore en place ?

“Résurrection du Christ ou faux du Moyen-âge : Qui a créé le Linceul de Turin ?”

Voila le replay du débat contradictoire sur le Linceul de Turin organisé le 16 décembre. Sommaire :

  • 0:00 Début
  • 0:32 Présentation du contexte du débat
  • 3:21 Argumentation d’Olivier Bonnassies, fondateur des 1000 raisons de croire
  • 27:20 Argumentation de Noé Gouttés, YouTubeur de la chaîne Absinners
  • 38:25 Réponse de Tristan Casabianca, spécialiste du Linceul de Turin
  • 55:26 Réponse de Benjamin Driquez (Techniquement), docteur en physique
  • 1:12:35 Échanges de questions : d’abord sur la superficialité de l’image
  • 1:28:15 Question sur le vermillon et l’ocre retrouvés par Walter Mc Crone sur le linge
  • 1:36:45 Question sur la bilirubine qui permet que le sang reste rouge
  • 1:43:35 question sur la répartition du carbone 14 croissante vers le centre
  • 2:00:45 Arbre logique pour la détermination de la cause à l’origine du Linceul
  • 2:04:53 Le scénario cohérent proposé et la demande d’un éventuel scénario alternatif
  • 2:09:15 3 questions pour le Linceul et le 1 M$ challenge proposé depuis 2022

“Ministre des habitants des quartiers « politique de la ville » pour mettre la République au cœur des quartiers”

Juliette Méadel est le ministre de la ville, du gouvernement Bayrou. Cette avocate fut porte-parole du Parti socialiste de 2014 à 2016 et secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes de 2016 à 2017 sous la présidence de François Hollande. En mars 2020, sans étiquette, elle est candidate aux élections municipales à Montrouge et entre au conseil municipal, avant de rejoindre la Fédération progressiste en 2022.

Foncièrement hostile à la préférence nationale, elle travaille dur pour favoriser la grand remplacement. En revanche, pour la langue française, on attendra :

Si tant de théologiens ont peur d’affirmer la royauté sociale du Christ, c’est qu’ils voient le pouvoir comme le conçoivent Machiavel, Hobbes ou Rousseau

De Thibaud Collin dans L’Appel de Chartres :

S’il est un sujet qui divise les catholiques aujourd’hui, c’est paradoxalement celui du titre de roi donné à Jésus-Christ. On peut en voir un signe dans un article publié le 24 novembre 2024 par l’hebdomadaire Famille chrétienne intitulé « Solennité du Christ Roi : le royaume de Dieu est-il d’actualité ? » La journaliste s’appuyant sur deux ouvrages publiés cette année, celui du prêtre assomptionniste et journaliste Dominique Lang Alors, tu es roi ? (L’Escargot) et celui du prêtre diocésain du Havre enseignant à la faculté (jésuite) Loyola (Paris) Maintenant, le Royaume (DDB).

Il convient de revenir sur les assertions de cet article tant il reflète l’air ecclésial ambiant sur un tel sujet. Il permet de repérer les présupposés et les raccourcis du traitement de cette doctrine. Tout d’abord la doctrine enseignée par Pie XI dans son encyclique Quas primas (1925) est réduite à son contexte historique et reste marquée, selon le Père Lang, par l’ambiguïté de croire que « tous nos problèmes politiques seront résolus le jour où le Christ prendra le pouvoir ou lorsque tous les rois ou tous les gouvernements politiques actuels accepteront la royauté du Christ ». Cette croyance entretiendrait le malentendu que Jésus serait venu « rétablir la royauté en Israël ». On reste pantois devant de telles erreurs de lecture (si tant est que l’encyclique ait été réellement lue) ! Pie XI manifeste au contraire très bien que Jésus n’est pas roi à la manière du monde et ne tire pas sa royauté de celui-ci mais qu’en tant que Créateur et Sauveur, il est le Législateur suprême du monde humain. Récriminer devant une telle vérité dogmatique à l’heure où nos sociétés postchrétiennes s’enfoncent dans le nihilisme sociétal en confirmant, hélas, la pertinence de cette doctrine relève de la cécité. Notre hypothèse est que celle-ci repose sur l’acceptation d’un présupposé : une conception moderne du politique. Si, en effet, tant de théologiens ont peur d’affirmer la royauté sociale du Christ, c’est qu’ils voient le pouvoir comme le conçoivent Machiavel, Hobbes ou Rousseau. Or il est bien évident que le Christ n’a pas à « prendre le pouvoir » identifié à une force de coercition permettant de faire vivre ensemble des individus égoïstes mus par leurs seuls intérêts et désirs. La politique au sens noble et vrai du terme est le service du bien commun, dont la clef de voûte est la justice. Celle-ci a pour mesure les droits et les devoirs que le Créateur a inscrits dans la nature humaine.

Voyant que le Christ ne peut être politique au sens moderne du terme, ils en concluent que le royaume du Christ ne peut s’identifier qu’à sa faiblesse et qu’il consiste exclusivement dans l’engagement envers les pauvres. Ils restent ainsi enfermés dans une dialectique stérile glorification/ misérabilisme, au lieu de prendre de la hauteur et comprendre que le moyen principal de combattre l’injustice dont les pauvres sont effectivement les premières victimes est au contraire une conversion des cœurs et des structures sociales et politiques ; les deux dimensions, personnelle et collective, étant distinctes mais inséparables. Loin donc que cette doctrine soit datée, elle est d’une parfaite actualité et d’ailleurs… continue à être enseignée par le Magistère récent ! Nous lisons en effet dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992) :

« Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement. C’est là ” la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral des hommes et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ ” (DH 1). En évangélisant sans cesse les hommes, l’Église travaille à ce qu’ils puissent ” pénétrer d’esprit chrétien les mentalités et les mœurs, les lois et les structures de la communauté où ils vivent ” (AA 10). Le devoir social des chrétiens est de respecter et d’éveiller en chaque homme l’amour du vrai et du bien. Il leur demande de faire connaître le culte de l’unique vraie religion qui subsiste dans l’Église catholique et apostolique (cf. DH 1). Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde (cf. AA 13). L’Église manifeste ainsi la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines (cf. Léon XIII, enc. ” Immortale Dei ” ; Pie XI, enc. ” Quas primas “).

La Marche pour la Vie a besoin de bénévoles

Chaque vie est précieuse, et chaque voix compte pour la défendre. Cette année encore, nous avons besoin de vous pour faire de la Marche pour la Vie un événement fort et marquant.

La Marche pour la Vie aura lieu le 19 janvier à Paris, et pour garantir son succès, nous recherchons encore 500 bénévoles pour nous prêter main-forte dans diverses missions :

  • Logistique
  • Sécurité
  • Animation

Donner de votre temps lors de cette journée, c’est contribuer directement à une cause qui nous unit et qui porte un message d’espoir et de dignité.

Pour participer, il vous suffit de vous inscrire via ce lien

En relisant Maurice Druon : François Bayrou et la belle vertu béarnaise

De Marion Duvauchel :

Maurice Druon n’est pas seulement l’auteur du Chant des partisans, il est aussi l’auteur d’un livre au titre très actuel : Ordonnances pour un État malade, publié en 2002. La maladie n’est pas récente, on s’en doutait, mais cela va mieux en le disant.

Octogénaire, Druon tint pendant quatorze mois une chronique dans Le Figaro, qu’il intitula : le franc-parler. On trouve ces chroniques rassemblées dans un livre paru sous ce même titre aux éditions du Rocher.

L’une d’elles s’intitule « Père, gardez-vous au centre », en référence à la bataille de Poitiers où Philippe le Hardi ne cessait de crier à Jean le Bon : « père, gardez-vous à droite…, père, gardez-vous à gauche ».

Les octogénaires sont des hommes de la longue mémoire, cela a du bon. Maurice Druon nous donne un bref rappel de la capacité à nuire de ce qui depuis soixante ans, fut toujours le ventre mou de la République. Cela commença très tôt, à Alger, en 1942 et 43, avec les giraudistes qui voulaient libérer la France mais qui voulaient aussi sauver Pétain et son gouvernement.

« Au début de 46, se joignant aux socialistes et aux communistes, ce furent les centristes qui refusèrent à de Gaulle les moyens de gouverner efficacement et l’amenèrent à démissionner. Ils accouchèrent de la navrante IVe république, frappée d’instabilité congénitale et qui s’empêtra dans deux guerres coloniales aussi contraires à l’histoire que désastreuse pour la France. L’UDSR, première formation de François Mitterrand, était centriste ».

Les centristes giscardiens furent responsables de l’échec du référendum de 69 et du départ du Général.

Il en est des centristes comme des surréalistes : ils ne sont devenus de grands poètes que lorsqu’ils ont cessé de croire aux bêtises d’André Breton. Les centristes ne deviennent vraiment bons que lorsqu’ils sortent du marais pour se placer sur des terrains un peu fermes. On est bien d’accord avec vous monsieur Druon, le centrisme a ses vertus, mais à l’échelon cantonal, à Pau par exemple, là où il faut faire adhérer sur des problèmes ponctuels à des solutions médianes. « Il ne peut être la forge d’une ardente politique nationale ».

En 2002, François Bayrou s’était déjà taillé la réputation à laquelle il est resté fidèle jusqu’à aujourd’hui et que la plume acérée de Druon restitue avec une âpre lucidité.

« Que veut-il ? Exister. C’est un programme un peu bref pour la France. M. Bayrou s’est accroché au veston un dossard marqué 2007 (les élections présidentielles). Il prend le départ vraiment de très loin. Le désir ne gage ni le talent ni le succès. (…) Je ne suis pas grand stratège mais j’ai les yeux bien ouverts. J’aimerais que M. Bayrou les eût aussi et que son avenir ne lui fit pas écran avec le présent. (…) Il y a au moins 16% d’électeurs d’extrême-droite et autant d’extrême gauche qui ne veulent plus de notre régime. Ils semblent irréductibles. Le débat est donc restreint entre la gauche sortante et la droite républicaine. En divisant celle-ci et en provoquant, comme on dit des triangulaires qui aboutiraient à l’élection de candidats socialistes, M Bayrou, à quelques sièges près pourraient nous condamner à une nouvelle cohabitation, d’où résulterait une crise grave ».

Ce ne sont plus 16% d’électeurs d’extrême-droite et autant pour l’extrême-gauche qui ne veulent plus de ce régime corrompu à tous niveaux. C’est, à l’exception d’une petite caste de bobos parisiens et d’une population inintégrable, à peu près toute la nation qui rejette les idéologies qui se sont imposées, lentement, sournoisement, puis avec violence. Et qui ont ruiné ce qui était une grande puissance et une nation dont nous avions tout lieu d’être fiers.

Il y a plus de vingt ans, l’essentiel de ce que nous pouvons espérer a été formulé dans cette courte chronique :

« Si François Bayrou dans une belle tradition béarnaise faisait passer l’union avant ses propres sentiments, il rendrait tout à la fois service à la France, et nous rendrait confiance en sa personne ».

Il suffit de mettre le mot « France » à la place du mot « union ». Mais je ne vois pas que dans sa longue carrière, François Bayrou ait jamais révélé dans sa conduite quoi que ce soit de « cette belle tradition béarnaise ». Quand bien même aujourd’hui son ambition ne fait plus écran avec le présent, il n’y aucune raison de croire que l’âge lui aura donné l’envergure qui lui a toujours fait défaut et les qualités d’homme d’État dont notre nation, ou ce qu’il en reste, a cruellement besoin. Qualités que devrait cimenter une chose essentielle et largement oubliée : l’honneur. À commencer par celui de la France.

La gauche en veut au monde entier de son échec. Infiltrée de trotskisme depuis des décennies, elle a recouru à la vieille méthode marxiste qui consiste à déshonorer les mots pour déshonorer les idées qu’ils représentent. Dévoyer le vocabulaire est une spécialité des communistes : ils ont abusé les peuples pendant soixante-dix ans avec ce procédé-là, et ils n’ont pas fini. Par exemple, quand on proteste aujourd’hui contre l’immigration imposée aux peuples de l’Europe, ce sont des « émeutes raciales ». Quand voudra-t-on bien comprendre que de la même manière qu’on ne dialogue pas avec les marxistes, on ne dialogue pas avec les nouveaux idéologues : on leur obéit ou on est éliminé. La réalité du pouvoir politique, depuis plusieurs décennies, est détenue par les syndicats de la fonction publique. Quand cessera-t-on de trembler devant eux ? Depuis Philippe le Bel, Louis XI, Richelieu, la grande règle française a été très simple : « Pas d’État dans l’État ». Les syndicats de la fonction publique sont un État dans l’État. Mais ils partagent désormais cette prérogative avec d’autres forces nouvelles : le lobby LGBT, les écologistes, l’islam, les féministes. Ça en fait du monde, et qui veut la même chose : le pouvoir.

Mais avec François Bayrou, nous pouvons être tranquilles. En bon centriste, il rappellera comme un credo son attachement au dialogue social. Sa diction embarrassée, la mollesse de son propos, son ton de vieux professeur à la retraite nous garantissent une chose s’il nous venait l’idée de l’écouter : l’ennui.

PS : Lors de la messe du jour de Noël célébrée dans ma paroisse, on nous a demandé de prier pour que notre politique permette un « dialogue social équilibré ». Entrevoyant enfin la folie pure des idéologies de la gauche, les Églises deviennent centristes. Ô pôvre comme on dit chez nous. Supprimons la prière universelle. Nous cesserons ainsi de donner une tribune à la sottise bonasse qu’il est de bon ton d’exhiber dans les milieux diocésains.

La “disparition” des saints Maccabées

Christophe Eoche-Duval, juriste, haut-fonctionnaire exerçant au sein de la Justice, essayiste, artiste, auteur metteur en scène, s’est passionné de revisiter la Bible. Lors du confinement, il s’est penché sur le deuxième Livre des Maccabées, un des livres de la Bible tombés dans l’oubli. Il s’agit pourtant d’une histoire véridique, et fondamentale dans l’aventure d’Israël. C’est le récit de la révolte, à l’initiative de la famille des Maccabées (en 167 av. J.-C.), des Israélites restés fidèles à la foi de Moïse contre l’idéologie qui risquait de les engloutir, dénommée hellénisme (que l’auteur propose de traduire par « sécularisme »). Ce récit a galvanisé la résistance juive, du ghetto de Varsovie à la libération du Mur du Temple. C’est encore un récit que fêtent, chaque année, les Israéliens (croyants ou non), avec la fête de Hanoucca. Alors même que ce livre n’est pas reconnu dans le canon biblique des Juifs.

Maillon essentiel entre l’Ancien et le Nouveau Testament, c’est un livre passionnant, moderne par ses leçons. Car la « résistance » juive, d’hier, n’annonce-t-elle pas des lendemains ? L’auteur discerne aussi dans le deuxième livre des Maccabées une clé de lecture du Noël chrétien. Mais si ces livres sont intégrés dans le canon des Ecritures reconnues par l’Eglise, combien de catholiques les connaissent ?

Combien même d’extraits des deux premiers livres des Maccabées l’Eglise catholique tire-t-elle pour édifier ses fidèles dans la liturgie ? En première lecture de messe, un extrait du premier ou du deuxième livre des Maccabées n’intervenait dans l’ancien Ordo que trois fois l’an, chaque samedi des quatre-temps, aux lectures de la fête de Saint Louis puis du 1er août, fête des “saints Maccabés” ; plus à la liturgie de la messe d’anniversaire d’un décédé. Depuis 1970, c’est toujours trois fois mais sur un cycle de trois ans, zéro fois l’année liturgique A (tombée en 2020), deux fois l’année liturgique B (année 2021), une fois l’année liturgique C (année 2022). Comment un fidèle peut-il en conserver souvenir, du fait de ce caractère très occasionnel ? […]

Depuis environ 362, leur mémoire au Martyrologue romain était fêtée chaque 1er août (couleur liturgique rouge). Je n’ai pas trouvé la raison du choix de cette date aoûtienne, commune dès l’origine à l’Eglise romaine et orthodoxe. Cette fête était importante comme en témoignent des Pères de l’Eglise qui leur ont consacré des homélies. Elle est inscrite au sacramentaire gélasien (Liber sacramentorum Romanae Ecclesiae) qui date d’environ 550. […] Depuis 1970, ils ont “disparu” du sanctoral du calendrier liturgique, le calendrier des saints fêtés le 1er août, nouvelle forme d’injustice. Car cette mémoire dite “obligatoire” de leur fête, en disparaissant, a fait disparaître la diffusion de la connaissance de leur récit auprès du “peuple des fidèles”. […] Cette “disparition” intervient avec la révision dans l’Eglise latine du missel à la suite de la constitution apostolique Missale Romanum du 3 avril 1969, entré en vigueur à partir du 30 novembre 1969.

La fin de la Syrie, le début du chaos

D’Antoine de Lacoste dans Politique Magazine :

« Le régime de Bachar al-Assad s’est effondré » clament haut et fort l’occident, ses médias dociles à la pensée unique et sa classe politique à l’ignorance crasse. Or ce n’est pas un régime qui s’est effondré mais un pays qui, dans un acte suicidaire incompréhensible, a choisi de se livrer sans combattre à ses pires ennemis : les islamistes.

Toutefois, indépendamment du suicide syrien, un certain nombre d’acteurs ont favorisé cette tragédie. Les trois principaux sont facilement identifiables : la Turquie, Israël et les Etats-Unis.

La Turquie a joué à l’évidence un rôle majeur dans ces évènements qui sont le début de l’aboutissement de sa stratégie proche-orientale. Dès le début de la guerre de Syrie, en 2012, elle a activement soutenu les milices islamistes. Son intérêt était double : favoriser l’émergence d’un pouvoir sunnite et contrôler, pour ne pas dire plus, les Kurdes.

C’était un jeu bien périlleux d’aider les milices sunnites. L’Occident eu beau faire des efforts considérables pour les affubler des termes délicats de « rebelles », ou « rebelles modérés » voire dans les grands moments d’ « islamistes modérés » (une belle trouvaille tout de même), il s’agissait bel et bien d’islamistes. Leurs multiples exactions contre les chrétiens et les alaouites en témoignent largement.

L’Arabie Saoudite et le Qatar aidèrent également les islamistes pendant plusieurs années. Mais avec l’intervention russe et l’apparition de l’Etat islamique, issu d’une scission avec le front al-Nosra, ils se retirèrent du jeu. La Turquie continua et fit même mieux : elle envahit partiellement le nord de la Syrie pour en chasser les Kurdes. L’Occident protesta à peine et Erdogan rappela qu’après tout la Syrie avait longtemps appartenu à l’Empire ottoman. Mais il dut ensuite freiner ses ambitions sous la double pression russe et américaine. Les Russes lui intimèrent l’ordre de ne pas descendre plus au sud et les Américains s’installèrent au nord-est et à l’est créant de facto une nouvelle entité abritant les kurdes et leur milice armée YPG. Les Turcs furent fermement invités par Washington à mettre en sourdine leur projet anti-kurde.

Bien installés dans le nord, les Turcs bénéficièrent d’un cadeau inespéré des Russes : la gestion de la province d’Idleb située au nord-ouest de la Syrie. Malgré la présence des célèbres villes mortes byzantines et des somptueuses ruines de la basilique Saint Siméon le Stylite (qu’en reste-t-il ?), cette région est très majoritairement peuplée de sunnites et en particulier de Turkomans, par définition proches des Turcs. Lors de l’avancée triomphale de l’armée syrienne à partir de 2017, l’armée russe eut l’idée de permettre aux islamistes de se rendre et d’être transférés dans cette province avec leurs familles et leurs armes légères. Des milliers de combattants islamistes s’y installèrent, venant notamment des banlieues de Damas et des vergers de la Ghoutta. Plusieurs dizaines de « Français » djihadistes y trouvèrent également refuge.

L’arc sunnite

L’idée russe avait un avantage : permettre à l’armée syrienne de reconquérir son territoire (hormis les annexions turques et américaines) sans subir trop de pertes, alors que la saignée des premières années avait été terrible. Pourquoi pas ? Mais laisser une région entière aux mains d’islamistes censés être surveillés par la Turquie relevait d’un audacieux pari. La province d’Idleb fut finalement peu contrôlée. L’ex Front al-Nosra a quitté son affiliation à al-Qaïda et a changé de nom pour s’appeler Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Il a absorbé d’autres groupes islamistes pour constituer une milice de 20 000 combattants. Ce sont eux qui ont envahi la Syrie et pris Alep en trois jours, provoquant l’effondrement improbable de l’armée syrienne.

Dans le même temps, l’armée turque attaquait les Kurdes. La concordance des actions ne relève évidemment pas du hasard : tout cela était tout à fait coordonné. HTC a gagné la bataille, l’avenir dira si elle est une alliée ou une vassale de la Turquie.

Mais tout cela n’aurait pas été possible sans Israël. Après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, le Hezbollah libanais réagit avec prudence. Au grand dam du Hamas il ne se lança pas dans une guerre totale mais de faible intensité. Israël de son côté donna la priorité à la destruction de Gaza. 45 000 morts plus tard, dont une écrasante majorité de civils, l’effort militaire hébreu se porta contre la milice chiite. Après avoir détruit le commandement du Hezbollah à Beyrouth sud, l’armée envahit le Liban pour la énième fois et de durs combats terrestres eurent lieu. Son écrasante supériorité aérienne fit rapidement la différence mais on ne sait pas aujourd’hui si le Hezbollah est encore militairement fort et pourra se reconstituer après le départ israélien.

Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’y avait plus de combattants chiites pour aider l’armée syrienne. Il faut bien se rappeler que pendant toutes les années de la guerre, l’apport des combattants du Hezbollah fut décisif. Ces redoutables combattants colmatèrent bien des brèches lorsque les soldats syriens étaient vaincus ou en fuite. Leur absence a pesé lourd.

