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L'Eglise : François

La parole du pape, ce n’est pas “Jacques a dit”

La parole du pape, ce n’est pas “Jacques a dit”

Dans une tribune publiée sur Aleteia, le père Luc de Bellescize, prêtre du diocèse de Paris, évoque les degrés d’autorité du Magistère. Extrait :

[…] La grâce spéciale qui l’aide à accomplir son devoir d’état ne consacre pas tout ce qu’il dit comme une parole sainte à laquelle nous sommes priés d’acquiescer aveuglément comme au sergent Hartman dans Full Metal Jacket, même si nous lui devons amour filial et respect – ce qui s’accorde plus ou moins à notre « ressenti » affectif, lequel n’a qu’une importance très relative – et obéissance quand il enseigne la doctrine de l’Église.

Un propos de table ou la réponse évasive à un journaliste d’un homme âgé et fatigué par un voyage épuisant, quel que soit le pape, n’a aucunement l’autorité d’une exhortation apostolique, encore moins d’une encyclique, moins encore celle d’un concile œcuménique où tous les évêques du monde sont représentés… Sans cette prudence dans l’accueil de la parole pontificale et si toutes ses paroles se valent du moment qu’il les prononce, cela devient le jeu du « Jacques a dit » où celui qui n’obéit pas immédiatement est éliminé. Il suffit de remplacer Jacques par « le Pape », isoler une petite phrase, capter un mouvement d’humeur ou un battement de cil, et on peut faire dire n’importe quoi au successeur de Pierre comme s’il était la Sibylle de Delphes, jusqu’à la chanson d’Eddy Mitchell : « Le Pape a dit : Ne faites pas le boogie woogie avant vos prières du soir. » Ce qu’aucun pape n’a jamais dit, en tout cas en ce qui concerne l’expression boogie woogie, qui n’appartient pas spécialement au champ sémantique de la parole pontificale, même si tous ont certainement exhorté à bien faire la prière du soir. Méditons sur la fragilité intrinsèque à la grandeur du pouvoir, si facilement récupéré et instrumentalisé…

Il nous faut reconnaître, pour ma génération des JMJ de Rome en 2000, qui avait une vénération pour saint Jean-Paul II et Benoît XVI – lesquels étaient aussi détestés par l’esprit du monde qu’aimés par leurs fidèles les plus fervents -, que nous avons parfois manqué de mesure et trop oublié qu’ils étaient aussi des hommes simples et faillibles. La canonisation d’un homme ne signifie pas son impeccabilité, ni la sacralisation de toutes ses paroles, encore moins la justesse sans faille de son discernement. […]

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