De Bernard Mitjavile :
Il y a quelques temps déjà, Jean-Paul II expliquait dans son encyclique Fides et ratio de 1998, que la foi et la raison, loin de s’opposer, se complétaient, leur relation permettant un enrichissement mutuel dans le respect l’une de l’autre.
Toutefois, nous vivons encore dans une culture largement dominée par un paradigme matérialiste selon lequel l’hypothèse ou la croyance en un esprit conscient et créateur à l’origine de l’univers serait moins rationnelle ou scientifique que la croyance contraire, la négation de cet esprit créateur remplacé par une combinaison de lois et de hasard. Or, ce paradigme n’a rien de scientifique ou rationnel et relève bien au contraire de préjugés ou dogmes hérités d’un matérialisme, dialectique ou pas, largement dépassé et loin d’être prouvé par la science.
Prenant une approche scientifique en étudiant si les faits corroborent une hypothèse, on peut voir si l’hypothèse d’un esprit intelligent à l’origine de l’univers, de la vie et de l’homme est plus justifiée par les faits que sa négation, l’hypothèse que l’univers et la vie se sont développés à partir du hasard et de la nécessité ou pour reprendre une idée marxiste, des contradictions internes de la matière. Ainsi nous pourrons voir si l’hypothèse théiste tient mieux la route que l’hypothèse athéiste, ce à quoi cherche à contribuer ce texte.
Etude cosmogonique (Big-bang et constantes cosmiques)
La théorie sur l’origine de l’univers la plus largement acceptée par le monde scientifique actuellement est la théorie du Big-bang ou d’une explosion initiale d’énergie à très haute température il y a autour de 14 milliards d’années dont sont issues les premières particules élémentaires.
Cette « explosion » n’a pas grand-chose à voir avec l’explosion d’un pétard ordinaire mais plutôt avec le lancement d’un processus calculé avec une précision extrême avec des dizaines de conditions initiales, de constantes comme la constante de Planck ou celle de la gravitation, toutes nécessaires individuellement et entre elles pour permettre le bon développement de l’univers. On a détecté, puis mesuré la radiation créée par cette explosion qui joue le rôle d’un bruit de fond de l’univers dans toutes les directions et on a calculé que cette radiation reflétait une explosion à une température et d’une puissance juste assez élevée pour permettre à l’univers de s’étendre sans qu’il se replie sur lui-même par la force de la gravitation (univers en expansion) et juste assez réduite pour permettre aux galaxies de se former sans que la matière ne se disperse dans l’univers.
On peut citer l’astronome Trinh Xuan Thuan « Supprimez un seul zéro au nombre 1 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 – le rapport de la force électromagnétique à la force gravitationnelle et l’univers devient vide et stérile » (Trinh Xuan Thuan « le Cosmos et le Lotus »).
De même si la constante de gravité était très légèrement modifiée d’un ordre très inférieur au milliardième, notre soleil ne pourrait pas exister.
Parmi les nombreuses constantes nécessaires et dont la coordination a permis à l’univers de se développer, il y a la vitesse d’expansion de l’univers : si elle était d’un millionième plus réduite, l’expansion se serait arrêtée et l’univers se serait de nouveau réduit avant que les étoiles aient pu apparaître jusqu’à une implosion finale, si la vitesse d’expansion avait été trop rapide, alors la matière se serait dispersée trop rapidement dans l’univers empêchant la formation des galaxies.
Il en va de même pour la vitesse de la lumière, de 299.792.458 mètres par seconde. Les lois de la physique sont fonction de cette vitesse et même une légère variation de cette vitesse affecterait les autres constantes.
La possibilité que cette combinaison de ces constantes, actuellement au nombre de 122 mais en augmentation, qui ont permis au Cosmos d’évoluer et à la vie d’apparaître sur terre, probabilité calculée par des astrophysiciens américains en prenant comme hypothèse réaliste la présence de 1022planètes dans l’univers, est d’une chance sur 10138 ou d’un zéro suivi d’une virgule puis 137 zéros puis enfin un 1. Face à cette improbabilité du hasard comme origine de l’univers, les matérialistes répondent en invoquant une infinité d’univers ayant tous échoué avant le notre, la théorie dite des multivers, sans avancer bien sûr la moindre preuve pour soutenir cette théorie.
