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L'Eglise : Vie de l'Eglise

Daniel-Ange, un « prophète » pour le monde ?

Daniel-Ange, un « prophète » pour le monde ?

De notre envoyé spécial Antoine Bordier

C’est dans son ermitage situé dans les montagnes de l’arrière-pays niçois, que le père Daniel-Ange après ses deux heures d’adoration quotidienne écrit la plupart de ses livres. Sa plume ne s’arrête pas quand il redescend de sa montagne divine, et, retourne dans son école Jeunesse-Lumière. Là, dans sa cabane en bois, il y consacre sa demi-journée. Fin de notre trilogie sur le moine écrivain-ermite-évangélisateur, que certains appellent « le prophète ».

« En ce moment, je travaille sur un livre, sur lequel je suis depuis 40 ans. 40 ans, vous imaginez. J’écris sur le mystère du Samedi Saint. Sur la descente du Christ aux enfers. Pour l’écrire, je travaille en collaboration avec un frère moine, que j’aime beaucoup, du mont Athos. C’est un orthodoxe, il s’agit du père Macaire. »

Il bondit presque de sa chaise en osier en prononçant son nom, comme si l’ivresse des montagnes le reprenait. Sa vie pourrait s’écrire ou se résumer à partir du Livre du Cantique des cantiques :

« J’entends mon bien-aimé, oui, le voici, il vient, sautant sur les montagnes et bondissant sur les collines. »

Le comble, c’est que le père Daniel-Ange s’est rendu dernièrement au mont Athos.

« Oui, j’ai été invité par l’higoumène du monastère de Simonos Petras, il y a quelques mois, lors du déconfinement. Ils m’ont accueilli royalement. Lors des repas, j’étais à la table de l’higoumène, là où normalement ne s’assoient que les évêques orthodoxes. »

Le mont Athos, la « Sainte-Montagne » ? Pour les mystiques, ce mont est emblématique. Il représente le cœur de l’orthodoxie orientale dans le monde. Avec ses vingt monastères, et, ses plus de 2 000 moines, il se situe à l’extrémité de la Péninsule de la Chalcidique, dans le nord-est de la Grèce. Son mont culmine à plus de 2 000 mètres altitude avec une vue époustouflante sur la mer Egée. Tout au long du 1er millénaire, des ermites s’y rendent par dizaines. Puis, saint Athanase décide d’y bâtir le premier monastère, de Lavra (de la Grande Laure), en 963. « Ils m’ont invité, explique Daniel-Ange, pour parler de l’Islam. » Avec humour, il utilise un jeu de mots et ajoute :

« Ils ont le vertige devant l’islamisation galopante de l’occident. Ils savent ce que c’est. Ils ont vécu 4 siècles sous l’Empire ottoman. De plus, ils sont épouvantés par la génération montante qui préfère les sex-shops aux églises. Leur grande question, et, en Russie c’est pareil : comment rejoindre ces jeunes ? »

Là, devant des moines en noir, avec leur barbe qui n’en finit plus de pousser, il témoigne de son école d’évangélisation, Jeunesse-Lumière. Dans les prochaines semaines, ils vont lancer la leur. Avec lui, Daniel-Ange a apporté toute la documentation de l’école. Il ne restait plus qu’à les traduire en grec.

« Le monde est très malade »

Alors que des évêques français ne voient pas, encore (?), l’urgence de fonder des écoles d’évangélisation, Daniel-Ange a été bouleversé par cette invitation et cette rencontre avec ceux qu’il appelle désormais « mes frères grecs-orthodoxes. » En pleine pandémie, en plein motu proprio, en pleine crise planétaire, climatique, économique, politique et sociale, la question que l’on aimerait poser c’est : où est Dieu ?

« Eh bien, paradoxalement à tout ce qui se passe en France, en Europe et dans le monde et qui va à l’encontre de Dieu, de l’Eglise et de Son Œuvre, Dieu est là. Il donne le courage à beaucoup d’entrer en résistance. Nous devons nous émerveiller de voir dans ces ténèbres des petites lumières s’allumer. Ce sont ces jeunes qui rentrent au séminaire, pour embrasser la vocation du sacerdoce. A l’heure actuelle, c’est héroïque. En France, par exemple, dans la Communauté Saint-Martin, ils sont 120 séminaristes. Ils ont eu 25 ordinations cette année. C’est magnifique. Et, ce n’est qu’un exemple. Dans le monde, il y a d’autres oasis, au milieu de cet immense désert qui avance de plus en plus. »

Le mot « apocalypse » est prononcé pour décrire ce temps où les calamités semblent se multiplier. Pour Daniel-Ange, cette accélération incessante des mauvaises nouvelles ressemblent « aux temps de la fin ». Il se souvient de ses 12 années vécues au Rwanda, entre 1958 et 1971.

Il se souvient des appariations de Kibeho, qui ont eu lieu de 1981 à 1989, et, qui annonçaient le génocide des Hutus contre les Tutsis. Ce génocide aura lieu en 1994, faisant en 3 mois plus de 800 000 victimes. Pour le père : « Le monde est au bord du gouffre, dont parle la Vierge dans ses apparitions à Alphonsine. Aucun doute. » Il connaît bien la voyante, Alphonsine, qui est la seule survivante. Il ne veut pas dire où elle vit. Il la protège. Certains proches disent qu’elle vit, actuellement, à Rome, dans une Communauté de Sainte Claire, sous le nom de sœur Mutima. Mystère.

