En ce grand jour de la Fête Dieu, le mensuel Magnificat nous propose une courte exhortation du Père Jean Tauler (o.p.), mort en 1361, qui fut l'un des maîtres de la métaphysique rhénane. Il a laissé 83 sermons à des moniales et à des laïcs, témoignages de l'extraordinaire fécondité du courant spirituel dominicain alsacien au XIV° siècle.
"Bien que ce soit une bonne chose de s'abstenir de la communion par un sentiment d'humilité profonde et foncière, il vaut cependant infiniment plus et mieux communier par amour. Le malade a besoin du médecin et surtout d'un tel médecin dont l'assistance apporte la santé. L'humble crainte ne doit pas vous retenir. Si votre conscience vous reproche fortement vos fautes, c'est un signe certain que le Saint-Sacrement opère en vous. Quand une médecine chasse la maladie au-dehors, de telle sorte qu'il y ait éruption de boutons, c'est un signe que l'homme guérira et que le mal passera.
De même, quand un homme voit ses fautes apparaître grandes et graves au regard de sa raison, et qu'elles lui répugnent, c'est un grand et sûr présage que cet homme sera guéri à fond. Du moment qu'il sent en lui-même le désir de vivre selon la très chère volonté de Dieu, d'avoir une bonne et droite conduite, autant qu'il le peut, et s'il n'agit pas avec une sotte hardiesse et une audace aveugle, ou par une présomptueuse témérité, s'il ne trouve rien en lui de tout ce mauvais poison, il peut bien alors aller communier librement et en sécurité, pourvu qu'il regrette ce qu'il a fait de mal; et plus il communie souvent, plus la communion lui est bonne, utile et fructueuse."