Israël joua également un rôle néfaste important en bombardant régulièrement les combattants iraniens, irakiens, afghans, pakistanais et libanais chiites présents en Syrie. Car de même que l’offensive djihadiste sunnite contre la Syrie fut internationale, la défense chiite de la Syrie le fut aussi. La haine séculaire entre chiites et sunnites est une donnée fondamentale pour comprendre la guerre en Syrie. En protégeant Bachar al-Assad, l’Iran défendait l’arc chiite est-ouest du Proche-Orient. En faisant sauter le verrou syrien, les sunnites, qu’ils fussent turcs ou d’autres pays, permettait l’accomplissement d’un arc sunnite nord-sud.

Le jeu d’Israël

C’est pour cela que les services secrets américains et leurs valets occidentaux ont soutenu le djihad : l’Amérique est alliée aux sunnites et ennemie des chiites.

Pendant toute la guerre syrienne, Israël a prétendu ne pas choisir. En réalité, elle a constamment et discrètement aidé les islamistes sunnites dans le sud. Des milliers de combattants d’al-Nosra et même de Daech ont par exemple été soignés dans des hôpitaux israéliens.

Mais Israël n’avait que très rarement bombardé des miliciens chiites pour ne pas déplaire à la Russie avec qui elle entretenait de bonnes relations. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les bombardements israéliens ont considérablement augmenté, les priorités russes s’étant déplacées. Ils se sont encore intensifiés après le 7 octobre, désorganisant toute la logistique chiite, notamment iranienne et irakienne. Et lorsque l’offensive islamiste de HTC fut déclenchée après le feu vert turc et que des combattants irakiens et iraniens commencèrent à faire mouvement pour secourir l’armée syrienne, Israël avertit qu’ils seraient détruits en route. Ils firent demi-tour car si la puissance militaire terrestre de l’armée israélienne est discutable, sa puissance de feu aérien est irrésistible.

Depuis la chute de Bachar, Israël s’en donne à cœur joie. Bombardements massifs, y compris de groupes de soldats syriens, et invasion du sud de la Syrie. Le Plateau du Golan est annexé « pour l’éternité » a déclaré le doux Netanyahou et la Syrie sombre dans le chaos, soit un adversaire potentiel de moins pour Israël et un allié de l’Iran qui disparaît.

Les Américains ont joué aussi leur rôle mais il fut plus modeste. Après s’être installés dans le nord-est, riche en gaz et en pétrole, et en avoir confié la gestion aux Kurdes, décision fut prise d’écraser la Syrie sous les sanctions. Sans ressources, le pays ne pouvait que sombrer dans le marasme économique. Il faut être la Russie pour rendre les sanctions inopérantes. Certes, Bachar n’a pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour surmonter ces mortifères sanctions, mais il est tellement facile d’écraser les faibles et l’Amérique aime ça.

Devant ce désastre, certains diront que puisqu’il s’agit avant tout d’un conflit sunnite-chiite, devions-nous en tant que chrétiens prendre nettement parti ? La réponse est hélas évidente et l’histoire nous l’enseigne : les sunnites sont beaucoup plus intolérants que les chiites. Pas une seule église n’a été saccagée par les chiites pendant la guerre, les sunnites en ont détruit des centaines et massacré des milliers de chrétiens.

Avec Bachar, malgré ses multiples défauts et sa pitoyable fuite, les chrétiens ne risquaient rien. Aujourd’hui, le pire est à craindre.

Antoine de Lacoste

26 décembre 1994 : le GIGN lance l’assaut pour mettre un terme à la prise d’otage

Récit par Conflits :

Le 24 décembre 1994, quatre islamistes issus du GIA prennent le contrôle de l’avion d’Air France stationné à l’aéroport d’Alger.

Un Airbus A300 composé de 220 passagers (dont 100 Algériens et 72 Français) et 12 membres d’équipage est immobilisé par les islamistes. La prise d’otage s’est faite grâce à la complicité d’un inspecteur de la police aux frontières, qui a permis aux islamistes de s’emparer d’un véhicule d’Air France afin de s’approcher de l’avion et d’y entrer.

À 11h05, ils entrent dans l’appareil en se présentant aux membres d’équipage comme des policiers, puis vérifient les passeports des passagers. Puis les quatre hommes révèlent leurs intentions et prennent le contrôle de l’avion. Ils demandent à l’avion de décoller vers Paris. Leur objectif est de transformer l’avion en bombe en s’écrasant contre la tour Eiffel ou la tour Montparnasse.

Édouard Balladur, alors Premier ministre, doit dans un premier temps négocier avec le gouvernement algérien qui, refusant de laisser partir l’avion, menace la vie des otages. Alger envisage de donner un assaut rapide, ce qui se traduirait par un carnage.

À 13h30, un premier otage est abattu. Au total, quatre otages seront tués à Alger, dont le cuisinier de l’ambassade de France.

Édouard Balladur permet que des femmes et des enfants soient libérés. Le 25 décembre à 13h, ce sont ainsi 65 passagers qui sont libérés. Mais Alger continue de laisser partir l’avion ainsi que de permettre l’intervention du GIGN français. Finalement, Edouard Balladur menace le gouvernement algérien de couper les aides de la France. Alger se couche et accepte de laisser partir l’avion.

Par manque de carburant, celui-ci se pose sur l’aéroport de Marignane. Les islamistes veulent faire le plein de carburant pour se rendre à Paris, mais le gouvernement français est bien décidé à ne pas laisser repartir l’avion.

Le vol AF 8969 se pose à Marignane le 26 décembre à 3 h 12 du matin. Fatigués par la prise d’otage, les membres du commando maintiennent le silence radio et en profitent pour dormir.

Le GIGN propose au commando d’organiser une conférence de presse à l’avant de l’appareil. Le commando accepte, vide l’avant de l’avion de ses passagers, ceux-ci étant amenés vers l’arrière de l’appareil. L’organisation de la conférence doit permettre non seulement de gagner du temps pour préparer l’offensive et vérifier que les portes de l’avion ne sont pas piégées avec des explosifs, mais aussi d’accentuer la fatigue du commando.

À 17h12, le commandant du GIGN donne le signal de l’assaut.

Trois passerelles motorisées s’approchent de l’avion, deux vers les portes arrière avec 11 hommes de chaque côté, et une passerelle de 8 hommes à l’avant de l’appareil. Ils ouvrent avec difficulté la porte avant droite de l’appareil, car la passerelle est trop haute et bloque l’ouverture de la porte. Elle est reculée puis avancée à nouveau, une fois la porte ouverte, blessant un homme du GIGN. Les membres du commando terroriste, réfugiés dans le cockpit, tirent à travers la cloison.

Le premier gendarme à pénétrer dans l’avion est Éric Arlecchini, dit « Arlé » (blessé par balles au cours de l’assaut, il décédera accidentellement en service deux ans plus tard avec un autre gendarme) qui se met en appui face à l’arrière de l’appareil pour couvrir le reste du groupe. Il est suivi de Thierry Prungnaud qui s’approche du cockpit et parvient, sous l’effet de la surprise, à tuer deux terroristes et à en blesser un troisième, avant de recevoir un feu nourri.

L’échange de tirs se poursuit entre les hommes du GIGN et le dernier preneur d’otages, caché sous la tablette de navigation de l’appareil. Celui-ci lance une grenade qui atterrit à 80 cm de Thierry Prungnaud, toujours au sol, et qui a le réflexe de tourner le dos à l’objet pour se protéger de l’explosion, qui génère un trou de 20 cm dans le plancher de l’avion. Thierry Prungnaud reçoit des éclats dans le bas du dos et les jambes et perd connaissance pendant quelques secondes.

À 17 h 18, l’ensemble des passagers et du personnel navigant commercial est évacué par les portes arrière de l’appareil via les toboggans de secours. Malgré la violence de la fusillade, moins de trente personnes sont blessées. Avec les sirènes des ambulances comme fond sonore, le commandant Favier envoie un message radio laconique à la tour de contrôle : « Opération terminée, pertes limitées ».

À 17 h 29, soit vingt minutes après le début de l’assaut, le dernier terroriste est abattu d’une balle dans le cœur. Plus de 1 000 munitions ont été tirées au cours de l’assaut.

30 ans après, la gendarmerie tire les leçons de cet assaut.

[…] Si l’assaut de Marignane est considéré comme un succès à juste titre, il marque aussi un tournant pour l’unité. Les enseignements qui en ont été tirés sont nombreux et omnidirectionnels, que ce soit en matière d’équipement (armes, véhicules, protection balistique), de doctrine d’emploi (stratégie de négociation, gestion des médias, approche de l’assaut) ou de formation (intégration à l’écosystème aérien). « En premier lieu, avec l’arrivée des chaînes d’information en continu et, plus largement, de la communication en temps réel, nous avons mené une réflexion sur la façon de mieux travailler avec les médias, c’est-à-dire sur la manière d’intégrer le fait que l’adversaire ait connaissance de notre dispositif, voire de nos intentions, dans nos modes opératoires. Partant de ce postulat, cela a eu des conséquences sur notre stratégie de négociation, sur celle de décision d’emploi, de même que sur l’assaut proprement dit », explique le général de division Ghislain Réty, arrivé pour la première fois au Groupe en 1995 et actuellement à sa tête. La deuxième ligne d’opération est l’enseignement technique. À ce titre, l’année 1995 a marqué un véritable tournant. À Marignane, on voit un opérationnel monter armé d’un revolver, ce qui nous paraît complètement dépassé aujourd’hui. »

À partir de là, le GIGN revoit en effet tout son équipement, de la protection balistique au sens large, avec l’arrivée des boucliers et la réflexion sur les gilets pare-balles, à l’armement, en passant par les vecteurs de mobilité. Des armes plus puissantes font ainsi leur apparition au sein du groupe, avec des calibres permettant de tirer de plus loin, de percer plus facilement des matériaux tels que les pare-brise d’avion, et d’avoir moins de déviation par rapport au vent. Pour pallier le manque de protection conférée par les passerelles utilisées à Marignane, le GIGN travaille également sur des véhicules quasi dédiés à l’assaut des avions, mais qui pourront également être utilisés pour mener un assaut au deuxième ou au troisième étage d’un bâtiment. […]

 

Rennes : la cathédrale fermée à cause d’actes de dégradations répétées

« En raison d’actes de dégradation répétés, nous nous voyons dans l’obligation temporaire de fermer la cathédrale du lundi au vendredi, de 12 h à 15 h. Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser. »

Le message est affiché à l’entrée de la cathédrale Saint-Pierre.

La mesure n’empêche pas le bon déroulement des offices pendant la période des fêtes. Les messes ont pu être célébrées normalement, en particulier le jour de Noël.

Montpellier : l’église Sainte-Thérèse victime d’un cambriolage durant la nuit de Noël

Le jour de Noël, les fidèles de l’église de Sainte-Thérèse à Montpellier ont constaté un vitrail cassé et des troncs dégradés. Sans compter l’échelle retrouvée à l’extérieur.

Un des troncs a été vidé, quelques heures après la messe de minuit. Deux autres ont été vandalisés.

Aziliz Le Corre chez les Éveilleurs : les origines philosophiques et idéologiques de l’hiver démographique

Les Éveilleurs ont reçu Aziliz Le Corre, journaliste au JDD et auteur de l’essai L’enfant est l’avenir de l’homme, pour un entretien passionnant. Elle décrypte les origines philosophiques et idéologiques de l’hiver démographique sans précédent vécu par l’Occident et ses conséquences pour l’avenir de l’humanité.

