Début septembre, Mgr Johan Bonny, l'évêque d'Anvers, présenté comme un proche du cardinal Kasper, dont il fut le collaborateur au Conseil Pontifical pour l'unité des chrétiens, a publié en vue du prochain Synode un argumentaire détaillé, traduit en plusieurs langues, dans lequel il se déclare en faveur d'une évolution du magistère. Le texte est en français ici.
Mgr Stefen Oster, le nouvel évêque de Passau (diocèse de Bavière) a publié sur Facebook (lu sur Benoît-et-moi), le 14 septembre, une réponse à son confrère belge. Extrait :
"[…] Le problème de l'argumentation de Mgr Bonny et de tant d'autres consiste en ceci : On oublie que la Loi est plus qu'une simple loi. Jésus a expliqué à partir de l'Ancien Testament que c'est Dieu lui-même qui est l'auteur de la loi. Jésus ne prend pas le parti des personnes individuellement par rapport à une loi qui serait abstraite, mais Il est la personne de la réconciliation de la vérité avec l'amour, de la justice avec la miséricorde, de la sainteté qui sépare avec la proximité radicale vis à vis des hommes. Il ne se laisse pas abuser lorsqu'on veut l'opposer à la Loi. En sa personne, Il est la loi dans sa profondeur, la nouvelle loi ; en ce sens qu'il fait dont d'un amour inconditionnel et sans mérite, et cela à l'égard de tous et chacun. Et c'est vrai aussi qu'il se tourne personnellement vers chacun en particulier. Mais il ne sépare jamais son attitude envers chacun de l'invitation à donner une réponse à Son Amour qui est la réalité même. Car c'est un Amour qui ne devrait jamais être séparé de la splendeur de la vérité. Et Il nous invite à marcher sur ce chemin de la sainteté de l'amour, de ce renouveau, pour que nous puissions reconnaître par la force de sa grâce la lumière infinie de la vérité et de l'amour de son Père comme la véritable source de la Loi ; qui est en même temps l'origine de notre conscience et aussi celle de la loi naturelle qui lui correspond.
Autrement dit : Tout ce qui est contraire au salut, tout ce qui sépare de Dieu est venu dans le monde par la désobéissance envers Lui. Le chemin qui ramène au Père passe toujours par l'obéissance d'amour dans, avec et par le Christ. Il ne sert donc à rien de continuer à énumérer tous les passages de l'évangile qui vont aider l'Eglise en carence de Foi, à infléchir le Seigneur Jésus pour qu'il ne fasse jamais mal à personne, dans aucune situation, même dans celle que l'Ecriture nomme explicitement comme situation de péché.
Oui, Jésus aime le pécheur, mais lui et son Père haïssent les vices ! Et il ne sert à rien non plus d'omettre ou de passer sous silence tous les passages où Jésus nous invite à dire un Oui décisif pour Lui et dans lesquels Il nous invite à la fidélité envers Lui ; ou encore ceux dans lesquels il se manifeste comme notre Juge. Oui, Jésus nous cherche là où nous sommes, mais Il ne veut pas nous laisser là où nous en sommes ! Il nous aime comme nous sommes, mais Il ne veut pas que nous restions comme nous sommes.
Pour le dire simplement : c'est le baptême qui est le sacrement d'initiation de notre appartenance à Lui, à Son Eglise, et l'Eucharistie signifie que nous sommes prêts aussi à nous tenir avec Lui au pied de la Croix, et elle nous donne la force pour cela.
Il est bon de démontrer que le chemin de Jésus vers les hommes entraîne une nouvelle compréhension plus personnelle, plus subjective de la loi; mais le chemin de la sainteté reste toujours objectif, puisqu'il conduit jusqu'à la proximité du Père. A mon avis, il y a une carence théologique lorsqu'on veut parler en évitant la subjectivité. Nous avons assez entendu parler de cela. Il serait bon d'aujourd'hui de mettre l'accent sur l'objectivité du retour vers le Père comme chemin de sainteté.
Nous oublions tout simplement que la Révélation de Jésus plein de miséricorde n'a pas aboli la loi mais Il nous a plutôt démontré qu'il y a derrière un Auteur de la loi qui nous aime avec une profondeur insondable. Et c'est pour cela qu'Il nous a fait preuve de quelque sévérité en donnant la loi, pour que nous apprenions à répondre à la grandeur de cet Amour ; comme un bon Père, qui doit pendant un certain temps être sévère avec ses enfants. Mais il n'en reste pas moins que Dieu veut nous sauver, nous tous ! Mais la rédemption ne s'accomplit pas toute seule, comme dit l'Ecriture, elle a besoin de notre conversion.
Et j'ai beau chercher, je ne trouve dans le texte très documenté de Mgr Bonny aucune trace, aucune mention de la conversion."