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Imposer la communion dans la main est injustifié et constitue un grave abus de pouvoir et de cléricalisme

Imposer la communion dans la main est injustifié et constitue un grave abus de pouvoir et de cléricalisme

Aldo Maria Vali publie sur son blog une article de Don Frédérico Borteli, prêtre du diocèse de Saint- Marin-Montefeltro, article très précis mais à la fois abordable sur le sujet très sensible du scandale de la communion imposée dans la main dans de nombreux diocèse sous le prétexte fallacieux de la crise sanitaire. La lecture intégrale de cet article est recommandée mais en voici quelques extraits significatifs :

“(…) Suite à la situation sanitaire actuelle liée à la Covid, dans de nombreux endroits, la communion dans la bouche est refusée, ce qui pose de graves difficultés de conscience tant aux fidèles qui souhaitent recevoir l’Eucharistie de cette manière qu’aux prêtres qui souhaitent respecter le droit des fidèles pour communier de cette manière.

L’interdiction de la communion dans la bouche se justifie en se basant sur le fait que cette modalité serait, d’une manière certaine et sans équivoque, plus risquée que la communion à la main pour une contamination par la Covid. Comme nous le verrons, nous n’en avons aucune preuve scientifique objective. Sur le sujet, il y a des opinions contradictoires, comme en effet sur toute la question de la Covid, nous entendons tout et le contraire de tout au sein d’une même communauté scientifique, et on ne voit pas pourquoi les opinions de certains médecins devraient valoir plus que d’autres, seulement parce qu’elles coïncident avec son propre point de vue personnel. Il faut évaluer les choses avec la plus grande objectivité possible.

Tous les médecins conviennent que, selon la littérature scientifique, la Covid se transmet par gouttelettes : en d’autres termes, le coronavirus doit littéralement «prendre son envol» pour pouvoir infecter, et cela peut se produire en éternuant, en toussant et en parlant à voix haute (…) Le professeur Filippo Boscia, président national des médecins catholiques, soutient que ce sont les mains, qui touchent tout, qui sont la partie du corps la plus exposée aux virus et que c’est donc précisément la communion sur la main qui est la plus dangereuse (…) De plus, beaucoup de prêtres remarquent que c’est précisément en distribuant la communion sur la main, très facilement, qu’ils entrent en contact avec la main des fidèles, même s’ils essaient de l’éviter, alors qu’avec la communion en bouche on entre très rarement en contact avec la langue ou les lèvres des fidèles et, si cela se produit, il suffit de procéder à la désinfection des doigts. Par conséquent, c’est précisément la communion sur la main qui est moins sûre d’un point de vue hygiénique.

Vingt et un médecins catholiques autrichiens en juin dernier, se référant aux considérations du professeur Boscia, ont demandé à la conférence de leurs évêques de lever l’interdiction de la communion dans la bouche et la conférence a levé cette interdiction. En septembre dernier, vingt-sept médecins allemands ont également fait la même demande à leur conférence épiscopale (…)

Tout d’abord, on avance que la communion à la main serait une demande obligatoire de l’État pour garantir la santé publique, dont le non-respect entraînerait même des conséquences pénales (…) Il peut y avoir des indications sur l’espacement et l’utilisation des masques, mais certainement pas pour déterminer comment un rite liturgique doit être effectué. En tout cas, selon le dernier document émis par le ministère de l’Intérieur élaboré sur la base du fameux comité technico-scientifique, on ne parle que d’une «recommandation» pour éviter la distribution de la communion dans la bouche. Il n’y a donc absolument aucune obligation et encore moins aucune conséquence pénale à ne pas respecter cette recommandation (…)

