"L’Année de la foi décrétée par Benoît XVI est l’occasion d’une rédouverte du concile Vatican II : pour y aider, nous avons publié une série présentant chacun de ses textes et nous concluons cette série avec un dossier qui pose la question centrale de « l’herméneutique » : rupture ou continuité ? (…) Nous publions cette série et ce dossier dans un petit livre très accessible augmenté d’une introduction inédite : il est déjà en vente et devrait paraître vers la mi-juin, mais vous pouvez nous demander dès maintenant."
Extrait de l'éditorial du numéro de juin :
"(…) Ainsi que Benoît XVI l’a admirablement montré dans son discours à la curie romaine, le 22 décembre 2005, cette mise à jour de l’enseignement de l’Église était absolument nécessaire dans au moins trois domaines : « la relation entre foi et sciences modernes », « le rapport entre Église et État moderne » et, enfin, le « problème de la tolérance religieuse » obligeant à revoir le « rapport entre foi chrétienne et religion du monde ». Sur ces sujets, Vatican II a accompli un travail d’une importance capitale et indispensable qui marque un enrichissement de sa doctrine.
Est-ce une rupture ? Benoît XVI a répondu de façon très claire : oui, c’est une rupture sur des aspects contingents de la doctrine, ce qui a permis de mieux cerner ses caractères permanents et intangibles afin d’accomplir un développement organique qui a conduit, sur certains points, à une « véritable réforme ». Il y a donc bien dans Vatican II des nouveautés et des corrections dont Benoît XVI a posé les limites et expliqué les enjeux (…)
Les « nouveautés » de Vatican II ici évoquées seraient-elles responsables de la crise qui s’est développée après le concile comme l’affirmait Mgr Lefebvre et continuent de le penser ses fidèles ? Personnellement, je ne le crois pas, j’estime même que la situation de l’Église aurait été pire et rationnellement intenable si elle était restée attachée à certains schémas contingents trop déphasés par rapport aux réalités du monde actuel.
Il faut néanmoins, avec Benoît XVI, distinguer le vrai concile (celui des textes auxquels il faut toujours revenir) de celui des médias ou de « l’esprit du concile » qui était un esprit avant-gardiste adepte de la « table rase » et assurément responsable de nombre de maux dont l’Église a souffert dans les années post-conciliaires. Car il est indubitable qu’une terrible tempête a alors secoué la barque de Pierre, crise qui a coïncidé avec une crise de civilisation inouïe dont nous souffrons toujours – le passage de la modernité à la postmodernité – et dont les effets ont forcément atteint l’Église. Il n’empêche que les ecclésiastiques, évêques en tête, ont leur part de responsabilité dans la situation – ne serait-ce, par exemple, que dans le saccage de la liturgie que l’on peut difficilement imputer à la société.
Le concile n’a donc marqué aucune rupture sur l’essentiel ni n’est le responsable de la crise qui l’a suivi. Il a au contraire marqué un enrichissement nécessaire de la doctrine de l’Église, que nous n’avons pas encore assimilé et dont nous n’avons pas fini d’explorer la richesse."