Messes de Noël perturbées

Mercredi 25 décembre, en la cathédrale Saint-Charles, à Saint-Etienne, pendant la messe du matin, un homme entre dans la cathédrale, vêtu d’une « tenue traditionnelle », de type djellaba ou qamis, complété par un foulard et peut-être un turban. Un fidèle prévient deux agents de la police  et en une poignée de minutes, la Brigade anticriminalité est sur les lieux. Invité à accompagner les fonctionnaires, l’homme n’oppose aucune résistance et est embarqué dans un véhicule de la BAC.

Un homme est entré dans l’église Saint-Louis de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), mercredi 25 décembre peu avant 17h, en hurlant «Allah Akbar». L’individu s’est ensuite dirigé vers l’autel avant de montrer son postérieur. Le suspect, dépourvu de papiers d’identité, a été interpellé et placé en garde à vue.

I-Média : Macron arrose la presse

Cette semaine dans I-Média, Lucas Chancerelle s’attaque au dossier du financement à la presse avec les aides directes et indirectes de l’Etat français. Des subventions qui financent une propagande bien rodée et des journalistes, ainsi que des médias, en qui les Français n’ont plus confiance. Entre gaspillage de l’argent public et sponsor du politiquement correct, il est temps de repenser ces dépenses faites avec l’argent du contribuable… 

Venue du protestantisme évangélique, elle témoigne avoir été touchée par la foi catholique au pèlerinage de Chartres

Témoignage publié sur le site de l’Union Lex Orandi :

18 000 personnes, 18 000 âmes, 18 000 chemins de vie convergèrent vers les chemins qui lient Paris à Chartres en 2024. Des jeunes, des moins jeunes, des nouveaux convertis, de cathos de berceau, des agnostiques et des curieux, tous réunis derrière croix et bannières pour marcher, quoi qu’il en coûte, pendant trois jours, leurs pas rythmés de prières et de louanges. Qu’y a-t-il de « normal » dans cette image ? N’est-ce pas justement pour échapper un instant à la folie de ce monde que tant sacrifient le confort quotidien pendant trois précieux jours ?

À l’aube de l’édition 2025, selon le journal La Croix, le dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, semble estimer que la situation du pèlerinage est « anormale ». À les entendre, cela justifierait la modification d’un des éléments majeurs de l’événement : la célébration de la messe en rite tridentin, plus simplement « la messe en latin ». En jeune convertie, ce discours attriste mon coeur et ma raison.

La raison d’abord, choquée par cet éloignement de la définition originale du sacré. Étymologiquement, le mot trouve sa source dans le latin sacer — « ce qui ne peut être touché sans être souillé, ou sans souiller », et le verbe sancire — « délimiter, prescrire ». Plus loin encore, le terme original des textes hébraïques, ensuite traduit par « sacré », est celui de קָדוֹשׁ (Kadosh), qui signifie « séparé ». Selon cette lecture, la volonté de normaliser rejoint la volonté d’homogénéiser, de faire sauter les limites… donc de désacraliser. L’heure est à la prudence, car cette voie de nivellement pourrait glisser vers la compromission. Les Écritures nous l’enseignent, nous sommes dans ce monde, pas de ce monde. La tendance à vouloir lui ressembler est contraire au véritable objectif : celui de ressembler au Christ.

Le cœur ensuite, inquiet que d’autres ne puissent goûter à ce qui a largement contribué à mon propre chemin de Foi, à mon retour à l’Église catholique. En 2022, mon premier pèlerinage de Chartres, protestante évangélique convaincue, j’enfile mes baskets motivée par la volonté de comprendre mieux mes frères dans la Foi. Même si nos cœurs se rejoignent, en pratique rien ne s’apparente au culte duquel je viens : ici les jeunes récitent le chapelet, les prêtres sont reconnaissables par leur accoutrement, et ils ne parlent même pas français pendant les offices. Ils savent se tenir en silence, et rester à genoux malgré la fatigue, la chaleur ou la pluie. Ils ne ressemblent à rien de tout ce qui m’est familier. C’est pour cela que j’y suis allée, pour rencontrer « l’anormal » : la révérence profonde induite par cette langue qui a traversé les âges, la joie paisible qui reprend la place qui lui est due — une fois dépouillés des habitudes citadines qui nous ankylosent, et, enfin et surtout : ces rites et ces symboles qui concrétisent l’invisible. Non, le fait que le sacré ne soit pas « normal » ne le rend pas inaccessible, cela le rend reconnaissable.

Comme l’écrivait le théologien C.S. Lewis dans son traité sur l’éducation L’Abolition de l’Homme : « Si l’on parvient à voir à travers tout, alors tout est transparent. Mais un monde totalement transparent est un monde invisible. “Percer tout à jour”, c’est ne plus rien voir du tout. ». Alors, j’en implore les autorités, pour la conversion des âmes : laissez-nous voir le sacré.

France Inter s’inquiète : le nouveau gouvernement n’est pas franchement LGBT friendly

Ce serait une occasion de nous réjouir :

C’est le 4ème gouvernement de l’année : 35 ministres, et parmi eux, de nombreux visages pas franchement LGBT friendly. Par le passé, plusieurs d’entre eux se sont opposés au mariage pour tous ou la PMA à toutes les femmes. Des racines conservatrices qui inquiètent les associations.

Annie Genevard (Agriculture), Laurent Marcangeli (fonction publique), Sébastien Lecornu (armées), Gérald Darmanin (justice), Bruno Retailleau (intérieur), Catherine Vautrin (santé, travail, famille) : ils et elles se sont opposé·e·s au mariage pour tous ou à la PMA pour toutes les femmes. Au casting de ce gouvernement, on trouve même de farouches soutiens de la Manif pour tous.

En 2013, Gérald Damarnin promettait par exemple dans ses tweets de ne jamais marier deux personnes du même sexe. “Je pense que le mariage, c’est un homme et une femme, et qu’un enfant est né d’un homme et d’une femme”, grinçait à l’époque le désormais ministre de la Justice. “Je m’excuse de cet accès de révolution et j’espère que mes électeurs me le pardonneront.”

Depuis, le tout nouveau ministre de la Justice affirme avoir changé, tout comme Catherine Vautrin, ministre notamment en charge de la santé et de la famille. “Onze ans après, on voit les choses différemment”, assure-t-elle.

Pas de quoi rassurer les associations LGBT, qui rappellent que le premier ministre François Bayrou lui-même a voté contre le PACS en 1998. Le Premier ministre a également choisi de maintenir la figure très conservatrice de Bruno Retailleau à l’Intérieur, opposé à la PMA pour toutes, mais aussi à l’interdiction des thérapies de conversion.

“Il y a une droitisation réactionnaire, qui n’augure rien de bon”, s’inquiète James Leperlier, président de l’Inter LGBT. “Les grands oubliés que nous sommes, on n’est pas près d’avoir une voix au chapitre. Le premier risque, c’est le maintien d’un climat de violences et de haine LGTPphobes banalisées dans la société.”

Cette victimisation est une des spécialités du lobby LGBTQXYZ, qui passe sous silence la récente déclaration d’Aurore Bergé. En attendant, la réalité est encore celle-ci :

«Faire à terme de la France un califat en imposant la charia»

Dans un entretien au Monde, Bertrand Chamoulaud, à la tête de la direction nationale du renseignement territorial, s’est inquiété de l’entrisme des Frères musulmans en France. Ce sont eux qui « inquiètent le plus » les renseignements :

« Si le courant salafiste tente d’imposer une vision rigoriste des règles de vie, les défenseurs du courant frériste ont un projet plus construit. »

Ce mouvement diffuse ses idées

« par l’entrisme et au moyen d’un discours très lisse. Ce courant ne préconise pas le recours à la violence pour parvenir à ses fins ». « La finalité est très claire : faire à terme de la France et de l’Europe un califat en imposant la charia. »

Au printemps dernier, alors ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin avait indiqué :

« Certains collaborent avec les Frères musulmans sans même le savoir, dans la population mais surtout parmi les acteurs publics ». « Ils attaquent tous les pans de la société et se constituent en réseau. Ils donnent des consignes de vote, soutiennent des commerces communautaires, usent d’une rhétorique anti-française, lancent des pétitions, entourent les élus locaux, signent des partenariats économiques avec des grandes marques ».

“Noël ne s’explique pas, il s’impose à nous”

Du père Danziec dans l’Homme Nouveau :

« Un Noël à Alger, je peux pas t’expliquer ! » Ces mots ont valeur de gémissement dans la bouche de Jean-Pax Méfret. Avec sa voix chaude et rocailleuse, le chanteur d’Occident laissait en effet passer, dans ces paroles, toute sa mélancolie de pied-noir. Ces 25 décembre dans la ville de son enfance, le pays de ses racines, ces Noëls fêtés dans la Casbah d’« Alger la Blanche », comment les décrire depuis son exil contraint en métropole ?

Mais, qu’il se déroule à Alger, s’arrose à Paris, se célèbre à Rome ou s’illumine en Alsace, peut-on véritablement expliquer Noël ? La messe de minuit reste un mystère. Celui de l’Incarnation. Réalité inouïe de la divinité se faisant chair. D’un Fils de Dieu nous montrant son visage. Le voilà l’inexplicable cadeau de Noël : Dieu vient habiter parmi nous.

Comment cela se fait-il ? Des livres entiers ne suffiraient pas (Jean 21, 25) pour expliquer cet intime secret. Il y a, du reste, toujours quelque chose de vain et de piètre à tenter de percer un mystère. Il serait plus raisonnable de se laisser adouber par lui. Se mettre à genoux et joindre ses mains. Se recueillir auprès de la mangeoire de Bethléem. S’étourdir devant un miracle, à la fois si simple et si vertigineux. « Quand le mystère se fait trop impressionnant, il n’y a qu’une chose à faire, c’est de lui obéir », confie Antoine de Saint-Exupéry au chapitre II du Petit Prince.

Noël s’impose à nous

Oui, Noël ne s’explique pas, il s’impose à nous. Non à la façon d’un énième remaniement ministériel ou d’une hausse d’impôt. Non comme le passage obligé d’un calendrier qui perd ses feuilles comme d’autres perdent leurs cheveux, les mois avançant. Non, Noël a d’autres manières.

Sa magie se répand dans nos esprits sans que nous ayons besoin, forcément, de partir en retraite dans un monastère ou de flâner place de Broglie à l’heure du Christkindelsmärik. Noël s’impose à chacun comme la croissance à l’heure de l’adolescence. Un changement d’atmosphère, irrésistible. La crèche infuse les âmes qui savent conserver les étincelles de l’enfance. […]

Spes non confundit : L’espérance ne déçoit pas (Rm 5, 5). Bulle du Jubilé 2025. “Le désir des jeunes d’engendrer de nouveaux enfants… est une question d’espérance”

Lors de la messe de Noël, le pape François a ouvert la Porte Sainte du Jubilé 2025. C’est l’occasion de lire la Bulle d’indiction du Jubilé ordinaire, publiée en mai dernier, Spes non confundit :

1. « Spes non confundit », « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Sous le signe de l’espérance, l’apôtre Paul stimule le courage de la communauté chrétienne de Rome. L’espérance sera également le message central du prochain Jubilé que le Pape proclame tous les vingt-cinq ans, selon une ancienne tradition. Je pense à tous les pèlerins de l’espérance qui arriveront à Rome pour vivre l’Année Sainte et à ceux qui, ne pouvant se rendre dans la ville des apôtres Pierre et Paul, la célébreront dans les Églises particulières. Qu’elle soit pour tous un moment de rencontre vivante et personnelle avec le Seigneur Jésus, “porte” du salut (cf. Jn 10, 7.9). Il est « notre espérance » (cf. 1 Tm 1, 1), Lui que l’Église a pour mission d’annoncer toujours, partout et à tous.