Beaucoup soutiennent que les conférences épiscopales régionales et / ou l’évêque diocésain individuel peuvent interdire la communion dans la bouche. Mais est-ce vraiment le cas? Tout d’abord, on peut noter que ces «dispositions» sont pour la plupart de simples communications ou lettres, présentant ainsi des lacunes d’un point de vue formel et juridique et ne peuvent donc en aucune manière abroger ou suspendre la norme générale de la communion dans la bouche. Car c’est précisément le point fondamental: la communion sur la langue est la norme générale qui règle la distribution de l’Eucharistie, solennellement confirmée par le Saint-Siège avec l’Instruction Memoriale Domini du 29 mai 1969. C’est donc le législateur suprême, le Siège apostolique, qui a confirmé la norme générale de la communion dans la bouche. La même instruction prévoit également la possibilité de demander l’indult de communion sur la main, ce qui, d’un point de vue juridique, est une exception à la loi et ne peut donc, par sa nature, devenir la norme générale. Pour cette raison, un évêque de son propre diocèse peut facilement prendre un décret interdisant la communion à la main (comme l’évêque d’Oruro en Colombie l’a fait en 2016), mais il ne peut pas faire le contraire, c’est-à-dire interdire la communion dans la bouche.

Cependant, on fait valoir qu’en cas d’urgence sanitaire, ce qui précède ne s’applique pas. En réalité, il n’y a en fait aucune base légale pour une telle affirmation. De plus, nous avons déjà montré qu’il n’y a aucune preuve scientifique objective pour affirmer que la communion sur la main est plus sûre d’un point de vue hygiénique que la communion dans la bouche. Mais à supposer que cela soit prouvé, seul le législateur suprême, à savoir le Saint-Siège, pourrait changer la norme générale de la communion dans la bouche (et pour le moment il ne l’a pas encore fait). Aucune autorité inférieure ne peut modifier cette norme, par conséquent aucune conférence épiscopale nationale, régionale ou un seul évêque ne peut modifier la norme générale de la communion dans la bouche.

Le canon 838 du Code de droit canonique lui-même est extrêmement important en ce sens, car il rappelle précisément qu’il appartient au Siège apostolique de réglementer la liturgie sacrée, soulignant que l’évêque diocésain peut légiférer en matière liturgique dans les limites de sa compétence. Les conférences épiscopales elles-mêmes ont des limites très spécifiques, établies par le canon 455. Par conséquent, si un évêque ou une conférence épiscopale interdit la communion dans la bouche, même si au lieu de communiqués ou de lettres ils utilisent des décrets (plus corrects du point de vue formel), ils dépassent les limites de leur compétence, commettant un véritable abus de pouvoir. Ces dispositions semblent donc invalides et n’ont aucune force obligatoire, ni pour les prêtres ni pour les autres fidèles (…)

L’actuelle Présentation générale du Missel romain et l’Instruction Redemptionis Sacramentum du 25 mars 2004 confirment clairement et sans équivoque que les fidèles ont toujours le droit de recevoir la communion dans la bouche, même là où la communion à la main est autorisée (…)  la rigidité se trouve chez ceux qui veulent forcer à la communion dans la main. En substance, on dit: «Voulez-vous la communion? Ou vous la prenez dans la main, ou rien! ». Félicitations ! Puis nous nous remplissons la bouche de charité et de sensibilité pastorale, de proximité avec les fidèles, et on se vante d’être miséricordieux et compréhensifs. En réalité, cette imposition apparaît ni plus ni moins comme une forme de cléricalisme, jamais aussi combattue qu’à cette époque, mais seulement en paroles. Plusieurs prêtres, malgré leur opposition à la communion dans la main, ne la nient pas et dans la situation actuelle, pour faire face aux difficultés de certains fidèles, déconcertés par tant d’informations contradictoires qu’ils reçoivent, donnent d’abord la communion à ceux qui veulent la communion entre leurs mains et puis à la fin à ceux qui communient dans la bouche. Un peu de bon sens suffit donc. Il me semble que ces prêtres font preuve d’une ouverture beaucoup plus grande que celle de certains nouveaux pharisiens et légalistes. Et au contraire, que fait-on? Ceux qui respectent la liberté de choix des fidèles, avec toute l’attention voulue, sont accusés de désobéissance et, sans aucune base scientifique, d’être irresponsables, de provoquer la propagation du virus, de ne pas se soucier de la santé des gens. Comme nous sommes doués pour déformer la réalité!

