Avec le site www.claves.org, le district de France de la Fraternité Saint-Pierre propose d’apporter sa petite pierre au service de la Vérité. “Des clefs pour comprendre”, par exemple le temps de la Septuagésime avec cet article de l’abbé de Massia :
Le temps de la Septuagésime couvre les trois semaines qui précèdent l’entrée en Carême. Période liturgique méconnue et même supprimée du nouveau calendrier, elle fait cependant partie de la tradition liturgique de l’Église, tant en Orient qu’en Occident[1], et appelle le chrétien à méditer sur les grandes vérités du Salut pour se préparer au Carême.
D’où vient le nom « Septuagésime » ?
Les trois dimanches de ce temps sont appelés dimanches de la Septuagésime (70), de la Sexagésime (60) et de la Quinquagésime (50). Si le Carême (quadragesima en latin) évoque bien les 40 jours qui précèdent Pâques, en souvenir des 40 jours de jeûne du Christ au désert, il n’est pas besoin d’être un grand mathématicien pour savoir qu’une semaine dure 7 jours et non 10, et qu’ainsi le dimanche de la Septuagésime ne tombe pas 70 jours avant Pâques. Alors, pourquoi ce nom ?
Pour le comprendre il faut se référer à l’habitude qu’avait nos anciens de compter les « dizaines » de jours ou décades. Si le dimanche de Septuagésime ne tombe pas 70 jours mais bien 63 jours avant Pâques (9 semaines), il est cependant toujours dans la 7èmedécade avant la fête de la Résurrection ; celui de la Sexagésime est 56 jours avant Pâques, soit dans la 6ème décade ; celui de Quinquagésime est 49 jours avant Pâques, soit dans la 5ème décade. Ainsi, plutôt que de parler du dimanche de la Septuagésime, il faudrait dire – comme d’ailleurs le fait le missel romain – dimanche dans la Septuagésime (in Septuagesima), et de même pour les autres dimanches.
Un temps pour contempler les grandes vérités du salut
Le chiffre 70 évoque directement le temps de l’exil babylonien : pendant 70 ans le peuple hébreu demeurera dans un pays étranger, à la suite de ses fautes, dans l’espoir d’un libérateur qui les conduira vers leur vraie patrie. Ainsi, c’est toute notre vie terrestre, vie d’exil dans l’attente du retour à Dieu, qui est symbolisée par le temps de la Septuagésime. Nous sommes donc invités pendant ce temps à méditer avec attention et gravité sur les grandes vérités du salut : notre destinée éternelle, le drame du péché, la confiance dans la miséricorde de Dieu qui vient nous sauver.
L’âme chrétienne est appelée à prendre conscience de sa précarité et de sa condition de pécheur, non pour s’en décourager mais pour s’élancer avec plus d’ardeur vers Dieu par la prière, la pénitence et la charité, lorsque viendra le temps du carême.
Particularités liturgiques de ce temps
Ainsi, dans l’office des matines, l’Eglise nous fait revenir aux origines même de l’histoire humaine, et nous fait contempler les trois grandes figures de l’Ancien Testament (Adam, Noé, Abraham), qui annoncent toutes le Christ.
Les textes de la messe de la Septuagésime sont également emprunts de cette gravité, comme en témoigne l’introït (« Les gémissements de la mort m’ont environné »), la collecte (« afin que, justement affligés pour nos péchés, nous soyons miséricordieusement délivrés pour la gloire de votre nom »), ou le trait (« Du fond de l’âbime, j’ai crié vers vous, Seigneur »)…
Si le jeûne n’est pas encore de rigueur, certains éléments liturgiques manifestent le « changement d’esprit » de ce temps :
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- La couleur violette sert à l’Office et à la Messe du Temps pour tous les vêtements et ornements liturgiques.
- L’Alleluia est supprimé jusqu’au jour de Pâques. (En savoir plus sur la signification de cette tradition liturgique)
- À l’Office, l’Alleluia qui accompagne le Deus, in adjutorium du début, est remplacé par Laus tibi, Domine, Rex aeternae gloriae. À la fin de Matines, le Te Deum est remplacé par un répons à l’Offîce du Temps.
- À la Messe du Temps, même le dimanche, le Gloria in excelsis est toujours omis.
- En semaine, le graduel est dit seul ; le dimanche et les jours de fête, il est suivi d’un trait qui remplace l’Alleluia.
- L’usage de l’orgue est autorisé et l’autel peut être orné de fleurs.
Media Vita, « au milieu de la vie »
Cette époque liturgique est donc un prélude du Temps du Carême et une préparation éloignée à la fête de Pâques. Elle sert de transition à l’âme qui doit passer des joies du cycle de Noël à l’austère pénitence du Carême. Entre Noël et Pâques, elle caractérise bien le « milieu de la vie », comme l’indique le magnifique répons grégorien du « Media Vita » :
℟. Au milieu de la vie, nous sommes dans la mort : quel secours chercher, sinon toi, Seigneur ? toi qui à bon droit es irrité de nos péchés : * Saint Dieu, Saint fort, Saint Sauveur miséricordieux, ne nous livre pas à la mort amère. ℣. En toi ont espéré nos pères: ils ont espéré et tu les as libéré. ℣. Vers toi ont crié nos pères: ils ont crié et ne furent pas confondus. ℣. Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit.