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Démographie

Chute de la natalité, crise démographique, dépopulation

Chute de la natalité, crise démographique, dépopulation

Pour Darrell Bricker, PDG d’Ipsos Public Affairs, et John Ibbitson, journaliste au Globe and Mail, la chute de la natalité et celle à venir de la population mondiale représenteront le phénomène majeur du XXIe siècle. Ils estiment que la chute de la natalité est un phénomène inéluctable et que la seule solution est de recourir à l’immigration, ce qui est hautement contestable. Mais leur analyse sur la chute de la natalité et l’importance de la démographie est intéressante. Ils ont été interrogés dans L’Express :

Dans un monde moderne et technologique, n’avons-nous pas tendance à sous-estimer l’importance de la démographie ?

Darrell Bricker : Comme l’a dit Auguste Comte, “la démographie, c’est le destin”. Plus jeune dans ma carrière, en tant que sondeur, j’ai sous-estimé son influence, en pensant que le plus important étaient les comportements et les opinions des personnes. Mais si vous changez la structure de la population, cela bouleverse tout. J’ai ainsi réalisé que Comte était en avance sur son temps. Un grand nombre d’événements historiques peuvent s’expliquer à travers la démographie. Pourquoi les pays font-ils la guerre ? Eh bien, il y a une forte corrélation entre le bellicisme d’une nation et le fait d’avoir une population jeune, à l’image de la France de Napoléon. Pourquoi y a-t-il aujourd’hui moins de conflits sur la planète ? Parce que nous n’avons plus autant de jeunes hommes pour combattre…

Vous rappelez par exemple que le conflit israélo-palestinien est aussi une bataille démographique, les deux populations ayant des taux de fécondité identiques et élevés de 3,1…

D.B. En plus, le ratio naturel fait qu’il y a en moyenne près de 105 garçons qui naissent pour 100 filles. Quand une population a une moyenne d’âge peu élevée, cela renforce la frustration des jeunes hommes, comme on peut le voir en Palestine. Ce n’est bien sûr pas le seul facteur, mais c’est une des explications. Quant à Israël, il a le taux de fécondité le plus élevé des pays du monde développé, le double de la majorité des nations occidentales. C’est même le seul pays à ma connaissance qui a réussi à remonter ses taux de fécondité, passant de 2,70 enfants par femme au début des années 1990 à plus de 3 aujourd’hui. La population juive, un îlot au milieu de populations arabes qui lui sont hostiles, semble donc ressentir un impératif de conserver un niveau élevé de naissances pour ne pas être submergée, alors même que les taux de fécondité des arabes israéliens sont eux en baisse.

Depuis Malthus, nous ne cessons de craindre la surpopulation. Mais la thèse de votre livre est que l’événement marquant du XXIe siècle sera au contraire le déclin inévitable de la population mondiale…

D.B. Selon les projections des Nations Unies, la population mondiale devrait culminer à la fin du XXIe siècle à environ 11 milliards. Mais nous expliquions dans notre livre que ce modèle n’est pas réaliste. La population devrait plutôt atteindre un maximum de 8 à 9 milliards d’humains au milieu de ce siècle, avant de connaître un déclin important. Personne ne sait jusqu’où ira cette baisse. Tout simplement parce que nous, humains, avons fait le choix de ne plus avoir autant d’enfants que par le passé.

Autre élément clé : ce n’est pas seulement la taille de la population mondiale qui va connaître des bouleversements spectaculaires, mais aussi sa structure. Nous allons ainsi connaître un rapide vieillissement. La disparition des baby-boomers, nés avant le milieu des années 1960, représentera une extinction de masse (rires). Ce ne sera donc pas un déclin progressif, mais une chute dramatique. Il faut vraiment reconsidérer notre avenir, car nos perceptions actuelles sont totalement fausses.

Depuis, une étude publiée l’année dernière dans The Lancet a confirmé que le pic de la population mondiale pourrait être atteint dès 2064. Selon vous, le Covid-19 va-t-il encore renforcer ces tendances ?

D.B. C’est amusant, car tous les journalistes qui nous ont interviewés étaient initialement sceptiques. Mais aujourd’hui, cette idée d’une planète qui va se vider de sa population s’impose de plus en plus. Même les Nations Unies ont en 2019 révisé leurs projections à la baisse, en tablant sur 300 millions de personnes en moins à la fin du siècle. Quant au Covid-19, les chiffres en Chine, en Grande-Bretagne ou en France ont tous illustré une chute importante des naissances durant la pandémie. Quand les personnes se sentent en situation d’insécurité face à l’avenir, ils ne font pas d’enfants. Aux Etats-Unis, le Brooking Institution a même estimé à 300 000 le nombre de bébés qui ne sont pas nés du fait du Covid-19. Depuis, on observe une petite remontée de la natalité, mais il est fort probable que le Covid-19 n’a fait qu’accentuer une tendance durable, celle de la baisse des taux de fécondité. Il faut bien avoir conscience que si la population mondiale continue aujourd’hui à croître, ce n’est pas du fait des naissances, mais parce que les humains ne meurent plus aussi vite qu’avant.

