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Europe : politique

Hold-up anti-religieux à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe

C’est grâce à la vigilance de Présent, qui titre dessus dans son édition de demain, que l’on découvre l’effarante résolution "Femmes et religion en Europe" adoptée par l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) lors de sa session pleinière le 4 octobre dernier à Strasbourg : il s’agit d’un réquisitoire en règle contre "la religion." Il n’y a pas d’Islam, de christianisme, de judaïsme : il y a "la religion", opium du peuple sans doute…

Il faut lire tout ce texte relativement court pour comprendre à quel point le quotidien catholique a raison de parler de "programme véritablement extrémiste"; mais en voici quelques extraits :

"Alors que la plupart des religions enseigne l’égalité entre les femmes et les hommes devant Dieu, elles leur attribuent des rôles différents sur terre. Des stéréotypes de genre motivés par des croyances religieuses ont conféré aux hommes un sentiment de supériorité qui a abouti à un traitement discriminatoire des femmes par les hommes allant même jusqu’au recours à la violence." […]

"[O]n observe des formes plus subtiles et moins spectaculaires d’intolérance et de discrimination qui sont beaucoup plus répandues en Europe – et qui peuvent être tout aussi efficaces dans un but d’asservissement de la femme, comme le refus de remettre en question une culture patriarcale qui considère le rôle de l’épouse, de la mère et de la femme au foyer comme le modèle idéal […].

L’Assemblée parlementaire exhorte donc les Etats membres du Conseil de l’Europe à […] garantir la séparation nécessaire entre l’église et l’Etat pour que les femmes ne soient pas soumises à des politiques et à des lois inspirées de la religion (par exemple dans le domaine de la famille, du divorce et des lois contre l’avortement);

L’exposé des motifs lors du vote de cette résolution développe ces élucubrations anti-religieuses, avec des mises en cause explicites de documents de l’Eglise.

Est-ce que le texte a été adopté de justesse, grâce à une alliance gauche-extrême gauche ? Pas du tout : il a été présenté par un membre Suisse du Parti Populaire Européen (auquel sont rattachés l’UDF et l’UMP), et a été adopté par 84 voix contre 16 (compte-rendu des débats ici; on remarque dans ce compte-rendu le soutien officiel au texte d’une représentante de l’ONU, présente à Strasbourg.)

Il s’agit maintenant de demander sérieusement des comptes aux membres français du groupe PPE à l’APCE : en commençant par le député UMP Bernard Schreiner (courriel), qui est le président de la délégation française; et le sénateur UMP Jean-Guy Branger (courriel) qui est intervenu au cours des débats.

