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France : Société

La Défense et les “ouvriers de l’Etat”

En janvier 2014, le Monde se penchait sur le statut d'"ouvrier de l'Etat" et écrivait ceci :

"Il existe, au sein de la fonction publique, un statut particulier qui porte le nom d'"ouvrier de l'Etat". Ces ouvriers ont longtemps grossi les rangs des personnels des arsenaux. Particularité : à niveau de qualification égal, ils bénéficient d'une rémunération et d'un régime de retraite plus favorables que ceux des agents techniques du ministère de la défense (ATMD) – leurs salaires étant indexés sur ceux des métallurgistes de la région parisienne – avec des avantages statutaires équivalents à ceux de la fonction publique."

Par mesure d'économie, le gouvernement Sarkozy avait décidé en 2009 de réduire le nombre des ouvriers de l'Etat de 31 000 à 26 000 en 2012, dont 21 000 dans la défense. Dans son rapport annuel 2012, la Cour des comptes recommandait de ne plus recruter d'ouvriers de l'Etat. 

Or, en dépit des mesures drastiques de réduction des effectifs au sein des personnels de la Défense, conformément à la loi de programmation militaire, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a décidé de recruter 105 ouvriers de l'Etat en 2014, dans des postes dits "de très haute technicité". Simultanément, il va transformer 300 salariés, recrutés depuis 2009 comme ATMD, en ouvriers de l'Etat.

Fureur du premier président de la Cour des Comptes, qui estime que cette décision est "paradoxale au moment où le ministère de la défense doit mettre en place un plan d'économies majeur".

Les trois quarts des ouvriers de l'Etat sont employés par le ministère de la Défense ou dans des entreprises de la Défense. Ils ont des statuts très protecteurs, sont peu mobiles géographiquement, et très bien rémunérés. C'est une population fortement syndiquée, dont l'avancement se joue sur concours ou à l'ancienneté, et non aux compétences.

Les syndicats, qui ont vu sans verser une larme l'Etat s'attaquer au statut militaire, n'ont pas imaginé que les dissolutions diverses allaient également concerner les ouvriers de l'Etat, dépendants des structures militaires. Ils se plaignent donc de ce que certains ouvriers sont incités, au même titre que les militaires, à quitter l'institution, mais avec un pécule nettement plus avantageux, ce qui ne manque pas de piquant, sachant que certains militaires ont des qualifications et une ancienneté au moins égales sinon supérieures. Ce manque d'anticipation et ce parti pris de la part des syndicats pourrait nous surprendre si l'on croyait vraiment qu'ils existent pour défendre l'ouvrier, ce qui n'est bien évidemment pas le cas.

On ne peut que constater l'ineptie du gouvernement qui, d'un côté réduit le nombre des soldats de façon inquiétante, et de l'autre, embauche des gens qui coûtent cher à la Défense, sont comptabilisés parmi le personnel de la Défense au même titre que les soldats, et sont inamovibles. 

Question : en cas de conflit sur notre sol, qui portera les armes : les soldats ou les ouvriers de l'Etat ?

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