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Culture de mort : Euthanasie

Euthanasie : les médias déforment la réalité de façon émotionnelle

De Jeanne Smits dans Présent :

"l’affaire des euthanasies de Bayonne a rapidement enflé pour devenir une caisse de résonance médiatique de promotion de la mise à mort des personnes en fin de vie. Souffrent-elles trop ? Vont-elles mourir d’une minute à l’autre dans l’agonie d’un étouffement qui les terrorise, d’une douleur qui les ravage ? Eh bien, pourquoi ne pas les soulager avec une piqûre qui accélère le processus ? Et, franchement, ce petit coup de pouce vers l’au-delà mérite-t-il la réclusion criminelle à perpétuité ? […] C’est ainsi qu’en définitive la plupart des gros médias présentent l’affaire du Dr Nicolas Bonnemaison, 50 ans, qui a (selon l’adjoint au procureur à Bayonne) avoué avoir donné du Norcuron à des patients âgés amenés au service de court séjour des urgences où il a toujours exercé sa profession. Un médicament à base de curare qui peut entraîner la paralysie des muscles respiratoires, et qu’il avoue avoir utilisé à cette fin : d’où sa mise en examen pour « empoisonnement » sur des « personnes particulièrement vulnérables ». […]

Mais comme nous l’écrivions dans notre dernier numéro, le personnel soignant a été suffisamment choqué pour dénoncer ce chef de service à la justice – n’allons pas croire qu’ils l’aient fait dans une démarche machiavélique pour obtenir la disculpation de leur collègue, et partant la justification de l’euthanasie ! Non, cela, c’est l’affaire des lobbies pro-euthanasie et d’une presse qui, presque aussitôt l’affaire connue, a dénoncé l’hypocrisie d’un système légal indifférent aux souffrances et à la dignité des patients : un journaliste bloggeur du Monde détaille les souffrances intolérables de son père mort de la maladie de Parkinson ; Libération dénonce l’Etat qui « rechigne toujours à abandonner le moindre droit de vie ou de mort sur ceux qu’il considère davantage comme ses sujets que comme des citoyens » ; toute la presse rend compte des pétitions de soutien qui circulent sur internet où plus de 10 000 personnes ont en peu de temps réclamé sur divers sites la mise en liberté et la justification du médecin euthanasieur. Un comité de soutien s’est également constitué à l’hôpital de Bayonne autour du Dr Marie Kuhn.

En peu de temps l’affaire est donc devenue passionnelle – c’est le but, on ne change la loi qu’avec de « bons » sentiments – et la tournure qu’elle a prise est révélatrice d’un certain état d’esprit : dûment mis en examen vendredi, Nicolas Bonnemaison a été aussitôt remis en liberté sous contrôle judiciaire. Le Parquet, qui souhaitait la mise en détention du médecin, a fait appel."

Contre cette hystérie collective, signez notre pétition.

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