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France : Politique en France

Il n’y a plus d’adhésion de la majorité des électeurs envers un parti

Guillaume Bernard, maître de conférences à l'Institut catholique d'études supérieures, tire 5 enseignements du second tour :

"1. Le désaveu de la classe politique

La progression de l'abstention manifeste la défiance voire le rejet de la classe politique dans son ensemble. Ce désaveu est d'autant plus significatif que le maire était, jusqu'à présent, le personnage politique qui était le plus (même relativement) apprécié des Français. Avec la présidentielle, les municipales étaient les élections où l'abstention était la moins élevée. […]

2. La déroute de la gauche

La défaite de la gauche est, en particulier, celle du PS. Réciproquement, mathématiquement pourrait-il être dit, elle est doublée d'une victoire de la droite, principalement de l'UMP. […] La gauche a, cependant, évité des défaites symboliques (à Paris, Lyon, Lille, Nantes, Rennes, Strasbourg), pour l'essentiel, comme l'a remarqué Eric Zemmour, de grandes villes mondialisées que les classes populaires (hors mis celles qui bénéficient de logements sociaux) et moyennes ont dû quitter ou voulu fuir. […]

3. L'effet de balancier

[…] La droite, qui avait sévèrement perdu les municipales de 2008 après l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy en 2007, prend aujourd'hui très largement sa revanche. Mais, il existe un risque assez important que le vainqueur de l'élection ne prenne sa victoire pour une adhésion à son programme et son personnel. Or, le taux d'abstention ne permet pas d'accréditer cette interprétation. Il n'y a plus d'adhésion pérenne de la majorité des électeurs envers un camp politique, mais une succession de votes sanction.

4. L'enracinement du Font national

Le FN a réussi son implantation locale: outre l'élection de très nombreux conseillers municipaux qui va lui permettre de se professionnaliser, il emporte une dizaine de villes de tailles assez différentes […]. Enfin, sous l'effet du «mouvement dextrogyre», il semble bien qu'il y ait la mise en place progressive d'une tripolarisation de la vie politique française (gauche, droite, FN) qui devrait s'achever – en raison de l'élection présidentielle à deux tours (le second n'opposant que les deux candidats arrivés en tête) et du phénomène majoritaire qui suit aux législatives – par une recomposition du système partisan et l'écrasement de l'une de ces forces.

5. Un avenir plus ou moins incertain

Le remaniement du Gouvernement fait peu de doutes […]. En tout cas, aux européennes, la droite comme la gauche modérées vont se retrouver face à la même difficulté car leurs électorats sont divisés sur la question de la construction et des orientations de l'UE. Sur ce sujet, comme sur d'autres d'ailleurs, le clivage passe beaucoup plus au sein de la droite et de la gauche qu'entre elles. […]"

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4 commentaires

  1. La classe politique a-t-elle compris le désaveu qui la frappe ?
    Rien n’est moins sûr. Elle souffre d’une consanguinité, qui la rend autiste.

  2. Ces “enseignements” sont les mêmes à chaque élection depuis au moins 20 ans.
    Ce qui est nouveau, c’est peut-être l’accélération du phénomène. Mais ce n’est pas spectaculaire : l’immense majorité de la population continue à voter pour des partis. Le vrai renouveau serait que les partis culminent à 3% et que les meilleurs scores soient enregistrés par des indépendants (ou “sans étiquette”, mais le terme ‘indépendant’ est plus explicite), y compris au niveau national.
    Vive la vérité, à bas les partis !

  3. à papa
    “Le vrai renouveau serait que les partis culminent à 3%” dites vous !
    On s’en rapproche à chaque élection : Gaudin fait un “triomphe” à Marseille avec … 25% des inscrits !

  4. Pour situer le crédit obtenu par les élus, la 1° chose à faire est de s’obliger à taire de % des suffrages exprimés. Au contraire, s’obliger à donner le % des inscrits.
    Exemple : Vals réélu à Evry:61% d’abstentions, votants 39%; majorité dès 20 confiants sur quatre-vingt…contre …

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