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Tribune libre

Immigration clandestine : beaucoup de catholiques doivent en reconnaître les véritables causes, dont la jalousie, et les conséquences

Immigration clandestine : beaucoup de catholiques doivent en reconnaître les véritables causes, dont la jalousie, et les conséquences

A l’heure où les catholiques et aussi le monde entier suivent les nouvelles sur le prochain conclave, il est important de clarifier les problèmes concernant l’immigration clandestine. Ces dernières années il y a eu beaucoup de tensions, au sein de l’Église, au sujet de la crise migratoire faute d’une distinction claire entre les cas et faute d’une reconnaissance des causes et des conséquences de l’immigration clandestine. Dans cet article je vais citer une partie des véritables causes et une partie des conséquences pour les pays où vont les immigrants clandestins et pour leurs pays d’origine, en me basant aussi sur quelques études faites ces dernières années.

Avant de continuer, il est donc important distinguer les immigrés clandestins des réfugiés qui traversent des frontières pour des raisons compréhensibles. Si suite à une catastrophe naturelle, à une guerre, à une persécution sanglante, etc., des gens traversent, sans permission préalable, des frontières pour se protéger, on parle dans ce cas de réfugiés ou de requérants d’asile. Il est bien clair qu’il faut protéger ces gens, il faut faire ce qui est possible pour que leur vie soit protégée. Dans la suite de cette article, en parlant d’immigrés clandestins, je ferai référence à toutes les personnes qui traversent des frontières ou qui vont dans d’autres pays sans permission, ou qui restent dans des pays étrangers après un court séjour permis pour faire du tourisme, sans qu’ils soient réellement menacés dans leurs pays d’origine.

Et une distinction semblable est même soutenue par le président français Emmanuel Macron qui s’exprimait à Lausanne (Suisse) en novembre 2023 ( «Parlons Europe: Rencontre des Présidents Alain Berset & Emmanuel Macron avec la communauté UNIL-EPFL», https://www.youtube.com/watch?v=7YevRbYRxPM, 1:20:00) :

«(…) je fais cette distinction parce qu’elle est essentielle et parce que le débat public souvent fait beaucoup de confusion, et je veux vous le dire parce que c’est un sujet d’avenir pour notre Europe. L’Europe doit continuer de respecter ce qu’il a constitué en son sein c’est-à-dire protéger les combattantes et les combattants de la liberté, continuer d’avoir l’asile politique. Mais l’Europe, si nous voulons continuer d’avoir ce modèle humain d’accueil, inconditionnel, si nous voulons continuer d’avoir des modèles sociaux très généreux, elle ne peut pas ne pas réguler les migrations économiques et lutter efficacement contre la migration illégale. Et ce serait totalement démagogique de vous dire le contraire parce qu’à ce moment-là nos modèles deviendraient totalement insoutenables parce que nos citoyens ne voudront plus continuer à financer un modèle où il suffit de venir illégalement sur notre sol pour pouvoir en bénéficier très rapidement»

Cette distinction est très importante avant d’aborder le problème car la vérité est que la grande majorité des personnes qui vont aux États-Unis, en Europe et ailleurs, sans permission formelle, sortent de pays qui n’ont pas de problèmes graves. Dans ces pays, comme partout, il y a bien sûr des difficultés, de la pauvreté, etc., mais rien de catastrophique. Alors pourquoi beaucoup décident d’aller ailleurs illégalement?

En ce qui concerne les causes, je me suis moi-même penché sur la question il y a quelques années et j’ai discuté avec d’autres personnes qui ont observé les migrations illégales vers les États-Unis. Et, indépendamment, nous sommes arrivés à la conclusion que la jalousie motivait beaucoup de ces gens. Ce sont des gens qui ont entendu parler d’un voisin, d’un collègue de travail, etc. qui était allé aux États-Unis, par exemple, pour des raisons sérieuses : travail dans une multinationale, études, représentation gouvernementale à l’étranger, etc. Et par jalousie, ils ont voulu aussi y aller. C’est cette jalousie qui les aveugle quant aux risques et aux conséquences néfastes de leurs actes. Et récemment j’ai trouvé des études qui confirment que la jalousie est l’une des motivations de l’immigration clandestine. Dans un article intitulé «House Envy: The Unacknowledged Real Motivation Behind Guatemala’s Mass Migration to the American Border» (https://cis.org/Bensman/House-Envy-Unacknowledged-Real-Motivation-Behind-Guatemalas-Mass-Migration-American-Border) on explique que beaucoup de paysans du Guatemala, jaloux d’un autre paysan qui avait avait construit une grande maison avec l’aide de son fils qui était allé travailler aux États-Unis, ont envoyé leurs enfants à la frontière des États-Unis pour qu’ils tentent d’entrer sans visa. Et cela contraste, comme c’est écrit, avec le discours habituel de la victimisation des immigrés clandestins du Guatemala qui les fait passer pour des gens «qui fuient la violence, etc.»… Dans cet article on parle aussi d’autres études qui confirment cela :

«Academic experts in Latin America migration acknowledge that house desire can be a primary motivation for emigration to the United States.

