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Europe : politique

La perspective d’une expulsion de la Grèce hors de la zone Euro

Après avoir constaté que l'accord européen sur la Grèce n'est pas viable, Jacques Sapir écrit :

"[…] Il faut cependant lire en détail la déclaration de François Hollande qu’il a faite le 13 juillet au matin ; mais pour cela, il faut avoir le cœur bien accroché. Remarquons, d’abord, qu’il ne parle pas de la Grèce, mais uniquement de la zone Euro. Cela montre bien quelles étaient ses priorités : « L’objectif était de faire en sorte que la zone euro puisse être préservée dans son intégrité, dans son unité, dans sa solidarité». On constate ainsi que les premiers mots réservés à la substance de ce texte ne font nullement mention des souffrances, des efforts et des espoirs du peuple grec. Non, la chose qui importe au premier chef, c’est l’intégrité de la zone Euro. Tout est dit dans ces lignes, et en particulier la préférence pour une construction bureaucratique, et que de nombreux économistes jugent non viable, sur la volonté et la vie des peuples. Ceci est corroboré par le troisième paragraphe de ce texte : « Ce que j’ai voulu, c’était plus que l’intérêt de la Grèce, c’était l’intérêt de l’Europe. Et c’était aussi l’intérêt de la France. Parce que l’intérêt de la France ne se dissocie pas de l’intérêt de l’Europe ». L’ordre des priorités est ainsi établi : c’est l’Europe, puis la France et enfin la Grèce. Mais, ceci repose sur un mensonge, ou plus précisément un double mensonge : celui qui assimile la zone Euro à l’Union européenne, et celui qui assimile, ensuite, l’Union européenne à l’Europe. Les deux sont parfaitement scandaleux. La Zone Euro n’est nullement l’Union européenne. Des pays appartenant à l’Union européenne ne font nullement partie de la zone Euro. C’est le cas de la Grande-Bretagne, de la Suède, de la Pologne ou de la Hongrie. De plus, l’Union européenne n’englobe nullement l’Europe. Que ce soit la Suisse, la Norvège, ou encore la Serbie dans les Balkans, le Belarus, la Russie ou l’Ukraine, tous ces pays font partie de l’Europe, comme réalité géographique mais aussi culturelle, et ce sans faire partie de l’UE. Veut-on faire croire que Munch, l’auteur du « Cri », ou que des artistes comme Dostoïevski, Pouchkine ou Tolstoï ne sont pas européens ? Oublie-t-on que l’Union européenne est une alliance politique et économique de certains pays d’Europe ? Vouloir la faire passer pour l’Europe toute entière est un mensonge. Le fait que celui-ci soit proféré par la plus haute autorité de l’Etat ne retire rien à l’affaire. Au contraire, il l’aggrave. Il établit en dogme, mais sans pour autant en faire une vérité, ce qui se révèle un mensonge.

[…] Mais en plus cet accord ne redonne aucun espoir au peuple grec. Au contraire, ce dernier vit comme une terrible humiliation les clauses politiques de cet accord, qui imposent désormais l’aval des institutions européennes sur les lois qui seront appelées à être votées par le parlement grec. […]

Mais cette idée de l’Euro a tout emporté dans l’esprit de notre Président et sous la plume de ses conseillers. Quand il revient sur ce thème dans sa déclaration, c’est pour faire cette citation : « Si la Grèce était sortie de la zone euro, qu’aurait-on dit ? Que la zone euro n’était pas capable d’assurer son intégrité, sa solidarité. Qu’aurait-on dit des Grecs ? Qu’ils n’étaient pas capables de prendre leurs responsabilités. Qu’aurait-on dit de la France, de l’Allemagne,  qui ont vocation à donner cette impulsion ? Que nous n’aurions pas été au rendez-vous. La zone euro aurait reculé alors que l’Europe doit avancer et porter un projet qui puisse protéger les peuples – car l’euro protège les pays qui sont partie prenante de cette zone monétaire. Qu’aurait-on dit sur cette dislocation de cette grande idée ? ». En fait, tout est dit. Tant la croyance mystique en un Euro « protecteur » des peuples que celle qui assimile l’Euro à l’Europe. La raison, l’intelligence, le sens de la mesure, ont été balayé par une idée fixe qui tourne au délire, mais toujours mue par la même logique.

Cette raison délirante explique pourquoi et comment on peut travestir en accord librement négocié ce qui n’a été que le viol de la souveraineté de la Grèce. Un viol en réunion, perpétré par l’Allemagne, mais aussi par l’Eurogroupe et son Président M. Dijsselbloem, par la Commission européenne avec Jean-Claude Juncker. Et si la France n’y a pas participé, elle a verrouillé la porte du local où s’est tenu ce crime et elle a poussé le bâillon dans la gorge de la victime. La phrase prononcée et écrite par François Hollande prend alors un tour sinistre : « Mais aujourd’hui, même si cela a été long, je pense que ça a été pour l’Europe, une bonne nuit et un bon jour ». Car, nous savons aujourd’hui que cette torture aura été infligée pour rien. L’accord signé le 13 juillet au matin se défait désormais d’heure en heure. La perspective d’une sortie de la Grèce hors de la zone Euro est à nouveau à l’ordre du jour. […]"

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18 commentaires

  1. Un autre front de la guerre civile européenne… qui hors d’Europe en réjouit certains!

  2. Voilà ce qu’on m’a sorti à propos des Suisses : “Ce ne sont pas des Européens”. Véridique !
    Sinon, pour le reste, il ne faut pas rêver. Les eurocrates arriveront à maintenir la Grèce dans la zone euro.