Comment expliquez qu’il y ait encore tant de préjugés et idées fausses sur les niveaux de natalité dans le monde? Les personnes imaginent par exemple souvent le Bangladesh avec de nombreux enfants, alors que taux de fécondité y est de 2. En Iran, c’est 2,1, ce qui inquiète d’ailleurs le régime des mollahs. Le Brésil, c’est 1,8…

John Ibbitson : Il suffit de regarder les pays qui ne sont pas loin de la France. La Tunisie a un taux de fécondité de 2,2. Pareil en Libye. L’Algérie, c’est 3, mais en était encore à 7 en 1960 ! Votre pays est entouré de pays qui ont une natalité déclinante, et cela ne concerne pas que l’Europe, mais également l’Afrique du Nord. […]

Les Etats-Unis devraient être la seule superpuissance dont la population va croître à la fin du siècle du fait de l’immigration. Est-ce un avantage important ?

J.I. La Chine va connaître un rapide déclin. Si le taux de fécondité de 1,3 annoncé dans le recensement de 2020 est correct, ce pays peut perdre la moitié de sa population au cours de ce siècle, passant de 1,4 milliards d’habitants à 700 000. La Russie, qui a une faible natalité et une faible espérance de vie, a déjà moins d’habitants qu’à la fin de l’URSS. L’Union européenne a elle aussi un taux de fécondité faible, de l’ordre de 1,5. Les Etats-Unis est historiquement la superpuissance la plus ouverte à l’immigration. Si cette tendance continue – ce qui n’est pas une certitude au vu de l’opposition grandissante à l’immigration -, leur population pourrait croître de quelques millions d’habitants en 2100. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est l’inverse de ses rivaux. Cela aura un impact géopolitique évident. […]

En Europe de l’Est, la Bulgarie pourrait perdre plus de 20% de sa population en 2050. La Hongrie devrait elle connaître une baisse de plus de 10% sur la même période. Ce qui explique l’obsession de son dirigeant Viktor Orban pour la démographie et une politique nataliste activiste. Pensez-vous que cela puisse fonctionner ?

D.B. C’est Orban qui a l’approche la plus agressive en matière de politique nataliste. Mais les données dans les autres pays montrent que vous pouvez ralentir la baisse des naissances, mais qu’il est très difficile d’inverser la tendance. C’est ce qu’on appelle le “piège de la fécondité basse”. Une fois que la famille à un ou deux enfants devient la norme, cela le reste. Quand une société arrive à un taux de fécondité en-dessous de 1,5, il est presque impossible de remonter ce chiffre. Outre une natalité faible, la Hongrie doit faire face à un autre problème : l’émigration de sa jeunesse. Il y a une forte diaspora hongroise dans toute l’Europe. Résultat, ce pays fait face à une diminution de sa population depuis les années 1980. Je ne pense pas que les aides natalistes changent grande chose à cela. […]

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3 commentaires

  1. Ce monsieur est proche des analyses de Zemmour pour qui la démographie est une clef capitale. Cependant le mot ‘immigration’ cache d’autres réalités. Il n’existe pas de ‘citoyen du monde’ incolore, inodore, interchangeable. Il existe des êtres humains se déplaçant avec une culture civilisationnelle fortement engrammée dans la tête. Il n’y a pas d’être humain dans une Humanité neutre. Il a des personnes qui vivent dans des paganismes ou bien qui vivent dans l’Alliance libérante. Aux USA il y a un très faible pourcentage de personnes vivant dans l’oumma. Ce qui n’est pas le cas en France par exemple. Or l’histoire des relations françaises avec les ottomans et les barbaresques est claire et nette. Le problème fondamental est l’usage de la contraception. L’encyclique Humanae Vitae est prophétique. Le problème est ‘la prise en main’. C’est la question de l’égoïsme mondain absurde et du don de soi dans le Christ souffrant et glorieux. Une femme (un couple) contraceptée n’est pas nue, c’est le mensonge qui trône au milieu des relations. Les Puissances et les Dominations se rient des ‘prises en mains’ trop humaines, trop païennes, trop anti-Eglise de la Vie en Dieu. Le mot ‘taux de fécondité’ est lui-même mensonger. Il parle ‘taux de naissance’ en réalité. Avec la contraception comme dogmatisme suicidaire, avec les règles artificielles produites, nous avons le génocide de milliards de personnes qui ne peuvent pas naître mais qui ont vécu un certain temps in utero. La fécondité des femmes actuelle est certainement au maximum depuis des millénaires. La natalité est pourtant au minimum. Dieu compte nos cheveux mais aussi le nombre de personnes cocrééent et d’âmes immortelles. Le drame est que l’homme baptisé ne voit plus sa très haute dignité de fils de Dieu Amour et qu’il se prend pour un amas de cellules comme il y a des amas de galaxies. Il est devenu esclave d’idéologies païennes mortifères et esclavagistes. La vraie immigration est celle qui engendre les Cieux et nous fait vivre en Dieu par le vrai culte rendu par des mains consacrées de prêtre à la messe et son Horizon nouveau. Donc c’est la messe qui est la solution à la sortie de l’esclavage matérialiste suicidaire. La suppression de Pâques 2020 fut un tournant pour la promotion de l’incrédulité suicidaire sous prétexte d’hygiénisme d’Etat païen.

  2. Autre incertitude à considérer : l’influence des piquouses ARN messager sur la fécondité ?
    Réponses dans quelques années.
    Mais pas d’inquiétude à avoir braves gens, la GPA et les gamètes artificiels seront en place pour le meilleur des mondes.

  3. vit on mieux en chine ou en inde qu’en ardèche ou aveyron ?
    ils m’énervent avec cette histoire de dépopulation !

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