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Le Salon Beige croit au bienfait de la culture chrétienne et en ce sens encourage ces œuvres. C’est ainsi que Salon Beige collabore avec des auteurs, éditeurs ou distributeurs de films. En ce qui concerne la réalisation de films catholiques, il faut aussi former des acteurs. C’est à cette tâche que se consacre l’Association Legenda qui donne cette mission cet été et cet automne à Daniel Rabourdin, réalisateur de La Rébellion cachée et du court métrage de Promesse.
Entre le 19 août et le 15 octobre, un tour de France de stages d’acteur passera ainsi par Toulon, Notre Dame de Valcluse près de Grasse, Dijon, Paris et Orléans.
Nous avons interrogé Daniel Rabourdin :
Daniel Rabourdin, nous vous connaissions comme réalisateur de La Rébellion cachée ou du court-métrage de Promesse mais pas encore comme coach. Qu’y a-t-il dans cette nouvelle étape ?
En fait, notre coaching existe depuis une trentaine d’années mais il est toujours éclipsé par la fonction de réalisateur. Pourtant, sur le terrain, je dois bien diriger et continuer à former des speakers, des acteurs ou des figurants. Je l’ai fait pendant 18 ans à EWTN, la télévision mondiale de Mère Angelica et depuis une dizaine d’années en indépendant pour La Rébellion cachée et Promesse, notre film d’aventure.
Nous allons poser une question peut-être simpliste : est-ce si difficile d’être acteur ?
C’est vrai… On se dit que parler et déambuler dans un film ne doit pas être bien difficile. Cela doit être même une partie de plaisir. Mais en fait, cela demande des années de formation. D’ailleurs, la plupart des grands acteurs n’arrêtent jamais leur formation.
Je crois que le défi central consiste en cela : comment être crédible alors que l’on utilise le texte de quelqu’un d’autre. Par le mot “crédible”, je veux dire que le spectateur (vous et moi) se perd immédiatement dans le monde créé par l’acteur et l’histoire. Il « y croit ».
En d’autres mots, le ton de l’acteur ne doit pas être perçu comme celui de quelqu’un qui se rappelle d’un texte. Vous voyez la difficulté ? Le spectateur doit automatiquement croire au personnage et non pas se rappeler l’acteur. Cette aptitude du bon acteur s’apprend. En fait, je pense désormais qu’au moins un quart des gens pourraient devenir de bons acteurs après une formation.
Vous dites aussi que le stage est très utile pour être à l’aise en public, qu’il s’agit d’un remède à la timidité.
Absolument et cela est efficace aussi pour témoigner, évangéliser, enseigner, faire de la politique etc. Surtout, cela réduit, voire annule, la peur du regard d’autrui. Nous remplaçons en fait la peur de l’autre par l’attention à l’autre et le respect du message.
Imaginez un missionnaire qui aurait peur de parler de sa foi, un politicien dont les yeux seraient fuyants, l’un et l’autre réussiraient bien moins que s’ils apparaissaient convaincus et qu’ils établissaient un contact authentique en regardant le public dans les yeux.
L’aisance en public est déterminante pendant toute la vie et elle est bien plus qu’une attention à notre apparence. Elle se base sur un état intérieur.
Pouvez-vous nous donner un exemple de vos ateliers ?
Bien sûr. Chaque séance commence par des jeux de groupe.
Ils sont faits pour « décoincer » et ils marchent à merveille. A travers cette dizaine de jeux en un week-end, nous favorisons, par exemple, l’authenticité dans le contact ou la réponse constructive (j’insiste : constructive) à l’autre. Ces jeux font avancer les stagiaires sur le chemin de la spontanéité en compagnie d’inconnus. Ces pratiques nous montrent que nous pouvons tous faire glisser notre attention exagérée du « penser à nous-mêmes » vers plus de « penser à l’autre » et de « penser au message ». C’est en réduisant la part trop importante d’égocentrisme qu’on laisse derrière soi la peur du public, ce qui à son tour entraîne l’acceptation par les autres.
Au fil de vos descriptions, on croit entendre des principes chrétiens.
C’est vrai. Et chaque métier comme nous le savons, cultive des vertus naturelles qui peuvent trouver leur source dans la foi chrétienne. Dans tous les cas, il est très clair pour moi que la peur du public vient en grande partie (mais pas seulement) d’une trop haute attention à notre ego et en même temps une trop faible attention au prochain. Et nous concentrant sur ces vertus, nous réduisons un trop grand instinct de survie qui est devenu contre-productif.
Mais votre stage est tout de même utile à ceux qui ambitionnent d’être acteurs…
Absolument. En fait, le week-end comprend 8 sessions comme un condensé de six mois de formation en école d’acting. Nous commençons le samedi matin par un jeu de rôle pour un entretien d’embauche dans un film que l’on appelle le casting, et nous finissons avec le tournage d’une minute d’interprétation d’une scène de film connu. Ce tournage peut être utilisé par le stagiaire pour de vrais castings.
Et quel est le rapport de vos stages avec la foi ?
Premièrement, nous avons ces exercices que nous connectons sans arrêt à leur équivalent dans les vertus chrétiennes.
Deuxièmement, nous laissons de côté les scénarios scabreux que les autres écoles d’acting imposent quasiment à leurs élèves.
Et troisièmement, nous avons un thème : le prophète de l’Ancien Testament et l’acteur.
Dans la Bible, le Prophète est un homme ou une femme qui s’estime souvent incapable de s’adresser à un peuple revêche ou à un chef perverti. La tâche est dangereuse. Il est souvent un berger ou une jeune personne. Cependant, le sort du peuple lui tient à cœur : il est conscient de ses besoins et de ses errances. Enfin, le prophète doit délivrer un message qui n’est pas le sien : celui de Dieu. Vous enlevez la mission radicale du prophète et vous trouvez des situations similaires à celles des acteurs.
Malgré tout, le prophète finit par parler avec succès. Que lui arrive-t-il ? D’abord, il veut obéir à Dieu. Il va parler par devoir.
Deuxièmement, il avance avec une promesse en tête : Dieu lui donnera son inspiration. Et lorsqu’il parle au tyran ou au peuple, le prophète s’oublie totalement. Il est habité par le message de Dieu.
Pour finir vos week-ends, vous montrez votre dernier court-métrage ?
Oui. Heureusement, nous avons un lien continu entre la formation et les films. Pour le bien de nos films, il est bon que nous établissions un lien profond avec nos futurs acteurs. Pour le bien des stagiaires, c’est un gage de qualité de savoir que la formation fut reçue par d’autres acteurs jouant maintenant dans des films. Nous avons eu par exemple la petite sœur de notre héros dans le court-métrage : Merah Benoit. Elle a joué deux ans plus tard avec l’un des acteurs d’Hollywood le plus demandé : Will Smith de Hommes en Noir.
Cette année, nous montrons surtout le court métrage de Promesse. C’est une aventure dans le genre des romans Signe de Piste : la quête d’une couronne miraculeuse depuis la Louisiane jusqu’en France par un adolescent, Max. Il est poursuivi dans les Alpes par deux princes de la magie noire de Louisiane et il survit grâce à un gang de garçons qui va se transformer avec lui en patrouille scoute.
Si Dieu le veut, nous réaliserons dans quelques années le long-métrage ensemble .
Pour plus d’informations : https://www.promessefilm.com/stage-d-acting
Chaque stage comprend 12 places. Le stage d’acteur de l’association Legenda est ouvert aux 18 ans et plus. Une réduction de 50% est offerte dans chaque paroisse à un paroissien et à un scout ou une guide, majeur (en activité ou pas).