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Pays : International

Explosion de la coalition gouvernementale en Autriche

Explosion de la coalition gouvernementale en Autriche

D’Olivier Bault dans Présent :

Tremblement de terre en Autriche après la divulgation par deux journaux allemands, le Spiegel et le Süddeutsche Zeitung, d’une vidéo tournée secrètement à Ibiza en juillet 2017. Sur la vidéo, on voit le chef du parti national-conservateur FPÖ, devenu depuis vice-chancelier autrichien, négocier avec une belle jeune femme qui se faisait passer pour la nièce d’un oligarque russe supposé proche de Vladimir Poutine. Egalement sur la vidéo, l’actuel président du groupe FPÖ au Parlement autrichien, Johann Gudenus, qui parle le russe et tient lieu d’interprète. Les trois protagonistes du scandale sont affalés sur des fauteuils autour d’une table chargée de bouteilles d’alcool. La discussion entre Strache et la belle Russe porte sur d’éventuels contrats gouvernementaux si le supposé père oligarque venait à investir environ 250 millions d’euros en Autriche et notamment à racheter le tabloïd autrichien Kronen Zeitung et à favoriser ensuite la victoire du FPÖ en changeant la ligne éditoriale du journal.

Après la divulgation vendredi de la vidéo, Strache s’est défendu en expliquant qu’il avait eu une attitude typique de macho prenant plaisir à se vanter devant la jeune femme, et il a présenté ses excuses à son épouse et aux Autrichiens. Il a aussi présenté sa démission du poste de vice-chancelier et de leader du FPÖ afin, a-t-il expliqué, de ne pas nuire par sa présence au fonctionnement de la coalition avec l’ÖVP de centre droit, dirigé par le chancelier Sebastian Kurz. Le président du groupe parlementaire du FPÖ a démissionné lui aussi.

Cela n’a malgré tout pas empêché le chancelier d’annoncer la fin de la coalition et de demander ce week-end au président d’extrême gauche, le Vert Alexander Van der Bellen, de convoquer des élections anticipées. Ces élections auront probablement lieu début septembre. En attendant, le candidat du FPÖ aux dernières élections présidentielles, Norbert Hofer, a pris la tête du parti national-conservateur.

Une démission justifiée

La démission des protagonistes de la vidéo se justifie probablement car, à défaut d’avoir commis des délits, ils ont été filmés en train de se dire prêts à en commettre. En revanche, la décision de Sebastian Kurz de mettre fin à la coalition sous prétexte qu’il serait impossible à son parti ÖVP de réformer le pays avec ses partenaires du FPÖ est plus surprenante. Elle montre que son virage supposément conservateur alors qu’il était ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement progressiste et immigrationniste de coalition entre l’ÖVP et le SPÖ social-démocrate n’avait pour but que de faire repasser son parti devant la FPÖ après l’élection présidentielle de 2016, quand les candidats des deux partis de la grande coalition avaient été éliminés dès le premier tour.

Mais surtout, cette vidéo suscite des interrogations quant aux méthodes mises en œuvre pour faire barrage aux « populistes » de droite. « Je trouve étonnant que cette vidéo vieille de deux ans sorte à quelques jours de l’élection », a très justement fait remarquer Marine Le Pen. Le piège dans lequel Heinz-Christian Strache est tombé pourrait lui avoir été tendu par les services secrets autrichiens ou allemands, et la vidéo, tournée trois mois avant les élections législatives de 2017, était très visiblement conservée par les commanditaires de l’opération jusqu’au moment propice pour sa « fuite » dans des médias choisis, en l’occurrence deux grands médias allemands favorables à l’immigration et hostiles aux « populistes ». « Si nous trompons nos adversaires politiques, si nous violons leur vie privée et que nous allons jusqu’à commettre des actes illégaux, en définitive nous causons du tort à notre culture politique commune », a réagi le chef de l’agence de protection des données du Bade-Wurtemberg, en Allemagne. Le FPÖ a annoncé qu’il allait déposer plainte.

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2 commentaires

  1. Dommage parce que Strache est un gars bien. Malheureusement on est tous susceptible de faire une jour une belle boulette. Longue vie au FPO qui n’est pas un parti national conservateur (disons que ce n’est pas la catégorie exacte du positionnement politique de ce parti) mais un parti national libéral. Ou le parti de la liberté puisque c’est son nom, tout simplement.

  2. Ce genre de stratégie est parfaitement défendable, à la seule condition de ne pas être pris la main dans la sac… Le seul problème est qu’on ne joue pas du tout dans la même cour que les Soros et consorts, qui eux pratiquent ça tout le temps, mais ne se font jamais prendre puisqu’ils disposent déjà de tous les leviers de pouvoir.
    Au moins permet-il de montrer, à ceux qui en doutaient encore, le vrai visage de la droite libérale dure (enfin avec les faibles, pas avec les puissants) de monsieur Kurz, avec, comme pour ses clones Wauquiez/Bellamy, un projet plus inhumain, européiste et anti-national que véritablement protecteur des citoyens nationaux…

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