Extraits de l'homélie du Saint-Père en la fête de Saint François d'Assise,
patron d'Italie, 4 octobre, lors de la Messe célébrée au sanctuaire
de Lorette, en Italie, où se trouve la maison de Marie. Le 4 octobre
1962, le Pape Jean XXIII fit le même pélerinage, avant d'ouvrir le
Concile Vatican II :
"[…] A
cinquante ans de distance, après avoir été appelé par la divine
Providence à succéder au siège de Pierre à ce Pape inoubliable, je suis
venu ici moi aussi en pèlerin pour confier à la Mère de Dieu deux
importantes initiatives ecclésiales : l’Année de la Foi, qui s’ouvrira
dans une semaine, le 11 octobre, à l’occasion du cinquantième
anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, et l’Assemblée
Générale ordinaire du Synode des Evêques que j’ai convoquée au mois
d’octobre sur le thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission
de la foi chrétienne ». […]La foi nous fait habiter, demeurer, mais nous fait aussi marcher sur le
chemin de la vie. À ce propos aussi, la Sainte Maison de Lorette nous
donne un enseignement important. Comme nous le savons, elle était située
sur une route. La chose pourrait apparaître plutôt étrange : de notre
point de vue en effet, la maison et la route semblent s’exclure. En
réalité, justement sur cet aspect particulier, un message singulier est
gardé dans cette maison. Elle n’est pas une maison privée, elle
n’appartient pas à une personne ou à une famille, mais elle est au
contraire une habitation ouverte à tous, qui est, pourrait-on dire, sur
notre chemin à tous. Ainsi, nous trouvons ici à Lorette, une maison qui
nous fait demeurer, habiter et qui en même temps nous fait cheminer,
nous rappelle que nous sommes tous pèlerins, que nous devons toujours
être en chemin vers une autre maison, vers la maison définitive, celle
de la Cité éternelle, la demeure de Dieu avec l’humanité rachetée. (cf.
Ap 21, 3).Il y a encore un point important du récit évangélique
de l’Annonciation que je voudrais souligner, un aspect qui ne finit pas
de nous étonner : Dieu demande le « oui » de l’homme, il a crée un
interlocuteur libre, il demande que sa créature Lui réponde en toute
liberté. Saint Bernard de Clairvaux, dans un de ses sermons les plus
célèbres, « représente » l’attente de la part de Dieu et de l’humanité
du « oui » de Marie, en se tournant vers elle avec une supplique : «
L’ange attend ta réponse, parce qu’il est déjà temps pour lui de
retourner vers Dieu qui l'a envoyé. Donne ta réponse, ô Vierge,
hâte-toi, ô Souveraine, donne cette réponse que la terre, que les
enfers, que les cieux aussi attendent. Autant il a convoité ta beauté,
autant il désire à cette heure le « oui » de ta réponse, ce oui par
lequel il a résolu de sauver le monde. Lève-toi, cours, ouvre ! Lève-toi
par la foi, cours par la ferveur, ouvre-lui par ton consentement (In
laudibus Virginis Matris, Hom. IV, 8). Dieu demande la libre adhésion de
Marie pour devenir homme. Certes, le « oui » de Marie est le fruit de
la grâce divine. Mais la grâce n’élimine pas la liberté, au contraire
elle la crée et la soutient. La foi n’enlève rien à la créature humaine,
mais ne permet pas la pleine et définitive réalisation. […]"