Il semble plutôt que, dans la situation actuelle, on ait agi pour porter une ultime attaque à la communion dans la bouche, détestée par beaucoup pour des raisons idéologiques. La preuve en est que certains évêques ont même défini la communion sur la langue comme un abus liturgique, alors qu’en réalité c’est la communion sur la main qui s’est imposée comme un abus liturgique, qui a ensuite été légalisé. Il y a beaucoup de fidèles qui, avant même le début de la pandémie, ont été tournés en dérision, moqués et gravement offensés par leurs pasteurs simplement parce qu’ils voulaient recevoir la communion dans la bouche et à genoux, lesquels ont encore montré ici une charité proverbiale et une grande sensibilité pastorale ! (…)”

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13 commentaires

  1. J’ai quelques doutes ! Je précise qu’à bientôt 64 ans je n’ai jamais communié dans la main et que je n’ai pas prévu de commencer demain ! La contamination peut se faire par les mains mais la source est la voie respiratoire. Lors de la communion sur la langue la main du prêtre est devant le souffle de chaque communiant et je ne compte pas le nombre de fois où le doigt du prêtre a touché ma langue. S’il fait ça à beaucoup de communiants…

  2. Les lacunes de ce texte sont multiples:
    1) il suffirait de se désinfecter les mains si on touche la langue du fidèle? Mais il faudrait alors le faire entre chaque fidèle
    2) Il est faux de dire que le ministre de la communion touche moins la langue que la main. Je peux témoigner du contraire à chaque fois que j’ai donné la communion
    3) Si c’est le St Siège qui a autorité en la matière, mauvaise pioche: le St Siège a confirmé qu’il fallait communier à la main et c’est ce qui se passe lors des eucharisties au Vatican
    4) Pleurnicher parce qu’on interdit la communion à la bouche est d’une rare hypocrisie, quand on sait que la réciproque est vraie. je l’ai vécu en pleine crise sanitaire dans un diocèse du Sud-Ouest. On m’a obligé à communier à la bouche “pour ne pas choquer des soeurs traditionnalistes qui étaient présentes”. Et quand on oblige les gens à communier à la bouche comme aux JMJ ou à l’Arche, où était le P. Borteli pour le dénoncer ?
    5) En quoi communier à la main “violerait les consciences des fidèles” puisque c’est valide et licite. C’est le même Christ présent dans l’Eucharistie ou le Christ est contraint par le mode de communion?
    6) Quand on communie à la main, on a son masque et on s’est lavé les mains au gel hydro-alcoolique. Il est donc faux de dire qu’on contamine moins avec une communion à la bouche. C’est d’une mauvaise foi scandaleuse
    7) Scandaleuse car les messes ont été interdites pendant le 2e confinement parce que des députés ont montré lors des auditions de la CEF des photos de fidèles communiant à la main. Que veulent ces extrémistes anticatholiques? Que tout le monde soit encore privé de messe? C’est ça?
    8) Refuser Jésus-Eucharistie alors qu’on est en état de communier et qu’on peut le faire validement et licitement est tout simplement une hérésie. Un catholique en état de communier doit participer à l’eucharistie, c’est-à-dire communier, tous les dimanches

  3. Les paroisses qui refusent la communion sur la langue ont le mérite de montrer aux fidèles le meilleur moyen de se rapprocher de la véritable religion : tourner le dos aux prêtres assermentés qui en rajoutent par rapport à ce que la République leur demande et rejoindre les paroisses tradis.

  4. Franchement, quelle importance ?
    Lors de la Scène, le Christ a-t-il mis les morceaux de pain dans labouche des apôtres ?
    Est-ce que ce n’est pas un faux débat ?
    N’y a-t-il d’autres causes plus importantes que celle de conserver cette habitude d’autrefois ?
    (Et encore. Les tout premiers chrétiens communiaient avec la main.)
    Quels en sont les fondement théologiques ?
    Si les fidèles se sont lavés les mains ou ont passé du gel dessus avant la messe, comme on peut le faire à l’entrée des églises, leurs mains ne sont pas dangereuses, moins que la simple exudations de microgoutelettes par la respiration.

    • “…leurs mains ne sont pas dangereuses, moins que la simple exudations de microgoutelettes…” (sic)

      Quand on ne sait pas on n’affirme pas !
      s’être lavé les mains avant la messe ou avoir étalé la crasse avec un peu de gel inefficace est loin d’être suffisant ! Il faudrait n’avoir rien touché depuis…

  5. Je suis désolé mais ce n’est que depuis la pseudo pandémie que le mode de transmission des virus internationalement reconnu depuis des lustres a été remis en cause…
    Auparavant personne ne contestait la transmission massive par les mains dans le monde scientifique…
    Depuis des décennies je répondais au gens qui me disaient “je ne t’embrasse pas j’ai la crève”, “mieux vaut que tu m’embrasse que de me serrer la main”.

