Dominique de Villepin a posé aux députés la question de l’élargissement futur de l’Union européenne : "en l’absence d’institutions adaptées pour faire fonctionner une Europe élargie, la question du lien entre élargissement et approfondissement est désormais posée. Il appartiendra aux Européens d’en tirer ensemble les leçons au cours des prochains mois". Il s’est gardé de prononcer le nom de la Turquie contrairement à Sarkozy qui, samedi, avait plaidé pour un arrêt des négociations d’adhésion. Villepin a estimé qu’il fallait "tenir compte" du "sentiment" exprimé dans les urnes. Mais il s’agit bien plus que d’un sentiment : les Français ne veulent pas de la Turquie dans l’Europe !
"Nous devons certainement ouvrir une réflexion avec nos partenaires sur les modalités des élargissements futurs", a-t-il souligné, alors que Chirac a, depuis le 29 mai, évité cette question. Il faudrait surtout ouvrir le débat sur l’opportunité et l’intérêt des élargissements en l’absence de définition historique, géographique et culturelle de l’Europe…
A l’unisson de M. de Villepin, l’ancien Premier ministre Edouard Balladur a estimé qu’il fallait "différer pour longtemps tout nouvel élargissement" de l’Union, en soulignant que "son extension a suscité déjà trop de craintes" et excluant l’entrée de la Turquie. De même, Anne-Marie Comparini a déclaré que l’Europe devait avoir "des frontières définies clairement et sûres".
Voilà qui tranche (enfin) avec la question budgétaire et le faux-problème de la poursuite de la ratification de la Constitution : au-delà des problèmes d’élargissement de l’UE et de la Turquie, c’est la question de l’identité de l’Europe qui est posée par nos députés. Et c’est le vrai débat.