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Liberté d'expression

Charlie Hebdo manque tout à la fois d’ « esprit Charlie » et de subtilité dans le domaine religieux

Charlie Hebdo manque tout à la fois d’ « esprit Charlie » et de subtilité dans le domaine religieux

Charlie Hebdo est au coeur de l’actualité, par la poursuite du procès des attentats de 2015 et par le fait qu’un professeur français d’histoire-géographie vient d’être décapité par un musulman exalté pour avoir montré des caricatures de Mahomet parues dans l’hebdomadaire et afin d’illustrer la liberté d’expression.

Autant dire que les écrits du journal, tant sur son compte Twitter que dans son dernier numéro du 21 octobre sont, à cette aune, fortement décevants. Le courage n’exclut pas les préjugés, on le savait hélas déjà.

« Je suis Charlie ». Dans ce slogan né à Paris (et immédiatement repris dans le monde entier) après les attentats de janvier 2015 est contenue l’idée d’une solidarité essentielle face aux épreuves nées des attentats terroristes islamiques et pour soutenir la liberté d’expression. On peut raisonnablement penser que M.Samuel Paty était Charlie.

Ainsi, après l’assassinat de ce professeur, beaucoup ont voulu encore montrer leur solidarité en utilisant à nouveau des caricatures extraites de divers numéros de Charlie Hebdo. D’aucuns montraient d’anciens numéros lors de la manifestation Place de la République ; d’autres en ont très rapidement publié certaines sur leurs comptes Twitter : Robert Ménard, Damien Rieu, Gilbert Collard, le journal L’incorrect, Nader Allouche… Tiens, rien que des profils qui seront classés à droite (a minima). Et Robert Ménard a amplifié son mouvement de solidarité en organisant un affichage public dans sa ville de Béziers :

Très curieusement, cela a déplu à Charlie Hebdo qui a publié un tweet exprimant un fort mécontentement et mépris :

Donc n’est pas Charlie qui veut. Cela se mérite. Cela doit réclamer l’imprimatur du journal. Et au final Charlie Hebdo semble préférer le soutien de tous ceux qui, comme l’a exprimé M.Richard Malka avocat du journal, ont lu les cinquante rapports publiés depuis vingt ans sur le développement de l’islamisme et ont laissé faire.

On est encore déçu en lisant l’Edito du dernier numéro. Riss y écrit notamment :

« La semaine dernière, une jeune femme, témoin au procès des attentats de janvier 2015, était interrogée pour savoir si elle craignait des représailles. « Je ne crains que mon créateur », a-t-elle affirmé. La réponse, apparemment simpliste, est abyssale, car elle induit que rien de ce qui émane des hommes n’a de valeur. Ni la justice, ni l’enseignement. Seul Dieu est légitime. Un tel raisonnement suffit à renverser une société basée sur la raison et le consentement, et à jeter par-dessus bord toutes ses valeurs. « Je ne crains que mon créateur » : la violence d’une telle phrase est annonciatrice de toutes les autres violences et les exonère déjà… Au lendemain d’un tel crime, la question qui nous hante est de savoir quelles actions mener pour vaincre cette idéologie… Quelle que soit la réponse, elle émanera des hommes et certainement pas de Dieu ».

Notons d’abord que dans ce texte, à aucun moment Riss ne parle d’islam, de musulman ou d’islamiste. Bizarre, bizarre.

Notons aussi que la supériorité accordée au divin n’est pas que l’apanage des musulmans, même si chez ceux-ci cela semble s’exprimer d’abord par de la crainte, alors que dans le judaïsme comme dans le christianisme, cela devrait s’exprimer d’abord par de l’amour.

Après tout, le Chéma Israël, cette prière si importante pour le juif, commence par :

« Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur » (Deutéronome, 6, 64-66)

Et quand un docteur de la Loi pose au Christ la question :

« Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? », Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt, 22, 36-40).

Quant à la supériorité de l’obligation de l’action pour Dieu, elle est bien illustrée (dans sa définition comme dans ses limites) par cette déclaration de l’apôtre Pierre quand il est arrêté et présenté « aux chefs du peuple, aux anciens et aux scribes de Jérusalem réunis autour du grand prêtre Anne » :  « Ce Jésus, la pierre que vous avez rejetée en bâtissant, est devenue la pierre angulaire. Il n’est de salut en aucun autre : car il n’est sous le ciel aucun autre nom donné aux hommes, en qui nous devions être sauvés ». Et comme ils lui intiment la défense formelle de parler ou d’enseigner au nom de Jésus, il répond :

« Jugez vous-mêmes s’il est juste devant Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu. Pour nous, nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu » » (Actes, 4, 11-20)

Rien là vraiment pour justifier l’analyse de Riss d’une phrase violente annonciatrice de toutes les autres violences. Cela, Riss ne le comprend pas. Il ne comprend pas la foi. Rien d’étonnant, après tout on le dit à chaque messe : « le mystère de la Foi ». Riss n’est donc pas décevant sous cet angle.

