Mgr Carlo Maria Viganò a accordé le 29 mars à Michael Matt de The Remnant un important entretien sur la situation de l’Eglise en ce temps de pandémie du coronavirus, qu’il analyse comme un « châtiment » de toutes nos fautes individuelles et collectives. Voici le début de la traduction de Jeanne Smits :
Michael J. Matt (MJM) : Excellence, comment pensez-vous que les catholiques ordinaires doivent interpréter la pandémie de covid-19 ?
+ Carlo Maria Viganò : La pandémie du coronavirus, comme toutes les maladies et la mort elle-même, sont une conséquence du péché originel. Le péché d’Adam, notre premier parent, nous a privés, lui et nous, non seulement de la grâce divine, mais aussi de toutes les autres bonnes choses que Dieu a données à la création. C’est alors que la maladie et la mort sont venues dans le monde comme châtiment de la désobéissance envers Dieu. La Rédemption qui nous a été promise dans le Protoévangelium (Genèse 3), prophétisée dans l’Ancien Testament et complétée par l’Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection de Notre Seigneur, a racheté Adam et ses descendants de la damnation éternelle ; mais ses conséquences ont été laissées comme une marque de la Chute et ne seront finalement restaurées qu’à la Résurrection de la chair, comme nous le proclamons dans le Credo, qui surviendra avant le Jour du Jugement. Il faut s’en souvenir, surtout à une époque où les principes fondamentaux du Catéchisme ne sont pas connus, voire niés.
Les catholiques savent que la maladie – et par conséquent les épidémies, la souffrance et la perte d’un être cher – doit être acceptée dans un esprit de foi et d’humilité, et même en expiation de nos propres péchés. Grâce à la Communion des Saints – par laquelle les mérites de tous les baptisés sont transmis à tous les autres dans l’Église – nous pouvons également supporter ces épreuves pour les péchés des autres, pour la conversion de ceux qui ne croient pas et pour raccourcir le temps que les Âmes Saintes doivent passer au Purgatoire. Quelque chose d’aussi terrible que le covid-19 peut aussi être une occasion pour nous de grandir dans la Foi et la Charité active.
Comme nous l’avons vu, si nous ne considérons que l’aspect clinique de la maladie – contre lequel nous devons clairement faire tout ce qui est en notre pouvoir –, cela supprime complètement l’aspect transcendant de notre vie, la laissant ainsi sans aucune perspective spirituelle et nous enfermant inévitablement dans un égoïsme aveugle et sans espoir.
MJM : Plusieurs évêques et prêtres ont affirmé que le Dieu « ne punit pas » et que considérer le coronavirus comme un fléau est une « idée païenne ». Êtes-vous d’accord avec cela ?
La toute première punition, comme je le disais, a été infligée à notre premier parent. Cependant, comme nous l’entendons dans l’Exsultet qui est chanté pendant la Vigile pascale, O felix culpa, qui talem ac tantum meruit habere Redemptorem ! Ô heureuse faute, qui nous valut un tel Rédempteur !
Un père qui ne punit pas ses enfants ne les aime pas, mais les néglige ; un médecin qui observe avec insouciance l’aggravation de son patient jusqu’à ce que la gangrène s’installe ne cherche pas son rétablissement. Dieu est un Père aimant parce qu’il nous enseigne ce que nous devons faire pour être dignes du bonheur éternel au Paradis. Lorsque nous désobéissons à ses commandements en péchant, il ne nous laisse pas mourir mais vient nous trouver et nous envoie de nombreux signes, souvent très sévères. Alors nous nous reprenons en main, nous nous repentons, faisons pénitence et retrouvons notre ancienne amitié avec Lui. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je pense que les paroles de Notre Seigneur ne laissent aucune place à l’ambiguïté.
Je voudrais également ajouter que la vérité sur un Dieu juste qui récompense les bons et punit les méchants fait partie de notre héritage commun issu de la loi naturelle que Notre Seigneur a donnée à chacun au cours de l’histoire. C’est un appel irrépressible à notre paradis terrestre, qui montre même aux païens comment la Foi catholique est le complément nécessaire de tout ce qu’un cœur sincère et bien disposé leur souffle. Je suis surpris qu’aujourd’hui, au lieu de souligner cette vérité inscrite profondément dans le cœur de chacun, ceux qui semblent éprouver une si grande sympathie pour les païens n’acceptent pas ce que l’Église a toujours considéré comme la meilleure façon de les attirer.
MJM : Votre Excellence pense-t-elle qu’il y a certains péchés qui ont provoqué la colère de Dieu plutôt que d’autres ?
Les crimes qui souillent chacun de nous aux yeux de Dieu sont de nouveaux coups de marteau sur les clous eux-mêmes qui ont servi à percer les Mains sacrées et vénérables de Notre Seigneur, un coup de fouet arrachant la chair de son Corps sacré, un crachat dans son Visage bien-aimé. Si seulement nous réalisions ces choses, nous ne pécherions plus jamais. Et les pécheurs pleureraient avec une profonde tristesse pour le restant de leurs jours. Et pourtant, c’est bien cela qui s’est réellement passé : au cours de Sa Passion, notre divin Sauveur a pris sur Lui non seulement le péché originel, mais aussi tous les péchés que tous les hommes ont commis et commettront. La chose la plus glorieuse est que Notre Seigneur est allé mourir sur la Croix, alors qu’une seule goutte de son Sang très précieux aurait suffi à nous racheter tous. Cujus una stilla salvum facere totum mundum quit ab omni scelere, comme nous l’enseigne saint Thomas.
Outre les péchés commis par les individus, il y a aussi les péchés des sociétés et des nations. L’avortement, qui continue d’assassiner des enfants innocents même pendant la pandémie ; le divorce, l’euthanasie, l’horreur des soi-disant « mariages » homosexuels, la célébration de la sodomie et d’autres perversions terribles, la pornographie, la corruption des enfants, la spéculation de l’élite financière, la profanation du dimanche, et la liste continue…