Un lecteur propose ces réflexions suite à la neuvaine proposée par Hozana, à partir de la vie et de l’oeuvre de Dorothy Day :
Sans remettre en cause la grandeur de l’engagement de cette personne, et ses vertus chrétiennes, je me permets deux remarques qui me semblent importantes, car le site Hozana n’en fait pas mention, alors que la biographie des éditions Première partie, qui a servi de base à cette neuvaine, en parle :
– Le pacifisme de Dorothy Day l’a conduit, durant la seconde guerre mondiale, à soutenir l’isolationnisme américain, et à prôner la désobéissance civile pour ne pas s’engager dans le conflit contre le Japon et l’Allemagne nazie. Dorothy Day était persuadée que le national socialisme devrait être combattu de l’intérieur, par la désobéissance civile pacifique du peuple allemand. On pourrait parler de candeur, ou d’aveuglement, mais celle-ci est allée jusqu’à appeler publiquement à la désobéissance intérieure contre l’entrée en guerre des Etats-Unis. On frémit aux conséquences d’une telle action, pour le monde libre, si elle avait eu davantage de crédit aux Etats-Unis.
– Durant la guerre du Vietnam, Dorothy Day a conservé le même engagement pacifiste allant jusqu’à soutenir la désobéissance civile et le refus de l’engagement dans les armées américaines.
– L’admiration de Dorothy Day pour plusieurs dirigeants communistes l’a également conduite à s’aveugler sur la nature réelle du régime de Fidel Castro, pour lequel elle eut régulièrement des propos publics favorables.
Je ne nie pas, bien sûr, le soutien sans faille de Dorothy Day aux plus pauvres, son attachement à la belle liturgie, sa fidélité inconditionnelle au Siège de Rome, et l’exemplarité de sa conversion après une vie tumultueuse et éloignée de Dieu.
Cependant, ces quelques éléments de nuance me semblent importants, et j’avoue avoir du mal à comprendre l’engouement sans recul que suscite Dorothy Day en France chez certains catholiques depuis quelques années. Ou plutôt, pour être plus précis, je comprends cet engouement, mais pas l’absence de nuance et de recul. Il me semble que c’est une figure à admirer sous condition d’un sérieux inventaire préalable.
AFumey
Merci pour ces précisions.
D’une manière générale je m’interroge sur la séduction résiduelle exercée par les mouvements issus du marxisme et ses avatars, sur les chrétiens en général et les catholiques en particulier. Tsvetan Todorov a mis en évidence la gemelité de ces tendances avec nazisme et fascisme: on ne peut pas soutenir les premiers si on condamne les seconds.