Là où lui et Charlie Hebdo sont très décevants par contre, c’est dans un manque total de discernement entre les religions. Une confusion est soigneusement et régulièrement entretenue par le journal comme le démontrent plusieurs couvertures, qui présentent le catholicisme et l’islam (et parfois aussi le judaïsme) comme des dangers équivalents pour la société (c’est le « Seul Dieu est légitime. Un tel raisonnement suffit à renverser une société basée sur la raison et le consentement »).

Outre la dure confrontation au réel (quelle était la religion de tous les terroristes ayant tué en France ? Quels sont les pays non-communistes caractérisés par les pires violences à l’égard de ceux qui ne partagent pas la religion majoritaire ?), l’équipe de l’hebdomadaire se garde bien de relever une différence essentielle entre le judaïsme et le christianisme d’une part, l’islam d’autre part, à propos de la violence, de son usage et de ses répercussions sur notre vie.

Dans l’Ancien Testament (remarquons, au passage, que les livres de l’Ancien Testament ont été écrits à peu près un millénaire avant le Coran), c’est Dieu lui-même, in tuitu personae en quelque sorte, qui fait périr et parfois à foison :

« Alors l’Eternel fit pleuvoir du soufre et du feu sur Sodome et sur Gomorrhe. Cela venait du ciel, de la part de l’Eternel. Il détruisit ces villes, toute la plaine, tous les habitants des villes et les plantes du sol » (Gen, 19, 25).

Comme les rédacteurs de Charlie Hebdo ne croient pas en Dieu, ils sont donc heureusement tranquilles.

Dans le Coran, c’est l’exact opposé : l’exercice de la violence est défini comme une obligation faite par Dieu aux musulmans. Chaque musulman est donc un guerrier potentiel (« et sachez qu’Allah est avec les pieux »…) comme souligné ci-dessous dans divers versets extraits de trois sourates différentes (tout le suc d’une religion de tolérance et de paix) :

L’évaluation de Riss et de Charlie-Hebdo quant à la dangerosité civile comparée des fidèles de chacune des trois religions citées devrait, en toute bonne foi ( ?), être revue. Mais, après tout, quel mérite aurions-nous à soutenir l’existence de Charlie-Hebdo si ce journal était aimable ?

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7 commentaires

  1. On peut certes critiquer Charlie Hebdo, et bien sûr ça ne nous plait pas quand la religion chrétienne est attaquée, mais il faut lui reconnaître le courage de s’attaquer à toutes les religions, et non pas, comme beaucoup à gauche qui préfèrent “bouffer du curé” tout en étant complaisant avec les islamistes radicaux, qui chante “Jésus est p…” sur une radio publique mais qui refuse la moindre critique de l’islam au nom de la tolérance et du refus de l’ “islamophobie”. Je préfère finalement Charlie Hebdo à Libération , Médiapart et autres torchons islamogauchistes.

    • Excusez mon manque de nuance et ma trivialité, mais un torche-c… reste toujours un torche-c… qu’il soit rose, orné de fleurs ou parfumé.

    • Charlie Hebdo ce n’est ni de l’attaque ni de la critique qui sont parfaitement honorables

      Charlie Hebdo c’est de l’injure, de la grossièreté, de la vulgarité et de la provocation
      Charlie Hebdo c’est “l’art” de se rouler dans la fange

  2. Dans ma jeunesse lycéenne, je lisais régulièrement Hara-kiri puis Charlie hebdo jusqu’à ressentir un sentiment d’ecoeurement. Ce qui m’en a éloigné c’est l’athéisme agressif et faussement scientifique du responsable de l’époque, Cavanna. Quand ce journal ne se contentait pas de se moquer des autres avec des dessinateurs doués comme Cabu mais presentait son arriere plan philosophique avec Cavanna, il se revelait particulièrement borné et dogmatique, affirmant lourdement qu’il n’y avait ni Dieu ni vie après la mort mais sans aucune démonstration convaincante.

    • Ce n’est même pas du bon humour, ces gens font rire jaune ou ricaner comme le font les histoires salaces.
      Rien de vrai ni rien de sain dans ces torchons
      Il s’agit de masquer le vide de la pensée par le ricanement forcé à la Voltaire et c’est proprement
      démoniaque.

  3. quelle autre “religion” prone le meurtre ?
    (islam religion d’amour et de paix)
    4:90 ne prenez pas d’amis parmi les mécréants, s’ils tournent le dos, alors tuez les

    (islam religion de tolérance religieuse) 2: 194 combattez les … jusqu’à ce que la religion puisse être préférée par allah

    (islam modéré, des lumières) 15:92 nous enverrons le chatiment sur ceux qui diviseront le coran en morceaux

    (cépal’islam) 39:29 le coran, un livre récité en arabe, langue claire et éloquente et sans tortuosité

    (islam auto-absolution ) 8: 18 aussi ça n’est pas vous qui les avez tué mais allah

  4. je découvre! et ne suis pas déçu !
    faut faire partie du sérail (de la paroisse ?) pour apprécier, les autres, c’est un détournement, une récupération, jamais vraiment sincère et franche
    Après cela, parlez d’universalisme

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