  3. Tout est dit.
    L’Euro nous a été présenté comme une instrument de prospérité économique, alors qu’il n’est qu’un moyen d’asservissement.
    En complément, le récit des réunions de crise au sein de l’Eurogroupe par Yanis Varoufakis est édifiant.
    Petit aperçu :
    Question : Quel est le plus gros problème avec le fonctionnement de l’Eurogroupe ?
    Y. V. : Il y a eu un moment où le président de l’Eurogroupe a décidé de s’opposer à nous et de nous faire taire et il a dit que la Grèce se dirigeait vers la sortie de l’eurozone. Il existe une convention selon laquelle les communiqués doivent être unanimes, et le Président ne peut pas juste convoquer une réunion de l’Eurozone et exclure un État membre. Et il a dit “Oh je suis certain de pouvoir le faire”. J’ai donc demandé un avis juridique. Cela a créé des remous. Après 9-10 mn la réunion s’est arrêtée, les participants se sont parlé, ont téléphoné, puis un éventuel expert s’est adressé à moi pour me dire “L’Eurogroupe n’existe pas légalement, il n’y a aucun traité qui régit ce groupe”.
    http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/140715/yanis-varoufakis-sur-leurogroupe-et-sur-sa-demission

  4. Hollande est un dégénéré qui a perdu les qualités de l’illustre et glorieuse nation à laquelle il appartient parait-il.

  5. L’Union Européenne se meurt, malgré les invocation du batave servile.
    Je ne me reconnais aucunement dans des institutions bureaucratiques manipulées par les loges et les lobbys industriels.
    UE delenda est afin de retrouver les fondements communs aux peuples et aux personnes.

  6. Un seul intérêt les Financiers qui tuent l’Europe
    Et les pantins qui obéissent aux ordres, le peuple
    Esclave recevra bientôt au nom de l’égalité 100 euros
    Par mois le reste gratuit mais planifié comme la mort…..
    Longue vie dans ce monde !!!!

  7. C’est peu dire que l’Union Européenne manque de fondements démocratiques. C’est une dictature des colonels ou plutôt des financiers qui considèrent les personnes comme du bétail, un troupeau de consommateurs à exploiter.
    Cette Europe là doit disparaître, et la fin est proche.

  8. Personnellement j’ai placé les quelques économies que j’avais en couronnes norvégiennes, Livres sterling, Francs suisses et dollars canadiens.
    Je liquide mes euros!

  9. Mentir c’est la seule chose où excelle Mollasson, d’ailleurs n’est-ce pas le propre d’un socialiste de mentir et de faire prendre les vessies pour des lanternes. Mais heureusement qu’on s’achemine vers l’explosion de l’Europe de ces bouffons qui font passer l’intérêt du fric avant celui des peuples, ils ont bien pour maître Satan qui lui n’a qu’une chose en tête faire le malheur des hommes, mais qu’ils n’oublient pas ces guignols d’opérette à la tête de l’Europe, ce sera leur tour aussi quand viendra l’heure du jugement!

  10. Je hais cette Europe bureaucratique qui prétend imposer une nouvelle idéologie au « vieux continent » au moyen des pressions financières relayées par des médias eux-même asservis à l’audimat.
    Je méprise le consumérisme que l’on veut imposer, sans respect de la liberté.
    Léo.

  11. Ce soi-disant accord avec la Grèce est une vraie aberration et une erreur. Bien sûr il ne respecte pas le peuple grec et les souffrances des gens, mais il est surtout irréaliste et intenable. Il faudra dans moins de deux ans revoir encore non seulement a situation de la Grèce, mais la cohérence de cette pseudo monaie.
    Levi.

  12. Le néo-malthusianisme européen est une erreur, une aberration économique et intellectuelle.
    La réduction de population réduit en même temps et les consommateurs indispensables au développement économique et les producteurs tout aussi indispensables.
    Avec une telle volonté de réduction de la population, on va droit dans le mur.

  13. il fallait être vraiment incompétent pour faire entrer la Grèce dans la zone euro, pour des raisons uniquement politiques. La santé d’une monnaie est le reflet de la santé économique du pays. Hors , la Grèce a une économie de pays sous développé, et une monnaie forte. Cherchez l’erreur. L’Europe a , dans cette affaire une responsabilité écrasante. Nos fonctionnaires-dirigeants de Bruxelles brillent par leur incompétence, et la Grèce ne remboursera jamais ses dettes (ni les autres pays d’ailleurs)

  14. Tout le monde a bien compris que seule le sauvetage de la zone euro intéresse le président de la République.

  15. Si “Bon à Rien Premier” le plus nul des Présidents que la terre est connue vous dit que la zone euros c’est bien et l’Union Européenne bon pour nos intérêts et notre avenir… Fuyez !!
    Sortez de la zone euro !!
    Quittez l’Union Européenne !!
    Écoutez les traitres ennemis de la France et des peuples Européens et prenez le contrepied de ce qu’ils vous disent.
    LA EST VOTRE INTÉRÊT.

  16. Jacques Sapir devrait rejoindre le Rassemblement Bleu Marine.

  17. Nombreux sont ceux qui vont se rendre que Marine Le Pen avait raison. Monnaie unique, monnaie inique !

  18. Un article aux arguments cinglants. Très bien envoyé!

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