Tout le monde espère. L’espérance est contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien, bien qu’en ne sachant pas de quoi demain sera fait. L’imprévisibilité de l’avenir suscite des sentiments parfois contradictoires : de la confiance à la peur, de la sérénité au découragement, de la certitude au doute. Nous rencontrons souvent des personnes découragées qui regardent l’avenir avec scepticisme et pessimisme, comme si rien ne pouvait leur apporter le bonheur. Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance. La Parole de Dieu nous aide à en trouver les raisons. Laissons-nous guider par ce que l’apôtre Paul écrivait aux chrétiens de Rome.

Une parole d’espérance

2. « Nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. […] L’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5). Nombreux sont les points de réflexion que saint Paul propose ici. Nous savons que la Lettre aux Romains marque une étape décisive dans son activité d’évangélisation. Jusqu’alors, il l’avait exercée dans la zone orientale de l’Empire, et maintenant Rome l’attend avec tout ce qu’elle représente aux yeux du monde : un grand défi à relever pour l’annonce de l’Évangile qui ne peut connaître ni barrières ni frontières. L’Église de Rome n’a pas été fondée par Paul. Il ressent le désir ardent de la rejoindre au plus tôt pour apporter à tous l’Évangile de Jésus-Christ mort et ressuscité, comme annonce de l’espérance qui accomplit les promesses, conduit à la gloire et, fondée sur l’amour, ne déçoit pas.

3. L’espérance, en effet, naît de l’amour et se fonde sur l’amour qui jaillit du Cœur de Jésus transpercé sur la croix : « En effet, si nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils alors que nous étions ses ennemis, à plus forte raison, maintenant que nous sommes réconciliés, serons-nous sauvés en ayant part à sa vie » (Rm 5, 10). Et sa vie se manifeste dans notre vie de foi qui commence avec le baptême, se développe dans la docilité à la grâce de Dieu, animée en conséquence par l’espérance toujours renouvelée et rendue inébranlable par l’action de l’Esprit Saint.

C’est en effet l’Esprit Saint qui, par sa présence permanente sur le chemin de l’Église, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants : Il la maintient allumée comme une torche qui ne s’éteint jamais pour donner soutien et vigueur à notre vie. L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? […] Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » ( Rm 8, 35.37-39). Voilà pourquoi l’espérance ne cède pas devant les difficultés : elle est fondée sur la foi et nourrie par la charité. Elle permet ainsi d’avancer dans la vie. Saint Augustin écrit à ce sujet : « Quel que soit le genre de vie, on ne peut vivre pas sans ces trois inclinations de l’âme : croire, espérer, aimer ». [1]

4. Saint Paul est très réaliste. Il sait que la vie est faite de joies et de peines, que l’amour est mis à l’épreuve lorsqu’augmentent les difficultés et que l’espérance semble disparaître devant la souffrance. Pourtant, il écrit : « Nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance » (Rm 5, 3-4). Pour l’apôtre, la tribulation et la souffrance sont les conditions typiques de ceux qui annoncent l’Évangile dans des contextes d’incompréhension et de persécution (cf. 2 Co 6, 3-10). On perçoit dans ces situations une lumière dans l’obscurité. On découvre comment l’évangélisation est soutenue par la force qui découle de la croix et de la résurrection du Christ. Cela conduit à développer une vertu étroitement liée à l’espérance : la patience. Dans un monde où la précipitation est devenue une constante, nous nous sommes habitués à vouloir tout et tout de suite. On n’a plus le temps de se rencontrer et souvent, même dans les familles, il devient difficile de se retrouver et de se parler calmement. La patience est mise à mal par la précipitation, causant de graves préjudices aux personnes. En effet, l’intolérance, la nervosité, parfois la violence gratuite surgissent, provoquant l’insatisfaction et la fermeture.

De plus, à l’ère d’ internet où l’espace et le temps sont dominés par le “ici et maintenant”, la patience n’est pas la bienvenue. Si nous étions encore capables de regarder la création avec émerveillement, nous pourrions comprendre à quel point la patience est décisive. Attendre l’alternance des saisons avec leurs fruits ; observer la vie des animaux et les cycles de leur développement ; avoir le regard simple de saint François qui, dans son Cantique des créatures composé il y a exactement 800 ans, percevait la création comme une grande famille et appelait le soleil “frère” et la lune “sœur”. [2] Redécouvrir la patience fait beaucoup de bien à soi-même et aux autres. Saint Paul recourt souvent à la patience pour souligner l’importance de la persévérance et de la confiance en ce que Dieu nous a promis, mais il témoigne avant tout que Dieu est patient avec nous, Lui qui est « le Dieu de la persévérance et du réconfort » ( Rm 15, 5). La patience, qui est aussi le fruit de l’Esprit Saint, maintient vivante l’espérance et la consolide en tant que vertu et style de vie. Apprenons donc à souvent demander la grâce de la patience qui est fille de l’espérance et en même temps la soutient.

Un chemin d’espérance

5. De cet entrelacement entre espérance et patience apparaît clairement le fait que la vie chrétienne est un chemin qui a besoin de moments forts pour nourrir et fortifier l’espérance, compagne irremplaçable qui laisse entrevoir le but : la rencontre avec le Seigneur Jésus. J’aime à penser que l’indiction du premier Jubilé de 1300 fut précédé d’un chemin de grâce, animé par la spiritualité populaire. Nous ne pouvons pas oublier, en effet, les diverses formes à travers lesquelles la grâce du pardon fut abondamment répandue sur le saint Peuple fidèle de Dieu. Rappelons, par exemple, le grand “pardon” que saint Célestin V voulut accorder à ceux qui se rendaient à la Basilique Sainte-Marie-de-Collemaggio, à L’Aquila, les 28 et 29 août 1294, six ans avant que le pape Boniface VIII institue l’Année Sainte. L’Église faisait donc déjà l’expérience de la grâce jubilaire de la miséricorde. Et même avant, en 1216, le Pape Honorius III avait accueilli la supplique de saint François qui demandait l’indulgence pour ceux qui visiteraient la Portioncule les deux premiers jours du mois d’août. Il en va de même pour le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle : le Pape Calixte II, en 1122, permit que le Jubilé soit célébré dans ce sanctuaire chaque fois que la fête de l’apôtre Jacques coïnciderait avec un dimanche. Il est bon que cette modalité “diffuse” de célébrations jubilaires se poursuive, afin que la force du pardon de Dieu soutienne et accompagne le cheminement des communautés et des personnes.

Ce n’est pas un hasard si le pèlerinage est un élément fondamental de tout événement jubilaire. Se mettre en marche est caractéristique de celui qui va à la recherche du sens de la vie. Le pèlerinage à pied est très propice à la redécouverte de la valeur du silence, de l’effort, de l’essentiel. L’année prochaine encore, les pèlerins de l’espérance ne manqueront pas d’emprunter des chemins anciens et modernes pour vivre intensément l’expérience jubilaire. Dans la ville même de Rome, il y aura aussi des itinéraires de foi, en plus des traditionnels itinéraires des catacombes et des sept églises. Transiter d’un pays à l’autre comme si les frontières étaient abolies, passer d’une ville à une autre dans la contemplation de la création et des œuvres d’art, permettra de tirer profit des expériences et des cultures diverses pour porter en soi la beauté qui, harmonisée par la prière, conduit à remercier Dieu pour les merveilles qu’Il a accomplies. Les églises jubilaires, le long des itinéraires et dans l’Urbs, seront des oasis de spiritualité où l’on pourra se rafraîchir sur le chemin de la foi et s’abreuver aux sources de l’espérance, avant tout en s’approchant du sacrement de la réconciliation, point de départ irremplaçable d’un véritable chemin de conversion. Dans les Églises particulières, l’on veillera de manière spéciale à la préparation des prêtres et des fidèles aux confessions et à l’accessibilité du sacrement sous forme individuelle.

Je voudrais, au cours de ce pèlerinage, adresser une invitation particulière aux fidèles des Églises orientales, surtout à ceux qui sont déjà en pleine communion avec le Successeur de Pierre. Eux qui ont tant souffert – souvent jusqu’à la mort – en raison de leur fidélité au Christ et à l’Église, ils doivent se sentir particulièrement les bienvenus dans cette Rome qui est aussi leur Mère et qui conserve de nombreux souvenirs de leur présence. L’Église catholique, enrichie par leurs très anciennes liturgies, par la théologie et par la spiritualité des Pères, des moines et des théologiens, veut exprimer symboliquement leur accueil, ainsi que celui de leurs frères et sœurs orthodoxes, alors qu’ils vivent déjà le pèlerinage de la Via Crucis qui les contraint souvent à quitter leurs terres d’origine, leurs terres saintes desquelles ils sont chassés, par la violence et l’instabilité, vers des pays plus sûrs. Pour eux, l’expérience d’être aimés par l’Église, qui ne les abandonnera pas mais qui les suivra où qu’ils aillent, rend le signe du Jubilé encore plus fort.

6. L’Année Sainte 2025 s’inscrit dans la continuité des événements de grâce précédents. Lors du dernier Jubilé ordinaire, le seuil du deuxième millénaire de la naissance de Jésus-Christ a été franchi. Ensuite, le 13 mars 2015, j’ai proclamé un Jubilé extraordinaire dans le but de manifester et de permettre à tous de rencontrer le “visage de la miséricorde” de Dieu, [3] annonce centrale de l’Évangile pour toute personne de toute époque. Le temps est venu d’un nouveau Jubilé au cours duquel la Porte Sainte sera à nouveau grande ouverte pour offrir l’expérience vivante de l’amour de Dieu qui suscite dans le cœur l’espérance certaine du salut dans le Christ. En même temps, cette Année Sainte guidera la marche vers un autre anniversaire fondamental pour tous les chrétiens. En 2033 seront célébrés les deux mille ans de la Rédemption accomplie par la passion, la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Nous sommes ainsi devant un parcours marqué par de grandes étapes dans lesquelles la grâce de Dieu précède et accompagne le peuple qui marche avec zèle dans la foi, œuvre dans la charité et persévère dans l’espérance (cf. 1 Th 1, 3).

