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Camp extra-ordinaire
août 2021 – Bourrou
Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux. (Mat. XVIII, 10)
Une poignée de chefs se retrouvent dans les bois du Foyer Notre-Dame des Pauvres pour préparer un camp, dit extra-ordinaire. Qu’a-t-il de si extraordinaire ? Des tentes se montent, des coins cuisine, veillée. Tout paraît normal.
Mais voilà que les jeunes arrivent. Et c’est là l’extraordinaire de ce camp. Ils sont handicapés. N’ayons pas peur du mot, ni de la réalité. Oui, la vie pour eux n’est pas facile, ni pour ceux qui les accompagnent, en premier lieu leurs parents. Au milieu de gens ordinaires, en bonne santé mentale, ils sont extraordinaires. Alors ? Alors chacun sait qu’il n’est pas facile de sortir de sa routine quotidienne de ses habitudes de vie ordinaire, de ne pas « s’encanaper ». Cet effort, de valeureux parents le font acceptant ces vies blessées dans leur foyer, et prodiguant tout l’amour qu’ils ont et dont les enfants ont besoin.
Mais comment faire vivre ces enfants au milieu de la nature, comme les scouts « ordinaires » qui campent au milieu des bois ? Une gageure certes déjà relevée, mais à laquelle la Compagnie de la Sainte-Croix a voulu se frotter. Non pas comme un défi, mais comme un devoir de répondre à l’appel du Père Sevin de s’occuper de « ceux dont on ne veut pas, ou dont on ne veut plus », qui n’est rien d’autre que l’écho de l’appel à la Charité de Notre-Seigneur « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens… »
Le cadre étant posé, il a bien fallu que ce camp s’adapte aux enfants, dans sa durée, dans son encadrement, dans ses activités : un camp court, pour ne pas dépasser les capacités amoindries de certains, des activités peu nombreuses, car tout prend du temps dans cette vie extra-ordinaire, un encadrement fourni pour suivre chacun selon ses besoins.
Parlons de cet encadrement : composé d’éducateurs formés à l’accompagnement des handicapés, mais aussi de bénévoles novices en la matière. Ce camp n’aura pas formé seulement les enfants. Beaucoup de patience, de compréhension seront nécessaires pour assurer sa tâche d’accompagnateur dans un milieu si différent pour tous : la nature que Dieu nous offre, loin du confort, loin du virtuel que nous impose la vie moderne.
Ainsi, les enfants extraordinaires découvriront chants, cuisine au feu de bois, veillées, couchage sous tente, hébertisme, de quoi épanouir son âme dans la nature que Dieu a créée le tout couronné par la messe et le temps de prières.
Au début un peu surpris de ce changement, de ces nouveautés, nous voyons rapidement les interrogations disparaître des visages et laisser place au sourire signe de la joie profonde dont Dieu fait don à ces âmes, comme pour compenser le manque infligé par leur handicap.
Qu’auront-ils retenu de ce camp ? Difficile à dire. Mais la joie des visages fait entendre aux animateurs bien fatigués :
« Aussi souffrir pour eux n’est pas une souffrance,
S’user, quand c’est pour eux, on le fait en chantant,
Et mon travail fini, j’irai voir Dieu, content :
J’ai donné tout mon cœur aux jeunes gens de France » (P. Sevin, Testament)
En ajoutant cette persuasion que ce sont eux, quasiment marqués de la sainte incapacité de pécher, eux en qui rayonne encore la grâce du baptême, qui nous devanceront au camp éternel de repos et de joie, qui nous accueilleront si nous le méritons par notre Charité qui se doit d’être persévérante :
« Venez, les bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès l’établissement du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire. » (Mat. XXV, 34-36)
AnneR
Quand dans nos vies, la réalité devient un récit “parabole” qui aurait pu sortir de la bouche de Notre Seigneur!
C’est ce que m’évoque ce magnifique article tellement profond!
Merci cher Guillaumin!
Parole de psychomotricienne par profession et par amour des petits: trésors de l’humanité.