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Culture de mort : Euthanasie

De la non-assistance à personne en danger à l’acharnement thérapeutique

Où se situe la limite ?

Le centre hospitalier d'Orange a été
condamné
par le tribunal de Nîmes pour "acharnement thérapeutique". Les
faits remontent à 2002 : les médecins avaient réanimé un enfant né en
état de mort apparente
. Aujourd'hui âgé de 7 ans, l'enfant présente de
lourds handicaps physiques et mentaux. Une expertise doit maintenant
déterminer le montant des dommages financiers, les parents réclamant
500 000 euros.

C'est une affaire délicate. En effet, l'Eglise condamnne l'acharnement thérapeutique. L'encyclique Evangelium Vitae
rappelle :

"Il faut
distinguer de l'euthanasie la décision de renoncer à ce qu'on appelle l'«acharnement
thérapeutique
», c'est-à-dire à certaines interventions médicales qui ne
conviennent plus à la situation réelle du malade, parce qu'elles sont désormais
disproportionnées par rapport aux résultats que l'on pourrait espérer ou encore
parce qu'elles sont trop lourdes pour lui et pour sa famille
[Il semble ici que c'est le cas, NDMJ]. Dans ces situations,
lorsque la mort s'annonce imminente et inévitable, on peut en conscience «
renoncer à des traitements qui ne procureraient qu'un sursis précaire et
pénible de la vie, sans interrompre pourtant les soins normaux dus au malade en
pareil cas
». Il est certain que l'obligation morale de se soigner
et de se faire soigner existe, mais cette obligation doit être confrontée aux
situations concrètes; c'est-à-dire qu'il faut déterminer si les moyens
thérapeutiques dont on dispose sont objectivement en proportion avec les
perspectives d'amélioration
. Le renoncement à des moyens extraordinaires ou
disproportionnés n'est pas équivalent au suicide ou à l'euthanasie; il traduit
plutôt l'acceptation de la condition humaine devant la mort." (n°65)

Le risque, c'est que, condamner un hôpital pour cela, peut encourager les médecins à ne pas sauver un patient qui pourrait l'être. Il ne faudrait pas que des médecins prétextent de cette décision judiciaire pour euthanasier des malades. La limite est bien difficile à trouver et, au final, il revient bien à la responsabilité du médecin de décider si, en son âme et conscience, il convient de poursuivre les soins ou de les cesser.

Le député des Alpes-Maritimes Jean Léonetti, a rappelé jeudi que

"Les
règles du non-acharnement thérapeutique font partie de la déontologie
médicale mais rien n'est plus difficile que de définir le juste soin,
surtout dans un contexte de réanimation
. Il serait très grave que cette décision soit prise comme une décision qui empêche de donner la chance à la vie".

S'exprimant
par ailleurs au titre de président par intérim de la Fédération
Hospitalière de France (FHF), M. Léonetti a jugé

"que
l'équipe médicale qui a réanimé un enfant en état de mort apparente à
sa naissance, a eu dans le contexte de l'urgence une attitude légitime
".

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5 commentaires

  1. Et si l’enfant n’avait pas présenté de handicap, qui ne féliciterait les mèdecins ?
    Je ne vois pas très bien en quoi le fait de réanimer un enfant constitue un traitement disproportionné…

  2. Il me semble de dans ce cas précis, il ne s’agit pas d’acharnement thérapeutique.
    L’acharnement, comme l’explique l’encyclique, en est un “lorsque la mort s’annonce imminente et inévitable” et que l’on essaye malgré tout de donner un sursis de vie par des moyens disproportionnés.
    Or si ce bébé a pu être réanimé, et qu’il vit depuis sept années, lourdement handicapé certes, mais bien vivant, je doute que l’on puisse appeler “acharnement thérapeutique” la réanimation dont il a été l’objet.
    Sa condition est celle d’un enfant qui handicapé à la naissance, même s’il venait à mourir maintenant, les sept ans de vie qu’il aura eu ne peuvent clairement pas s’apparenter à un simple sursis devant la mort.
    Cela dit je puis me tromper, et je ne connais pas les détails concernant l’histoire de cet enfant.

  3. Le problème d’un traitement de réanimation est que l’on ne sait JAMAIS ce que cela va donner.
    Le problème – dans la plupart des cas – est la coupure d’alimentation en oxygène du cerveau. Si la coupure est supérieure à 5 minutes, on sait que des dégâts a priori irréversibles sont causés au cerveau (avec les conséquences tragiques du handicap très lourd qui suit).
    Le gros problème est que l’on sait très rarement quand cette coupure a eu lieu…
    La charité consiste donc à tenter une réanimation en « pariant » sur le fait qu’il n’est pas trop tard et qu’en agissant ainsi, on offre une chance de survie à la victime.
    Évidemment, le contexte (réanimation hospitalière et en extérieur) peut un peu changer la donne.
    Lorsqu’on agit à la frontière de la vie et dans une situation d’urgence, il est toujours extrêmement difficile d’agir avec discernement.

  4. Effectivement une affaire bien délicate , dont les conséquences en matière de jurisprudence peuvent dépasser le simple cas de la réanimation.
    Selon les propos même de l’avocat de la famille , Me Alexandre Berteigne : “Pour la première fois, un tribunal reconnaît qu’une vie sans conscience n’est pas une vie”, déclare-t-il au point.fr.
    Ceci ouvre bien des portes …! Il reproche au centre hospitalier d’avoir “forcé à renaître un enfant”.
    Pourtant l’avis rendu par le tribunal parait assez juste, même si des exeprtises restent en cours (légitimité de la tentative de réanimation, mais obstination déraisonnable ) . Mais le tribunal ne devrait-il pas également prendre en compte les conséquences sociétales d’une telle jurisprudence…
    http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2009-11-12/justice-premiere-condamnation-d-un-hopital-pour-acharnement-therapeutique/920/0/394060

  5. Attention, en tant que médecin réanimateur je mets en garde contre toute interprétation trop hâtive et générale de ce jugement.
    A la base de presque toute les plaintes en matière médicale, il y a un défaut de communication ou un manque de confiance dans la relation médecin-malade ou au moins une incompréhension, des doutes, de la part de ce dernier. Comme en plus maintenant les notions d’information et de consentement aux soins est de plus en plus importante pour les tribunaux, on en arrive vite à des situations délicates, et des jugements difficiles à comprendre pour des médecins qui ont pourtant l’impression “d’avoir fait au mieux”.
    Nous n’avons pas les détails de cette affaire, mais il semble que l’origine de la plainte réside dans l’incompréhension des parents à qui un médecin gynécologue, donc qui ne participe pas à la réanimation, annonce le décès (première erreur et 1er choc !), puis voient un autre lui annoncer plus tard que finalement ils auront à s’occuper d’un enfant poly-handicapé à vie (2eme choc !).
    Que s’est-il passer entre ces deux moments ? La mère n’a évidement pas pu donner son consentement la poursuite de la réanimation. Puis quelles explications ont-ils eu après la réanimation puis durant les premières semaines de vie ?
    On comprend facilement la détresse de ces parents, qui abouti vite à une demande d’indemnisation, et la volonté du tribunal de s’engouffrer dans toutes lez brèches possibles pour leur donner gain de cause.
    Vu l’évolution de la demande de réparation judiciaire, l’important devient (malheureusement) d’éviter un procès, et pour cela il ne suffit plus de “faire au mieux”, il faut avoir une attitude irréprochable et se faire comprendre par le patient.

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