Fort de cette longue tradition et convaincu que cette Année Jubilaire sera pour toute l’Église une expérience intense de grâce et d’espérance, je décide que la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre du Vatican sera ouverte le 24 décembre de cette année 2024, marquant ainsi le début du Jubilé ordinaire. Le dimanche suivant, le 29 décembre 2024, j’ouvrirai la Porte Sainte de ma cathédrale Saint-Jean-de-Latran qui fêtera le 1700ème anniversaire de sa dédicace, le 9 novembre de cette même année. Puis, le 1er janvier 2025, en la Solennité de Marie Mère de Dieu, sera ouverte la Porte Sainte de la Basilique papale Sainte-Marie-Majeure. Enfin, le dimanche 5 janvier, la porte sainte de la Basilique papale Saint-Paul-hors-les-murs sera ouverte. Ces trois dernières portes saintes seront fermées au plus tard le dimanche 28 décembre de la même année.

En outre, j’établis que le dimanche 29 décembre 2024, dans toutes les cathédrales et co-cathédrales, les évêques diocésains célébreront la Sainte Eucharistie pour l’ouverture solennelle de l’Année Jubilaire, selon le Rituel qui sera préparé pour l’occasion. Pour la célébration dans l’église co-cathédrale, l’évêque pourra se faire remplacer par un Délégué spécialement désigné. Un pèlerinage, partant d’une église choisie pour la collectio vers la cathédrale, sera le signe du chemin d’espérance qui, illuminé par la Parole de Dieu, rapproche les croyants. Au cours de ce pèlerinage, des passages du présent document seront lus, et l’Indulgence jubilaire sera annoncée au peuple, indulgence qui pourra être obtenue selon les prescriptions contenues dans le même Rituel pour la célébration du Jubilé dans les Églises particulières. Au cours de l’Année Sainte, qui s’achèvera le dimanche 28 décembre 2025 dans les Églises particulières, on veillera à ce que le Peuple de Dieu accueille avec une pleine participation tant l’annonce d’espérance de la grâce de Dieu que les signes qui en attestent l’efficacité.

Le Jubilé ordinaire se terminera par la fermeture de la Porte Sainte de la Basilique papale de Saint-Pierre-du-Vatican, le 6 janvier 2026, Épiphanie du Seigneur. Puisse la lumière de l’espérance chrétienne atteindre chacun comme message de l’amour de Dieu adressé à tous ! Puisse l’Église être un témoin fidèle de cette annonce dans toutes les parties du monde !

Signes d’espérance

7. Outre le fait de puiser l’espérance dans la grâce de Dieu, nous sommes appelés à la redécouvrir également dans les signes des temps que le Seigneur nous offre. Comme l’affirme le Concile Vatican II, « l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques ». [4]Il faut donc prêter attention à tout le bien qui est présent dans le monde pour ne pas tomber dans la tentation de se considérer dépassé par le mal et par la violence. Mais les signes des temps, qui renferment l’aspiration du cœur humain, ayant besoin de la présence salvifique de Dieu, demandent à être transformés en signes d’espérance.

8. Le premier signe d’espérance doit se traduire par la paix pour le monde plongé, une fois encore, dans la tragédie de la guerre. Oublieuse des drames du passé, l’humanité est soumise à une nouvelle et difficile épreuve qui voit nombre de populations opprimées par la brutalité de la violence. Que ces peuples n’ont-ils pas enduré ? Comment est-il possible que leur appel désespéré à l’aide ne pousse pas les responsables des nations à vouloir mettre fin aux trop nombreux conflits régionaux, conscients des conséquences qui peuvent en découler au niveau mondial ? Est-ce trop rêver que les armes se taisent et cessent d’apporter mort et destruction ? Le Jubilé doit rappeler que ceux qui se font « artisans de paix » pourront être « appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). L’exigence de la paix interpelle tout le monde et impose de poursuivre des projets concrets. La diplomatie doit continuer à s’engager à créer, avec courage et créativité, des espaces de négociation visant à une paix durable.

9. Regarder l’avenir avec espérance, c’est aussi avoir une vision de la vie pleine d’enthousiasme à transmettre. Nous devons malheureusement constater avec tristesse que, dans de nombreuses situations, cette vision fait défaut. La première conséquence est la perte du désir de transmettre la vie. En raison des rythmes de vie frénétiques, des craintes concernant l’avenir, du manque de garanties professionnelles et de protections sociales adéquates, de modèles sociaux où la recherche du profit et non le soin des relations dicte l’agenda, on assiste dans plusieurs pays à une baisse préoccupante de la natalité. Au contraire, dans d’autres contextes, « accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains, est une façon de ne pas affronter les problèmes ». [5]

L’ouverture à la vie avec une maternité et une paternité responsables est le projet que le Créateur a inscrit dans le cœur et dans le corps des hommes et des femmes, une mission que le Seigneur confie aux époux et à leur amour. Il est urgent que, outre l’engagement législatif des États, ils aient le soutien convaincu des communautés croyantes et de la communauté civile dans toutes ses composantes, car le désir des jeunes d’engendrer de nouveaux enfants comme fruit de la fécondité de leur amour donne son avenir à toute société. Ce désir est une question d’espérance puisqu’il dépend de l’espérance et produit l’espérance.

La communauté chrétienne doit être la première à soutenir une alliance sociale pour l’espérance, qui soit inclusive et non idéologique, et qui travaille à un avenir marqué par le sourire de nombre d’enfants qui viendront remplir de trop nombreux berceaux vides en plusieurs lieux du monde. Mais chacun, en réalité, a besoin de retrouver la joie de vivre car l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26), ne peut se contenter de survivre ou de vivoter, de se conformer au présent en se laissant satisfaire de réalités uniquement matérielles. Celles-ci enferment dans l’individualisme et érodent l’espérance, en générant une tristesse qui se niche dans le cœur et le rend aigre et intolérant.

10. Au cours de l’Année Jubilaire, nous serons appelés à être des signes tangibles d’espérance pour de nombreux frères et sœurs qui vivent dans des conditions de détresse. Je pense aux détenus qui, privés de liberté, éprouvent chaque jour, en plus de la dureté de la réclusion, le vide affectif, les restrictions imposées et, dans de nombreux cas, le manque de respect.Je propose aux gouvernements de prendre, en cette Année Jubilaire, des initiatives qui redonnent espoir ; des formes d’amnistie ou de remise de peine visant à aider les personnes à retrouver confiance en elles-mêmes et dans la société ; des parcours de réinsertion dans la communauté auxquels corresponde un engagement concret dans le respect des lois.

La demande d’actes de clémence et de libération permettant de recommencer est un appel ancien qui vient de la Parole de Dieu et qui perdure avec toute sa valeur sapientielle : « Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays » ( Lv 25, 10). La Loi mosaïque est reprise par le prophète Isaïe : « Le Seigneur m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » ( Is 61, 1-2). Ce sont les paroles que Jésus fait siennes au début de son ministère en déclarant accomplie en lui-même l’ “année de grâce du Seigneur” (cf. Lc 4, 18-19).Partout sur la terre, les croyants, en particulier les pasteurs, doivent se faire les interprètes de ces demandes, parlant d’une seule voix pour réclamer avec courage des conditions dignes pour ceux qui sont emprisonnés, le respect des droits humains et surtout l’abolition de la peine de mort, une mesure contraire à la foi chrétienne qui anéantit toute espérance de pardon et de renouveau. [6] Pour offrir aux détenus un signe concret de proximité, je désire ouvrir moi-même une Porte sainte dans une prison afin qu’elle soit pour eux un symbole qui invite à regarder l’avenir avec espérance et un nouvel engagement de vie.

11. Des signes d’espérance devront être offerts aux malades, qu’ils soient à la maison ou à l’hôpital. Leurs souffrances doivent pouvoir trouver un soulagement dans la proximité de personnes qui les visitent et dans l’affection qu’ils reçoivent. Les œuvres de miséricorde sont aussi des œuvres d’espérance qui réveillent dans les cœurs des sentiments de gratitude. Et que la gratitude atteigne tous les professionnels de la santé qui, dans des conditions souvent difficiles, exercent leur mission avec un soin attentif pour les personnes malades et les plus fragiles.

Qu’il y ait une attention inclusive envers ceux qui, se trouvant dans des conditions de vie particulièrement pénibles, font l’expérience de leur faiblesse, en particulier s’ils souffrent de pathologies ou de handicaps limitant grandement leur autonomie personnelle. Le soin envers eux est un hymne à la dignité humaine, un chant d’espérance qui appelle l’agir harmonieux de toute la société.

12. Ceux qui, en leurs personnes mêmes, représentent l’espérance ont également besoin de signes d’espérance : les jeunes. Malheureusement, ces derniers voient souvent leurs rêves s’effondrer. Nous ne pouvons pas les décevoir : l’avenir se fonde sur leur enthousiasme. Il est beau de les voir déborder d’énergie, par exemple lorsqu’ils retroussent leurs manches et s’engagent volontairement dans des situations de catastrophes et de malaise social. Mais il est triste de voir des jeunes sans espérance. Lorsque l’avenir est incertain et imperméable aux rêves, lorsque les études n’offrent pas de débouchés et que le manque de travail ou d’emploi suffisamment stable risque d’annihiler les désirs, il est inévitable que le présent soit vécu dans la mélancolie et l’ennui. L’illusion des drogues, le risque de la transgression et la recherche de l’éphémère créent, plus en eux que chez d’autres, des confusions et cachent la beauté et le sens de la vie, les faisant glisser dans des abîmes obscurs et les poussent à accomplir des gestes autodestructeurs. C’est pourquoi le Jubilé doit être dans l’Église l’occasion d’un élan à leur égard. Avec une passion renouvelée, prenons soin des jeunes, des étudiants, des fiancés, des jeunes générations ! Proximité avec les jeunes, joie et espérance de l’Église et du monde !

13. Il devra y avoir des signes d’espérance à l’égard des migrants qui abandonnent leur terre à la recherche d’une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs familles. Que leurs attentes ne soient pas réduites à néant par des préjugés et des fermetures ; que l’accueil, qui ouvre les bras à chacun en raison de sa dignité, s’accompagne d’un engagement à ce que personne ne soit privé du droit de construire un avenir meilleur. De nombreuses personnes exilées, déplacées et réfugiées sont obligées de fuir en raison d’événements internationaux controversés pour éviter les guerres, les violences et les discriminations. La sécurité ainsi que l’accès au travail et à l’instruction doivent leur être garantis, éléments nécessaires à leur insertion dans leur nouveau contexte social.

La communauté chrétienne doit toujours être prête à défendre le droit des plus faibles. Qu’elle ouvre toutes grandes les portes de l’accueil avec générosité afin que l’espérance d’une vie meilleure ne manque jamais à personne. Que résonne dans les cœurs la Parole du Seigneur qui a dit dans la grande parabole du jugement dernier : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », car « dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 35.40).

14. Les personnes âgées méritent des signes d’espérance, elles qui font souvent l’expérience de la solitude et du sentiment d’abandon. Valoriser le trésor qu’elles sont, leur expérience de vie, la sagesse dont elles sont porteuses et la contribution qu’elles sont en mesure d’offrir, est un engagement pour la communauté chrétienne et pour la société civile, appelées à travailler ensemble à l’alliance entre les générations.

J’adresse une pensée particulière aux grands-pères et aux grands-mères qui représentent la transmission de la foi et de la sagesse de la vie aux générations plus jeunes. Ils doivent être soutenus par la gratitude des enfants et par l’amour des petits-enfants qui trouvent en eux enracinement, compréhension et encouragement.

