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Bioéthique

Des cellules souches embryonnaires éthiques ?

La presse fait état de deux expériences, rapportées par des communications dans le journal scientifique britannique Nature. Elles ont en commun de prétendre créer des lignes de cellules souches embryonnaires sans détruire l’embryon d’origine. La théorie derrière ces techniques n’est pas nouvelle : ce qui l’est, c’est qu’elles viennent d’être expérimentées sur des souris, avec succès .

Malgré l’aspect ardu du sujet, essayons de comprendre de quoi il s’agit – faute de quoi on renoncerait à former une opinion sur ces évolutions. Voici ce que j’en ai compris :

– La première technique utilise la technique du prélèvement préimplantatoire dans une Fécondation In Vitro : quand l’embryon compte huit cellules, une des cellules est retirée et cultivée. Elle donne naissance à une ligne de cellules-souches embryonnaires, et l’embryon d’origine n’est pas détruit.

– La deuxième technique, le Transfert Nucléaire Altéré, est dérivé du clonage dit "thérapeutique" (voir ici, diapo N°4). Avant que le noyau de la cellule somatique soit transféré dans l’ovule énucléé, une manipulation génétique est opérée sur le premier pour l’empêcher de se développer au-delà du stade blacocyste.

La première technique soulève de graves problèmes éthiques : elle dépend de la FIV, elle-même sujette à caution; elle utilise un embryon comme matériau, avec des conséquences mal maîtrisées. Enfin, la cellule retirée pourrait elle-même dans certaines conditions donner naissance à un nouvel embryon… quel est son statut ? (Voir aussi LifeSite).

La deuxième technique semble convaincre davantage sur le plan éthique : le cardinal Levada, alors archevêque de San Francisco, aurait écrit à George Bush en faveur de la technique. Mais toute la question réside dans le statut de l’ "embryon" cloné : la manipulation génétique opérée avant l’implantation du noyau lui retire-t-elle légitimement tout statut ?

Ces questions sont, on le voit, complexes. Il y a, dans la culture de mort, des questions "faciles" : qu’il faille abolir l’avortement à 20, 12, 8 semaines va de soi pour qui n’a pas un sens moral anesthésié par le discours ambiant. Et il y a des questions plus difficiles, comme celles en jeu dans ces deux techniques.

Mais le fait même que des chercheurs développent des recherches sur les cellules souches dans des directions moins immorales que la destruction délibérée d’embryons est une bonne nouvelle. Pourquoi le font-ils ? Une des raisons principales est l’amendement Dickey : adopté par le Congrès américain en 1995, cet amendement interdit aux autorités fédérales de financer des recherches qui détruisent délibérément des embryons. Au lieu de se contenter de techniques plus simples et plus mortifères, les laboratoires sont ainsi amenés, pour bénéficier des fonds fédéraux, à suivre des pistes qu’ils auraient sans doute négligées sans cet amendement.

HV

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