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France : Société

La religion peut enseigner certaines choses essentielles aux athées

Alain de Botton, athée, vient d'écrire Petit Guide des religions à l’usage des mécréants. Il répond au Figaro Madame :

"Je pense qu’être athée ne veut pas dire détester la religion. On peut ne pas croire en Dieu et, en même temps, s’intéresser à l’histoire, la sociologie, la psychologie des religions. Après tout, ce sont des systèmes culturels évolués qui peuvent nous enseigner certaines choses essentielles que nous, modernes, avons oubliées. Mais voilà, aujourd’hui, l’idée dominante, c’est que si on est vraiment adulte, on ne croit pas : la religion, c’est pour les enfants ou pour ceux qui manquent de courage. En plus, on a tendance à penser que si jamais on commence à s’intéresser aux questions religieuses, on pourrait commencer à y croire progressivement, c’est donc dangereux ! Or moi je ne crois pas en Dieu et nombre d’aspects des religions me hérissent, à commencer par la subordination des femmes. Mais j’aime la messe de Noël à l’église : il y a la beauté architecturale du lieu, la musique splendide, l’atmosphère de liesse. La plupart des gens à qui j’explique cela comprennent spontanément de quoi il s’agit.

Quelle est cette chose essentielle que le monde moderne a oubliée ?
C’est notre vulnérabilité commune. Nous sommes tous un peu fous et un peu faibles, en proie à des pulsions émotives qui nous empêchent d’aller vers ce qu’on désire vraiment. Et j’aime que toutes les religions nous appellent des « enfants ». Ce n’est pas par malveillance : elles nous disent, à l’instar de la psychanalyse, qu’on peut être adulte et en même temps habité par l’enfant qu’on a été. Seulement, cette réalité a été gommée par l’idéologie moderne : aujourd’hui, on nous presse d’être forts, performants, autonomes. Nous laissant ainsi avec tout un tas de questions sans réponses sur notre évidente fragilité.

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5 commentaires

  1. Merci, Monsieur de Botton, de témoigner que, parmi ceux qui ne croient pas au ciel, il y a encore des gens de bon sens.
    “aujourd’hui, l’idée dominante, c’est que si on est vraiment adulte, on ne croit pas : la religion, c’est pour les enfants ou pour ceux qui manquent de courage”. Par exemple, comme manquant de courage puisque croyants ou comme croyant donc -ou parce que- manquant de courage: Maximilien Kolbe (c’est vrai, un parfait inconnu, c’est si loin dans le passé …), Mère Teresa (aussi une parfaite inconnue, enfin, quand-même prix Nobel, excusez du peu)?
    Par ailleurs, en Analyse Transactionnelle, pour ce dont je m’en souviens, l’état (individuel) de “Parents” (qui n’a rien à voir avec le fait d’avoir ou non une progéniture) qualifie la tendance à être bienveillant, aidant; l’état “Adulte” est la froideur du raisonnement; l’état “Enfant” correspond à l’initiative…

  2. Article qui me plaît beaucoup puisque je suis dans le même cas de figure que l’auteur… Encore que je n’ai rien contre dieu, ce sont plutôt les religions qui me gênent.
    Cela dit, et quand je vais en vacances, je visite toujours églises et chapelles, j’adore Bach, la musique sacrée, les requiems, et pour ceux qui, comme moi, ont eu la chance de jouer de la musique dans une église, je sais qu’ils ont eu le bonheur de jouir d’un plaisir rare…

  3. Je me souviendrai toujours de ce que nous disait un professeur de Sorbonne en conclusion de son année de cours sur les libertins et les auteurs du XIXe : “Les auteurs du XIXe se disent tous “fils de la Révolution” et “libérés de Dieu et de la religion”. Il est néanmoins étonnant de constater que ces auteurs ne sont pas heureux et finissent fous, drogués ou suicidés”.
    Quelle étrange “libération” qui continue de produire tant de désespoir.
    Je lisais avant-hier dans Présent qu’un enfant de cinq ans (si mes souvenirs sont bons) s’était pendu, après avoir confié à sa petite soeur de quatre ans qu’il “avait fait une grosse bêtise et voulait se suicider”.
    La vilaine religion catholique avait pourtant inventé la confession pour soulager les consciences et redonner confiance à ceux qui avaient eu le malheur de tomber…

  4. C’est saint Paul qui donne comme mot d’ordre “consolez”. Un enfant élevé dans la culpabilité peut arriver à des extrémités.

  5. Voilà un “athée” qui en sait plus que pas mal d’entre nous sur ce qu’est ou ce que n’est pas la religion, et la Foi en Dieu !
    A proprement parler, il faut dire que le mot “athée” ne convient absolument pas pour caractériser l’homme qui cherche et qui interpelle son frère croyant.
    C’est plutôt le mot “agnostique” qui est adéquat puisqu’il exprime une non-connaissance et donc une recherche.
    Mais le mot qui convient pour tous les fous furieux qui depuis Nietsche et tous les penseurs allemands entre autres qui ont déclaré la “mort” de Dieu (ce qui est au minimum une aporie mais plus spécifiquement un blasphème infantile ….) ce serait celui que je propose depuis longtemps : antithée, celui qui se dresse sur ses petits ergots contre Dieu ….
    Ceux-là seuls sont pitoyables et Voltaire en serait bien le chef de file ….

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