15. J’invoque de manière pressante l’espérance pour les milliards de pauvres qui manquent souvent du nécessaire pour vivre. Face à la succession de nouvelles vagues d’appauvrissement, il existe un risque de s’habituer et de se résigner. Mais nous ne pouvons pas détourner le regard des situations si dramatiques que l’on rencontre désormais partout, pas seulement dans certaines régions du monde.Nous rencontrons des personnes pauvres ou appauvries chaque jour et qui peuvent parfois être nos voisins. Souvent, elles n’ont pas de logement ni la nourriture quotidienne suffisante. Elles souffrent de l’exclusion et de l’indifférence de beaucoup. Il est scandaleux que, dans un monde doté d’énormes ressources largement consacrées aux armements, les pauvres constituent « la majeure partie […], des milliers de millions de personnes. Aujourd’hui, ils sont présents dans les débats politiques et économiques internationaux, mais il semble souvent que leurs problèmes se posent comme un appendice, comme une question qui s’ajoute presque par obligation ou de manière marginale, quand on ne les considère pas comme un pur dommage collatéral. De fait, au moment de l’action concrète, ils sont relégués fréquemment à la dernière place ». [7] Ne l’oublions pas : les pauvres, presque toujours, sont des victimes, non des coupables.

Appels à l’espérance

16. Faisant écho à la parole antique des prophètes, le Jubilé nous rappelle que les biens de la Terre ne sont pas destinés à quelques privilégiés, mais à tous. Ceux qui possèdent des richesses doivent être généreux en reconnaissant le visage de leurs frères dans le besoin. Je pense en particulier à ceux qui manquent d’eau et de nourriture : la faim est une plaie scandaleuse dans le corps de notre humanité et elle invite chacun à un sursaut de conscience. Je renouvelle mon appel pour qu’« avec les ressources financières consacrées aux armes et à d’autres dépenses militaires, un Fonds mondial soit créé en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim, et pour le développement des pays les plus pauvres, de sorte que leurs habitants ne recourent pas à des solutions violentes ou trompeuses et n’aient pas besoin de quitter leurs pays en quête d’une vie plus digne ». [8]

Je voudrais adresser une autre invitation pressante en vue de l’Année Jubilaire : elle est destinée aux nations les plus riches pour qu’elles reconnaissent la gravité de nombreuses décisions prises et qu’elles se décident à remettre les dettes des pays qui ne pourront jamais les rembourser. C’est plus une question de justice que de magnanimité, aggravée aujourd’hui par une nouvelle forme d’iniquité dont nous avons pris conscience : « Il y a, en effet, une vraie “dette écologique”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays ». [9] Comme l’enseigne l’Écriture Sainte, la terre appartient à Dieu et nous y vivons tous comme des hôtes et des étrangers (cf. Lv 25, 23). Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injusteset insolvables et rassasions les affamés.

17. Un anniversaire très important pour tous les chrétiens tombera au cours du prochain Jubilé. En effet, cela fera 1700 ans que le premier grand Concile œcuménique, le Concile de Nicée, a été célébré. Il convient de rappeler que, depuis les temps apostoliques, les pasteurs se sont à plusieurs reprises réunis en assemblée pour traiter de questions doctrinales et disciplinaires. Dans les premiers siècles de la foi, les synodes se sont multipliés tant en Orient qu’en Occident, montrant l’importance de préserver l’unité du Peuple de Dieu et la fidélité à l’annonce de l’Évangile. L’Année Jubilaire pourrait être une occasion importante pour concrétiser cette forme synodale que la communauté chrétienne perçoit aujourd’hui comme une expression de plus en plus nécessaire pour mieux répondre à l’urgence de l’évangélisation : tous les baptisés, chacun avec son charisme et son ministère, coresponsables pour que de multiples signes d’espérance témoignent de la présence de Dieu dans le monde.

Le Concile de Nicée avait pour mission de préserver l’unité gravement menacée par la négation de la divinité de Jésus-Christ et de son égalité avec le Père. Environ trois cents évêques étaient présents, réunis dans le palais impérial, convoqués par l’empereur Constantin, le 20 mai 325. Après divers débats, ils se sont tous reconnus, par la grâce de l’Esprit, dans le Symbole de la foi que nous professons encore aujourd’hui dans la célébration eucharistique dominicale. Les pères du Concile ont voulu commencer ce Symbole en utilisant pour la première fois l’expression « Nous croyons », [10] pour témoigner que dans ce “Nous”, toutes les Églises étaient en communion, et que tous les chrétiens professaient la même foi.

Le Concile de Nicée est une pierre milliaire dans l’histoire de l’Église. Son anniversaire invite les chrétiens à s’unir dans la louange et l’action de grâce à la Sainte Trinité et en particulier à Jésus-Christ, le Fils de Dieu, « consubstantiel au Père », [11] qui nous a révélé ce mystère d’amour. Mais Nicée représente aussi une invitation à toutes les Églises et communautés ecclésiales à poursuivre le chemin vers l’unité visible, à ne pas se lasser de chercher les formes adéquates pour répondre pleinement à la prière de Jésus : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » ( Jn 17, 21).

Le Concile de Nicée a également discuté de la date de Pâques. À ce sujet, il y a encore aujourd’hui des positions divergentes qui empêchent de célébrer le même jour l’événement fondateur de la foi. Par un concours de circonstances providentiel, cela aura précisément lieu en 2025. Cela doit être un appel à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident pour qu’ils fassent un pas décisif vers l’unité autour d’une date commune de Pâques. Beaucoup, il est bon de le rappeler, n’ont plus connaissance des polémiques du passé et ne comprennent pas comment des divisions peuvent subsister sur ce sujet.

Ancrés dans l’espérance

18. L’espérance forme, avec la foi et la charité, le triptyque des “vertus théologales” qui expriment l’essence de la vie chrétienne (cf. 1 Co 13, 13 ; 1 Th 1, 3). Dans leur dynamisme inséparable, l’espérance est celle qui, pour ainsi dire, oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous invite : « Ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière » (Rm 12, 12). Oui, nous devons “déborder d’espérance” (cf. Rm 15, 13) pour témoigner de manière crédible et attrayante de la foi et de l’amour que nous portons dans notre cœur ; pour que la foi soit joyeuse, la charité enthousiaste ; pour que chacun puisse donner ne serait-ce qu’un sourire, un geste d’amitié, un regard fraternel, une écoute sincère, un service gratuit, en sachant que, dans l’Esprit de Jésus, cela peut devenir une semence féconde d’espérance pour ceux qui la reçoivent. Mais quel est le fondement de notre espérance ? Pour le comprendre, il est bon de s’arrêter sur les raisons de notre espérance (cf. 1 P 3, 15).

19. « Je crois à la vie éternelle » : [12] ainsi professe notre foi. L’espérance chrétienne trouve dans ces mots un pilier fondamental. Elle est en effet « la vertu théologale par laquelle nous désirons comme bonheur […] la Vie éternelle ». [13] Le Concile œcuménique Vatican II affirme : « Lorsque manquent le support divin et l’espérance de la vie éternelle, la dignité de l’homme subit une très grave blessure, comme on le voit souvent aujourd’hui, et l’énigme de la vie et de la mort, de la faute et de la souffrance reste sans solution. Ainsi, trop souvent, les hommes s’abîment dans le désespoir ». [14]  Nous, en revanche, en vertu de l’espérance dans laquelle nous avons été sauvés, en regardant le temps qui passe, nous avons la certitude que l’histoire de l’humanité, et celle de chacun, ne se dirige pas vers une impasse ou un abîme obscur, mais qu’elle s’oriente vers la rencontre avec le Seigneur de gloire. Vivons donc dans l’attente de son retour et dans l’espérance de vivre pour toujours en Lui. C’est dans cet esprit que nous faisons nôtre l’émouvante invocation des premiers chrétiens, par laquelle se termine l’Écriture Sainte : « Viens, Seigneur Jésus ! » ( Ap 22, 20).

20. Jésus mort et ressuscité est le cœur de notre foi. Saint Paul, en énonçant en peu de mots – avec seulement quatre verbes – ce contenu, nous transmet le “noyau” de notre espérance : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze »( 1 Co 15, 3-5). Le Christ est mort, a été mis au tombeau, est ressuscité, est apparu. Il a traversé le drame de la mort pour nous. L’amour du Père l’a ressuscité dans la puissance de l’Esprit, faisant de son humanité les prémices de l’éternité pour notre salut. L’espérance chrétienne consiste précisément en ceci : face à la mort, où tout semble finir, nous recevons la certitude que, grâce au Christ, par sa grâce qui nous est communiquée dans le Baptême, « la vie n’est pas détruite, elle est transformée » [15] pour toujours. Dans le Baptême, en effet, ensevelis avec le Christ, nous recevons en Lui, ressuscité, le don d’une vie nouvelle qui brise le mur de la mort et en fait un passage vers l’éternité.

Et si devant la mort, séparation douloureuse qui nous oblige à quitter nos affections les plus chères, aucune rhétorique n’est permise, le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame. Il est important de penser à nouveau, dans le contexte du Jubilé, à la manière dont ce mystère a été compris dès les premiers siècles de la foi. Pendant longtemps, par exemple, les chrétiens ont construit les fonts baptismaux en forme octogonale et, aujourd’hui encore, nous pouvons admirer de nombreux baptistères anciens qui conservent cette forme, comme à Rome, à Saint-Jean-de-Latran. Cela indique que, dans les fonts baptismaux, un huitième jour est inauguré, le jour de la résurrection, le jour qui dépasse le rythme habituel marqué par l’échéance hebdomadaire, ouvrant ainsi le cycle du temps à la dimension de l’éternité, à la vie qui dure pour toujours. Tel est le but vers lequel nous tendons dans notre pèlerinage terrestre (cf. Rm 6, 22).

Le témoignage le plus convaincant de cette espérance nous est offert par les martyrs qui, fermes dans leur foi au Christ ressuscité, ont été capables de renoncer à leur vie ici-bas pour ne pas trahir leur Seigneur. Ces confesseurs de la vie qui n’a pas de fin sont présents à toutes les époques, et ils sont nombreux à la nôtre, peut-être plus que jamais. Nous avons besoin de garder leur témoignage pour rendre féconde notre espérance.

Ces martyrs appartenant aux différentes traditions chrétiennes sont aussi des semencesd’unité car ils expriment l’œcuménisme du sang. C’est pourquoi je souhaite ardemment qu’il y ait au cours du Jubilé une célébration œcuménique, afin que la richesse du témoignage de ces martyrs soit mise en évidence.

21. Qu’adviendra-t-il donc de nous après la mort ? Avec Jésus, au-delà du seuil, il y a la vie éternelle qui consiste dans la pleine communion avec Dieu, dans la contemplation et la participation à son amour infini. Ce que nous vivons aujourd’hui dans l’espérance, nous le verrons alors dans la réalité. Saint Augustin écrivait à ce propos : « Quand je te serai uni de tout moi-même, plus de douleur alors, plus de travail ; ma vie sera toute vivante, étant toute pleine de toi ». [16]  Qu’est-ce qui caractérisera alors cette plénitude de communion ? Le fait d’être heureux. Le bonheur est la vocation de l’être humain, un objectif qui concerne chacun.

Mais qu’est-ce que le bonheur ? Quel bonheur attendons-nous et désirons-nous ? Non pas une joie passagère, une satisfaction éphémère qui, une fois atteinte, demande toujours plus dans une spirale de convoitises où l’âme humaine n’est jamais rassasiée mais toujours plus vide. Nous avons besoin d’un bonheur qui s’accomplisse définitivement dans ce qui nous épanouit, c’est-à-dire dans l’amour, afin que nous puissions dire, dès maintenant : Je suis aimé, donc j’existe ; et j’existerai toujours dans l’Amour qui ne déçoit pas et dont rien ni personne ne pourra jamais me séparer. Rappelons encore les paroles de l’apôtre : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).

22. Une autre réalité liée à la vie éternelle est le jugement de Dieu, tant à la fin de notre existence qu’à la fin des temps. L’art a souvent tenté de le représenter – pensons au chef-d’œuvre de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine – en adoptant la conception théologique de l’époque et en transmettant un sentiment de crainte à celui qui regarde. S’il est juste de se préparer avec pleine conscience et sérieux au moment qui récapitule l’existence, il faut en même temps toujours le faire dans la dimension de l’espérance, une vertu théologale qui soutient la vie et permet de ne pas céder à la peur. Le jugement de Dieu, qui est amour (cf. 1 Jn 4, 8.16), ne pourra se fonder que sur l’amour, en particulier sur la manière dont nous l’aurons ou non pratiqué envers les plus nécessiteux en qui le Christ, le Juge en personne, est présent (cf. Mt 25, 31-46). Il s’agit donc d’un jugement différent de celui des hommes et des tribunaux terrestres. Il doit être compris comme un rapport de vérité avec Dieu-amour et avec soi-même dans le mystère insondable de la miséricorde divine. L’Écriture Sainte affirme à cet égard : « Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ; à tes fils tu as donné une belle espérance : après la faute tu accordes la conversion […] et [nous comptons] sur ta miséricorde lorsque nous somme jugés » ( Sg 12, 19.22). Comme l’écrivait Benoît XVI : « Au moment du Jugement, nous expérimentons et nous accueillons cette domination de son amour sur tout le mal dans le monde et en nous. La souffrance de l’amour devient notre salut et notre joie ». [17]

Le jugement concerne donc le salut que nous espérons et que Jésus nous a obtenu par sa mort et sa résurrection. Il est donc destiné à nous ouvrir à la rencontre ultime avec Lui. Et puisque, dans ce contexte, on ne peut pas penser que le mal commis reste caché, celui-ci a besoin d’être purifié pour permettre le passage définitif dans l’amour de Dieu. En ce sens, on comprend la nécessité de prier pour ceux qui ont achevé leur parcours terrestre, la solidarité dans l’intercession priante qui puise son efficacité dans la communion des saints, dans le lien commun qui nous unit dans le Christ, premier-né de la création. Ainsi, l’Indulgence jubilaire, en vertu de la prière, est destinée de manière spéciale à ceux qui nous ont précédés afin qu’ils obtiennent la pleine miséricorde.

23. L’indulgence, en effet, permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée. Ce n’est pas un hasard si, dans l’Antiquité, le terme « miséricorde » était interchangeable avec le terme « indulgence », précisément parce que celui-ci entend exprimer la plénitude du pardon de Dieu, qui ne connaît pas de limites.

Le Sacrement de Pénitence nous assure que Dieu pardonne nos péchés. Les paroles du psaume reviennent avec leur force de consolation : « Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse ; […] Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; […] Il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu’est l’orient de l’occident, Il met loin de nous nos péchés » (Ps 103, 3-4.8.10-12). La Réconciliation sacramentelle n’est pas seulement une belle opportunité spirituelle, mais elle représente une étape décisive, essentielle et indispensable sur le chemin de foi de chaque personne. C’est là que nous permettons au Seigneur de détruire nos péchés, de guérir nos cœurs, de nous élever et de nous étreindre, de nous faire connaître son visage tendre et compatissant. En effet, il n’y a pas de meilleure façon de connaître Dieu que de se laisser réconcilier par Lui (cf. 2 Co 5, 20), en savourant son pardon. Ne renonçons donc pas à la Confession, mais redécouvrons la beauté du sacrement de la guérison et de la joie, la beauté du pardon des péchés !

Cependant, comme nous le savons par expérience personnelle, le péché “laisse des traces”, il entraîne des conséquences : non seulement externes dans la mesure où il s’agit des conséquences du mal commis, mais aussi internes, dans la mesure où « tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification soit ici-bas, soit après la mort dans l’état qu’on appelle purgatoire ». [18] Il reste donc, dans notre humanité faible et attirée par le mal, des “effets résiduels du péché”. Ceux-ci sont éliminés par l’indulgence, toujours par la grâce du Christ, qui est, comme l’a écrit saint Paul VI, « notre “indulgence” ». [19] La Pénitencerie apostolique publiera les dispositions permettant d’obtenir et de rendre effective la pratique de l’Indulgence jubilaire.

Une telle expérience de pardon ne peut qu’ouvrir le cœur et l’esprit à pardonner. Pardonner ne change pas le passé et ne peut modifier ce qui s’est déjà passé. Mais le pardon permet de changer l’avenir et de vivre différemment, sans rancune, sans ressentiment et sans vengeance. L’avenir éclairé par le pardon permet de lire le passé avec des yeux différents, plus sereins, même s’ils sont encore embués de larmes.

Lors du dernier Jubilé extraordinaire, j’ai institué les Missionnaires de la Miséricorde qui continuent à remplir une mission importante. Qu’ils exercent aussi leur ministère au cours du prochain Jubilé, en redonnant de l’espérance et en pardonnant chaque fois qu’un pécheur s’adresse à eux avec un cœur ouvert et une âme repentante. Qu’ils continuent à être des instruments de réconciliation et qu’ils aident à regarder l’avenir avec l’espérance du cœur qui vient de la miséricorde du Père. Je souhaite que les évêques puissent profiter de leur précieux service, en particulier en les envoyant dans des lieux où l’espérance est mise à rude épreuve, comme les prisons, les hôpitaux et les lieux où la dignité de la personne est bafouée, dans les situations les plus démunies et les contextes de plus grande détresse, afin que personne ne soit privé de la possibilité d’accueillir le pardon et la consolation de Dieu.

24. L’espérance trouve dans la Mère de Dieu son plus grand témoin. En elle, nous voyons que l’espérance n’est pas un optimisme vain, mais un don de la grâce dans le réalisme de la vie. Comme toute maman, chaque fois qu’elle regardait son Fils, elle pensait à son avenir, et certainement dans son cœur restaient gravées les paroles que Siméon lui avait adressées dans le temple : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction et toi, ton âme sera traversée d’un glaive » (Lc 2, 34-35). Et au pied de la croix, alors qu’elle voit Jésus innocent souffrir et mourir, bien que traversée d’une immense souffrance elle répète son “oui”, sans perdre ni l’espérance ni la confiance dans le Seigneur. Elle collaborait de cette façon, pour nous, à l’accomplissement de ce que son Fils avait dit, en annonçant « qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite » (Mc 8, 31). Et dans le tourment de cette douleur offerte par amour, elle devenait notre Mère, la Mère de l’espérance. Ce n’est pas un hasard si la piété populaire continue à invoquer la Sainte Vierge comme Stella Maris, un titre qui exprime l’espérance sûre que, dans les vicissitudes orageuses de la vie, la Mère de Dieu vient à notre aide, nous soutient et nous invite à avoir confiance et à continuer d’espérer.

À ce propos, j’aime à rappeler que le Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, à Mexico, s’apprête à célébrer, en 2031, le 500 ème anniversaire de la première apparition de la Vierge. Par l’intermédiaire du jeune Juan Diego, la Mère de Dieu faisait parvenir un message d’espérance révolutionnaire qu’elle répète encore aujourd’hui à tous les pèlerins et aux fidèles : « Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta mère ? » [20] Un message similaire est imprimé dans les cœurs de nombre de sanctuaires mariaux à travers le monde, destinations d’innombrables pèlerins qui confient à la Mère de Dieu leurs inquiétudes, leurs peines et leurs espérances. En cette Année Jubilaire, les sanctuaires doivent être des lieux saints pour l’accueil, et des espaces privilégiés pour susciter l’espérance. J’invite les pèlerins qui viendront à Rome à s’arrêter pour prier dans les Sanctuaires mariaux de la ville, pour vénérer la Vierge Marie et invoquer sa protection. Je suis sûr que tous, en particulier ceux qui souffrent et sont affligés, pourront faire l’expérience de la proximité de la plus affectueuse des mamans qui n’abandonne jamais ses enfants, elle qui est pour le saint Peuple de Dieu « un signe d’espérance assurée et de consolation ». [21]

25. En route vers le Jubilé, revenons à l’Écriture Sainte et écoutons ces paroles qui nous sont adressées : « Cela nous encourage fortement, nous qui avons cherché refuge dans l’espérance qui nous était proposée et que nous avons saisie. Cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur » (He 6, 18-20). C’est une invitation forte à ne jamais perdre l’espérance qui nous a été donnée, à nous y agripper en trouvant refuge en Dieu.

L’image de l’ancre évoque bien la stabilité et la sécurité que nous possédons au milieu des eaux agitées de la vie si nous nous en remettons au Seigneur Jésus. Les tempêtes ne pourront jamais l’emporter parce que nous sommes ancrés dans l’espérance de la grâce qui est capable de nous faire vivre dans le Christ en triomphant du péché, de la peur et de la mort. Cette espérance, bien plus grande que les satisfactions quotidiennes et l’amélioration des conditions de vie, nous porte au-delà des épreuves et nous pousse à marcher sans perdre de vue la grandeur du but auquel nous sommes appelés, le Ciel.

Le prochain Jubilé sera donc une Année Sainte caractérisée par l’espérance qui ne passe pas, l’espérance qui est en Dieu. Qu’il nous aide aussi à retrouver la confiance nécessaire dans l’Église comme dans la société, dans les relations interpersonnelles, dans les relations internationales, dans la promotion de la dignité de toute personne et dans le respect de la création. Que notre témoignage de foi soit dans le monde un ferment d’espérance authentique, une annonce des cieux nouveaux et de la terre nouvelle (cf. 2 P 3, 13) où nous habiterons dans la justice et la concorde entre les peuples, tendus vers l’accomplissement de la promesse du Seigneur.

Laissons-nous dès aujourd’hui attirer par l’espérance et faisons en sorte qu’elle devienne contagieuse à travers nous, pour ceux qui la désirent. Puisse notre vie leur dire : « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur » (Ps 27, 14). Puisse la force de l’espérance remplir notre présent, dans l’attente confiante du retour du Seigneur Jésus-Christ, à qui reviennent la louange et la gloire, maintenant et pour les siècles à venir.

Donnée à Rome, à Saint-Jean-de-Latran, le 9 mai, Solennité de l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ de l’année 2024, la douzième de mon Pontificat.

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services