Henri Védas

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3 commentaires

  1. Ci-joint la lettre que j’ai envoyé aux élus concernés:
    Monsieur le Sénateur,
    à la lecture du compte-rendu de la 26 ème séance de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe, le niveau des discussions fait froid dans le dos. Il semble que tous les intervenants et le rapport évoqué se disputent la palme de l’amalgame, de la caricature et de la stigmatisation, sur la base de faits que vous seuls, membres de cette assemblée, sauf Mme Provera et quelques rares autres parlementaires, repérez quotidiennement dans l’actualité européenne.
    Quand vous parlez, effectivement, de “crimes d’honneur, de mutilation, de mariages forcés”; de quels coins de la planète parlez-vous et surtout de quelles religions? L’assemblée fait honte à la classe politique en pratiquant de tels raccourcis.
    Dans tout le compte-rendu sont évoqués “[nombres] d’épisodes tragiques et [que] bien des guerres […] encore”; “la liste complète de toutes les exactions dont sont victimes les femmes, pour raisons religieuses, est tellement longue et horrible qu’il est difficile de la présenter dans sa totalité”. Mais de quelles horreurs parle-ton? Vous évoquez des religions du Moyen-Age (et encore…).
    Surtout, dans ce compte-rendu, on est scandalisé de voir le nombre d’inepties avancées par les intervenants, coupables des clichés habituels; je lis ainsi que la contraception protègerait du sida, que l’assemblée rejette la répudiation qu’elle attribue aux religions (moi-aussi) alors même que les dernières lois sur le divorce en France en étaient le premier promoteur et que la religion catholique est opposée au divorce, que l’assemblée voudrait pouvoir imposer à l’Eglise l’accès des femmes à la prêtrise…
    Sous couvert de défendre les droit des femmes, éminemment respectables, vous faites une calomnie insoutenable des religions monothéistes en général, et vous vous permettez de leur attribuer tous les maux subis aujourd’hui par les femmes. On note dans tous les discours une prise de distance “politiquement correcte” avec toute religion (un jour j’étais catholique, mais plus maintenant, rassurez-vous mes chers confrères(soeurs)…), comme si cette appartenance était incompatible avec la présence dans cette assemblée.
    Vous vous trompez de cible!
    La dignité des femmes est aujourd’hui plutôt bafouée par la pornographie (jamais combattue alors que la législation le permettrait), par le manque d’accompagnement aux femmes qui se retrouvent “mère célibataire”, par l’absence d’aide à celles qui décident d’élever leurs enfants chez elles, par la transformation de la femme en objet…Tout ces éléments pour lesquels, l’Eglise catholique, en particulier, se bat chaque jour.
    Non, Monsieur le Sénateur, ce ne sont pas les religions qui empêchent les femmes d’être maçon ou plombier, non, ce ne sont pas les religions qui décident que seules les femmes peuvent porter les enfants! Les récentes lois françaises sur la parité n’ont pas vraiment fait leurs preuves, vous en conviendrez. L’égalité sans limite est un contre-sens.
    On voit bien dès que l’on rentre dans le débat des amendements, moment où les intervenants ne lisent plus un texte préparé, qu’il s’agit à chaque fois d’un ressentiment contre les religions, sans aucun désir constructif pour connaître ce que disent aujourd’hui ces religions (et en particulier l’Eglise catholique). L’intervention de Mme Vermot-Mangold est, à ce sujet particulièrement outrancière et déplacée dans une telle assemblée.
    La discussion des amendements montre à quel point tous les intervenants, en combattant les religions, souhaitent détruire toute références morales.
    Finalement le paragraphe 7.3 “les femmes ne [doivent] pas [être] soumises à des politiques et à des lois inspirées de la religion (par exemple dans le domaine de la famille, du divorce et des lois contre l’avortement)” résume bien l’intention première des parlementaires qui est d’empêcher les religions de s’exprimer sur les sujets de société, car bien sûr, vous préparez la suite avec tous les sujets à la mode soutenus par les lobbies que nous connaissons bien.
    Monsieur le Sénateur, nous attendons de vous, que vous défendions nos libertés, et surtout que vous approchiez avec sang-froid et courage tous les sujets qui nous touchent; qu’il s’agisse du droit des femmes ou du droit de la pratique religieuse.
    Il n’y a ni sang-froid, ni courage à parler d’obligations dans la religion catholique qui se fait fort de ne jamais rien imposer, et de ne jamais juger, seulement de montrer un chemin de bonheur et de liberté (pas pour faire n’importe quoi mais plutôt pour se libérer de ce qui nous enchaine et finit par nous rendre malheureux).
    La découverte, à travers ce compte-rendu, de ce qui se trame dans les instances européennes, m’inquiète beaucoup, notamment quant à la liberté que vous entendez défendre, et la façon si légère de survoler des sujets aussi importants et délicats (sujet traité en 3 heures où les amendements sont à peine discutés). Le simple fait de vouloir parler des religions en général fait la preuve d’une méconnaissance grave de chacune d’elles en particulier.
    Vous remerciant de votre courage futur dans cette assemblée pour nous défendre des amalgames et des raccourcis, je vous prie, Monsieur le Sénateur, d’agréer l’_expression de mes sentiments respectueux.

  2. Merveilleux exemple d’abérration : “3. Cependant, les effets de l’attitude de ces religions à l’égard des femmes ne sont pas toujours bénins. L’égalité des femmes et des hommes n’est pas une doctrine centrale de ces religions – au contraire, la discrimination séculaire à l’égard des femmes continue souvent de s’exercer. Tout le monde sait, par exemple, que l’Eglise catholique romaine et les Eglises orthodoxes n’autorisent pas l’ordination des femmes et condamnent à la fois les méthodes de contraception «artificielles» et l’avortement; ou que, d’une manière générale, l’islam est interprété comme exigeant le port du foulard (ou d’autres vêtements plus couvrants) par les femmes.” (source document sus-cité)
    D’un côté on insiste pour bien séparer état et religion, mais de l’autre côté ce texte est une pression faite aux religion pour faire comme l’Etat le préconise ! Alors séparation ou collusion : va falloir qu’ils se décident !!!

  3. Ce rapport se rapproche de l’esprit qui a fait rejetter la canditature de Buttiglione à la commission européenne et ne doit pas nous faire oublier que c’est le XIXe siècle bourgeois et voltairien qui à réduit la femme au sentimentalisme et aux valeurs du foyer. Les peintures de David sont caractéristiques de cette image de la femme.
    Plus de détails sur mon site …
    Et merci pour le travail du Salon Beige

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