    J’en veux pour preuve que depuis la nuit des temps, les médecins de famille qui venaient consulter vous demandaient en arrivant à se laver les mains puis après la consultation demandaient à nouveau à se laver les mains. Des milliards de personnes toutes générations confondues peuvent en témoigner.

    A l’IHU de Marseille on se lave (ou désinfecte) les mains en entrant et en sortant de chaque chambre…
    Quant aux gouttelettes aéroportées, qu’aucun masque ne saurait stopper, elles peuvent parcourir des dizaines de mètres et même des centaines d’après le Professeur Raoult, mais les quantités transportées étant faibles le risque reste inférieur au contact avec les mains…

    Concernant la communion, l’hostie, fortement exposée au gouttelettes du prêtre et du fidèle… va passer de la main du prêtre à celle du fidèle puis à la deuxième main du fidèle c’est à dire en contact direct avec 3 mains !!!!!
    Et l’on viens vous expliquer que cela serait moins dangereux que de passer directement de l’unique main du prêtre à la langue du fidèle, sans contact puisque c’est l’hostie qui fait la jonction entre les deux.

  6. que l’on comprenne bien mon propos. je ne veut pas que l’on interdise la communion dans la bouche. simplement je ne vois pas d’argument pour la privilégier.

  7. A une messe d’enterrement le prêtre nous a dit que “la communion ne serait donnée que dans la main et que ceux qui n’avaient pas cette habitude aient la charité de communier dans la main” !!!!

    Comme j’hésitai à aller communier, comme souvent avec la messe ordinaire, je me suis abstenu sans hésitation puisque n’ayant pas la même notion de la charité que ce prêtre j’imagine que nous n’avons pas non plus la même religion… Et tant pis pour feu mon frère… Que j’enterrai !

  8. Le rite de communier dans la main est attesté dans des liturgies antiques,
    notamment par S. Cyrille de Jérusalem dans ses célèbres Catéchèses
    mystagogiques :
    « Quand donc tu approches (pour communier), ne t’avances pas les paumes des
    mains étendues, ni les doigts disjoints ; mais fais de ta main gauche un trône
    pour ta main droite puisque celle-ci doit recevoir le Roi, et, dans le creux
    de ta main, reçois le corps du Christ disant :
    “Amen.” »

    https://www.abbayedemaylis.org/2020/10/08/communier-dans-la-main/

  9. Seuls les prêtres sont habilités à prendre des hosties consacrées entre le pouce et l’index, pour distribuer la sainte communion aux fidèles.

    la communion dans la main des fidèles est contraire au dogme catholique de la présence réelle dans l’hostie après la consécration.

    j’enfonce des portes ouvertes, à mon grand regret.

  10. Malheureusement certains évêques semblent ( ou prétendent) ignorer cela et imposent la communion dans la main dans leur diocèse, sans aucun soutien pour leurs prêtres qui peuvent subir un réel harcèlement de certains pharisiens-paroissiens. Quel recours peut on avoir dans un tel cas ? Quels textes réglementaires peut-on évoquer dans un éventuel courrier de «  réclamation » ou protestation au diocèse ? Si nous n’obtenons pas satisfaction, vers qui pouvons nous nous tourner ?

  11. Perso, je communie sur la langue, quand cela risque de me détourner de ma paix intérieure (ben oui, être obligé de communier dans la main me révolte), je m’abstiens de communier. Par contre, j’ai ‘re-découvert’ la communion sur la langue car au moment de recevoir l’hostie, j’aspire, ce qui augmente la portée symbolique de la communion. Ceci dit quel manque de foi de penser que la réception de Notre Seigneur peut être porteuse de maladie!
    La semaine dernière, chant de communion ‘mon Père, je m’abandonne à toi…’ et hop, en chantant, des fidèles s’aspergent les mains au gel hydroalcoolique. Euh, vraiment?…..

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