D’un point de vue philosophique, la théorie du big-bang suppose que la cause première à l’origine de l’univers transcende le temps et l’espace, deux variables liées selon les théories d’Einstein, autrement dit avec le Big-bang ont commencé simultanément le temps et l’espace. Or, l’idée que la cause première de l’univers transcende le temps et l’espace est une idée qui a été affirmée contre tous les matérialistes depuis des milliers d’années par la tradition judéo-chrétienne et que vient donc confirmer la théorie du big-bang.
Au moins depuis les premiers philosophes grecs comme Parménide, ou Héraclite ou des panthéistes, un grand argument des philosophes matérialistes à l’encontre d’un Dieu créateur est que l’univers a toujours existé et qu’il n’y a rien en dehors de lui, qu’il est pour reprendre un vieux concept philosophique “l’être”. Pendant longtemps on a cru que les étoiles étaient des divinités éternelles. Même si ce n’est pas souvent souligné, la théorie cosmologique moderne frappe de façon décisive toutes ces conceptions et nous ramène à la conception judéo-chrétienne que l’univers n’est pas tout, qu’il a une cause. On ne peut plus simplement comme avant être panthéiste ou défendre l’éternité de l’univers ou de la matière comme le faisaient Marx et Engels. La matière ou l’univers n’est pas le Dieu éternel et incréé, ils ont un début, une cause qui les transcende. Ce qui n’était qu’une conviction des croyants est devenu une certitude scientifique.
En d’autres termes il faut une foi bien plus grande pour être matérialiste athée que pour croire à l’existence d’un esprit intelligent à l’origine du cosmos. Le mot même cosmos nous donne une indication, il s’agit d’un mot grec indiquant un univers organisé par le démiurge en utilisant le logos par opposition au chaos, mot grec indiquant le monde avant intervention du démiurge.
Le Principe anthropique
De nombreux scientifiques à la suite de l’astrophysicien Brandon Carter, en sont arrivés à reconnaître un « Principe anthropique » qui guide l’univers vers l’apparition de la conscience humaine, d’un être capable de comprendre cet univers. « Ce qui est un miracle, c’est que l’univers soit compréhensible pour l’homme » disait déjà Einstein indiquant que l’homme aurait très bien pu vivre dans un univers dont les lois fondamentales resteraient hors du domaine de sa compréhension.
Comme pour les constantes qui permettent l’existence et le développement de l’univers, concernant notre environnement immédiat, la terre, on retrouve toute une série de constante permettant la vie humaine. Il y a ainsi le degré de transparence spécifique de notre atmosphère (un peu plus et la chaleur des rayons du soleil frapperait trop durement la terre, un peu moins et pas assez de chaleur sur terre).
Cet atmosphère a une teneur spécifique en Oxygène (1 ou 2% de plus et l’atmosphère est trop inflammable, 1 ou 2% de moins et la teneur en Oxygène est insuffisante pour l’homme) et en CO2 (un peu plus et effet de serre trop important, un peu moins et pas de photosynthèse efficace).
Les dimensions de la lune et la distance de la lune qui est plus grosse que la plupart des satellites de planètes, à la terre sont aussi des valeurs critiques (distance terre-lune un peu plus proche et on aurait des marées géantes, un peu moins et il y aurait d’autres problèmes lors de changements d’orbites. Jupiter peut ne pas paraître comme particulièrement utile pour la vie sur terre et pourtant, c’est le cas : grâce à ses dimensions, cette planète sert de poubelle ramassant les météorites pénétrant dans le système solaire.
La distance de la terre au soleil (ni trop réduite pour éviter un ensoleillement excessif, ni trop grande pour éviter des hivers trop rigoureux), l’inclinaison de la terre sur son axe, la quantité d’eau terrestre sont d’autres valeurs vitales.
Conclusion
On peut conclure que l’hypothèse de l’existence d’un esprit intelligent communément appelé Dieu à l’origine de l’univers est largement soutenue par l’étude du cosmos et de son histoire ainsi que par celle de l’apparition de la vie. A contrario, l’hypothèse de la négation de cet esprit remplacé d’une matière ou énergie primaire qui aurait évolué d’elle-même, sans direction donnée jusqu’à constituer notre cosmos et fait apparaître la vie par l’effet du hasard et de la nécessité, cette hypothèse apparaît comme très fragile et finalement peu rationnelle.