Partager cet article

Culture : cinéma

Chronique cinéma : L’improbable voyage d’Harold Fry

Chronique cinéma : L’improbable voyage d’Harold Fry

De Bruno de Seguins Pazzis pour Le Salon beige :

Tout juste retraité, Harold Fry mène une vie maussade aux côtés de sa femme Maureen. Lorsqu’il apprend que sa vieille amie Queenie est mourante, il sort de chez lui bouleversé pour lui poster une lettre… mais il décide de continuer à marcher pour se rendre à son chevet. Sa lettre en poche, il se lance alors dans un improbable périple de plus de 700km à travers l’Angleterre, avec l’intime conviction que son voyage maintiendra Queenie en vie. Au fil de rencontres inattendues et libératrices, Harold pourra-t’il se redonner une chance ? Avec : Jim Broadbent (Harold Fry), Penelope Wilton (Maureen Fry), Linda Bassett (Queenie), Earl Cave (David Fry), Joseph Mydell (Rex), Paul Thornley (Rich), Claire Rushbrook (la femme du fermier), John Capel (Bystander). Scénario : Rachel Joyce. Directeur de la photographie : Kate McCullough. Musique : Ilan Eshkeri.

« Je vais marcher, et tu vivras »… Au départ il y a un roman de la britannique Rachel Joyce, très grand succès de librairie publié en 2012 « La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry arriva le mardi » dont elle écrit l’adaptation cinématographique pour Hettie MacDonald qui signe là son deuxième film de cinéma après avoir réalisé une quinzaine de séries et films pour la télévision. Le thème central est celui de la rédemption, thème courant au cinéma et qui prend ici la forme d’un long chemin à pieds de presque 800 km entrepris par un certain Harold, septuagénaire quelque peu présomptueux. Qui dit rédemption, dit souffrance, deuil, culpabilité et réparation. La souffrance pour Harold est bien entendu physique mais elle est également intérieure car il porte plusieurs échecs dans sa vie : le deuil de son fils David qu’il n’a pas su comprendre et qui s’est finalement suicidé, un échec professionnel auquel est lié son ancienne collègue et amie au travail, Queenie, qu’il va rejoindre à pieds, l’échec de sa vie conjugale puisque depuis la mort de son fils, les échanges avec sa femme Maureen se réduisent au minimum. Souffrance, deuil et culpabilité sont bien là et la réparation se fait progressivement le long de ce long et difficile chemin jusqu’à la réparation finale qui permet la réconciliation du couple. C’est progressivement mais avec beaucoup de précision que le spectateur est amené à rentrer dans le personnage d’Harold jusqu’à éprouver une forte empathie pour lui. Et c’est bien là le tour de force de la réalisatrice Hettie Mac Donald mais aussi, et peut-être surtout, du comédien Jim Broadbent (Richard III de Richard Loncraine en 1995, Le Journal de Bridget Jones, Moulin Rouge de Baz Luhmann, de Sharon Maguire et en 2001, Vera Drake de Mike Leigh en 2004, La Dame de fer de Phyllida Lloyd en 2011…) que nous avons pu récemment apprécier en France dans le délicieux et très « british » The Duke (2020) de Roger Michel.

Une performance d’autant plus remarquable que le personnage d’Harold n’est pas vraiment sympathique au départ, non croyant, dur avec son épouse, obstiné. Mais c’est cette obstination qui va lui permettre de réaliser cette transformation intérieure. Ainsi, et malgré les apparences, L’improbable voyage d’Harold Fry n’est pas un film du « troisième âge », illustrant, outre la rédemption, que « La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, un effet de la volonté, une qualité de l’imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l’aventure sur l’amour du confort. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce qu’on a déserté son idéal… » (Général MacArthur), et qu’à soixante-dix ans passés on peut se lancer avec opiniâtreté et espoir sur une longue route du Devon à Berwick-upon-Tweed dans le Northumberland. Tout cela prend évidement du temps, d’où quelques longueurs, mais se révèle au bout du compte assez rafraichissant !

Bruno de Seguins Pazzis

Partager cet article

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services