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L'Eglise : Foi

Une réponse à Fiducia Supplicans : la solution mariale

Une réponse à Fiducia Supplicans : la solution mariale

Pour ceux qui ne peuvent pas sortir immédiatement d’une situation objectivement pécheresse, il existe une voie qui a permis de résoudre de nombreuses situations pastorales difficiles : la “solution mariale”. Un moine bénédictin explique pour La Nuova Bussola en quoi elle consiste.

Il arrive que des âmes, dans des situations morales difficiles et presque impossibles, se rendent dans un monastère à la recherche d’une solution. Il y a, je crois, un instinct profondément catholique, qui remonte à l’époque des Pères du désert, qui pousse les âmes vivant dans la tempête à chercher un port monastique ou à chercher un moine, en disant : “Père, donne-moi une parole”. La première chose que je dis à ces âmes est ce que notre père saint Benoît dit à la fin du chapitre IV de la Sainte Règle : Et de Dei misericordia numquam desperare, “Ne désespérez jamais de la miséricorde de Dieu”. J’invite ces âmes à poser fréquemment des actes d’espérance. Les Psaumes sont pleins de ces actes d’espérance. Une magnifique antienne d’offertoire du psaume 30 me vient à l’esprit :

In te speravi, Domine : dixi : Tu es Deus meus, in manibus tuis tempora mea (Psaume 30, 15-16).

En toi j’ai mis mon espérance, Seigneur. J’ai dit : Tu es mon Dieu, mes temps sont entre tes mains.

In manibus tuis tempora mea ! Cela signifie bien sûr : “Chaque instant de ma vie, chaque situation, toutes les circonstances de mes luttes, tous mes désirs, tous mes progrès et toutes mes rechutes sont entre Tes mains. Rien de ce qui est à moi ne T’es inconnu. Tu sais tout. Tu vois tout. Je place mon espoir en Toi comme une ancre dans la mer. Souvent dans ma vie, je me suis surpris à répéter à Notre Seigneur : Tu es Deus meus, in manibus tuis tempora mea ! “Tu es mon Dieu, mon temps est entre tes mains.

Il y a des âmes qui, à certains moments de leur vie, ne peuvent pas faire un seul grand pas en avant. À ceux-là, je dis : “Permets-toi de faire le plus petit pas, en t’appuyant sur la grâce divine. C’est le plus petit pas, fait par ceux qui sont faibles, en difficulté, pressés par des circonstances qui semblent impossibles, qui enchante le cœur de Dieu. Après un petit pas, un autre suivra, puis un autre et encore un autre. Finalement, le jour vient où, en regardant en arrière, l’homme voit qu’en étant fidèle à la grâce dans les petites choses, il a parcouru une grande distance.

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. En effet, à quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier s’il se perd et se ruine lui-même ? (Luc 9:23-25)

Il n’est pas un chrétien qui n’ait été confronté à des choix douloureux et coûteux. Certains choix peuvent, à première vue, sembler décourageants, voire impossibles. Les grands choix qui changent la vie commencent cependant par un petit pas initial et par des mains tendues vers le même Jésus qui a appelé Pierre à marcher vers lui sur l’eau.

Mais aussitôt Jésus se tourna vers eux et leur dit : “Prenez courage, c’est moi, n’ayez pas peur”. Pierre répondit : “Seigneur, si c’est toi, ordonne-moi de venir à toi sur les eaux”. Et il dit : “Viens. Pierre sortit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la violence du vent, il eut peur et, comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria : “Seigneur, sauve-moi !” Jésus étendit aussitôt la main, le saisit et lui dit : “Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?” (Matthieu 14:27-31).

Le grand écrivain catholique Julien Green (1900-1998) a passé une grande partie de sa très longue vie sous l’emprise d’une attirance pour le même sexe. À l’âge de 19 ans, il a brièvement envisagé la vie bénédictine, mais n’est jamais devenu moine. À la fin de sa longue vie, cependant, l’amour du Christ l’a emporté. C’est grâce à l’intercession de la religieuse et mystique française Yvonne-Aimée de Jésus (1901-1951) que Green a finalement pu choisir l’amour du Christ plutôt que tous les autres amours qui avaient fragmenté son cœur et l’avaient laissé insatisfait, vide et triste. […]

Dans le sillage de la Déclaration de Confiance Supplicans, on écrit beaucoup sur les situations pastorales difficiles. Il faut aider les âmes à sortir du péché en faisant un petit pas après l’autre, en faisant toujours confiance à la grâce de Notre Seigneur et en ne désespérant jamais de sa miséricorde. Les situations pastorales difficiles ne sont pas nouvelles. En fait, elles sont aussi anciennes que notre mère l’Église elle-même. Il n’a jamais été facile de suivre Notre Seigneur Jésus-Christ.

