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Valeurs chrétiennes : Culture

Etat des connaissances sur la charpente et les bois utilisés à Notre-Dame au XIIIe siècle

Etat des connaissances sur la charpente et les bois utilisés à Notre-Dame au XIIIe siècle

Intéressant article de Frédéric Épaud, spécialiste des charpentes médiévales, qui fait le point sur les contre-vérités qui ont circulé. Extrait :

[…] Les bois utilisés dans les charpentes médiévales ne furent jamais séchés pendant des années avant d’être utilisés, mais taillés verts et mis en place peu après leur abattage. Il s’agissait de chênes provenant des forêts les plus proches appartenant vraisemblablement à l’évêché. Chaque poutre est un chêne équarri (tronc taillé en section rectangulaire) à la hache en conservant le cœur du bois au centre de la pièce. La scie n’était pas utilisée au XIIIe siècle pour la taille des poutres. Les chênes abattus correspondaient précisément aux sections recherchées par les charpentiers et leur équarrissage se faisait a minima au plus près de la surface du tronc avec peu de perte de bois. Les bois ainsi taillés étaient indéformables, contrairement aux bois sciés. Les courbures naturelles du tronc étaient donc conservées à la taille ce qui n’était en rien un handicap pour les charpentiers du XIIIe siècle.

On estime que la construction de la charpente gothique de la nef, du chœur et du transept de Notre-Dame a consommé autour de 1 000 chênes. Environ 97 % d’entre eux étaient taillés dans des fûts d’arbres de 25-30 centimètres de diamètre et de 12 mètres de long maximum. Le reste, soit 3 % seulement, correspondait à des fûts de 50 centimètres de diamètre et de 15 mètres maximum pour les pièces maîtresses (entraits). Ces proportions sont similaires à celles mesurées dans les charpentes du XIIIe siècle des cathédrales de Lisieux, Rouen, Bourges, Bayeux. Outre leur faible diamètre, la majorité de ces chênes étaient jeunes, âgés en moyenne de 60 ans avec des croissances rapides d’après les études dendrochronologiques menées sur la plupart des charpentes du XIIIe siècle du Bassin parisien. On est donc bien loin de l’image d’Épinal des énormes chênes au tronc épais et vieux de plusieurs siècles.

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6 commentaires

  1. Enfin des propos de spécialistes après toutes les âneries entendues à ce sujet. Les chênes d’un mètre de diamètre dont la pousse aurait commencé sous Charlemagne…

  2. La vérité est bien plus simple que les divagations des beaux parleurs ignorants qui polluent les médias de nos jours!

  3. Intéressant article qui complète nos connaissances du travail du bois.
    Une chose est de préparer le bois de chêne pour faire des meubles , une autre est de parer des fûts d’arbres pour monter des charpentes..
    Très probable que de restaurer notre Dame à l’identique sera la solution la plus simple, la moins onéreuse et la plus rapide.
    Restera la sécurité du chef d’oeuvre à pérenniser , mais là il faudra de toutes façons que les pouvoirs publics revoient leur copie.

  4. OK, mais il est à noter que si 97% de ces chênes étaient plutôt jeunes, leur bois était de fait plus tendre que celui de vieux arbres de gros diamètre mis en place déjà secs. Il y a aussi sur ces bois jeunes beaucoup d’aubier, qui brûle très facilement quand il n’est pas dévoré par les insectes xylophages, ce qui du coup crédibiliserait aussi les conclusions de l’enquête officielle…
    Cette façon de réaliser des charpentes avec des bois “à la section” taillés à la hache et à l’herminette s’est prolongé jusqu’au XIXe et n’a disparu qu’avec l’apparition des scieries mécanisées, puis la standardisation des sections des bois…

  5. Ce ne serait donc pas nos chenes du Nivernais qui poussent lentement d’un cm de circonference par an. Le sol des forets nivernaises est moins riche qu’en Ile de France.
    Nous avons pas mal de chenes merlin dans notre region .les merlin sont des chenes a tonneaux.qui ont besoin d’etre fabriques zvec du bois de chene tres dense.

  6. Le séchage du bois à l’air prend environ 18 mois. 800 ans à l’abri de l’humidité a rendu le bois très sec et très dur. De même en forêt, essayez de faire brûler un pin en mettant une allumette à ses pieds. C’est la végétation sous ces arbres qui permet le départ du feu et son extension, mais mettre le feu à un arbre sans cela est quasi impossible.

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