Dans Ballade buissonnière pour un Maréchal défunt, Hervé Fardas raconte avec humour l'histoire d'une poignée de fidèles du Maréchal Pétain, qui subtilise son cercueil à l’île d’Yeu pour le transférer à Douaumont. En voici un extrait :
"Et si c'était vraiment mieux avant ? Et si cet avant était ce jalon qui nous offre un repaire, un témoin du bonheur ? Comme le point de départ qui permet de s'orienter, comme la norme à atteindre, comme la côte à ne pas dépasser, le point de non-retour, le caillou du petit Poucet, le seuil critique, le Jardin d'Eden ? Et si aller lentement à cheval valait mieux que de foncer sur les autoroutes et si le granit valait mieux que le béton et si Dante valait mieux que Duras et si la coutume valait mieux que l'article 12 paragraphe 5 alinéa 13 et si le piano valait mieux que la guitare électrique et si être domestique valait mieux qu'être chômeur et si le vousoiement valait mieux que le tutoiement et si le munster valait mieux que la vache qui rit et si monseigneur valait mieux que père évêque et si le mariage valait mieux que l'union libre et si Mantegna valait mieux que Duchamp et si La Fontaine valait mieux que Spirou et si le lin valait mieux que le nylon et si la vendange à la main valait mieux que la machine et si le trébuchet valait mieux que la bombe à neutrons et si la laine valait mieux que l'amiante et si Charles Quint valait mieux que Staline et si ventre saint gris valait mieux que p… de m… Et si l'or valait mieux que l'action et si Boulle valait mieux qu'Ikea et si le village valait mieux que la banlieue et si le soulier valait mieux que la basket et si la cheminée valait mieux que la télévision et si l'on arrêtait de croire naïvement que le progrès c'est le progrès ?"
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