L’Apocalypse

Toujours avec son humour et son habileté à jouer avec les mots, Daniel-Ange reparle de la pandémie. Pour lui, c’est clair,

« c’est un doux avertissement du Seigneur, pour éviter l’opération chirurgicale sur l’humanité. Mais, peut-être, qu’il devra la faire cette opération, parce qu’Il y aura été obligé par nos divisions, nos méchancetés, nos reniements, nos trahisons. Paradoxalement, il y a de belles choses, comme ces personnes qui s’étaient éloignées de Dieu, parce qu’elles se donnaient à fond dans leur travail. Avec le confinement, elles ont redécouvert Dieu. »

Auteur prolixe, il a écrit plus de 80 livres. Il a écrit sur la jeunesse, sur l’Eglise, sur la vocation, sur la sexualité, sur la société, sur les prophètes, sur les saints de l’an 2000, sur sainte Thérèse, sur le pape Jean-Paul II, sur la femme, sur Paul VI…Impossible de citer tous les sujets abordés. Ce sont comme des petites pierres déposées avec délicatesse sur le bord du chemin. Ses derniers livres ? D’abord son autobiographie au titre évocateur : « Serviteur du très-beau, Bonheur en crescen-Deo ». La même année, en 2019, il publie : « Rwanda, au fond de l’enfer le Ciel ouvert ». Pour l’année Saint-Joseph, il lui consacre, également, sa plume. Le 19 mai 2021 sort son livre : « Les 8 voyages de saint Joseph – De la nuit à l’enCiellement ». Et son dernier livre ? « Prophètes de la lumière », paru en juillet dernier.

Il se défend d’être un prophète, mais pourtant sa vie colle à ces prophètes bibliques. Le 17 octobre prochain, il fêtera ses 89 ans. Il continuera son œuvre entre prières (il prie en moyenne 5 heures par jour), cours, écritures, conférences, évangélisations. Son port d’attache reste Jeunesse-Lumière. Il y retrouve une nouvelle promotion, les anciens et son ermitage. A travers toutes les crises qu’il a vécu, de la guerre civile du Liban, en passant par la chute de l’ex-URSS, il reste pétri d’espérance.

« Oui, il faut espérer, car c’est Dieu qui a le dernier mot. Toute l’histoire du monde est dans les mains de Dieu. C’est incroyable, mais en même temps vous avez de la souffrance et des oasis d’espérance. »

Il parle des fruits de grâces qui abondent à Medjugordjé. Il évoque « le scoutisme véritable école de sainteté. » Il parle, aussi, des persécutions. De la Belgique et de ses églises où il était interdit d’avoir plus de 30 personnes. De la France, de son confinement et de ses messes interdites. Il parle des supermarchés ouverts.

Le gender et le motu proprio

Mais le pire, pour lui, c’est le gender.

« Le pape François a le courage de le dénoncer comme pire que la bombe atomique, et, comme pire que les idéologies totalitaires du siècle dernier, nazisme et communisme. C’est pire, parce que cela atteint l’humanité dans sa source même. Cela détruit l’amour, cela détruit les familles. Tu peux changer, soi-disant, d’identité sexuelle comme tu veux, avec les cliniques spécialisées. C’est effrayant. »

Face à tout cela, le « prophète » estime que le temps du monde est compté : celui de sa conversion urgente. « Les évêques ne disent pas un mot du gender, alors que c’est la première menace », répète-t-il comme dans une litanie. Il dénonce cette hystérie collective et ce manquement grave à la liberté qui tournent autour de la vaccination obligatoire, de plus en plus décriée par ses effets secondaires, mortels dans certains cas. « Monseigneur Aillet vient d’écrire un très beau document sur le sujet. »
Il conclut en parlant du motu proprio.

« Je suis effondré. Je n’arrive pas à m’en remettre. C’est scandaleux, parce que les jeunes ont droit, le strict droit en tant que baptisés, d’aller là où ils sont fortifiés. Tous ces jeunes du Barroux et ces Missionnaires de la Miséricorde Divine, que vont-ils devenir ? Il y a beaucoup de vocations chez eux. Je ne comprends pas ce motu proprio qui manque de compassion et de charité. C’est d’une dureté. Et, en plus faire cela du vivant de Benoît XVI, c’est un coup de poignard. Il va en mourir. »

Le père Daniel-Ange est à la fois en colère (une sainte). Il est triste. Il sort respirer l’air pur des Monts-Voiron, et, se dirige, ensuite, de l’autre-côte de son ermitage, là où se trouve sa chapelle. Il y célèbre la Messe. En septembre, il est redescendu vers son école Jeunesse-Lumière. Là, il continue à accueillir la jeunesse du monde entier.

« Nos jeunes sont nos puissances de vie, nos raisons d’espérer face à cette culture de mort qui envahit tout. Il ne faut pas les décourager. »

Fin de notre trilogie, Daniel-Ange, le « prophète » ?

Reportage réalisé par Antoine Bordier, consultant et journaliste indépendant

Copyright des photos A. Bordier, Daniel-Ange, Jeunesse-Lumière, Mont Athos

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