Dans L’Homme Nouveau Cyril Farret d’Astiès revient sur deux articles publiés à l’occasion de Pâques, l’un sur BFM et l’autre dans Le Figaro, montrant l’impasse de la 3e voie, entre progressisme et Tradition :
[…] Depuis des décennies on a donné cours à toutes les innovations au nom de la pastorale, afin de parler à l’homme contemporain qui semblait se détourner de l’Église. Ce n’était pas totalement faux.
Mais au lieu de bien comprendre pourquoi l’homme moderne se détournait de l’Église, on a ambitionné de transformer l’Église pour rejoindre le monde. Monde moderne qui s’est construit contre Dieu et qui crève, littéralement. Qui crève de s’être détourné, qui le constate à présent mais qui ne veut pas en tirer les conséquences. Cette pastorale de la conciliation est, évidemment, un échec cuisant.
Certains, profondément progressistes, prétextant une foi adulte libérée de la religion et des superstitions, ont décidé dans les années 1960 qu’il ne fallait plus enseigner le catéchisme, plus baptiser les nouveau-nés, plus pratiquer d’actes de piété.
Ils ont parfaitement réussi leur œuvre relativiste : ne voulant rien transmettre ils n’ont rien transmis et la République avec ses 872 milliards d’euros de dépense sociale a fini d’écrabouiller l’action caritative qui restait leur seule prétention chrétienne. N’en parlons plus.
L’enjeux est aujourd’hui du côté des catholiques « observants », cette part importante de clercs et de fidèles classiques, conservateurs, représentants des générations Jean-Paul II et Benoît XVI, nos frères dans la foi, souvent nos frères de sang — beaucoup de catholiques de tradition viennent de ces chapelles-là.
Ils sont cependant marqués, à leur insu, par certains travers contemporains : transformant parfois le catholicisme en méthode de coaching spirituel ; se contentant d’accompagner les hommes de notre temps par une spiritualité très psychologisante, tournée vers le sentiment et faisant trop peu cas de la Croix et du péché originel ; proposant une liturgie insolite favorisant l’émotion personnelle et collective par une participation agissante ; très investis dans la défense de la morale mais négligeant le socle dogmatique de la foi ; recherchant par naturalisme des remèdes séduisants mais trompeurs…
Reconnaissons-le aussi, avec une véritable fidélité à l’Église, un sentiment d’appartenance résolu, une sincérité indéniable. Ces catholiques ont soif, ils ont dans la bouche le goût amer du pontificat, ils ont un réel désir spirituel, ils aspirent à une véritable dignité liturgique mais ne parviennent pas encore tout à fait à se saisir du remède nécessaire. […]