Jean-Marie Le Pen déclare dans Présent :
"Or je suis un adversaire résolu de l’Union européenne et ceci depuis longtemps. En 1957 j’ai voté contre le marché commun, contre le Traité de Rome. Non pas que le Traité de Rome soit apparemment agressif, il pouvait même apparaître comme une espèce d’avantage économique et commercial. Mais je me suis donné la peine de lire les livres de M. Coudenhove-Kalergi, président du mouvement PanEuropéen, et de M. Monnet. La démarche était clairement décrite : ce traité est la première marche qui doit conduire aux Etats-Unis d’Europe, à l’instar des Etats-Unis d’Amérique. Je considérais que cette opinion était non seulement stupide mais criminelle. Qu’il n’y avait rien de commun entre l’Espagne et la Floride, entre la Californie et l’Allemagne ou entre la France et le Connecticut, bien sûr.
Par conséquent, j’ai été méfiant dès le début. En espérant toujours qu’il serait peut-être possible de construire une Europe des nations. C’est-à-dire une coordination de nations souveraines mais ayant entre elles des relations étroites qui permettraient des réalisations comme nous les avons faites pour Airbus ou pour Ariane, dans lesquelles l’Union européenne n’a strictement rien à voir. Progressivement j’ai vu s’élaborer avec mes collègues une structure bureaucratique de plus en plus lourde, de plus en plus coûteuse, une espèce de diplodocus politique avec une petite tête et un énorme derrière, d’une inefficacité totale. Tout à fait incapable de défendre des frontières mais en même temps nous interdisant d’en avoir. Et privant progressivement la France des éléments de sa souveraineté."
A propos du grand mouvement de réaction, il déclare aussi :
"ce grand courant d’ailleurs étonnant, inopiné […] témoigne de l’extraordinaire capacité de réaction des Français. C’était presque inespéré. En y réfléchissant j’avais été frappé l’année précédente par l’intensité du flot de jeunes qui marchaient vers les JMJ. Il y avait là un phénomène étonnant dans ce monde complètement décérébré : ces jeunes qui allaient ensemble dans la même direction spirituelle. C’était je crois, l’ossature et les prémices de ce qu’allaient être les réactions massives, par centaines de milliers et plusieurs fois de suite, de la Manif pour tous. Je parlais tout à l’heure de ces faits qui, dans l’histoire de la France, ont témoigné de sa capacité de sursaut. Je pense que cette manifestation-là est une raison d’espérer.