Interrogé dans Valeurs Actuelles, le pédopsychiatre Christian Flavigny dénonce l’extension de la PMA :
Le gouvernement choisit d’aggraver la décomposition du lien familial qu’avaient déjà engagé diverses mesures, la principale étant la loi sur le mariage et l’adoption pour tous (2013), mais aussi antérieurement la possibilité pour une personne célibataire d’adopter. Il y a là tout un fil de décomposition résultant de la méconnaissance par les pouvoirs publics de ce qui avait été entériné de manière cohérente par la loi sur l’adoption plénière (1966) : dans cette loi, le lien familial était clairement basé sur la relation d’enfantement d’un couple, même si cette relation d’enfantement se trouvait contrariée dans sa concrétisation par une stérilité. Ce principe était un principe fort qui avait pour axe de permettre à l’enfant de s’inscrire dans un lien familial cohérent : cette relation d’enfantement est en effet la condition pour que l’enfant s’inscrive et se reconnaisse de manière pour lui compréhensible comme l’enfant de ce couple. La vraisemblance de l’enfantement rendait crédible l’affiliation par l’adoption plénière ou depuis une PMA ; or, depuis vingt ans, ce principe est mis à mal au point d’aboutir à sa négligence totale : cette relation d’enfantement est désormais disqualifiée en tant que socle psychique et affectif de la venue de l’enfant. Sont désormais décrétées parents des personnes à l’écart de la relation d’enfantement. Cette décision du gouvernement est donc une étape supplémentaire de la désagrégation du lien familial.
En quoi le débat est-il “confisqué” ?
J’ai pour ma part participé à toutes les auditions qui m’ont été proposées : à l’Assemblée nationale, au Conseil d’État, au Sénat, au Comité d’éthique… J’ai été aimablement écouté, sauf qu’à la fin le résultat était toujours le même, un principe jugé supérieur disqualifiait complètement tout ce que j’avais dit, et devait juger des choses : le principe de non-discrimination. Toutes les différences que j’avais essayé d’expliquer étaient balayées. […]
Quelles conséquences entraînerait la PMA pour toutes ?
La loi affirmerait que l’enfant peut bien être privé de père sans que cela lèse son développement psychoaffectif. D’ailleurs cet “accès” à l’aide médicale est réclamé d’une façon très symbolique car une femme peut se retrouver enceinte sans avoir besoin de la médecine ni du rapport sexuel avec un homme. Certes il est des enfants qui n’ont plus leur père ou même ne l’ont jamais connu ; ce n’est pas toujours simple dans leur vécu, mais le champ symbolique que porte la parole collective des lois ne nie pas que leur situation est particulière et douloureuse – par exemple si le père a décidé de partir. Si les lois valident la PMA pour toutes, elles imposent à l’enfant l’idée qu’il n’y a rien à comprendre : sa situation est décrétée “normale” et jugée ne soulever aucune question digne d’être posée.
Autrement dit, la fonction paternelle, fondatrice dans la vie psychique de l’enfant en complément de la fonction maternelle, est décrétée facultative, le principe même de ce qui est fondateur pour l’enfant est banalisé. Le problème concerne dès lors tous les enfants car c’est alors l’équilibre même du principe familial qui est malmené : on décrète qu’avoir un père et une mère n’est plus un enjeu fondamental pour l’enfant. Et cela concerne chacun des parents car le tour des mères va arriver très bientôt avec la GPA. Au final s’opère l’éviction de l’importance pour l’équilibre psychoaffectif d’un enfant d’émaner de la relation d’enfantement d’un homme devenant le père et d’une femme devenant la mère.
Vous expliquez que « la paternité est une fonction différente et complémentaire de la fonction maternelle » . Peut-il y avoir un substitut ? Une femme peut-elle avoir un rôle paternel ?
Un parrain est un substitut paternel : c’est sa fonction symbolique. Dans les rituels religieux, notamment catholique, il joue un rôle éminent. Cela montre que l’essence de la paternité engage le lien symbolique. Encore faut-il que la possibilité du relais puisse exister. Dans la situation des enfants ayant un parent homosexuel que j’ai pu suivre, les grands-parents ont parfois pu être une figure de relais d’un enfantement. Mais cela est psychiquement possible à condition que l’on ne tente pas de mettre le compagnon ou la compagne de vie homosexuelle en statut de deuxième parent, car alors on obture la possibilité du relais. C’est là que les lois ont un effet problématique : elles imposent à l’enfant cette idée inconséquente.
Est-ce qu’une mère peut avoir un rôle paternel ? Tout dépend de ce qu’on entend : le rôle, ce sont les tâches quotidiennes, sexuellement indifférenciées. Mais la fonction maternelle œuvre au plan psychique : elle porte l’enfant à la relation à lui-même ; tandis que la fonction paternelle porte l’enfant à la relation aux autres. Du fait de la psychologie féminine, une femme porte cette capacité de restituer à l’enfant son propre regard intérieur sur lui-même, liée notamment à ce qu’elle vit pendant la grossesse. Le père est extérieur à la dyade mère-enfant et c’est sa fonction : il va permettre à l’enfant de se dégager du lien maternel, qui est certes essentiel mais aussi porteur de sa propre problématique, l’excès fusionnel. Seul un homme peut engager la fonction paternelle, acquise depuis la relation à son propre père.
Vous paraphrasez Victor Hugo : « Ouvrez la PMA pour toutes, il vous faudra augmenter le nombre de commissariats » …
L’éviction du père disqualifie le référent d’autorité, principe qui libère l’enfant de l’emprise maternelle. La conséquence sociale est inévitable et d’ailleurs déjà repérable dans les cas de radicalisation, où des jeunes que l’on sait en grande carence de lien paternel vont, faute de trouver dans notre société une référence paternelle structurante, chercher la référence autoritaire la plus caricaturale et barbare qui soit. En disqualifiant la figure paternelle, notamment par ce haro sur le patriarcat ancestral que l’on affuble des traits de l’autoritarisme et de l’abus de pouvoir, on prive tous les jeunes d’un repère cohérent. […]
Elda
Aucune réaction de nos évêques ((à part 3 ou 4…) devant cette destruction programmée de la famille. On sait pourtant de Qui ça vient, c’est clair comme de l’eau de roche, et quasi personne ne bouge !
DUPORT
C’est exactement cela “Le gouvernement choisit d’aggraver la décomposition du lien familial” car c’est son but.
C.B.
Que de confusions.
“La loi affirmerait que l’enfant peut bien être privé de père sans que cela lèse son développement psychoaffectif. ”
et par ailleurs, il semble bien que la loi puisse considérer qu’un être humain innocent puisse être privé de vie dans que cela lèse ses droits fondamentaux.
Lors d’un mariage civil, on a droit à la lecture des différents articles du Code Civil concernant les devoirs des époux l’un envers l’autre, dont “Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance (C. civ. art. 212).” Fidélité? Laissez-moi rire! a) L’adultère est ouvertement affiché par Gleeden et ne fait l’objet d’aucune poursuite. b) la loi de réforme du divorce du 26 mai 2004, en vigueur depuis le 1er janvier 2005, a abrogé le troisième délai de l’article 230 du Code civil, et par là même, l’obligation de respecter la durée minimale de mariage de 6 mois, avant de demander le divorce. (et les “people” ne se gênent pas: Un jour de mariage pour Britney Spears, un mois pour David Lynch, et sept pour Renée Zellweger).