De la banalisation de l’avortement à l’eugénisme
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MONROSE
lu sur Univadis:
14/11/08
(JIM)
Dr Alain Cohen
http://www.univadis.fr/medical_and_more/fr_FR_JIMNews_Article?profileAOI=20&profileAOIName=Santé Mentale&sparam=jim,,27943
150 ans de darwinisme
« Dans un avenir lointain, je vois des champs ouverts à des recherches plus vastes. La psychologie s’appuiera sur de nouvelles bases ». Évoquant le cent cinquantième anniversaire de la théorie de l’évolution et ses apports à la médecine, un psychiatre irlandais illustre son propos par cette citation liminaire de Charles Darwin, extraite de son ouvrage De l’origine des espèces, publié en 1859. Darwin contribua directement à la psychologie et à la psychiatrie, en publiant L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux où ces disciplines sont abordées du point de vue de l’évolution. Et son apport indirect concerne l’application ultérieure des principes évolutionnistes par ses épigones.
Pourtant, malgré l’accueil favorable réservé à la théorie de l’évolution dans toutes les branches de la biologie, elle reste méconnue dans le courant médical et psychiatrique, en partie en raison des difficultés pour fournir des preuves précises, mais surtout à cause du dévoiement des thèses darwiniennes dans des applications caricaturales, voire sulfureuses : darwinisme social et eugénisme. Même les nazis revendiquaient une filiation darwinienne : en éliminant trisomiques et handicapés, ils prétendaient ainsi « favoriser une sélection naturelle » tendant spontanément à l’éradication des plus faibles, au profit d’une « race supérieure ».
En opposition à ce dangereux discours eugéniste, on a dit que la finalité générale de toute société (démocratique) s’apparente à une « anti-sélection naturelle », puisqu’elle tend à contrer l’élimination des plus vulnérables (handicapés, malades, vieillards, indigents…) grâce à la solidarité et l’action médico-sociale. Autre avatar de ce débat sur l’eugénisme : par le conseil génétique, l’avortement thérapeutique, la contraception, voire la stérilisation, la médecine n’est-elle pas en train de transposer à l’échelon des gènes (responsables de maladies graves et incurables) le sort (objectif d’éradication) que les nazis réservaient (certes plus cruellement) aux individus eux-mêmes ? Alimentant la rhétorique des opposants à toute intervention humaine sur le génome humain, ces problèmes éthiques montrent que l’oeuvre de Darwin conserve, 150 ans plus tard, toute son actualité.
Henry P. O’Connell : 150 years of evolutionary theory. Br Journal of Psychiatry 193-9 : 258-259.