Sara Lynn Lopez, associate professor of architecture at the University of Texas-Austin, has studied remittance house-building for 15 years and is author of “The Remittance Landscape”.

She said her research and that of a small number of other academics clearly shows that thirst for large houses is a primary impetus for emigration to the United States, especially in Mexico, but also in Guatemala.».

Dans cet article on explique aussi que ce phénomène a été observé en Chine et au Vietnam et qu’on ne le mentionne pas encore dans les discours publics sur l’immigration clandestine.

En ce qui concerne l’Afrique, il y a aussi des problèmes de jalousies liées à la polygamie. Dans un article intitulé «Guinée : quand les jalousies familiales poussent les jeunes au départ (2/2)» (https://www.infomie.net/article4771.html), où l’on parle du problème des mineurs non accompagnés qui vont illégalement en France, on lit :

«Ester Botta Somparé, sociologue italo-guinéenne et professeur à l’université Kofi Annan de Conakry, explique aussi que la concurrence entre frères joue un rôle important dans le départs. La sociologue a recueilli de nombreux témoignages de jeunes mis sous pression parce qu’un autre enfant du même foyer (et d’une autre épouse) était parvenu à réussir à l’étranger.«

Bien sûr, l’immigration clandestine massive qu’on observe depuis la fin des années 1980 a été aussi facilitée par d’autres facteurs comme la baisse du prix des vols à cause de la multiplication des lignes aériennes. Un autre facteur est le contexte idéologique qui a eu un grand poids dans beaucoup de pays entre 1980 et 2020 plus ou moins, un contexte qui favorisait notamment l’idée de la disparition des frontières. Ce type d’idéologies étaient soutenues par une certaine gauche dans beaucoup de pays. Un autre facteur est que dans beaucoup de pays, beaucoup de gens ont voulu profiter d’une main d’œuvre bon marché et ils ont donné du travail au noir à ces immigrés clandestins.

Les catholiques doivent donc reconnaître ces motivations et ces facteurs négatifs et ne doivent pas encourager ces immigrés clandestins à continuer.

De plus ces migrations clandestines s’accompagnent parfois de délits concernant les papiers. En Colombie, par exemple, un trafic de faux passeports pour aller en Europe a été démantelé récemment (
https://www.infobae.com/colombia/2024/05/18/pasaportes-falsos-en-colombia-el-91-pertenecen-a-ciudadanos-dominicanos/).

Parmi les conséquences, on peut citer les problèmes que les immigrés clandestins posent aux vrais réfugiés, à ceux qui fuient vraiment les guerres, etc. En effet, depuis beaucoup d’années déjà les immigrés clandestins se font passer pour des requérants d’asile, ce qui complique énormément les procédures d’asile.

Parmi les conséquences on peut citer aussi le mauvais exemple. En effet, c’est à cause de cela que des millions de personnes sont allées illégalement aux États-Unis et en Europe, et dans d’autres régions, parce qu’il ont observé ce phénomène de masse.

D’autres conséquences sont d’ordre économique, à la fois pour les pays où ils vont et pour leurs pays. Dans un rapport du Sénat français intitulé «Immigration clandestine : une réalité inacceptable, une réponse ferme, juste et humaine« (2005-2006, https://www.senat.fr/rap/r05-300-1/r05-300-1.html), on parle, par exemple de la concurrence déloyale, notamment dans les milieux de l’hôtellerie, du bâtiment, etc. à cause du fait qu’on engage des immigrés clandestins. Et leurs pays d’origine perdent beaucoup de main d’œuvre.

De toute façon la première faute commise par les immigrés clandestins évidemment est le non- respect des lois du pays où ils s’installent. Et le Nouveau Testament nous rappelle à plusieurs reprises l’importance du respect des lois civiles, comme on le voit dans 1 P 2 : 13-14 (Bible de Jérusalem): «Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute institution humaine : soit au roi, comme souverain, soit aux gouverneurs, comme envoyés par lui pour punir ceux qui font le mal et féliciter ceux qui font le bien.». Les catholiques qui travaillent dans des organisations humanitaires, etc., et ceux qui, d’une manière ou une autre sont en contact avec des immigrés clandestins, doivent donc impérativement rappeler aux immigrés clandestins le respect des lois migratoires. Ils ne doivent pas les encourager à rester dans les pays où ils arrivent par des aides diverses pour rester. Bien sûr, en cas d’urgence médicale, etc. on doit aider ces gens, mais sinon il faut leur faire comprendre qu’ils doivent retourner dans leurs pays.

Il faut donc un travail d’information dans le monde catholique car beaucoup sont trop influencés par des campagnes de victimisation des immigrés clandestins qui, comme on l’a vu, n’ont pas de fondements réels. Il faut informer sur les véritables causes et les conséquences de l’immigration clandestine avec des études concrètes qui sont faites actuellement.

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