L’homme qui cherche à sauver sa vie la perdra ; l’homme qui perdra sa vie à cause de moi la gagnera. (Matthieu 16:25)

Pour ceux qui tombent en chemin, il y a le sacrement de pénitence. Et pour ceux qui ne peuvent pas sortir immédiatement d’une situation objectivement pécheresse et qui veulent néanmoins suivre le Christ, même à distance (cf. Matthieu 26, 58), il y a une autre solution. Cette autre solution a prouvé à maintes reprises qu’elle pouvait résoudre les situations pastorales les plus difficiles et rendre possibles des choses que presque tout le monde, et de tous côtés, jugeait impraticables, voire impossibles. “Car rien n’est impossible à Dieu” (Luc 1,37). Cette autre solution, je l’ai rencontrée il y a près de cinquante ans, lors d’une retraite en France qui a changé ma vie. Je l’appellerai “la solution mariale”.

Le prédicateur de la retraite était un prêtre âgé, connu pour sa fidélité inébranlable à la doctrine traditionnelle de l’Église et pour sa sagesse, sa piété et sa longue expérience dans la conduite des âmes. Le Père F. a parlé, à un moment donné, du drame douloureux des personnes qui vivaient dans l’adultère ou d’autres types d’unions irrégulières ou enfermées dans des schémas de vice, des personnes qui, malgré un désir sincère et souvent douloureux de revenir aux sacrements, se trouvaient incapables de rompre les liens de la relation pécheresse ou de renoncer à l’occasion proche du péché.

Je me souviens encore de l’histoire que le Père F. a racontée : il s’agissait d’un homme et d’une femme catholiques, tous deux encore mariés à leurs épouses respectives, qui pendant de nombreuses années avaient vécu ensemble dans un état objectif de péché, tout en cherchant un moyen de revenir aux Sacrements. Le Père F. leur a dit que tant qu’ils resteraient ensemble, vivant comme mari et femme, ils ne pourraient pas s’approcher des sacrements. Sentant leur douleur et ne voulant pas les laisser sans espoir, le Père F. a proposé une autre solution. Il demande aux “époux” s’ils veulent suivre sa proposition. Les “époux”, sincères et généreux, promettent de faire tout ce qui leur sera demandé.

Le Père F. demanda au couple malheureux de se rendre dans une certaine église, un certain samedi matin, et de le rencontrer à l’autel de la Sainte Vierge Marie. Le couple se présenta devant l’autel de la Bienheureuse Vierge Marie à l’heure convenue ; le Père F. leur dit qu’il offrirait la Sainte Messe en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie, lui demandant d’intervenir dans leur situation difficile de la manière que son Cœur Immaculé jugerait opportune. Le couple, quant à lui, s’est contenté d’assister à la messe. Ils ont tous deux pleuré amèrement pendant la messe, joignant en quelque sorte leurs larmes à la goutte d’eau mélangée au vin dans le calice.

A la fin de la messe, le Père F. a demandé au couple de lui promettre trois choses : 1) d’assister fidèlement à la Sainte Messe tous les dimanches et jours de fête sans, bien sûr, recevoir la Sainte Communion ; 2) de se consacrer à la Bienheureuse Vierge Marie et, en signe de consécration, de porter la Médaille Miraculeuse ; 3) de prier le Rosaire ensemble tous les soirs. Le couple promit de faire ces trois choses. En l’espace d’un an, tous les obstacles à leur retour aux sacrements ont été levés d’une manière qui a impressionné le couple et tous ceux qui les connaissaient, d’une manière qui n’était rien de moins que miraculeuse. Ils ont pu prendre un nouveau départ. La Bienheureuse Vierge Marie, Médiatrice de toutes les grâces, leur a obtenu toutes les grâces dont ils avaient besoin pour avancer dans le repentir et la conformité parfaite aux enseignements de son Fils et aux lois de l’Église. L’histoire semble sortir tout droit des pages du livre Les gloires de Marie de Saint Alphonse.

Le Père F. a dit qu’il y avait beaucoup d’autres cas de miracles de grâces similaires dans des situations pastorales difficiles, simplement parce qu’il avait proposé la solution mariale et que les termes de la proposition avaient été acceptés. La solution mariale n’est qu’une façon de mettre en pratique ce que saint Alphonse enseigne dans sa merveilleuse brochure Del gran mezzo della preghiera. (…)

Dans toutes les discussions sur la controverse suscitée par la Déclaration Fiducia Supplicans, je suis frappé par le peu de choses qui sont dites sur la grâce, la Vierge Marie et la prière. Il n’y a qu’une seule solution aux situations pastorales difficiles, et cette solution, c’est la grâce. La grâce s’obtient par la prière, et la prière est à la portée de toute âme. Il y a des âmes pour qui les mots de l’Acte de douleur vont de travers, mais qui peuvent murmurer un Ave Maria. Que ces âmes le fassent très souvent. Marie, Médiatrice de toutes les grâces, ne refusera pas la grâce de la contrition à ceux qui, ne pouvant faire plus, invoquent simplement son nom.

Il est dommage que le magnifique texte de saint Bernard, Respice Stellam, Voca Mariam, ne soit presque jamais cité par ceux qui s’occupent des âmes dans des situations pastorales difficiles. Après tout, la solution mariale n’est peut-être pas seulement la meilleure solution, mais la seule.

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